Le lendemain de cette nuit d’égarement, je me sens bien étrange. L’instant était bien agréable, mais cela me laisse un goût amer dans la bouche. Je ne comprends pas pourquoi je me suis laissée séduire par Don. Par envie ? Par nostalgie ? Par ennui ?
Je n’en sais rien.
J’ai juste regardé le plafond pendant des heures, essayant d’ignorer les ronflements d’un Don satisfait d’avoir obtenu ce qu’il voulait.
Je me sens affreusement nulle. Je sais que je n’ai aucun avenir avec Don, que tout est parti d’un jeu et qu’il n’est pas un homme qui va tout abandonner pour assumer ses responsabilités. Il n’y a que dans les films que le héros se rend compte que de ses réels sentiments et quitte tout pour faire partie d’une famille.
Et ma vie n’est pas un film. La sienne non plus.
Je soupire, puis j’entends Roxane pleurer. Je devine qu’elle a faim. Je me lève donc pour m’approcher du berceau, puis je relève mon top pour lui donner le sein. Dans mon dos, Don se réveille et se lève.

-Hey beh, ça pleure fort ces trucs. S’exclame-t-il sur un ton heureux, alors que la façon dont il a surnommé mes enfants me reste au travers de la gorge. Merci pour cette nuit, c’était cool. Ajoute-t-il ensuite alors qu’il prend le chemin de la sortie.
-C’est tout ? Marmonné-je alors, avec aigreur.
-A la prochaine ? Ne semble-t-il pas comprendre, avant de me faire un grand sourire charmeur pour ensuite, partir en sifflotant joyeusement.
A croire que pour lui, la situation est parfaitement normale.

Je soupire de dépit, tandis que je termine de m’occuper de ma fille. Je jette un œil à Ryan et constate qu’il dort profondément. Je n’ai pas le courage de le réveiller pour le nourrir et j’en profite pour prendre un bain et me détendre un peu.
Je ne sais pas à quoi je m’attendais avec Don. J’espérais un peu plus de considération de sa part, pour moi et pour nos enfants.
Mais non. Il a certainement du se disputer avec sa femme et il est allé voir la première andouille venue pour se faire plaisir.
Et je suis l’andouille qui a été suffisamment débile pour laisser tomber ses bonnes résolutions pour succomber à deux beaux yeux verts.
Je m’allonge au fond de la baignoire, plongeant la tête sous l’eau. Je fais n’importe quoi. A une époque, cela ne m’aurait pas dérangée qu’il vienne et qu’il reparte ainsi. Il l’a déjà fait par le passé lorsque nous étions de simples copains de couette. Mais désormais, je suis mère. J’ai deux enfants qui comptent sur moi. Je n’ai pas voulu qu’ils viennent au monde et ce n’est certainement pas ainsi que je m’imaginais fonder une famille. Cela n’empêche pas qu’ils sont là aujourd’hui. Leur père ne veut pas d’eux dans sa vie, mais ils font partie de la mienne pour le restant de mes jours.
Je ne peux plus faire n’importe quoi. Je ne peux pas laisser leur père aller et venir à sa guise sans qu’il ne s’implique dans leur vie.
Ce n’est pas bon pour eux. Il vaut mieux qu’il n’ait pas de père plutôt que lui.
Je sors la tête de l’eau pour respirer un grand coup.
Don Lothario, plus jamais je ne te laisserai polluer nos vies.

Après mon bain, je m’occupe tranquillement de Ryan qui s’est réveillé en gazouillant dans son berceau. Je souris et je m’attendris devant sa bouille. Je m’amuse en voyant qu’il fait des bulles avec sa salive. Je lui donne à manger, lui fais des câlins avant de le recoucher.
Je vais dans la cuisine pour me préparer de la salade de fruits pour le petit-déjeuner. Je soupire en ressentant la chaleur étouffante malgré que l’on soit en automne. J’ai opté pour une tenue légère pour supporter la canicule et j’observe le ciel nuageux d’un œil intrigué.
Dommage que les nuages ne rafraîchissent pas beaucoup le climat du désert.

Après le petit déjeuner, j’ai déposé les jumeaux à la garderie et je suis partie au travail. J’ai discuté un bon moment avec Charlotte, qui m’a conseillé de ne plus revoir le père de mes enfants. Mes jumeaux n’ont pas à voir leur père profiter de leur mère ainsi.
Ce n’est pour bon pour personne, et je suis bien d’accord avec elle.
Don a bien trop profité de la situation.
Et cela m’a donné des idées. J’ai passé ma journée avec Gégé, ravi de m’aider à créer une nouvelle invention. Petit à petit, elle prend forme. Petit à petit, je souris en la voyant, pressée de la tester.
Et je connais déjà mon premier cobaye.

Ainsi, après le travail, je me rends directement dans le quartier riche d’Oasis Springs. Je suis admirative devant les grandes maisons, toutes magnifiques et tellement typiques de la région.
En découvrant celle où vit Don, mon cœur se serre. Mes enfants vont vivre dans une petite maison avec un agrandissement bricoler pour les accueillir, alors que leur géniteur profite d’une grande maison, tout à son aise.
Je soupire, et je toque à la porte. J’attends vaguement une voix, m’autorisant à entrer.

J’entre à l’intérieur et j’essaie d’ignorer le décor qui m’entoure. Je sais que Don profite de la fortune de sa femme, qu’il n’a rien mérité. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de me dire que mes enfants n’auront peut-être jamais le droit à un tel train de vie. Je chasse ces idées de ma tête, et je pars à la recherche de Don.
Je le trouve rapidement, sur le balcon de sa chambre, frappant son pushing-ball. Je n’ai vu personne à part, et je regrette presque l’absence de sa femme. Tant pis, je me contenterai seulement de ce que j’ai prévu.
Il semble surpris de me voir. Il ne s’attend absolument à ce que je vienne et il tourne la tête dans tous les sens pour vérifier que sa femme ne soit pas présente en ces lieux.
Je souris, amusée par son attitude. Je m’approche de lui, sans prononcer le moindre mot. Je le prends dans mes bras et je l’embrasse, juste pour faire baisser sa garde. Pour que lui-aussi, il tombe de haut.
Mae, je suis content de te voir. Mais tu ne peux pas rester ici. Me dit-il embarrassé. Dina peut rentrer d’un instant à l’autre.
-Oh ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de rester ici bien longtemps.

-Qu’est-ce que tu viens faire ici alors ? M’interroge-t-il, intrigué.
Je souris, et je le sens subitement méfiant. Il a raison de se méfier.
De mon dos, je sors ma toute nouvelle invention. Un RayonSim, que j’ai fabriqué mais dont je n’ai pas encore eu le plaisir de tester.
Mais je vais vite remédier à la situation.
Je le pointe alors en direction de Don, qui louche immédiatement dessus. Aussitôt, il commence à avoir peur.
-Euh Mae ? Qu’est-ce que tu fais ?
-Pourquoi tu as peur ? Il fait tellement chaud que je vais peut-être te rendre service. Tu vas avoir l’honneur d’être le premier à tester …. une sorte de clim améliorée.

Ni une ni deux, j’enclenche le RayonSim. Don fait un pas en arrière mais trop tard, il se transforme rapidement en un gros glaçon. A son visage, je sens qu’il est complètement éberlué. Visiblement, il ne s’attendait pas à ça.
Moi, je rigole franchement, fière de ma blague et de ma petite vengeance.
-J’ai trouvé de quoi rafraîchir tes ardeurs. Lui expliqué-je alors qu’il est dans l’incapacité de dire quoi que ce soit. Ne t’inquiète pas, avec cette chaleur, tu ne devrais pas rester coincé bien longtemps. Mais une fois que la glace aura fondu, oublie moi. Oublie mes enfants. Ne reviens jamais traîner autour de ma maison. Sinon, crois-moi, j’irai présenter mes enfants à ta femme. Je me demande ce qu’elle pensera du fait que ma fille ressemble étrangement à son mari. Ajouté-je, mauvaise, avant de partir en le laissant ainsi.

En rentrant à la maison, je suis ravie de retrouver mes enfants. Je libère la nounou et je vais voir mes bébés. Je prends tout d’abord Roxane dans mes bras, la berçant tranquillement. En la voyant, je n’ai aucun regret. Geler Don peut être moralement discutable, mais il fallait bien qu’il retienne la leçon qu’il ne peut pas venir ici au gré de ses envies.
Je ne veux plus faire les choses de travers. Je veux faire les choses bien.
Pour le bien de mes enfants.
Aujourd’hui, ils passent avant tout.
-Ne t’inquiète pas ma puce, je ferai tout pour que vous soyez heureux avec ton frère.

Après avoir couché Roxane, je retourne dans la pièce à vivre pour me préparer quelque chose à grignoter. Avec tout cela, je n’ai pas mangé depuis des heures et je meurs de faim.
Malheureusement, la fatigue se fait vite sentir. Je n’ai pas beaucoup dormir la nuit dernière, et l’adrénaline commence à redescendre. Je bâille, je bâille et mes yeux se ferment tout seul.
Avant que je m’en rende compte, je tombe à genoux sur le sol, puis ma tête fait connaissance avec le carrelage.
Très vite, je m’endors ainsi, en plein milieu de la cuisine.
Devenir une adulte responsable, ça épuise.