Le temps file à une vitesse affolante. Je suis très occupée par mon travail et par mes amis, si bien que je ne pense plus à Don. Je ne sais pas si c’est une bonne chose ou une mauvaise, mais les choses se font ainsi. Pour le moment, je dois bien avouer que cela m’arrange.
Ainsi, cela m’évite de penser que je vais être seule à élever cet enfant, tandis que lui vivra des jours heureux avec sa femme sans se poser de question sur ce bébé qui va grandir sans son père.
Cela me fait soupirer sans cesse. Surtout quand je prends le temps d’observer mon ventre, que je trouve énorme. Lorsque je me regarde dans le miroir, j’ai du mal à me reconnaître. Moi qui appréciait ma poitrine d’une petite taille standard, voilà que j’ai l’impression d’avoir les seins de Pamela Anderson. Mon ventre très gros et très rond me donne l’impression d’être une baleine.
Je soupire de dépit lorsque je me mets à imaginer une baleine avec les seins de Pamela Anderson. Pamela Baleine, enchantée de faire votre connaissance.

Puis, un jour, alors que j’avais un peu mal au ventre depuis la veille au soir, l’évidence s’impose à moi alors que je m’apprête à faire une lessive.
Je perds les eaux. La douleur dans mon ventre se fait plus forte.
Je me tiens le ventre, je tente de respirer calmement. Mais en vérité, mon cœur bat à une vitesse folle. Je me mets à stresser. Je ne sais absolument pas quoi faire et j’ai peur. Savoir que l’on va être mère est une chose, le devenir en est une autre.
Je m’empare de mon téléphone et j’appelle la première personne qui me vient à l’esprit.

Par chance, il était disponible et il est venu me chercher aussitôt après avoir raccroché. Nick est vraiment adorable avec moi. Il fait preuve de patience pendant qu’il m’emmène à l’hôpital, alors que je suis la première à admettre que je suis insupportable. La douleur me fait dire n’importe quoi mais il ne réagit pas à mes paroles.
-Merci de m’avoir emmené. Lui dis-je, reconnaissante, une fois devant l’hôpital.
-C’est normal Mae, je n’allais pas te laisser toute seule alors que tu es sur le point d’accoucher. Tu veux que je t’accompagne à l’intérieur ?
-Si ce n’est pas trop te demander … J’ai la frousse Nick.
-T’inquiète pas, ça va bien se passer. Tente-t-il de me rassurer, bien que cela ne soit pas tellement efficace.

Je me dirige donc à l’accueil de l’hôpital, anxieuse par rapport à ce qui va se passer. J’essaie de gérer la douleur du mieux que je peux.
Mais je sens que cela ne va pas être facile lorsque je découvre la jeune femme blonde et maquillée comme une voiture, scrutant son ordinateur en mâchant négligemment un chewing-gum.

-Bonjour, je…
-Ouais, s’pour quoi ? Marmonne-t-elle machinalement, sans lever les yeux de son écran.
-Je suis enceinte et j’ai perdu les eaux. J’ai besoin de voir un médecin.
-Pourquoi faire ? Lève-t-elle un sourcil perplexe, ne semblant pas comprendre où je veux en venir. Je respire un grand coup, me retenant de lui hurler de me montrer son diplôme en papier mâché.
-Je vais accoucher, je dois voir un médecin.
-Mouais je vois. Veuillez patienter, quelqu’un viendra vous voir quand ça sera possible.
-Et cela prendre combien de temps ? M’inquiété-je alors.
-J’sais pas moi. Serrez les cuisses et prenez vot’ mal en patience hein.
Retenez-moi, je vais me la faire.

Pile au même moment, et heureusement pour la blonde de service, Charlotte m’interpelle dans mon dos. Je louche aussitôt sur son ventre plat. Elle a déjà accouché ? Je pensais pourtant qu’elle était tombée enceinte après moi. Visiblement non, et elle est l’heureuse maman d’un petit garçon. Etant déjà passé par là, elle tente de me rassurer comme elle peut, mais cela ne calme pas mon angoisse.
-Y’a un médecin qui va vous recevoir m’dame. Intervient subitement Barbie. Vous pouvez aller dans la salle d’accouchement.
-C’est par où ? Lui demandé-je vu qu’elle n’a pas eu l’intelligence de me l’indiquer dans la foulée.
-V’voyez la double porte là-bas ? Bah c’est par là. M’indique-t-elle dans un haussement d’épaules.
-Bon courage. Me souhaite alors Charlotte alors que je suis la direction indiquée. Je pense que pour la suite, il va falloir que je me débrouille toute seule.

Fort heureusement, je tombe toute suite sur un médecin en blouse rose, qui m’accueille avec un grand sourire bienveillant. Elle m’ausculte rapidement avant de m’emmener en salle de travail.
Je dois avouer qu’elle est très gentille et qu’elle fait tout pour me rassurer. Néanmoins, je reste stressée comme pas possible, d’autant plus en voyant l’énorme machine dans lequel elle m’installe.
Seigneur dieu, je crois que je vais vraiment mourir.
-Ne vous inquiétez pas madame, tout ira très bien. Je fais des accouchements tous les jours !
-Tant mieux pour vous, mais figurez-vous que c’est la première fois que j’accouche.

Elle rit et commence à faire son travail pour m’aider à mettre mon bébé au monde. C’est loin d’être le moment le plus heureux de mon existence. J’ai mal comme j’ai jamais eu mal et j’ai hâte que cela se termine. J’ignore si j’aurais un gentil bébé ou un monstre en couche culotte, mais cela m’importe peu à l’heure actuelle.
J’ai juste envie que mon bébé soit là, et d’entendre ses premiers cris.

-Et voilà la délivrance ! Dites bonjour à vos bébés ! S’exclame joyeusement le médecin, alors que mon cerveau beugue sur l’emploi du pluriel.
Mes bébés ? Comment ça mes bébés ?
-Que voulez-vous dire ? Il n’y en a pas qu’un ? M’écrié-je de surprise.
-Vous êtes l’heureuse maman de jumeaux ! Un garçon et une fille ! Comment allez-vous les appeler ?
-Je crois que je vais m’évanouir… Soupiré-je, n’en croyant pas mes oreilles.
En plus d’être un sacré bon amant, Don est également sacrément fertile. Deux bébés… Ce n’est pas un bébé que je vais devoir élever, mais deux.
Deux prénoms à trouver. Deux bouches à nourrir. Deux petits êtres qui vont compter sur moi pour leur survie dans ce monde de brutes. Qu’ai-je fait pour mériter ça ?

Malgré tout, je finis par me lever pour m’approcher du premier berceau que je vois. Un petit bébé est en train de gigoter à l’intérieur, criant à plein poumons. Je m’attendris aussitôt en découvrant sa frimousse. Je le prends alors dans mes bras pour le serrer contre mon cœur, qui se remplit d’amour pour ce petit être.
Avoir deux bébés n’étaient pas prévus. Même en avoir qu’un seul n’était pas à l’ordre du jour. Mais je les aime déjà mes petits anges et je ferai tout pour qu’ils soient heureux.

Nick, qui m’a sagement attendue dans la salle d’attente, m’a aidé à rentrer à la maison avec mes enfants. Il a été surpris d’en découvrir deux. Eh oui, quand Maetha Opaline fait quelque chose, elle ne le fait pas à moitié !
Mais il m’a tout de même aidé. Il a pris mon fils dans ses bras tandis que je tenais ma fille. Cela se voyait qu’il n’était pas à son aise, mais il s’est vite familiarisé avec ce mini-humain. J’ai aussi remarqué que cela lui faisait quelque chose de tenir mon bébé dans ses bras.
A la maison, je les installe dans leur couffin, dans ma chambre. La leur n’est pas encore prête pour les accueillir. Mais pour l’instant, ils ne prennent pas trop de place et peuvent rester ici.
Cela me fait tout drôle d’avoir maintenant deux bébés chez moi, dans ma chambre. Mais lorsque je vois leur bouille, je ne peux que craquer et je remarque déjà leur différence. Mon fils a le teint plus clair que ma fille. Les gênes Lothario sont bien visibles chez elle, et Don ne pourra pas la renier bien longtemps.
-Bienvenue à la maison Ryan et Roxane !