Le temps reprend petit à petit son cours, suite à l’enterrement de Maman. Ryan ait même passé à la maison après s’être recueilli ce jour-là, faisant ainsi la connaissance de Joy. Elle se demandait qui était cet homme inconnu mais il a fini par réussir à l’apprivoiser. Je crois qu’un regard a suffi pour le rendre fou de sa nièce.
En même temps, elle est mignonne, ce n’est pas bien compliqué.
Je n’ai pas vu Roxane par contre dans les jours suivants. Ryan m’a dit qu’elle n’a pu passer qu’en coup de vent, le temps d’aller au cimetière dire au revoir à maman. Elle n’a pas été le voir avant de repartir. Elle n’était pas très heureuse de ça d’après Ryan, mais apparemment, elle n’a pas eu le choix. Avec son travail, elle a un planning très serré en ce moment.
Quant à moi, j’ai repris le travail. Mes responsables m’ont proposé de prolonger mon congé mais j’ai refusé. J’ai besoin de travailler. Cela me fait du bien et cela me permet de penser à autre chose. Et puis, Maman n’aurait pas voulu que je continue à me morfondre éternellement. Elle voudrait que je continue à vivre ma vie.

Alors, je profite de mes journées en dehors de la maison, à San Myshuno. Lorsque j’ai terminé mes tâches, je continue de découvrir de nouvelles spécialités culinaires. J’adore ça et ça permet de varier les plaisirs ! Même si je ne suis pas encore très douée avec les baguettes, lorsque je mange des spécialités asiatiques.
Eh beh, c’est pas votre fort les baguettes ! Me taquine un jeune homme, assis en face de moi à table, face au stand de nourriture.
-On fait ce qu’on peut ! Haussé-je simplement les épaules. En même temps, c’est plus facile de manger avec une fourchette !
-Faut pas manger asiatique si vous préférez les fourchettes !

Je lève les yeux au ciel face à sa réponse, mais je suis loin d’être vexée. Je vois bien qu’il plaisante. Nous discutons même un moment à table pendant que nous déjeunons. Même lorsqu’il a fini de manger, il continue de me tenir compagnie.
En toute honnêteté, je crois qu’il a une idée derrière la tête. Son ton, amical dans un premier temps, se fait plus charmeur au fil de notre conversation. Je fais mine de ne pas l’avoir remarqué mais je me prête volontiers au jeu. Cela m’amuse et je dois avouer qu’il est tout à fait charmant. Il n’y a rien de mal à s’amuser !

Je ne vois pas le temps passer, en sa compagnie. Je ris à ses blagues, je l’écoute avec attention et je me laisse charmer petit à petit. Cela me vide l’esprit, de flirter avec lui. J’oublie que je viens de perdre ma mère, et que je suis encore en deuil. Je me sens un peu plus légère, oubliant que la nuit est en train de tomber. J’envoie même un petit SMS à mon père pour lui dire que je vais rentrer tard, pour ne pas qu’il s’inquiète.
Et puis, dans un élan de folie, j’embrasse cet inconnu. Il est surpris, mais ne se plaint pas. Quant à moi, cela me fait plaisir et ça m’amuse.

Il finit par répondre à mon baiser. Et nous continuons à nous embrassons, s’amusant de l’effet que nous faisons à l’autre. Mon esprit est ailleurs et cela fait du bien. Je me fiche que je ne le connaisse pas, le courant passe entre nous et c’est tout ce qui m’intéresse. Je le reverrai probablement jamais et cela me convient parfaitement.
A un moment, il m’avoue qu’il habite dans l’immeuble d’à côté et me propose un dernier verre. Sur un coup de tête, un coup de folie, j’accepte, sachant parfaitement où je mets les pieds. J’en ai envie, alors, à quoi bon se prendre la tête ? Je veux simplement m’amuser et lui aussi. Nous sommes deux adultes consentants, et c’est tout ce qui importe.

Je suis rentrée dans la nuit pour ne pas inquiéter mon père, mais j’ai passé une excellente soirée. Cela m’a fait du bien de passer du temps dehors et de penser à autre chose. Et je n’ai pas envie de me prendre la tête…
Mais le lendemain, je culpabilise un peu. En passant dans le couloir, j’entends que mon père est dans la salle de bain, sans doute en train de prendre son bain. Je l’entends pleurer… Je n’aurais peut-être pas du le laisser seul hier soir… Mon cœur se serre en l’entendant. Il prend sur lui devant Joy et moi, mais je sais que le décès de Maman le bouleverse et le perturbe, plus qu’il ne le veut bien le montrer. Je m’inquiète pour lui et pour sa santé… Rien qu’hier matin, il m’a dit trois fois qu’il allait faire beau, et pas trop froid. J’espère qu’il finira par aller mieux et que ces petites pertes de mémoire ne sont pas irréversibles…

Après le travail, Manon m’appelle pour me proposer de passer chez elle. N’étant pas pressée, Papa étant parti à Brindleton Bay avec Joy pour garder les triplés de Ryan, j’accepte sans hésiter. Dès que je débauche, je me rends directement au Quartier de la Mode pour aller à l’appartement de ma meilleure amie et sa petite amie.
Oui, parce que Caroline et Manon forment un couple et ont décidé de s’installer ensemble. Le propriétaire de l’ancien appartement de Manon vendait et elles ont saisi l’occasion. D’autant plus que Caroline était plus que ravie d’avoir de la compagnie chez elle après le décès de son père.
-Salut salut ! Tu vas bien ? Salué-je mon amie en entrant dans l’appartement, tandis que Manon est devant la télévision.
-Nickel et toi ? J’allais mettre un film sur Simflix, ça te tente ? Me répond-t-elle joyeusement.
-Ca va aussi et ma foi pourquoi pas ! Elle n’est pas là, Caro ?
-Non, elle est passée voir sa mère. Pas sûre que tu la vois aujourd’hui !

-Elle s’en sort d’ailleurs, maintenant qu’elle est toute seule ? Lui demandé-je alors, en faisant référence à la mère de Caroline.
-Oh oui, je crois qu’elle est plutôt soulagée de ne plus avoir son mari dans les pattes ! Me répond avec franchise Manon. D’après Caro, l’ambiance est meilleure depuis qu’il n’est plus là. Et puis, elle n’est pas vraiment toute seule, puisque Pierre vit toujours là-bas.
-Sérieux ? Il n’a toujours pas quitter le nid depuis le temps ? Ca me fait penser que ça fait un baille que je ne l’ai pas vu cet andouille !
-Il a trop peur que tu lui parles de couches et de biberons toute la journée ! En plaisante aussitôt Manon. Et oui, il est bien parti pour être un Tanguy car il n’a aucun envie de partir de chez sa mère.
-Et il espère trouver une copine comme ça ?
-Je crois que ça l’arrange, au contraire ! C’est le seul des trois qui n’est pas fichu de se caser !

Je passe un bon moment avec Manon, devant un film d’action qu’elle a choisi sur Simflix. Ce n’est pas tellement ma tasse de thé mais je fais rarement ma difficile sur le programme télé. L’important est de passer un bon moment entre amies, et nous sommes tellement occupées à nous moquer gentiment de Pierre le Tanguy que je ne prête pas grande attention au film.
Cela me fait penser que je devrais le revoir un jour. Autant j’ai pu croiser Paul rapidement lorsqu’il est rentré pour l’enterrement de son père, Pierre était au abandonné absent. D’après Caroline, il avait soit disant mieux à faire. A mon avis, il est parti oublier dans un bar ou dans les bras d’une jolie fille. Fidèle à lui-même quoi.

C’est le cœur léger que je finis par quitter l’appartement. Manon a reçu un appel de Caroline, lui proposant de la rejoindre chez sa mère à Oasis Springs. Je pars avant elle afin de la laisser tranquillement se préparer à partir.
Cela me fait plaisir de l’avoir vu, même si j’aurais aimé voir Caroline aussi. Elles forment toutes les deux un joli couple et cela m’a fait plaisir d’apprendre qu’elles sont ensembles. Elles méritent toutes les deux d’être heureuse et cela a l’air d’être visiblement le cas. En tant cas, je n’ai jamais vu Caroline aussi épanouie.

Il fait encore jour lorsque je sors de l’immeuble. Je dois avouer que je suis assez embêtée car je ne sais absolument pas quoi faire de ma journée. Je pourrai rejoindre Papa à Brindleton Bay, mais il sera probablement sur le départ le temps que j’arrive là-bas. Et je n’ai pas spécialement de me retrouver toute seule à la maison.
Alors, je fais un tour dans le quartier de la mode. Je visite un peu, regarde les devantures de magasin. Tout est hors de prix ici mais il n’y a rien de mal de rêver un peu.
Il m’arrive aussi de croiser des gens qui me reconnaissent, de par les actions que je mène dans l’association. Cela me fait plaisir de les voir, ou revoir, et de discuter un peu avec eux. Si je peux parler des prochaines actions de sensibilisation aux droits des femmes, je ne vais pas me gêner !

Puis, je me pose sur un banc. J’observe le décor urbain autour de moi. J’aimerai beaucoup vivre ici. Un jour peut-être, mais pas toute suite. Je ne me sens pas encore de vivre toute seule avec Joy… Mais j’ai surtout peur pour mon père. Il fait des efforts mais je sais qu’il ne s’est pas encore remis de la mort de Maman et sa mémoire se fait défaillante. Je n’ai pas envie de partir pour ensuite apprendre qu’il est mort dans un incendie parce qu’il aura oublié un truc sur le feu…

Je laisse mes pensées divaguer, essayant de penser à autre chose. La santé de mon père a tendance à me préoccuper et je ne veux pas me laisser submerger par mes inquiétudes. Malgré ses étourderies, il est encore parfaitement autonome et il n’a pas lieu de s’inquiéter pour le moment. C’est juste le temps qu’il se fasse à l’absence de Maman…
-Rosie ? M’interpelle soudainement une voix masculine, en sortant brusquement de mes pensées.
Aussitôt, je sursaute. Je ne m’attendais pas à ce qu’on vienne me parler. Surtout par mon surnom, et non mon prénom. Curieuse, je lève alors la tête vers …
Je me fige, n’en croyant pas mes yeux. Mais comment est-ce possible ? Ce n’est pas possible ! Ca ne peut pas être lui ! Il ne peut pas être ici ! C’est impossible !
Et pourtant…

-Sven ?!

… Il est bel et bien devant moi.

-Bonsoir, Rosie…. Me salue-t-il, sur un ton embarrassé.