Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 1

J’essaie de passer à autre chose. Je ne vais plus sur les réseaux sociaux et je tente de faire l’autruche. Les choses finiront bien par se tasser, non ? C’est triste à dire, et révoltant, mais ces satanés individus au QI d’huître finiront par se trouver une autre cible et me laisseront tranquille. Il suffira d’une boulette d’une simtubeuse, et on m’oubliera.
Heureusement pour moi, malheureusement pour d’autres. Si seulement les choses pouvaient changer…
De toute façon, le lycée est terminée. Et aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Une nouvelle vie s’offre à moi et ces tracas seront bientôt de vilains et vieux souvenirs. Et pour passer à autre chose, j’ai absolument tout prévu !
L’après-midi, je le passe avec mes parents. Juste mes parents. Et le soir, je file faire la fête avec mes amis, en boîte de nuit ! J’ai bien besoin de ça pour me défouler et penser à autre chose.
Papa m’a fait un gâteau. Il est magnifique et il a l’air tellement bon !

-Bon anniversaire ma chérie ! Me souhaitent mes parents pendant que je souffle mes bougies.

Après avoir mangé le gâteau en compagnie de mes parents, je file dans ma chambre pour me préparer pour ma soirée. Au passage, j’en profite pour tester de nouveaux look. J’ai envie de changer de tête. Je garde ma couleur, bien sûr, mais j’ai envie de me coiffer différemment.
Après plusieurs essaies, je suis satisfaite du résultat. Je ne ressemble plus à une adolescente et j’ai l’air plus sûre de moi.
Je suis sublime pour ma soirée de ce soir, pour mon anniversaire. Pour Sven.
Pour sa dernière soirée ici, avant qu’il ne s’envole pour la Suède demain.
Je secoue la tête. Je ne dois pas y penser.

La nuit tombe, les heures filent et vient le moment de rejoindre mes amis en boîte. Je me rends donc à Windenburg et mes amis m’attendent déjà. Ainsi que Sven, qui semble bien s’entendre avec mes amis. Ils me souhaitent tous un joyeux anniversaire et nous entrons à l’intérieur. Nous connaissons bien cette boîte. C’est ici que nous sommes venus pour le nouvel an et on s’était bien amusé. C’est tout naturellement que j’ai choisi qu’on vienne ici pour mon anniversaire.
Le hasard fait que j’ai croisé mon frère et ma sœur en entrant, mais j’ai choisi de les ignorer. Ce soir, je n’ai pas envie de me prendre la tête.
L’unique objectif de ce soir est que je m’amuse.

Je me laisse porter par la musique du DJ. Je me vide l’esprit de mes problèmes du moment. Ce n’est pas parce que les gens se déchaînent sur internet que je dois rester chez moi à me morfondre.
Bien au contraire, c’est ce qu’ils veulent.
Alors je sors. Je continue à vivre. Je me défoule sur la piste de danse. Et cela me fait un bien fou.
Quelques pensées parasites viennent troubler mon esprit et j’essaie de les chasser. Je danse encore plus. Je me concentre sur la musique. Je m’amuse. Je ris avec mes amis et sur leurs pas de danse hasardeux.
Aujourd’hui, je suis majeure et je compte bien en profiter !

J’aperçois Sven dans la foule. Mon cœur se serre dans ma poitrine. Ce soir, c’est sa dernière ici, avec moi. Demain, il ne sera plus là. J’ai du mal à imaginer mon quotidien sans lui. Il a pris une telle place dans ma vie que dorénavant, vivre sans lui me parait inconcevable.
Mais je n’ai pas le choix. J’ai appris à vivre avec lui, il faudra que j’apprenne à vivre sans lui.
Pour le moment, il est encore là. Je vais vers lui, bien décidée à profiter de sa présence. Si ce n’est pas maintenant, ce ne sera plus jamais. Je m’approche de lui, toute souriante, pour ensuite me jeter sur ses lèvres. Un long baiser délicieux, qui me fait tout oublier pendant un instant.

Je me sens si bien, si prêt de lui. Je profite de sa présence, de son visage, de son odeur, du son de sa voix. Je mémorise tout dans ma mémoire, pour ne rien oublier. Tous ces détails seront mes précieux trésors, que je conserverai précieusement.
Parce que Sven n’est pas quelqu’un qu’on oublie.
-Tu vas bien ? Tu passes une bonne soirée ? Me demande-t-il en approchant ses lèvres de mon oreille afin que je puisse l’entendre. Je sens mon corps frissonner à cette approche.
-Nickel ! Je profite de chaque instant ! Lui assuré-je avec un sourire, avant de l’embrasser à nouveau.

La soirée continue, de nouvelles pensées parasites parcourent mon esprit. Cela m’agace. Je veux profiter de ma soirée. C’est ma soirée. Je ne veux pas être déprimée pour mon anniversaire; Il faut que je m’amuse.
Je vais au bar. Si je n’arrive pas à chasser ces pensées toute seule, je vais essayer de m’aider un peu. Et maintenant que je suis majeure, je peux profiter des jus de fruit du bar.
Je me commande un verre, puis un deuxième, puis un troisième. L’effet commence à se faire sentir. Ce n’est pas forcément très raisonnable mais je me sens mieux. J’arrive à me détendre et je n’entends plus les pensées parasites.
Et puis, je rentre en taxi ce soir, alors je peux me permettre si cela m’aide.

Maintenant que je suis détendue, je retourne sur la piste de danse. Je retrouve mes amis et nous dansons. Tous ensemble, nous profitons de la musique et nous nous laissons aller sur le rythme de la musique.
Cela me fait tellement de bien de me laisser aller. De passer ce temps avec mes amis. Un jour, il faudra que je sois responsable mais pas ce soir. Pour le moment, je m’amuse. Je profite de ma soirée pour me défouler, me libérer de mes tensions.
Je me sens tellement bien !

A force de danser, je commence à avoir soif. Je retourne au bar me commander un verre. Pendant que je le bois, j’observe la piste en contre-bas. Malgré la foule, mes yeux ne voient que Sven. Alors que je le regarde évoluer dans l’espace, des idées friponnes commencent se développer dans mon esprit. Voilà des pensées plus agréables.
Je laisse mon verre et je vais vers lui. Il me sourit en me voyant, pendant que je m’approche vers lui.

-On peut s’éclipser ? Lui proposé-je alors, en affichant un grand sourire qui en dit long sur mes pensées du moment.
-Pourquoi ? Tu t’amuses pas ? S’inquiète subitement Sven, qui ne comprend visiblement pas où je veux en venir.
-Si, mais j’ai envie de m’amuser d’une autre manière… Il y a un espace en bas, avec des placards… On sera tranquille, y’a jamais personne. Lui soufflé-je en me mordant la lèvre inférieure, tandis que je vois ses yeux pétiller. Ca y est, il a compris.
-Tu es sûre ? On pourrait se faire surprendre.
-M’en fiche. Tu pars demain et je veux profiter de cette soirée comme il se doit. Lui susurré-je en lui prenant la main pour l’attirer au sous-sol de la boite de nuit.

Lorsque nous arrivons à destination, Sven se jette aussitôt sur mes lèvres. Il me plaque contre la porte du placard. Il a l’air si sage en apparence, alors qu’il est si passionné dans l’intimité… Le contraste est plaisant. Je savoure la situation. Je profite de chacun de ses b.aisers et de ses caresses. Seul l’instant présent compte et j’oublie tout le reste. Même mes amis à l’étage sont maintenant au fin fond de mes pensées.
En cet instant, je veux juste profiter. Je sais que c’est la dernière fois, et je veux imprimer chaque seconde dans ma mémoire.

-Tu es sûre de toi ? Me demande-t-il une nouvelle fois, alors que je n’ai qu’une seule envie : qu’il se taise et qu’il continue. Et si quelqu’un arrive ?
-Il profitera du spectacle écoute. Et le risque de se faire surprendre rend la chose … plus excitante non ? Lui dis-je sur un ton taquin, coquin. Mon regard se remplit de malice et de désir. Je n’en peux plus. J’ouvre la porte du placard et je l’attire à l’intérieur.
Nous savons tous les deux que c’est la dernière fois, que nous vivons nos derniers moments tous les deux. Que demain, tout ne sera plus que souvenir.
Nos étreintes sont donc plus passionnés, plus intenses. Nous vivons ce que nous pourrons plus vivre. Nous faisons ce que nous pourrons plus faire. Tout ce que nous voulons faire, tester, nous le faisons.
Le temps ne compte plus. Le monde extérieur n’existe plus. Là, maintenant, dans ce placard, il n’y a plus que nous. Nous avons du mal à nous détacher. Comme si nous ne voulions pas être séparé.
Une chose est sûre : lorsque nous nous décidons enfin de sortir de ce placard, nous n’aurons aucun regret.

Nous retournons donc à l’étage, pour rejoindre les autres. Mais nous sommes surpris de découvrir que la boite s’est vidée. Je ne vois pas mes amis, nul part. Je pense qu’ils ont du partir en ne me voyant plus. Je jette un regard complice à Sven, et nous rions ensemble.
A mon avis, ils ont du repérer l’absence de Sven également et je pense que personne n’est dupe. Mais je m’en fiche d’avoir laissé tomber mes amis pour profiter de Sven. Je sais qu’ils comprendront.
L’heure est cependant venue de partir. De quitter cette bulle et de rentrer chez moi. Et lui, chez lui.
Mon cœur, auparavant si léger, devient brusquement lourd. Je regarde Sven, et je me jette sur ses lèvres.
Je veux encore en profiter. Encore un peu. Juste un peu.
Si seulement le temps pouvait s’arrêter…

-On va devoir y aller, Rosie. Me souffle Sven, dont la tristesse se lit sur son visage. Lui aussi voudrait que ce moment ne s’arrête jamais. Malheureusement, la réalité commence à reprendre sa place, sans nous laisser le choix.
-C’est vraiment obligé ? Soupiré-je, grappillant quelques précieuses minutes supplémentaires. Pour reculer pour mieux sauter.
-Malheureusement. Je dois prendre mon avions dans quelques heures et il faut que je dorme un peu, avant. Et être en avance à l’aéroport. Souffle-t-il, avec regret. Nous le savons tous les deux, c’est la fin. Nous allons nous quitter et plus jamais nous nous reverrons.
Nous allons partir, et ce sera terminé. Je me serre contre lui, la gorge nouée. Nous ne disons plus un mot, ils sont inutiles. Nous nous comprenons par nos gestes, nos regards. Nous nous embrassons avec passion, puis avec tendresse.
Nous sortons de la boîte pour aller dehors. J’attends mon taxi. Le soleil commence à se lever. Nous avons passé la nuit entière dans la boite et nous avons rien remarqué.
Le taxi arrive. Nous nous prenons dans nos bras. Nous nous serrons fort. Puis nous nous embrassons. Pour la dernière fois.
Je monte dans le taxi. Je donne mon adresse. Puis, le taxi démarre, laissant Sven derrière moi.
Ca y est. C’est fini. Pour de.. bon.
J’éclate en sanglots dans le taxi, le cœur en miettes.

Histoire de détendre l’atmosphère, voici un petit comparatif de Rosae avec ses parents.
Une chose est sûre, c’est la digne fille de sa mère 🙂

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 50

Rosae

La fin de l’année scolaire, et du lycée pour moi, approche à grand pas. Cela me stresse un peu, car cela signifie que bientôt, nous allons bientôt vivre chacun de notre côté et voler de nos propres ailes. Bientôt, je vais également souffler mes bougies et Sven va prendre l’avion pour retourner en Suède… Mais ce dernier point, j’essaie de ne pas y penser. Cela me mine trop le moral et je préfère rester optimiste.
Et puis, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Maman. La pauvre approche de la retraite mais je vois bien qu’elle essaie de faire bonne figure. Surtout que nous allons à Brindleton Bay en fin d’après-midi pour le fêter chez Ryan. Cela ne me fait pas particulièrement plaisir, mais c’est le jour de Maman, pas le mien.
Alors que je suis dans ma chambre à chercher ce que je pourrai mettre pour ce soir, je sens mon téléphone vibrer dans la poche de ma veste. Je n’attends pas pour le sortir et je découvre qu’il s’agit de Caroline.

-Salut Caro ! Ca va ? Décroché-je alors, sur un ton enjoué, ravie de discuter un peu avec ma meilleure amie.
-Rosie ! C’est affreux !!!!! L’entends-je alors pleurer, complètement en panique. Aussitôt, mon sourire disparaît et je m’inquiète.
-Caro ? Tu pleures ? Mais qu’est-ce qui se passe ?!!

-Tu n’es pas au courant ? S’étonne-t-elle alors, surprise que je ne vois pas de quoi elle veut parler.
-Au courant de quoi ?
-T’es pas allée sur SimBook ou TwitSim aujourd’hui ?
-Non, je n’ai pas eu le temps. On fête l’anniversaire de ma mère aujourd’hui, c’est la folie. Elle entre dans le 3e âge, si tu vois ce que je veux dire …
-Je vois… Renifle-t-elle, en respirant un grand coup, comme si elle essayait de se calmer. Rosie… Y’a quelqu’un qui nous a vu au parc aquatique … Il y a des photos de nous sur les réseaux sociaux.
-Et alors ? Y’en a que ça dérange de voir deux filles s’embrasser ? Qu’ils parlent si ça leur fait plaisir. Ce ne sont que des idiots et cela ne change en rien qui tu es. Essayé-je de la rassurer, comprenant que sa panique est causée par un coming-out forcé et même pas réfléchi.
-Il n’y a pas que ça … Il y a des insultes sur moi et sur toi aussi ! Car y’a aussi des photos de toi avec Sven et une avec Pierre. C’est horrible Rosie, ça n’arrête pas de se déchaîner ! Y’a même des gens qu’on connait pas qui commentent ! Se remet-elle à pleurer et je devine qu’elle est encore en train de regarder ce qu’il se passe sur internet.
-Déjà, pour commencer, éteins l’ordinateur. Lui conseillé-je en essayant de rester calme. En vérité, je sens mon cœur battre à toute allure dans ma poitrine. Le stress commence à me gagner mais je tente de relativiser. Cela ne peut pas être aussi grave que ça, quand même ! Cela ne sert à rien de te faire du mal en lisant des propos d’abrutis qui se défoulent sous couvert d’anonymat. Et ce n’est pas aussi grave, si ?
-C’est horrible Rosie, vraiment ! Je te dirai bien de ne pas regarder mais…
-Tu me connais, tu sais que je vais aller voir.
-Oui…
-Aller, éteins l’ordi et essaie de te changer les idées, d’accord ? Et quoiqu’il en soit, ce ne sont que des idiots.
-D’accord…

Après avoir réconforté Caroline et raccroché, je ne peux m’empêcher de descendre pour aller dans le bureau. Par chance, les parents se sont absentés pour faire des courses. Au moins, je suis certaine d’être tranquille pour vérifier les propos de ma meilleure amie. Non pas que je ne la crois pas, mais je veux juger de moi-même le degré de gravité de la situation. Peut-être qu’elle a exagéré …
Malheureusement, je me rends vite compte que ce n’est pas le cas. A peine suis-je connectée sur mes comptes SimBook et TwitSim que je suis envahie de notification. Je suis identifiée sur plusieurs photos et publications. Sur SimBook, les commentaires sont envahis d’insultes que je ne pourrai répéter… Sur TwitSim, c’est encore pire et je suis comme hypnotisée par toutes ces publications, commentaires, tweets… Je suis comme figée devant l’ordinateur, stupéfaite par la haine de ces inconnus à mon égard, comme si chacun essayait de sortir la plus grosse insulte que les autres.
Je n’aurais jamais cru que ça irait aussi loin.

C’est plus fort que moi. Lorsque je sors de ma torpeur, je m’effondre. Je n’arrive pas à croire ce qui m’arrive. A chaque seconde, dix nouvelles insultes arrivent et cela augmente au fur et à mesure. Les gens tirent des conclusions hâtives et ne m’épargnent pas.
Comment peut-on sortir des horreurs pareilles ? Même en profitant de l’anonymat d’internet, comment peut-on se regarder dans une glace en faisant volontairement du mal à quelqu’un ?
En quoi est-ce amusant d’insulter quelqu’un ?
Je me sens si mal en cet instant …

Je ne sais pas quoi faire. J’ai déjà oublié les conseils que j’ai donné à Caroline. La pauvre doit se sentir mal, mais j’ai l’impression que les gens prennent davantage de plaisir à me rabaisser, me traiter comme une moins que rien, qu’à juger Caroline sur son orientation sexuelle. Petit à petit, les commentaires sur Caroline disparaissent pour ne laisser place qu’à ceux qui me détruisent sur la place publique.
Je suis perdue. Mon regard peine à quitter l’écran de l’ordinateur.
Pourquoi est-ce que je suis allée voir ? Qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi n’ai-je pas cru ma meilleure amie sur parole ?

Soudain, mon téléphone vibre. Cette fois-ci, il s’agit d’un SMS. Je n’ose pas regarder. Et si c’est un message d’insulte ? Est-ce que quelqu’un aurait réussi à avoir mon numéro ? J’ai beau regardé sur internet, il ne semble pas avoir fuité.
Je suis en stress, au bord de la panique.
Tremblante, je sors mon téléphone de ma poche. J’allume l’écran et je soupire de soulagement lorsque je vois qu’il s’agit d’un message de Sven.

« Tu vas bien ? J’ai entendu parler de toi et j’ai vu ce qui se passe sur les réseaux sociaux… 🙁 « 

« Pas trop… Tu m’en veux ? C’était juste pour déconner avec Pierre et Caro… « 

Je ne peux pas m’empêcher de me justifier en écrivant ce SMS. Malgré notre relation, j’ai peur qu’il me rejette. Je reçois une déferlante de haine, je serais anéantie si je venais à le perdre à cause de ces photos.

« Pourquoi je t’en voudrais ? Nous étions d’accord pour être non-exclusif. Je m’inquiète juste pour toi… »

« Je ne sais pas quoi faire … »

« Pourquoi je suis coincé en cours ? Je voudrai être avec toi pour t’aider 🙁 « 

« T’es adorable <3 « 

« Éteins l’ordi et évite les réseaux sociaux pendant quelques temps. Ce ne sont que des idiots qui s’ennuient dans leur vie et qui sont jaloux. Dès que je peux, je viens te voir ! »

« C’est l’anniversaire de ma mère aujourd’hui, ça va pas être possible 🙁 « 

« Je t’appelle ce soir alors ? »

« Avec plaisir. J’ai hâte ça va me faire du bien ! <3 « 

Maetha

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. J’essaie de ne pas trop y penser. Mais en vrai, cela me fout un coup.
Je vais devenir vieille. Une petite vieille avec des cheveux blancs. Certes, je vais être assortie avec Nick, mais j’aurais préféré rester comme je suis. Jeune. Maintenant, je vais être plus proche de la tombe que de ma folle jeunesse.
Nick me regarde avec un air moqueur. Il n’est pas dupe. Il me connait bien et il sait que cela ne me fait pas plaisir de vieillir. Mais ainsi va la vie et je n’ai pas tellement le choix.
Cependant, cette journée s’annonce merveilleuse car nous allons fêter mon anniversaire chez Ryan ! Enfin, ce bougre nous invite chez lui ! Il était temps ! Et apparemment, il nous réserve une surprise ! J’ai hâte de voir de quoi il s’agit.
En arrivant, nous découvrons que Roxane arrive en même temps que nous. Elle nous dit bonjour, et salue rapidement sa sœur. Rosae cherche à l’ignorer. Je ne sais pas ce qu’elle a mais elle est d’une humeur massacrante depuis que nous sommes rentrées des courses. Il a fallu la pousser pour qu’elle aille se préparer. Il faudra que je me renseigne à l’occasion, car ce n’est pas son genre d’être autant de mauvaise humeur.

Nous nous avançons vers la maison. Il s’agit d’une jolie petite maison sur le bord de mer. Ils doivent être bien ici, avec Juliette. Nous sonnons et Juliette nous accueille chez elle avec le sourire. Elle est rayonnante mais elle affiche un air fatiguée. J’espère que Ryan l’aide à la maison et qu’il ne la laisse pas tout gérer. Je ne l’ai pas élevé ainsi !
-Bonjour Juliette, comment vas-tu ? Ryan n’est pas encore là ? Lui demandé-je, intriguée de ne pas voir mon fils.
-Bonjour… Non, il a repris le travail aujourd’hui.
-Repris ? Il était en arrêt ? M’étonné-je. Ce cachottier ne me dit rien visiblement et je me demande bien ce qu’il a bien pu lui arriver…
Et soudain, des bruits de pleurs semblent venir me répondre.
Des pleurs de bébés.

-Hum oui… En fait, nous avons eu des triplés. M’avoue Juliette, un peu gênée, alors que je suis estomaquée. Mon fils est papa ? De triplés en plus de ça ? Je n’en crois pas mes oreilles !

Je discute encore un peu avec Juliette. Elle m’explique qu’elle a fait un déni de grossesse, elle et Ryan ne prévoyant absolument pas d’avoir un enfant dans l’immédiat. Evidemment, elle a remarqué qu’elle avait pris du poids, mais ne s’en était pas inquiétée. Elle avait toujours ses règles, après tout.
Puis, elle a ressenti des violentes douleurs et Ryan a fini par l’emmener à l’hôpital. Et voilà comment trois bébés sont nés. On peut dire qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié, les pauvres.
Après cette discussion, je me rends à l’étage pour faire connaissance avec mes petits enfants. Deux garçons et une fille. Alexandre, Kylian et Sarah.
A mon arrivée, Roxane est déjà dans la chambre des triplés, s’occupant, il me semble, de Sarah.

Quant à moi, je m’approche du berceau d’Alexandre. Doucement, je le prends dans mes bras. Cela me fait tout drôle, je n’ai plus l’habitude de tenir un bébé dans mes bras. Et c’est avec plaisir que je lui donne le biberon. Même s’il n’était pas prévu, il est adorable et je craque.
Me découvrir grand-mère le jour de mon anniversaire, je ne pouvais espérer de plus beau cadeau. Même si je redoutais de passer ce cap, au final, devenir grand-mère me rend heureuse et je sais que Ryan fera un papa formidable.

Rosae m’a suivie, pour faire connaissance avec ses neveux et nièce. Elle s’occupe quant à elle de Kylian, en lui donnant un biberon. Elle semble un peu plus apaisée que tout à l’heure, comme si tenir son neveu dans ses bras l’aide à calmer ses tourments. Elle semble à l’aise avec lui, alors qu’elle n’a jamais porté de bébé de toute sa vie.
Cela me fait drôle, de voir ma plus jeune fille avec un bébé dans les bras. Je ne peux m’empêcher de l’imaginer avec son propre enfant, réalisant qu’un jour, elle aussi sera probablement maman… Ma petite dernière … Pfiou, cela me fout un sacré coup encore une fois ! Heureusement, ce n’est encore qu’une adolescente, même si, je suis obligée de l’admettre, son anniversaire aura bientôt lieu …

J’entends du bruit provenant du rez-de-chaussée. Apparemment, Ryan vient de rentrer du travail. Roxane descend alors pour aller retrouver son jumeau. Mon fils est aussitôt accueilli par Nick, qui s’empresse de le féliciter pour la naissance de ses triplés.
-On peut dire que tu n’as pas fait les choses à moitié mon grand ! Le taquine son père avec bienveillance.
-C’est clair, mais ce n’était pas vraiment prévu au programme… Avoue Ryan avec une moue embarrassé. Surtout trois d’un coup.
-Ne t’en fais pas mon fils, tout va bien se passer. Et si besoin, ta mère et moi sommes là pour vous aider. On a élevé trois terreurs quand même !
-C’est elle, la terreur ! Réplique alors Ryan en désignant sa jumelle qui s’empresse de réagir en lui donnant une tape sur l’épaule, faisant ainsi rire son frère.

Maintenant que tout le monde est présent, je descends rejoindre toute l’assemblée. Ryan sort le gâteau aux fraises, préparé plus tôt dans la journée par Juliette. Il est vraiment magnifique et je m’empresse de la remercier pour cette attention. Cette jeune femme est adorable et je suis heureuse de savoir que Ryan est avec elle. Ils forment une belle petite famille avec leurs triplés.

Leurs triplés… J’ai encore du mal à réaliser que je suis grand-mère.
D’ailleurs, les triplés recommencent à faire entendre leurs voix et Juliette ne tarde pas à montrer, en nous disant de continuer sans elle. Nous allumons donc les bougies et je souffle.
Adieu, ma belle jeunesse !

Et voilà. Bye bye les cheveux turquoise et bonjour la grisaille. Je pourrai me refaire une teinture mais j’avoue qu’après avoir passé presque toute ma vie à me colorer les cheveux, j’ai envie de les laisser au naturel. Pour une fois.
Tant pis, j’assumerai les cheveux gris. Ca fait mamie mais… Pour le coup, j’en suis vraiment une.
Même si ça me fait mal au dos de l’admettre. …. Ah non, j’ai vraiment mal au dos en fait. Ca commence bien, la vieillesse…

Tout le monde me souhaite alors un bon anniversaire et les enfants commencent déjà à se jeter sur la gâteau. Ils ont beau être adulte ou presque, ils sont toujours fidèles à eux-même lorsqu’il s’agit de pâtisserie. De vrais petits gourmands !
Nick, quant à lui, vient vers moi pour me déposer un baiser sur la joue.
-Bon anniversaire mon amour. Me susurre-t-il au creux de l’oreille.
-Merci mon cœur. Pas trop déçu de ta femme ? Fini la bombe que j’étais ! Je suis une petite vieille maintenant…
-Mais tu es toujours une bombe !
-T’es adorable !
-… Avec juste quelques rides en plus. Ajoute-t-il ensuite en affichant un grand sourire taquin.
-Goujat ! Fais-je mine d’être outrée, avant de rire à mon tour.

Rosae

Le temps poursuit son cours depuis l’anniversaire de Maman. Elle a pris sa retraite et elle est maintenant tout le temps à la maison avec Papa. C’est cool pour eux, ils passent plus de temps ensemble, mais ils sont aussi davantage sur mon dos. Maman n’arrête pas de m’interroger sur mon comportement lors de son anniversaire mais je refuse de lui dire quoique ce soit. Je me contente juste de dire que je suis un peu triste que Sven parte bientôt, mais elle ne semble pas convaincue.
Tant pis, mais je n’ai aucune envie de lui parler de la haine que je subis sur les réseaux sociaux. Les jours passant, les commentaires ne se sont pas encore calmés. Sven est adorable et il essaie de me consoler. Avec Caroline, on se sert les coudes comme on peut.
Du coup, je me suis mise au jogging. Cela me permet de sortir un peu de la maison et de me vider l’esprit. Pendant que je cours, je suis loin d’internet. Je suis loin de cette haine injustifiée d’inconnus qui parlent sans savoir, juste parce qu’ils s’ennuient derrière leur écran. Des inconnus qui répètent bêtement ce qu’ils ont entendu. Et quand je pense trop, je cours. Cela me fait du bien et généralement, je suis plus sereine ensuite.
Sauf aujourd’hui, où je remarque qu’un mec bizarre n’arrête pas de me suivre depuis que je suis partie.

-Quoi ? Qu’est-ce que tu me veux ? Attaqué-je aussitôt, suspicieuse.
-Oh rien rien, je me balade c’est tout. Tu es Rosae, c’est ça ? On est du même lycée.
-Ouais, et alors ? Laisse moi tranquille et arrête de me suivre.
-Mh, je me disais… Continue-t-il sans prêter attention à ce que je dis. Ca te dirait pas qu’on aille par là ? Genre vers le buisson ? On sera à l’abri des regards… Me suggère-t-il sur un ton qui ne laisse pas le moindre doute sur ses intentions. Aussitôt, je l’insulte en lui lançant un regard noir. Bah quoi ? T’es pas la dernière à en avoir envie ! Tout le monde le dit ! Se défend-t-il, comme s’il était dans son bon droit.
Abruti. Je ne l’écoute pas davantage et j’accélère le pas, soudainement terrifiée par sa présence. Je cours, je cours, et tant pis si je risque le point de côté.

Dès que je sème ce malade, je me dépêche de rentrer à la maison. Ignorant mes parents en train de jouer aux échecs, je file à l’intérieur pour foncer dans une salle de bain pour prendre une douche. Je frotte vigoureusement ma peau, au point qu’elle en devienne rouge. Comme si j’essayais d’effacer la crasse des mots. Je ne me suis jamais sentie aussi minable qu’en cet instant.
Sombre abruti. Résidu de papier toilette. Moisissure de larve.
La douche ne parvient pas à me calmer. Une fois habillée, je vais dans ma chambre, où je laisse exprimer ma colère.
Pourquoi se fait-il que les gens s’en prennent à moi, comme ça ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?

Je fulmine, énervée par cette situation. Juste parce que je sors avec Sven et j’ai embrassé deux amis pour le fun, je suis catégorisée comme une moins que rien. Je me prends une ribambelle d’insultes et de propositions indécentes, simplement parce que je m’amuse.
Comme si l’amusement m’est interdit. Alors que des gars, comme Pierre, sont vus comme des héros en collectionnant les conquêtes.
Caroline et moi sommes humiliées sur la place publique. Sven n’est même pas mentionné et Pierre, dont la réputation n’est plus à faire, est désigné comme un Dieu.
Ce n’est pas juste et c’est révoltant !
Pourquoi une femme serait une moins que rien, là où un homme est un Don Juan, un beau gosse qui fait tomber toutes les filles ?

C’est ici que je vais conclure la Génération 1, pour vraiment laisser place à la Génération 2 de ce NSBC. Maetha est devenue senior, et Rosae deviendra jeune adulte dès le début de la prochaine MAJ. Il n’y a donc pas de meilleurs moments pour terminer cette première partie ! 🙂

Un point sur les objectifs de Maetha :
Logique : 10/10
Malice : 10/10
Aspiration : Terminée
Carrière Scientifique : 10/10
Collection : 14/15 – Échec.

Maetha a donc presque réalisé tous ses objectifs (satané d’élément manquant ! 😀 )

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 49

Maetha

En ce moment, Rosae passe tout son temps en dehors de la maison. Nous ne la voyons plus avec Nick. Mon cher et tendre dit que c’est normal, elle est jeune, elle en profite pour sortir et passer du temps avec ses amis. Du moment qu’elle continue à avoir des bonnes notes au lycée, il n’y voit pas d’inconvénients.
Qu’il est mignon… et tellement naïf.
J’ai eu son âge moi aussi, et quelque chose me dit qu’elle ne sort pas seulement avec ses amis. Je suis sa mère, c’est moi qui l’ait mise au monde, et je sais reconnaître un changement de comportement chez ma progéniture.
Foi de Maetha, il y a un garçon là-dessous !

-Tu as bien dormi ma puce ? Lui demandé-je alors qu’elle vient de descendre pour prendre son petit déjeuner, en se servant de qu’il reste dans le frigo.
-Oui, ça va. Bâille-t-elle sans se douter de ce qu’il attend. Si elle a un copain, il est peut-être temps d’avoir une conversation sérieuse avec elle… Je n’ai pas envie d’être grand-mère toute suite !
-Dis-moi ma puce… J’ai remarqué que tu sortais beaucoup ces derniers temps…
-Oui, et alors ? Je n’ai plus le droit de voir mes amis ? M’interroge alors Rosae, intriguée, se demandant où je veux en venir.
-Et alors, je suis ta mère. Je vois que quelque chose à changer dans ton attitude… Il y aurait-il un garçon… Dans ta vie ?
-Maman.. Soupire-t-elle alors, en levant les yeux au ciel. J’ai le droit à une vie privée, non ? Ronchonne-t-elle ensuite.

Bien sûr ! Je veux juste être sûre que tu prennes les précautions nécessaires … Lui réponds-je en marchant sur des œufs. Je ne voudrai pas la brusquer. Je ne connais que trop bien les conséquences qu’une erreur … d’inattention peut avoir.
-De quoi tu parles Maman ?
-Je te parle de crac-crac ma puce.
-MAMAN ! S’écrie-t-elle, choquée. Je ne veux pas parler de ça !
-C’est important ma chérie ! J’ai beau vouloir que tu restes mon bébé, j’ai bien conscience que tu es en train de devenir une femme et cela fait partie de la vie.
-Maman, arrête !! On a eu des cours d’éducation du crac-crac au lycée, c’est bon ! Réplique-t-elle, mal à l’aise, en se dépêchant d’avaler le contenu de son assiette.
-Très bien, très bien ! Mais si jamais tu as besoin de parler, entre femmes, sache que je suis là…
-Maman, j’ai envie de tout, sauf de parler de ça avec toi ! Assure-t-elle avant de s’enfuir à l’étage à toute vitesse.

Je soupire face à la réaction de Rosae. Je ne peux que comprendre. Je pense que j’aurais réagi de la même manière si ma mère avait tenté d’avoir la même conversation avec moi.
Enfin, il y avait moins de risque. A l’âge de Rosae, j’avais le visage d’une calculatrice et je ne sortais pas beaucoup.
Néanmoins, j’aurais aimé qu’elle me parle. Il n’y a rien de mal à parler de son petit-ami à sa mère quand même ! Si ?

-Tu auras essayé. Se retient de rire Nick, en train de cuisiner le repas de midi qui demande beaucoup de préparation.
-Très drôle. Mais cela a montré que j’avais raison. Rosie a un copain !
-C’est normal, c’est de son âge.
-Tu parles d’un père ! Tu ne devrais pas sortir le fusil pour courser ce garçon qui en veut à l’innocence de ta fille ? Bougonné-je, encore vexée de ne pas avoir convaincu ma fille de se confier.
-Promis, s’il lui fait du mal, j’irai le courser à coup de poêle ! Éclate-t-il de rire en réponse alors que je me retourne pour lui lancer un regard noir.

Rosae

Je ne sais pas quelle mouche lui a piqué, mais ma mère a bien été reloue ce matin ! Je ne sais pas de quoi elle se mêle, mais je n’ai aucune envie de lui parler de ma vie… Non pas que je n’aime pas ma mère, mais c’est ma vie privée. Et puis, je n’ai pas envie qu’elle me juge par rapport à ma relation avec Sven. J’ai trop peur qu’elle désapprouve, qu’elle me dise que je prends des risques stupides avec une relation sans avenir.
Bref, j’ai préféré fuir la maison avant qu’elle ne revienne à la charge. Du coup, avec Caroline, nous avons décidé d’aller tester le nouveau parc aquatique sur le thème des Caraïbes. Il est installé à Newcrest et au moins, je suis suffisamment loin de ma mère pour pouvoir passer une bonne journée !
-C’est trop dommage qu’il fasse un temps tout pourri ! Soupire ma meilleure amie, alors que le ciel est nuageux et que nous sommes sur une petite terrasse couverte.
-C’est clair ! On risque d’avoir un peu froid mais cela ne nous empêchera pas de passer une bonne journée ! La rassuré-je alors, ravie de passer une après midi entre filles. Cela fait bien trop longtemps à mon goût que nous nous sommes pas vues ! Et pour tout te dire, je préfère être ici qu’à la maison.
-Ah ? Pourquoi ? La carrière de ta sœur a foiré et elle est revenue vivre chez toi ?

-Parle pas de malheur ! Ne puis-je m’empêcher de rire, tout en me servant de la limonade. Ma mère a essayé de me parler garçon et du crac-crac !
-Oh l’angoisse ! Rit-elle à son tour. Si elle savait ! C’est un peu tard
-Mais c’est ça ! Confirmé-je alors. Caroline est ma meilleure amie et je ne peux m’empêcher de tout lui confier. C’est une amie formidable qui m’écoute sans jamais me juger. Et puis même, bonjour la honte quoi ! J’avais envie de me cacher dans un trou de souris ! Je ne sais pas ce qu’il lui a pris !
-Elle se doute peut-être de quelque chose ? Tu vois souvent Sven alors le « je sors voir des amis » ne passe peut-être plus.
-Peut-être… Mais je ne veux pas lui en parler. J’ai peur qu’elle soit déçue …
-De quoi ? Le fait que tu vives une histoire avec Sven ou que votre relation ne soit pas exclusive ?
-Les deux.
-Tu sais, ta mère a l’air cool. Je suis sûre qu’elle dirait rien.
-Sans doute. Mais c’est ma vie privée, elle n’a pas à tout savoir !

-Elle s’inquiète, c’est tout. Se montre compréhensive Caroline. Si tu savais comme je t’envie parfois ! La mienne, elle est trop obnubilée par les infidélités de mon père pour faire attention à nous. Paul déprime et elle s’en fiche ! Pour elle, tout va bien à la maison, elle est en plein déni !
-Qu’est-ce qui lui arrive à Paul ? La questionné-je, inquiète pour mon ami. Pierre m’a déjà dit qu’il n’allait pas bien mais il n’en sait pas plus.
-Ca, c’est parce qu’il est trop occupé à agrandir son tableau de chasse ! S’en amuse-t-elle à son tour avec un sourire en coin. Mais je t’avoue que Paul n’est pas du genre à se confier à nous tu sais. Je suppose que s’il voulait nous en parler, il l’aurait déjà fait.
-J’espère que ça va aller… Je suis tellement occupée avec Sven que j’en oublie mes amis, j’ai honte !
-Ne t’inquiète pas. On comprend. Tu profites qu’il soit encore là pour passer du temps avec lui, c’est normal. Me rassure-t-elle avec bienveillance. Puis, soudainement, son regard se perd au loin, comme elle pensait à quelque chose.
-Tout va bien Caro ? M’inquiété-je aussitôt, devinant que quelque chose ne va pas.

-Oh je… Je ne veux pas t’embêter avec ça. Grimace-t-elle en réponse, se mordant la lèvre comme si elle hésite à se confier à moi. Tu as l’esprit pas mal occupé avec Sven, je ne veux pas en rajouter une couche.
-Caro, tu peux tout me dire tu sais ? La rassuré-je en lui prenant la main. Ce n’est pas parce que mon histoire avec Sven est compliquée que tu ne peux pas me parler de tes problèmes. Je suis là pour ça, aussi.
-Je m’interroge pas mal… sur moi-même. M’avoue-t-elle, un peu gênée. Tu ne le diras à personne, hein ?
-Bien sûr ! C’est pas mon genre de révéler les secrets des autres !
-Oui excuse-moi, je voulais pas douter de toi… C’est juste que… C’est délicat…
-Tu t’interroges sur quoi ?
-Rosie… Je… Je crois que j’aime les filles. Me souffle-t-elle en regardant ses pieds.
-Ah ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Lui dis-je, surprise. Je ne m’attendais pas à une telle annonce. Mais après tout, si elle préfère les filles, c’est bien son droit.
-J’ai eu une sorte de déclic quand ma mère m’a demandé si j’allais lui ramener un garçon. C’est là que j’ai remarqué que j’ai jamais regardé les garçons, même dans les séries. Là où toutes les filles sont en admiration devant un acteur canon, moi, je m’en fiche. Par contre, les filles… J’ai l’impression que je regarde les filles comme je devrais regarder un garçon. Tu vois où je veux dire ?
-Oui je vois… Mais cela te pose un problème, de préférer les filles ?
-Sur le principe non… Mais je ne peux m’empêcher de me dire que c’est pas possible en fait. Que c’est juste une passade pour tenter de faire mon intéressante face à mes parents qui ne s’intéressent plus à nous depuis qu’on est suffisamment grand pour s’occuper de nous tous seuls.
-Au pire, ce n’est pas grave si c’est une passade, non ? Tu peux parfaitement préférer les filles aujourd’hui, et être attirée par un mec demain. Personne ne va venir chez toi pour te dire « tu as signé pour le club des lesbiennes, tu n’as plus le droit de changer d’avis !! » en te menaçant avec un scalpel ! Essayé-je de l’aider, tout en y associant une pointe d’humour. Cela a au moins eu l’avantage de la faire sourire.
-Je sais bien, mais que veux-tu… Je ne peux m’empêcher de me poser la question tu vois… Comme si j’avais besoin de m’identifier à quelque chose pour savoir qui je suis…
-Cela ne fait pas de toi qui tu es, à mon avis. Mais bon… Tu as déjà essayé de sortir avec une fille ?
-Non… J’ai pas envie de briser le cœur de quelqu’un avec mes incertitudes …
-Je vois… Dans ce cas… Je veux bien te servir de cobaye !

Devant l’incompréhension de Caroline, je l’invite à se lever. Elle n’arrête pas de me poser des questions, me demandant ce qu’il peut bien se passer dans ma tête. J’avoue que mon idée est complètement débile. Nous sommes amies et il est probable que cela ne donne rien. Mais bon, elle ne pourra jamais se permettre de faire ça avec une autre fille sans risquer de lui faire du mal. Alors, au nom de notre amitié, je suis prête à donner de moi-même pour lui donner un coup de main !
Alors, une fois toutes les deux debout, je m’approche d’elle… et je l’embrasse. Je sens qu’elle est surprise et qu’elle ne s’y attendait absolument pas. Néanmoins, elle se laisse faire et finit même par répondre à mon baiser, comme si elle a compris l’idée que j’ai derrière la tête.

-Alors ? T’as ressenti un truc ? Lui demandé-je une fois que j’ai libéré ses lèvres. J’affiche un grand sourire, fière de mon coup, et Caroline me sourit à son tour.
-T’es complètement tarée ! Éclate-t-elle justement de rire. Ce qui me rassure, quelque part. Au fond de moi, j’avais un peu peur qu’elle le prenne mal, même si, si je me suis permise de l’embrasser, je savais qu’elle allait bien le prendre. Et je ne sais pas si c’est fiable ! T’es ma meilleure amie, c’est trop bizarre !
-Ce qui pourrait compliquer les choses, c’est si ça m’avait fait quelque chose ! Mais rassure-toi, je suis toujours aussi hétéro qu’avant ! Tu ne risques pas de me briser le cœur en me mettant dans la friendzone !
-Et bien… Disons que ce n’était pas désagréable… Mais j’imagine que ce serait différent avec une fille avec qui je veux sortir.
-Oh ! Caro ! Tu ne veux pas sortir avec moi ? Tu me brises le cœur !! Fais-je semblant d’être anéantie, provoquant l’hilarité de ma meilleure amie.

Une fois remises de notre fou rire, nous décidons de profiter enfin des jeux d’eau du parc, ainsi que de la piscine. L’endroit doit être magnifique lorsqu’il y a un grand soleil mais malheureusement, le temps est gris. De ce fait, l’endroit parait triste, d’autant plus qu’il n’est pas forcément très bien situé. Il y a quand même un sacré décalage entre le centre de Newcrest et le décor des Caraïbes du parc aquatique.
Malgré tout, cela ne nous a pas empêché de bien profiter de l’endroit, même lorsque la nuit a commencé à tomber.

En rentrant, je suis crevée. Je n’ai qu’une hâte : me mettre au lit et dormir jusqu’à lundi. Oui, j’ai l’intention de passer mon dimanche sous la couette, mais je ne suis pas certaine que mes parents me laissent faire.
Monde cruel !
-Tu as passé une bonne journée ma puce ? Me demande ma mère, installée sur le canapé, tandis que Papa travaille son déhanché…. Je crois que j’aurais préféré ne pas voir ça.
-Oui mais je suis crevée ! Je fais un tour dans la salle de bain et dodo !
-Caroline va bien ?
-Oui Maman, mais je suis fatiguée. Soupiré-je, fatiguée par les questions de Maman.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 48

Rosae

Le temps file et j’essaie de partager mes loisirs du mieux que je peux entre mes amis et Sven, même si, je dois l’avouer, j’ai une fâcheuse tendance à privilégier les moments que je passe avec mon correspondant qui n’est plus seulement ça, à présent. Je profite de chaque instant, pendant qu’il est encore là. Je joue sans doute un jeu dangereux, mon coeur ne sortira certainement pas indemne dans cette histoire, lorsqu’il partira, mais je refuse d’avoir des regrets.
Et puis, ma vie ne s’arrête pas à Sven. Nous sommes d’accord là-dessus, notre relation est ouverte, nous en avons reparlé par la suite. Il fait ce qu’il veut de son côté et moi aussi.
Aujourd’hui, c’est le Jour de l’Amour. Nous avons décidé de se voir avec Sven, mais il n’est pas disponible avant la fin d’après-midi.
Du coup, quand Pierre m’a supplié de sortir avec lui dans un bar, parce qu’il ne veut pas passer cette journée tout seul, je n’ai pas pu lui dire non. Cela fait un moment que je ne l’ai pas vu, lui aussi à pas mal d’occupation de son côté. Si bien que je suis surprise qu’il m’ait appelé, moi, aujourd’hui.

-Salut Rosie ! Me salut-il aussitôt lorsque je le rejoins à Windenburg. Comment tu vas aujourd’hui ?
-Ca va et toi ? Lui réponds-je avec le sourire. Alors comme ça, on a perdu de passer sa journée de l’amour tout seul ? Me moqué-je ensuite avec un sourire taquin.
-M’en parle pas ! Et surtout, j’avais aucune envie de rester à la maison avec ma mère qui fait la tronche parce que mon père est sorti je ne sais où et mon frère qui boude sans arrêt dans sa chambre sans raison !

Je ne peux que compatir. Maintenant que je connais le passé commun entre ma mère et son père, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il est parti voir ailleurs. Ce qui expliquerait l’humeur catastrophique de sa mère. L’ambiance ne doit pas être toute rose à la maison.
Par contre, je suis plus surprise pour Paul. Il a toujours été quelqu’un de réservé, mais je ne l’ai jamais vu déprimé. Passerai-je tellement de temps avec Sven que je n’aurais pas remarqué que mon ami ne va pas bien ?

-Que lui arrive-t-il, à Paul ? M’inquiété-je alors.
-Aucune idée. Il a peut-être eu le cœur brisé par une meuf, que veux-tu que je te dise. Il n’est pas très doué avec les filles alors ça serait pas étonnant. Hausse-t-il les épaules avec nonchalance. Visiblement, l’attitude de son frère ne le préoccupe pas plus que ça.
-Ouais, contrairement à toi j’imagine… Je suis d’ailleurs étonnée que tu n’es pas réussi à te trouver une fille pour passer cette journée en bonne compagnie. Le taquiné-je, ensuite.
Car enchaîner les conquêtes semblent être de famille. Pierre est le genre de gars qui aime les filles et qui ne veut pas se retrouver enchaîner à l’une d’elle. Alors, il s’amuse à draguer à droite à gauche et de profiter de ce qu’elles veulent lui offrir.
Un vrai bourreau des cœurs, en somme.
Personnellement, je me fiche bien de ce qu’il fait. Il veut s’amuser, c’est tout. Même si, parfois, je tique sur son manque d’honnêteté vis-à-vis de ces filles, mais cela ne me regarde pas, après tout.

-Qui te dit que je ne passe pas la journée en charmante compagnie ? S’en amuse-t-il alors, tout en se rapprochant de moi, arborant un sourire charmeur.
-Parce que tu es avec moi.
-Et alors ?
-Et alors, je ne ferai pas partie de ton tableau de chasse. D’autant plus que je ne pourrai pas rester. Lui signalé-je, plus amusée qu’autre chose. Pierre est un charmeur qui ne peut s’empêcher de séduire tout ce qui porte une jupe. Ce n’est pas la première fois et nous avons pris le parti d’en rire.
-Ah oui, tu dois rejoindre ton beau suédois ! Mais je croyais que vous n’étiez pas exclusif ?
-C’est le cas mais cela ne veut pas dire que je souhaite faire partie de tes nombreuses conquêtes. Bon, si on entrait ? Ca serait bête de venir dans un bar pour rester dehors comme des andouilles !
-Après toi ma belle ! Je te suis, j’aurais un meilleur angle de vue !
-Idiot ! Ne puis-je m’empêcher de rire de sa bêtise tout en lui donnant une tape sur l’épaule.

Nous entrons donc dans le bar où nous commandons des sodas. Nous sommes encore mineurs et, même si Pierre fait un peu la tête, nous sommes encore trop jeunes pour avoir accès à des jus de fruit plus corsés. Personnellement, je m’en fiche, je ne suis pas là pour finir complètement jusdefruitée.
Nous parlons beaucoup, avec Pierre. Parfois sur le ton de la blague, parfois plus sérieusement. Il n’a pas l’air comme ça, mais il s’inquiète un peu de ma relation avec Sven. Il a peur que j’y laisse des plumes. Je lui avoue que son départ ne sera pas facile, mais que je m’en remettrai.
C’est justement le but de la non-exclusivité. De garder une distance, entre nous, en restant ouvert à d’autres opportunités.
Puis, Pierre me fait rire, ce qui permet de détendre l’atmosphère et de me faire penser à autre chose. Jusqu’à ce qu’il soit l’heure pour moi de partir. On se lève donc pour aller vers la sortie, quand Pierre m’arrête tout à coup.

-Pour te remercier d’avoir passé du temps avec moi. Me souffle-t-il avant de m’embrasser.
Je suis un peu surprise par son geste soudain, mais je me laisse faire. Je me surprends même à répondre à son baiser. Ce n’est pas désagréable et cela m’amuse plus qu’autre chose.

-Je te l’avais dit que je passais la journée en charmante compagnie ! S’exclame-t-il ensuite avec un sourire victorieux. Il en fait des caisses pour un simple baiser sans importance, mais il me fait rire.
-Je te trouve bien sûr de toi pour un simple bisou !
-Un simple bisou ? Je suis outré ! Un baiser d’un Lothario, c’est du grand cru très chère ! Cela ne se résume jamais à un « simple bisou » ! Dire cela revient à donner de la pâtée au cochon ! Fait-il mine d’être choqué, comme si j’avais dit une énormité. J’éclate de rire face à sa bêtise.
-Que t’es bête !
-Mais c’est pour ça qu’on m’aime, très chère ! Se vante-t-il une nouvelle fois, sur le ton de la plaisanterie. Bon je te laisse ! A plus dans l’bus !

Il s’en va du bar en me saluant de la main. Je ne m’en fais pas pour lui, je doute qu’il rentre gentiment chez lui dans l’immédiat. Il ira ailleurs, et il trouvera certainement une nouvelle fille à séduire pour passer le temps et tester ses techniques de séduction.
Il prend tout cela pour un jeu et il s’en accommode très bien.
En cet instant, je l’envie. Car, bien malgré moi, je ne peux m’empêcher de m’en vouloir pour ce b.aiser. Je n’ai rien fait de mal, je le sais. Ce n’était qu’un b.aiser qui ne voulait rien dire, c’était juste pour s’amuser. Mais je culpabilise vis-à-vis de Sven, c’est plus fort que moi. J’ai voulu cette relation ouverte et je ne regrette pas mon choix. Mais c’était comme si j’étais programmée pour culpabiliser d’en avoir embrassé un autre.
Comme si, une petite voix dans ma tête me disait « tu ne devrais pas faire ça, tu ne devrais qu’être avec un seul homme ».
Je ne veux pas écouter cette voix. C’est une rabat-joie. Mais elle insiste, et je fais tout pour l’envoyer promener.
Je suis jeune, notre relation n’a aucun avenir. J’ai le droit de m’amuser, moi aussi.

Avant de me prendre davantage la tête, je quitte le bar pour rejoindre Sven. Avant d’aller aux Falaises, je fais un léger détour et je m’empresse de prendre le ferry pour rejoindre l’île de Windenburg. C’est un endroit magnifique et quelque part, bien caché se trouve des falaises avec des ruines anciennes. Je n’y suis jamais allée, mais j’en ai beaucoup entendu parler.
Alors j’arrive sur l’île, je me faufile dans la nature, je grimpe et j’accède dans les hauteurs. Je finis par arriver à destination et je vois Sven qui est déjà là.
Aussitôt, en le voyant, mes soucis s’envolent.
-Hey Sven ! Tu as réussi à trouver ! M’exclamé-je avec un sourire, tachant d’ignorer la pluie qui commence à tomber.
-Oui c’était pas bien compliqué ! J’ai déposé quelques affaires là-bas et je t’ai attendu ici. Me répond-t-il en me souriant tendrement. Son sourire me fait fondre.
-Ca fait longtemps que tu attends ?
-Une vingtaine de minutes je dirai… Mais c’est pas grave, j’étais en avance. Me rassure-t-il aussitôt alors que mon visage se décompose. Je m’en veux un peu qu’il est autant attendu… Mais en y réfléchissant, il a juste un ferry d’avance par rapport à moi.

-Désolée que tu ais du attendre, mais j’ai fait un petit détour en chemin. Lui avoué-je, un peu honteuse malgré les considérations techniques. De derrière mon dos, je sors alors une rose rouge que je lui tends aussitôt. Joyeux Jour de l’Amour Sven!
-Oh, merci Rosie ! Semble-t-il touché, alors que ses joues s’empourprent toute suite après découvert la fleur. Je… Je m’y attendais pas… Je suis désolé, j’ai rien pour toi, je savais pas…
-Te prends pas la tête Sven. Lui dis-je, amusée. C’est une tradition locale ici. On offre des fleurs le Jour de l’Amour, tu ne pouvais pas savoir.
-C’est une bonne tradition.

Suite à ses paroles, Sven s’approche de moi pour me prendre dans ses bras. Il s’empare de mes lèvres et je me sens légère. Je chasse Pierre et son baiser de mon esprit et je laisse toute la place à Sven. Je n’ai rien fait de mal et même si nous sommes dans une société qui ne tolère pas les relations ouvertes, je n’ai pas à m’en vouloir. Surtout que c’était juste une plaisanterie entre potes.
Et la vie est trop courte pour se prendre la tête et je suis tellement bien avec Sven que j’en oublie même la pluie qui tombe.

Après notre baiser, nous nous découvrons un peu plus les hauteurs des falaises. Le paysage est à couper de souffle et je comprends mieux pourquoi beaucoup de jeunes se cachent ici pour faire la fête. Il n’y a absolument personnes à déranger et la vue est splendide.
D’aussi haut, on a l’impression d’être invincible et les maîtres du monde.
C’est certainement ce qu’on du ressentir les gens qui vivaient ici, autrefois. Il ne reste plus rien que des ruines, et un plan d’eau qui n’a absolument rien de naturel. Peut être un ancien bain qui n’est alimenter que par l’eau de pluie aujourd’hui.
J’observe Sven avec une lueur taquine dans le regard. Je prends mon sac et je fonce me cacher derrière un buisson. Il ne me suit pas et se contente d’attendre. Je me change en vitesse et je m’attache les cheveux, pour ensuite le rejoindre. Il hausse un sourcil incrédule, se demandant sans doute ce que je fabrique en maillot de bain.
Avec un sourire amusée par son étonnement, je m’empresse de courir vers l’eau, sauter et plonger !
-Aaah elle est froide !!! M’écrié-je en sortant la tête de l’eau.
-C’est ça quand on plonge sans réfléchir ! Ne peut s’empêcher d’éclater de rire Sven. Au printemps alors qu’il pleut en plus !
-Et si tu venais me rejoindre au lieu de rigoler ? Le défié-je alors. Elle est bonne une fois qu’on est dedans !
J’avoue, je ne suis pas tout à fait honnête. Disons que la température de l’eau est… revigorante.
Bien qu’il ne soit pas dupe, Sven se déshabille quand même. Bien plus prévoyant que moi, il avait déjà son maillot de bain sur le dos… ou plutôt sur les fesses. Hmm… Une fois dévêtu, je me surprends l’admirer et je sens mes joues rosir. Un peu gênée, je cache le bas du visage sous l’eau, attendant patiemment qu’il veuille bien me rejoindre.
Ce qu’il fait sans attendre et je le vois grimacer.
-Il caille la vache !

-Fallait pas me faire confiance ! M’en amusé-je avant de l’éclabousser pour le mouiller davantage.
-Vilaine ! C’est moche de faire souffrir les autres ! Plaisante-t-il à son tour.
-Pauvre chou ! Tu vas pas en mourir ! Ne puis-je m’empêcher de rire, fière de ma blague. Il faut dire que je donne de ma personne pour tenter de le transformer en glaçon !
-Qu’en sais-tu ? Aaah !! Je meurs ! Fait-il mine d’avoir une crise cardiaque, en se tenant la poitrine avant se laisser couler sous l’eau.
-Andouille !! M’exclamé-je en continuant de rire avant de nager vers lui pour l’attraper par le bras et l’obliger à remonter à la surface. Je prends son visage entre mes mains pour ensuite l’embrasser.
-Miracle ! Je suis ressuscité ! Me sourit-il tendrement avant de m’embrasser à son tour, avec passion et en me serrant contre lui. Je m’accroche à son cou comme si ma vie en dépendait, refusant de me séparer de lui.
Sven recule un peu, sans pour autant me lâcher, pour prendre appui sur un rocher. Je passe mes jambes autour de sa taille et nous restons ainsi pendant un long moment. Nous nous embrassons, nous nous câlinons et c’est comme si le temps n’existait plus. Je ne me rends même plus compte que je suis frigorifiée, malgré la chaleur que m’inspire Sven.
-On devrait sortir de l’eau. Me souffle-t-il avec tendresse. Tu trembles comme une feuille.
-Mais non, je suis bien, ça va aller. Lui assuré-je, ignorant que je claque des dents.
-Arrête, t’as les lèvres limite bleues. Je ne voudrai pas que tu tombes malade. Me dit-il en me caressant doucement la joue.

Résignée, je finis par m’éloigner de lui pour ensuite nager jusqu’au bord de l’eau. Je sors et je sautille sur place pour me réchauffer. C’est vrai que j’ai froid mais j’étais tellement bien dans ses bras que je n’avais aucune envie de briser le charme du moment. Je prends une serviette de bain pour me sécher et tenter de calmer les frissons qui me parcourent le corps.
Sven sort de l’eau à son tour et entreprend également de se sécher. Contrairement à moi qui tarde un peu, il se dépêche de se rhabiller. Il m’embrasse la joue, puis part à la recherche de mes affaires que j’ai laissé derrière mon buisson.
En revenant, il n’a pas seulement mes vêtements dans les bras.

-Regarde ce que j’ai trouvé en cherchant tes affaires. Est-il tout content de me dire, tout en me tendant une rose rouge.
-Sven ! Tu n’étais pas obligé ! Lui dis-je, surprise mais touchée par son geste.
-Je tiens à respecter les traditions locales. M’assure-t-il avec un clin d’œil, me tendant ensuite mes vêtements. Tiens, rhabille toi, tu es gelée.
-Merci Sven, tu es vraiment adorable!

En bonne demoiselle sage, j’obéis et je m’exécute. Je me dépêche de me rhabiller et je me sens mieux avec mes vêtements sur le dos. Néanmoins, pendant tout le temps où je renfilais mes affaires, j’ai remarqué le regard que posait Sven sur moi. Je n’ai pas vraiment d’expérience dans le domaine mais je peux, je pense, dire sans me tromper que la vue de mon corps ne le laisse pas indifférent.
Malgré que je sois de nouveau vêtue, je continue de trembler, ce qui inquiète Sven. Il me prend dans ses bras et tente de me réchauffer.

-J’ai repéré de vieilles palettes qui traînent par là. Avec du bois en plus, peut-être qu’on pourrait faire un feu, ça te réchauffera. Suggère-t-il alors, soucieux de prendre soin de moi.
Je n’ose pas lui dire que ses paroles suffisent à réchauffer mon cœur. Il s’éloigne de moi, et s’active aussitôt à tout rassembler. Avec une dextérité étonnante, il parvient à allumer un feu.

-Comment tu sais faire ça ?
-J’ai fait les scouts. M’explique-t-il en haussant les épaules, comme si c’était normal pour lui. Maintenant que le feu est allumée, il revient vers moi pour me serrer contre lui.
Grâce au feu et à sa présence, la chaleur prend petit à petit la place du froid dans tout mon être.

Je passe une journée extraordinaire. Je suis tellement bien que j’ai perdu la notion du temps. J’ignore depuis combien de temps je suis ici, avec Sven, ni quelle heure il est. Tout cela n’a plus d’importance… Tout ce qui m’intéresse, c’est de profiter de l’instant présent, avec Sven.
Et d’un autre côté, cela me fait peur. Que se passera-t-il lorsqu’il repartira pour la Suède ? Il a pris une place tellement importante dans ma vie que j’ai du mal à l’imaginer sans lui. Nous vivons tellement de choses incroyables, mes sentiments sont si forts… j’ai l’impression que la perspective de son départ amplifie tout, absolument tout. Comme si nous devions vivre plus, profiter plus, ressentir plus… Avant que la géographie rendre tout cela impossible.
-Tout va bien Rosie ? Tu as l’air ailleurs.
-C’est rien, je suis juste un peu fatiguée.
-Tu veux rentrer ?
-Non, je veux rester ici, avec toi.

Comme pour le rassurer, je me tourne alors vers lui pour l’embrasser sur la joue. Il se laisse faire, le sourire aux lèvres. Doucement, je pose ensuite ma tête sur son épaule, cachant mon visage dans le creux de son cou. Par moment, je déteste ma vie, même si je n’échangerai pour rien au monde ces moments éphémères.
Pourquoi faut-il qu’il vive aussi loin ?
-J’ai emmené une tente si tu veux. Au cas où qu’on veuille se reposer en étant à l’abris… Tu veux que je l’installe ? Me propose Sven et sans attendre ma réponse, il entreprend déjà de monter la tente.
-Mais Sven… Comment ça se fait que tu sois aussi gentil ?! M’écrié-je alors, ce qui le fait aussitôt rire.

-Et voilà Mademoiselle ! Votre palais est prêt ! S’exclame-t-il, fier de lui, une fois la tente montée.
Je ne peux m’empêcher de rire avec lui, devant sa tente tout ce qu’il y a de plus classique. Je m’approche donc de l’entrée et je me penche pour aller à l’intérieur. Mais à mi-chemin, je m’arrête pour le regarder.

-Tu viens avec moi ?
-Si tu veux. Me sourit-il en réponse.
Nous entrons donc à l’intérieur de la tente et nous nous allongeons. Installé sur le dos, Sven m’ouvre ses bras pour que je vienne m’installer contre lui. Ce que je fais sans attendre. Lovée ainsi dans ses bras, je me sens si bien. Tout mon corps se détend alors, bercé par le rythme de sa respiration. Mais je n’ai aucune envie de dormir. Je relève donc mon visage vers le sien et je l’embrasse doucement. Sven répond à mon baiser sans attendre et nous restons ainsi, dans les bras de l’autre, à nous embrasser. D’abord tendrement, puis de plus en plus passionnément, sans interruption.

-Rosie, je crois qu’il vaudrait mieux arrêter. Me murmure subitement Sven, le souffle court, alors qu’il est déjà à moitié sur moi.
-Pourquoi ? Lui demandé-je sans comprendre n’ayant qu’une seule envie : continuer.
-Parce que là, j’ai envie d’une chose et je ne suis pas certain que c’est ce que tu veux. M’avoue-t-il, embarrassé. Il n’a pas besoin d’en dire plus pour que je comprenne.
-Continue, Sven. Lui soufflé-je, sûre de moi, sans y réfléchir davantage. Je n’ai aucune envie de réfléchir, d’ailleurs.
-Tu es sûre ? Semble-t-il étonné, tout en me caressant les cheveux.
-Oui, Sven. C’est peut-être fou mais… J’ai envie que ma première fois, ce soit avec toi. Lui avoué-je, me sentant rougir à ces mots.
Il me sourit alors, avec tendresse. Il approche donc son visage du mien pour reprendre ses baisers enflammés. La suite se passe de commentaire, tout se déroulant tout naturellement…

Nous sommes restés un moment dans la tente, dans les bras de l’autre. Le soleil commence doucement à se coucher, lorsque nous en sommes sortis. Nous nous allongeons sur le sol afin de profiter de ce spectacle. Pendant que j’observe le paysage, je laisse mon esprit vagabonder au delà des nuages.
Mes choix ne sont sans doute pas des plus raisonnables, mais je n’ai aucun regret. Je sais que la chute sera rude mais je profiter de l’instant présent sans penser à demain. Je n’ai aucune envie que plus tard, lorsque je repenserai à cette époque de ma vie, je me dise que j’aurais du agir autrement.
En cet instant, je n’ai jamais été aussi heureuse. Autant rester dans l’insouciance le plus longtemps possible.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 47

Le restaurant-cinéma est une création de @lalia181211

Rosae

Le temps a passé depuis l’anniversaire de Papa. Ca me fait bizarre de le voir avec les cheveux blancs, on dirait un papy. Je lui ai suggéré de faire une teinture mais il n’a pas voulu. Il assume ses cheveux blancs et ne veut pas dépenser de l’argent pour ça. Soi disant que ma teinture et celle de ma mère coûte déjà suffisamment chères comme ça ! La fausse bonne excuse !
En attendant, hors de question qu’il vienne me chercher au lycée. Déjà que c’est la honte d’avoir ses parents qui attendent à la sortie, si en plus, ils ressemblent à des vieux….
Je l’aime mon père, mais à la maison.
Mais en vrai, je passe peu de temps à la maison. J’aime bien sortir avec mes amis, même si je passe plus de temps avec Sven. Mes amis comprennent et je les vois toujours autant au lycée. Je profite de lui tant qu’il est là, avant qu’il ne reparte en Suède.
Et puis, j’aime passer du temps avec lui. Il n’est pas prise de tête, il ne me juge pas… J’ai l’impression que le temps passe trop vite quand je suis avec lui. Lorsqu’on est tous les deux, c’est comme si le monde autour de nous n’existait plus. C’est cliché à dire, mais quand je suis avec lui, j’ai l’impression d’être dans une bulle.
Aujourd’hui, j’ai fini les cours plus tôt et j’ai donc proposé à Sven d’aller se faire un ciné. Malheureusement, on est arrivé en avance et la séance ne commence pas avant une bonne heure.

-C’est sympa le coin. Commente Sven en observant les alentours alors que nous sommes devant le bâtiment à ne pas savoir quoi faire.
-Oui, c’est jolie Magnolia Promenade, mais c’est riquiqui et il n’y a pas grand chose d’intéressant. Lui dis-je dans un haussement d’épaules. Ca te dit un goûter ? Y’a un resto à côté du cinéma, et ça n’a pas l’air mauvais.
-Ca nous fera passer le temps. Accepte Sven en me souriant.

Programme validé, nous entrons donc à l’intérieur du restaurant. Nous nous installons sur une table à côté de l’entrée de la terrasse. Nous regardons la carte et nous choisissons deux gâteaux au nom étrange. Nous n’avons pas la moindre idée de ce que nous allons mangé mais cela nous amuse. On rit également des serveurs qui n’ont pas l’air très adroits. Une serveuse a même fait tomber tous les plats qu’elle avait en main. La pauvre est mortifiée mais c’est plus fort que nous.
-L’attente est longue quand même. Finis-je par marmonner en surveillant l’heure. Manquerait plus que l’on manque la séance.
-Cela ne fait rien, on a le temps. Me rassure Sven avec gentillesse. Au fait, nos tuteurs nous ont enfin donné la date de notre retour en Suède. M’avoue-t-il avec une moue embarrassée.
-Ah ? Fais-je mine de m’intéresser. Non pas que je m’en fiche, mais je n’ai pas envie d’y penser. Je me suis vite habituée à sa présence ici, avec moi, que je n’ai pas envie d’envisager son départ. Il embellit mon quotidien, et je ne veux imaginer ma vie sans lui. Pas maintenant.
-Oui… Si je ne me trompe pas, ce sera juste après ton anniversaire. Bredouille-t-il, gêné, n’osant pas me regarder dans les yeux.
-Oh… Soufflé-je, ne sachant que répondre. C’est … bien. Ca laisse un peu de temps.

-Mh, oui… J’ai conscience que mon départ n’est pas un chouette cadeau pour toi mais… Au moins, je pourrai être là pour le fêter avec toi. Ajoute-t-il avec un sourire qui fait bondir mon cœur.
J’ose enfin lever mon regard vers lui. Son regard bienveillant me met du baume au cœur. Le fait qu’il parte le lendemain de mon anniversaire ne me réjouit pas, mais il est vrai qu’il aurait pu partir avant. Ce qui aurait été pire, car je n’aurais pas pu compter sur sa présence rayonnante. Au moins, je sais que je pourrai encore profiter de lui lors de mes 18 ans. Cela me permet de relativiser son départ prochain.
Même si, au fond de moi, je préférerai qu’il reste ici pour toujours.

La serveuse arrive enfin, interrompant notre conversation. Elle dépose nos assiettes, nous souhaite un bon repas et s’éclipse à grande vitesse, pressée de servir les autres clients du restaurant. Je soupire intérieurement. L’arrivée de la serveuse a permis de détourner l’attention de Sven et il ne posera pas davantage de questions sur mon trouble.
Et cela me permet de penser à autre chose, aussi.
Surtout quand j’observe l’aspect étrange de nos gâteaux.
-Alors… Autant mon dessert semble ressembler à quelque chose, autant le tien, je me demande ce qu’a bien pu fumer le cuisinier. Commenté-je, dubitative.
-Tu m’étonnes ! Ne peut s’empêcher d’en rire Sven, également sceptique face à son gâteau. Mais tant que c’est bon !
-Ouais, tu me diras c’est le principal. Mais je comprends mieux pourquoi ils coûtent une blinde leurs plats !
-Ne t’inquiète pas de ça, c’est moi qui t’invite. Précise Sven en me souriant.
-Des clous ! Ce n’est pas parce que tu es un mec et que je suis une fille que tu dois payer pour moi ! Refusé-je aussitôt. Ce n’est pas la première fois qu’il essaie de m’inviter mais j’ai toujours refusé. J’ai l’impression d’être une assistée alors que je suis parfaitement capable de m’offrir ce qu’il me plait. J’ai l’ambition d’être une femme indépendante, non mais !
-C’est juste pour te faire plaisir, tu sais.
-Tu n’as pas besoin de ça pour me faire plaisir. Passer du temps avec toi me suffit !

Après le repas, nous payons nos desserts respectifs pour aller ensuite dans le cinéma. Sven tente encore une fois de m’inviter, mais je refuse. Cela fait bien marrer le caissier mais je m’en fiche. Je suis têtue quand je le veux. C’est en lançant un regard fier que je m’avance vers la salle à l’étage, suivie de prêt par mon ami. Eh oui, j’ai encore gagné !
Nous avons de la chance. Lorsque le film commence, nous avons la salle pour nous tous seuls. Pas de mangeurs de pop-corn bruyants, pas de gamins qui tapent dans les sièges, un vrai bonheur !
Je reste cependant songeuse devant le film… C’est Sven qui a choisi et j’ignorais qu’il s’agissait d’une comédie romantique. Ce n’est pas spécialement ma tasse de thé car je trouve les situations tellement irréalistes… Sérieusement, quel mec ferait des kilomètres en courant pour poursuivre une fille dans un aéroport ? Et surtout … Sans être arrêté par les agents de sécurité ? Et puis, les histoires d’amour sont trop belles pour être réalistes…
Plus ça va, plus je me rends compte que ces histoires d’amour classiques me semblent surfaites, surcotées, faisant plus de mal que de bien. Probablement quelque chose qui ne soit pas pour moi, qui ne me fait pas rêver comme les autres filles de mon âge.
Peut-être parce que je suis attirée par un garçon auquel je ne devrais pas m’intéresser… Un garçon qui va partir et que je ne reverrai probablement jamais, ou trop peu souvent. Comment construire quelque chose dans ces conditions ? Devrais-je, pour autant, renoncer et ne rien faire, quitte à le regretter par la suite ?

Je n’ai pas beaucoup suivi le film. J’ai la tête ailleurs, et je suis surprise lorsque les lumières se rallument. Sven me fait un grand sourire, visiblement il a apprécié le film. Mon cœur bondit, je ne peux m’empêcher de répondre à son sourire. J’ai l’impression d’être débile, mais c’est plus fort que moi. Je suis réaliste, je sais ce que cela veut dire. C’est complètement insensé car il doit repartir en Suède bientôt … Mais est-ce une raison de ne pas tenter et de profiter tant qu’il est là ? De vivre l’instant présent, sans penser à demain ?
-Il était cool le film ! Et plutôt original pour une comédie romantique ! J’aurais jamais cru que la fille aurait fini avec l’autre gars plutôt que le premier qu’on nous a présenté ! S’enthousiasme Sven alors que je ne sais absolument pas de quoi il parle. Et toi, tu en as pensé quoi ?
-Euh ouais, pareil. Dis-je distraitement. Comment avouer que je n’ai absolument rien vu du film ? Comment l’expliquer par la suite ?
-Ca va Rosie ? S’inquiète tout d’un coup Sven. Il fronce les sourcils, cela le rend craquant.
Idiote. Arrête de penser comme ça !

-Euh oui, ça va. Bredouillé-je, un peu hésitante, rougissante. Je n’ose pas le regarder dans les yeux. Je me sens maladroite, mal à l’aise. Pourtant, je me sens si bien, avec lui. Dis-moi…
-Oui ?
-Que… Penses-tu de moi ? Demandé-je timidement, comme pour tâter le terrain. Un signe qui me pousserait à prendre une décision. Prudence ou non ? Vivre l’instant présent ou rester raisonnable ?
-Hein ? Ne semble-t-il pas comprendre. Sur son visage, je vois l’incompréhension. Il doit se demander quelle mouche m’a piqué. Il ne saisit pas du tout où je veux en venir et c’est assez drôle à voir, en vrai. Bah… Euh… Je… t’aime bien… Mais euh, pourquoi ?
….
Crotte la raison. On a qu’une vie.
-Parce que tu me plais.

Et là, sans réfléchir davantage, je m’approche de lui pour l’embrasser. Sur la bouche. Pas un simple bisou sur la joue. Un vrai b.aiser qui ne laisse pas place au doute sur mes intentions.
Mon cœur s’envole durant ce cours instant. Sven ne me repousse pas. J’ai l’impression que le temps s’arrête, que ces quelques secondes durent plusieurs minutes.
J’ai décidé de foncer. Certes, ce n’est pas raisonnable. Je vais finir par avoir le cœur brisé et je vais être triste lorsqu’il s’envolera pour la Suède. Mais je sais également que si je n’avais pas tenté, que si je l’avais laissé partir sans avoir rien vécu avec lui, je l’aurais regretté toute ma vie.

Lorsque je m’écarte de lui après ce baiser furtif du bout des lèvres, je scrute son visage avec nervosité. Je me détends aussitôt quand il me sourit avec tendresse. Il prend ma main dans la sienne et me la caresse avec son pouce. Mon cœur bat la chamade devant tant de douceur.
Faut dire que je n’en ai pas forcément l’habitude.
-Tu me plais aussi, Rosie. M’avoue-t-il doucement, en me regardant amoureusement. J’ai chaud. Mais…
-Mais ?

-Mais je vais repartir en Suède. Soupire-t-il tristement, et son visage transmet son désarrois.
-Je sais…
-Je ne sais pas si c’est raisonnable que l’on tente quelque chose, tous les deux… M’avoue-t-il en soupirant. Sachant que notre histoire aurait forcément une date de péremption.
-Je le sais tout ça. J’ai pas arrêté d’y penser. Lui dis-je en réponse. Mais on est jeune, si on ne vit pas les choses maintenant, on ne les vivra jamais… J’ai envie de profiter et ne pas avoir de regret.
-Justement. J’ai pas envie que tu t’engages avec moi et que t’empêcher de vivre autre chose, de faire des rencontres alors que nous deux, cela ne durera pas. Tu pourrais passer à côté de quelque chose juste parce que tu es avec moi…
-Rien ne nous oblige d’être exclusif … Proposé-je, timidement, tentée par cette solution sans oser l’avouer. J’ai été tellement déçue par ma propre famille que je ne me vois pas forcément engagée pour le moment, tu sais…
-Tu… Tu n’exigerais pas la fidélité ? S’en étonne-t-il, surpris.
-Bah… Non. M’en fiche en fait. Haussé-je les épaules. Comme je te l’ai dit, j’ai envie de profiter de la vie. Cela fait un moment que j’y réfléchis en fait. J’ai envie de profiter de l’instant présent et de tenter quand j’ai envie de tenter. Sans engagement. Enfin… Si cela te tente.
-C’est sans doute la solution la plus adaptée pour nous. Admet Sven en me souriant. Surtout que… Moi aussi, je n’ai pas envie de passer de louper quelque chose avec toi.

Je me sens brusquement soulagée par sa réponse. J’avais peur qu’il me rejette pour mon idée, qu’il me juge pour mes envies pour le moins inhabituelles. Selon les conventions, je devrais vouloir une belle histoire d’amour menant jusqu’aux enfants et au mariage. Un amour solide et fidèle. Un seul pour toujours.
Mais les conventions me gonflent. Je n’ai pas envie de m’engager avec quelqu’un. Je ne rêve pas d’un beau mariage et d’avoir des enfants. Lorsque j’ai réalisé que je voulais vivre une histoire avec Sven, en sachant que cela ne durerait pas le temps, j’ai compris que le couple classique n’était pas pour moi. Que je préférerai vivre des expériences selon mes envies plutôt que de me contraindre parce que j’y suis obligée.
Sans attendre, Sven m’attire à lui pour m’embrasser. Un baiser fougueux, passionné, qui me fait perdre la tête.
A cet instant, je sais que je ne regretterai pas ma décision.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 46

Maetha

Ce soir, nous fêtons l’anniversaire de Nick. Le pauvre va se prendre des cheveux blancs et même s’il ne dit rien, je sens qu’il ne le vit pas forcément très bien. Je pense que cela lui fait quelque chose d’entrer dans le 3e âge et d’avoir davantage l’âge de se faire appeler Papy que Papa. Même si nous n’avons pas encore de petits-enfants.
J’ai passé une rude journée au travail. Nous avons eu beaucoup de boulot et par moment, je me suis rappelée l’époque où je travaillais avec Charlotte. J’avais qu’une hâte : rentrer à la maison retrouver ma famille, préparer la fête et voir mes enfants.

-Bonsoir ma chérie… Tu sais, tu pouvais prendre le temps de te changer avant de faire le gâteau. M’assure Nick, avec le sourire.
-B’soir… Oui mais comme ça, je suis sûre que c’est prêt quand les enfants vont arriver.
-Ca ne va pas ? Devine alors Nick, un peu inquiet, pour ensuite s’approcher de moi pour me prendre dans ses bras.
-J’ai passé une rude journée, c’est tout.
-Prends un peu de temps pour te détendre. Et bientôt tu verras tes enfants, ça ira mieux. Me chuchote-t-il avec tendresse avant de me déposer un baiser sur la joue.

Pendant que le gâteau est au four, je vais dans la chambre pour enlever ma tenue de travail et enfiler une tenue pour adapter à une fête d’anniversaire. Ma petite robe noire, celle que je portais lorsque nous avons officialisé notre relation avec Nick. Cela faisait longtemps que je ne pouvais plus entrer dedans… Le sport fait décidément des miracles!
J’ai à peine le temps de finir de me préparer que quelqu’un sonne à la porte. Je me dépêche donc de descendre et je découvre mon fils dans le salon. Ravie de voir mon petit bonhomme, je m’empresse de le prendre dans mes bras.
-Bonsoir mon grand ! Je suis tellement contente de te voir ! Le salué-je, enjouée. Mais tu sais, tu es chez toi ici. Tu n’as pas besoin de sonner !
-Coucou Maman. On sait jamais ! Je préfère ne pas savoir ce que vous fêtes maintenant qu’on n’est plus là ! Me taquine-t-il avec un grand sourire moqueur.
-Mauvaise langue, je te rappelle que ta sœur vit encore ici ! Juliette n’est pas là ?
-Non, elle est malade la pauvre. Elle a passé la journée au lit.
-La pauvre. On lui mettra une part de gâteau dans un tupperware dans ce cas.
-Ca lui fera certainement plaisir.

Le four se fait entendre. Je m’empresse donc de sortir le gâteau au chocolat, l’idéal pour combler la gourmandise de toute la famille. Pendant que j’installe le gâteau sur la table, puis les bougies, Roxane arrive à la maison. Contrairement à son frère, elle rentre directement à la maison. Mon cœur se réchauffe dans ma poitrine, ravie de revoir ma fille aînée.
-Coucou ma grande ! Tu vas bien ?
-Un peu fatiguée, la route est longue jusqu’à Del Sol Valley. Bâille-t-elle en scrutant le gâteau. Il a l’air super bon ton gâteau Maman !
-Merci !

Nick arrive également dans le salon. Son visage s’illumine en découvrant la présence des jumeaux. Il ne le montre pas, mais je sais que les jumeaux lui manquent à lui aussi. Pendant que je discute avec Roxane, il va donc voir notre fils pour le serrer dans ses bras.
-Tout se passe bien dans l’orchestre ? Demandé-je donc à ma fille, profitant de sa présence pour avoir des nouvelles. Il est vrai qu’elle n’appelle pas souvent et qu’elle est souvent pressée lorsque je préviens à la joindre au téléphone.
-Très bien, on répète beaucoup pour être prêts pour la prochaine représentation. Me répond-t-elle avec un sourire, son visage s’illuminant à l’évocation de son travail. Désolée d’ailleurs de ne pas avoir beaucoup de temps pour donner des nouvelles, mais j’ai beaucoup de boulot…
-Je comprends ma puce. Et il n’y a pas un beau jeune homme dans le lot ? La taquiné-je un peu, ce qui la fait lever les yeux au ciel.
-J’ai pas le temps pour ça, Maman.
-Bon, et si je soufflais mes bougies moi ? Interviens subitement Nick, maintenant que tout le monde est là. Rosae est rentrée en fin d’après-midi et attend patiemment sur le canapé. Elle a dit bonjour de loin aux jumeaux et j’essaie de ne pas y prêter attention.

Nick se dirige donc vers son gâteau, prêt à souffler ses bougies. Il semble plus serein qu’il ne l’était lorsqu’il a passé ses 40 ans. Peut-être est-ce l’effet d’avoir toute la famille autour de lui. Il est tellement content qu’il oublie qu’il vieillit. Tant mieux pour lui, je suis ravie.
Même si cela ne se voit pas.
J’essaie d’éviter de penser que cela bientôt mon tour, mais c’est plus fort que moi. Bientôt, moi aussi je soufflerai les bougies et moi aussi j’aurais des cheveux blancs. J’ai tellement pas envie de devenir une petite vieille…
Sur mes pensées sur l’avenir, Nick souffle ses bougies…

Et voilà. C’est fait. Nick vieillit et devient un senior. Les cheveux blancs ont pris place, et le pauvre se fait mal au dos en voulant faire le fou. Il grimace sur le coup, mais il retrouve très rapidement le sourire.

Pendant que les enfants s’intéressent déjà au gâteau -bande de morfales-, Nick s’approche de moi pour me prendre dans ses bras. Je lui souris. Il est toujours aussi beau, mon homme !
-Ca va ? La vieillesse ne m’a pas trop enlaidi ? Je te plais toujours ? Me souffle-t-il avec une lueur taquine dans les yeux.
-Tu es toujours aussi beau mon amour. Lui assuré-je avant de l’embrasser.
-Tout va bien ? Me murmure-t-il au creux de l’oreille.
-Bientôt, ce sera mon tour…
-Tu seras toujours la même mon amour. L’âge, c’est dans la tête.

Après cette interlude en amoureux, nous rejoignons les enfants à table. Le gâteau est délicieux mais je ne me laisse pas distraire. Les filles sont assises l’une à côté de l’autre, et je préfère garder un œil sur elles.
-Alors ta vie ? Toujours aussi nulle ? Demande Roxane à sa sœur avec un air narquois. Ca y est, elle recommence.
-Mêle toi de tes fesses. Réplique aussitôt Rosae en lui lançant un regard noir. Tu t’es pas étouffée avec la chaleur de Del Sol Valley ?
-Oh bah donc, le microbe parvient à lancer des piques maintenant ? C’est qu’elle mordrait presque !
-Les filles, ça suffit maintenant ! Soupiré-je, blasée par leur attitude. Par moment, je me demande si elles ne le font pas exprès pour me rendre chèvre.
En tout cas, s’il y a bien une chose qui ne m’a pas manqué, ce sont leurs disputes.