Rosae

Le temps file et j’essaie de partager mes loisirs du mieux que je peux entre mes amis et Sven, même si, je dois l’avouer, j’ai une fâcheuse tendance à privilégier les moments que je passe avec mon correspondant qui n’est plus seulement ça, à présent. Je profite de chaque instant, pendant qu’il est encore là. Je joue sans doute un jeu dangereux, mon coeur ne sortira certainement pas indemne dans cette histoire, lorsqu’il partira, mais je refuse d’avoir des regrets.
Et puis, ma vie ne s’arrête pas à Sven. Nous sommes d’accord là-dessus, notre relation est ouverte, nous en avons reparlé par la suite. Il fait ce qu’il veut de son côté et moi aussi.
Aujourd’hui, c’est le Jour de l’Amour. Nous avons décidé de se voir avec Sven, mais il n’est pas disponible avant la fin d’après-midi.
Du coup, quand Pierre m’a supplié de sortir avec lui dans un bar, parce qu’il ne veut pas passer cette journée tout seul, je n’ai pas pu lui dire non. Cela fait un moment que je ne l’ai pas vu, lui aussi à pas mal d’occupation de son côté. Si bien que je suis surprise qu’il m’ait appelé, moi, aujourd’hui.

-Salut Rosie ! Me salut-il aussitôt lorsque je le rejoins à Windenburg. Comment tu vas aujourd’hui ?
-Ca va et toi ? Lui réponds-je avec le sourire. Alors comme ça, on a perdu de passer sa journée de l’amour tout seul ? Me moqué-je ensuite avec un sourire taquin.
-M’en parle pas ! Et surtout, j’avais aucune envie de rester à la maison avec ma mère qui fait la tronche parce que mon père est sorti je ne sais où et mon frère qui boude sans arrêt dans sa chambre sans raison !

Je ne peux que compatir. Maintenant que je connais le passé commun entre ma mère et son père, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il est parti voir ailleurs. Ce qui expliquerait l’humeur catastrophique de sa mère. L’ambiance ne doit pas être toute rose à la maison.
Par contre, je suis plus surprise pour Paul. Il a toujours été quelqu’un de réservé, mais je ne l’ai jamais vu déprimé. Passerai-je tellement de temps avec Sven que je n’aurais pas remarqué que mon ami ne va pas bien ?

-Que lui arrive-t-il, à Paul ? M’inquiété-je alors.
-Aucune idée. Il a peut-être eu le cœur brisé par une meuf, que veux-tu que je te dise. Il n’est pas très doué avec les filles alors ça serait pas étonnant. Hausse-t-il les épaules avec nonchalance. Visiblement, l’attitude de son frère ne le préoccupe pas plus que ça.
-Ouais, contrairement à toi j’imagine… Je suis d’ailleurs étonnée que tu n’es pas réussi à te trouver une fille pour passer cette journée en bonne compagnie. Le taquiné-je, ensuite.
Car enchaîner les conquêtes semblent être de famille. Pierre est le genre de gars qui aime les filles et qui ne veut pas se retrouver enchaîner à l’une d’elle. Alors, il s’amuse à draguer à droite à gauche et de profiter de ce qu’elles veulent lui offrir.
Un vrai bourreau des cœurs, en somme.
Personnellement, je me fiche bien de ce qu’il fait. Il veut s’amuser, c’est tout. Même si, parfois, je tique sur son manque d’honnêteté vis-à-vis de ces filles, mais cela ne me regarde pas, après tout.

-Qui te dit que je ne passe pas la journée en charmante compagnie ? S’en amuse-t-il alors, tout en se rapprochant de moi, arborant un sourire charmeur.
-Parce que tu es avec moi.
-Et alors ?
-Et alors, je ne ferai pas partie de ton tableau de chasse. D’autant plus que je ne pourrai pas rester. Lui signalé-je, plus amusée qu’autre chose. Pierre est un charmeur qui ne peut s’empêcher de séduire tout ce qui porte une jupe. Ce n’est pas la première fois et nous avons pris le parti d’en rire.
-Ah oui, tu dois rejoindre ton beau suédois ! Mais je croyais que vous n’étiez pas exclusif ?
-C’est le cas mais cela ne veut pas dire que je souhaite faire partie de tes nombreuses conquêtes. Bon, si on entrait ? Ca serait bête de venir dans un bar pour rester dehors comme des andouilles !
-Après toi ma belle ! Je te suis, j’aurais un meilleur angle de vue !
-Idiot ! Ne puis-je m’empêcher de rire de sa bêtise tout en lui donnant une tape sur l’épaule.

Nous entrons donc dans le bar où nous commandons des sodas. Nous sommes encore mineurs et, même si Pierre fait un peu la tête, nous sommes encore trop jeunes pour avoir accès à des jus de fruit plus corsés. Personnellement, je m’en fiche, je ne suis pas là pour finir complètement jusdefruitée.
Nous parlons beaucoup, avec Pierre. Parfois sur le ton de la blague, parfois plus sérieusement. Il n’a pas l’air comme ça, mais il s’inquiète un peu de ma relation avec Sven. Il a peur que j’y laisse des plumes. Je lui avoue que son départ ne sera pas facile, mais que je m’en remettrai.
C’est justement le but de la non-exclusivité. De garder une distance, entre nous, en restant ouvert à d’autres opportunités.
Puis, Pierre me fait rire, ce qui permet de détendre l’atmosphère et de me faire penser à autre chose. Jusqu’à ce qu’il soit l’heure pour moi de partir. On se lève donc pour aller vers la sortie, quand Pierre m’arrête tout à coup.

-Pour te remercier d’avoir passé du temps avec moi. Me souffle-t-il avant de m’embrasser.
Je suis un peu surprise par son geste soudain, mais je me laisse faire. Je me surprends même à répondre à son baiser. Ce n’est pas désagréable et cela m’amuse plus qu’autre chose.

-Je te l’avais dit que je passais la journée en charmante compagnie ! S’exclame-t-il ensuite avec un sourire victorieux. Il en fait des caisses pour un simple baiser sans importance, mais il me fait rire.
-Je te trouve bien sûr de toi pour un simple bisou !
-Un simple bisou ? Je suis outré ! Un baiser d’un Lothario, c’est du grand cru très chère ! Cela ne se résume jamais à un « simple bisou » ! Dire cela revient à donner de la pâtée au cochon ! Fait-il mine d’être choqué, comme si j’avais dit une énormité. J’éclate de rire face à sa bêtise.
-Que t’es bête !
-Mais c’est pour ça qu’on m’aime, très chère ! Se vante-t-il une nouvelle fois, sur le ton de la plaisanterie. Bon je te laisse ! A plus dans l’bus !

Il s’en va du bar en me saluant de la main. Je ne m’en fais pas pour lui, je doute qu’il rentre gentiment chez lui dans l’immédiat. Il ira ailleurs, et il trouvera certainement une nouvelle fille à séduire pour passer le temps et tester ses techniques de séduction.
Il prend tout cela pour un jeu et il s’en accommode très bien.
En cet instant, je l’envie. Car, bien malgré moi, je ne peux m’empêcher de m’en vouloir pour ce b.aiser. Je n’ai rien fait de mal, je le sais. Ce n’était qu’un b.aiser qui ne voulait rien dire, c’était juste pour s’amuser. Mais je culpabilise vis-à-vis de Sven, c’est plus fort que moi. J’ai voulu cette relation ouverte et je ne regrette pas mon choix. Mais c’était comme si j’étais programmée pour culpabiliser d’en avoir embrassé un autre.
Comme si, une petite voix dans ma tête me disait « tu ne devrais pas faire ça, tu ne devrais qu’être avec un seul homme ».
Je ne veux pas écouter cette voix. C’est une rabat-joie. Mais elle insiste, et je fais tout pour l’envoyer promener.
Je suis jeune, notre relation n’a aucun avenir. J’ai le droit de m’amuser, moi aussi.

Avant de me prendre davantage la tête, je quitte le bar pour rejoindre Sven. Avant d’aller aux Falaises, je fais un léger détour et je m’empresse de prendre le ferry pour rejoindre l’île de Windenburg. C’est un endroit magnifique et quelque part, bien caché se trouve des falaises avec des ruines anciennes. Je n’y suis jamais allée, mais j’en ai beaucoup entendu parler.
Alors j’arrive sur l’île, je me faufile dans la nature, je grimpe et j’accède dans les hauteurs. Je finis par arriver à destination et je vois Sven qui est déjà là.
Aussitôt, en le voyant, mes soucis s’envolent.
-Hey Sven ! Tu as réussi à trouver ! M’exclamé-je avec un sourire, tachant d’ignorer la pluie qui commence à tomber.
-Oui c’était pas bien compliqué ! J’ai déposé quelques affaires là-bas et je t’ai attendu ici. Me répond-t-il en me souriant tendrement. Son sourire me fait fondre.
-Ca fait longtemps que tu attends ?
-Une vingtaine de minutes je dirai… Mais c’est pas grave, j’étais en avance. Me rassure-t-il aussitôt alors que mon visage se décompose. Je m’en veux un peu qu’il est autant attendu… Mais en y réfléchissant, il a juste un ferry d’avance par rapport à moi.

-Désolée que tu ais du attendre, mais j’ai fait un petit détour en chemin. Lui avoué-je, un peu honteuse malgré les considérations techniques. De derrière mon dos, je sors alors une rose rouge que je lui tends aussitôt. Joyeux Jour de l’Amour Sven!
-Oh, merci Rosie ! Semble-t-il touché, alors que ses joues s’empourprent toute suite après découvert la fleur. Je… Je m’y attendais pas… Je suis désolé, j’ai rien pour toi, je savais pas…
-Te prends pas la tête Sven. Lui dis-je, amusée. C’est une tradition locale ici. On offre des fleurs le Jour de l’Amour, tu ne pouvais pas savoir.
-C’est une bonne tradition.

Suite à ses paroles, Sven s’approche de moi pour me prendre dans ses bras. Il s’empare de mes lèvres et je me sens légère. Je chasse Pierre et son baiser de mon esprit et je laisse toute la place à Sven. Je n’ai rien fait de mal et même si nous sommes dans une société qui ne tolère pas les relations ouvertes, je n’ai pas à m’en vouloir. Surtout que c’était juste une plaisanterie entre potes.
Et la vie est trop courte pour se prendre la tête et je suis tellement bien avec Sven que j’en oublie même la pluie qui tombe.

Après notre baiser, nous nous découvrons un peu plus les hauteurs des falaises. Le paysage est à couper de souffle et je comprends mieux pourquoi beaucoup de jeunes se cachent ici pour faire la fête. Il n’y a absolument personnes à déranger et la vue est splendide.
D’aussi haut, on a l’impression d’être invincible et les maîtres du monde.
C’est certainement ce qu’on du ressentir les gens qui vivaient ici, autrefois. Il ne reste plus rien que des ruines, et un plan d’eau qui n’a absolument rien de naturel. Peut être un ancien bain qui n’est alimenter que par l’eau de pluie aujourd’hui.
J’observe Sven avec une lueur taquine dans le regard. Je prends mon sac et je fonce me cacher derrière un buisson. Il ne me suit pas et se contente d’attendre. Je me change en vitesse et je m’attache les cheveux, pour ensuite le rejoindre. Il hausse un sourcil incrédule, se demandant sans doute ce que je fabrique en maillot de bain.
Avec un sourire amusée par son étonnement, je m’empresse de courir vers l’eau, sauter et plonger !
-Aaah elle est froide !!! M’écrié-je en sortant la tête de l’eau.
-C’est ça quand on plonge sans réfléchir ! Ne peut s’empêcher d’éclater de rire Sven. Au printemps alors qu’il pleut en plus !
-Et si tu venais me rejoindre au lieu de rigoler ? Le défié-je alors. Elle est bonne une fois qu’on est dedans !
J’avoue, je ne suis pas tout à fait honnête. Disons que la température de l’eau est… revigorante.
Bien qu’il ne soit pas dupe, Sven se déshabille quand même. Bien plus prévoyant que moi, il avait déjà son maillot de bain sur le dos… ou plutôt sur les fesses. Hmm… Une fois dévêtu, je me surprends l’admirer et je sens mes joues rosir. Un peu gênée, je cache le bas du visage sous l’eau, attendant patiemment qu’il veuille bien me rejoindre.
Ce qu’il fait sans attendre et je le vois grimacer.
-Il caille la vache !

-Fallait pas me faire confiance ! M’en amusé-je avant de l’éclabousser pour le mouiller davantage.
-Vilaine ! C’est moche de faire souffrir les autres ! Plaisante-t-il à son tour.
-Pauvre chou ! Tu vas pas en mourir ! Ne puis-je m’empêcher de rire, fière de ma blague. Il faut dire que je donne de ma personne pour tenter de le transformer en glaçon !
-Qu’en sais-tu ? Aaah !! Je meurs ! Fait-il mine d’avoir une crise cardiaque, en se tenant la poitrine avant se laisser couler sous l’eau.
-Andouille !! M’exclamé-je en continuant de rire avant de nager vers lui pour l’attraper par le bras et l’obliger à remonter à la surface. Je prends son visage entre mes mains pour ensuite l’embrasser.
-Miracle ! Je suis ressuscité ! Me sourit-il tendrement avant de m’embrasser à son tour, avec passion et en me serrant contre lui. Je m’accroche à son cou comme si ma vie en dépendait, refusant de me séparer de lui.
Sven recule un peu, sans pour autant me lâcher, pour prendre appui sur un rocher. Je passe mes jambes autour de sa taille et nous restons ainsi pendant un long moment. Nous nous embrassons, nous nous câlinons et c’est comme si le temps n’existait plus. Je ne me rends même plus compte que je suis frigorifiée, malgré la chaleur que m’inspire Sven.
-On devrait sortir de l’eau. Me souffle-t-il avec tendresse. Tu trembles comme une feuille.
-Mais non, je suis bien, ça va aller. Lui assuré-je, ignorant que je claque des dents.
-Arrête, t’as les lèvres limite bleues. Je ne voudrai pas que tu tombes malade. Me dit-il en me caressant doucement la joue.

Résignée, je finis par m’éloigner de lui pour ensuite nager jusqu’au bord de l’eau. Je sors et je sautille sur place pour me réchauffer. C’est vrai que j’ai froid mais j’étais tellement bien dans ses bras que je n’avais aucune envie de briser le charme du moment. Je prends une serviette de bain pour me sécher et tenter de calmer les frissons qui me parcourent le corps.
Sven sort de l’eau à son tour et entreprend également de se sécher. Contrairement à moi qui tarde un peu, il se dépêche de se rhabiller. Il m’embrasse la joue, puis part à la recherche de mes affaires que j’ai laissé derrière mon buisson.
En revenant, il n’a pas seulement mes vêtements dans les bras.

-Regarde ce que j’ai trouvé en cherchant tes affaires. Est-il tout content de me dire, tout en me tendant une rose rouge.
-Sven ! Tu n’étais pas obligé ! Lui dis-je, surprise mais touchée par son geste.
-Je tiens à respecter les traditions locales. M’assure-t-il avec un clin d’œil, me tendant ensuite mes vêtements. Tiens, rhabille toi, tu es gelée.
-Merci Sven, tu es vraiment adorable!

En bonne demoiselle sage, j’obéis et je m’exécute. Je me dépêche de me rhabiller et je me sens mieux avec mes vêtements sur le dos. Néanmoins, pendant tout le temps où je renfilais mes affaires, j’ai remarqué le regard que posait Sven sur moi. Je n’ai pas vraiment d’expérience dans le domaine mais je peux, je pense, dire sans me tromper que la vue de mon corps ne le laisse pas indifférent.
Malgré que je sois de nouveau vêtue, je continue de trembler, ce qui inquiète Sven. Il me prend dans ses bras et tente de me réchauffer.

-J’ai repéré de vieilles palettes qui traînent par là. Avec du bois en plus, peut-être qu’on pourrait faire un feu, ça te réchauffera. Suggère-t-il alors, soucieux de prendre soin de moi.
Je n’ose pas lui dire que ses paroles suffisent à réchauffer mon cœur. Il s’éloigne de moi, et s’active aussitôt à tout rassembler. Avec une dextérité étonnante, il parvient à allumer un feu.

-Comment tu sais faire ça ?
-J’ai fait les scouts. M’explique-t-il en haussant les épaules, comme si c’était normal pour lui. Maintenant que le feu est allumée, il revient vers moi pour me serrer contre lui.
Grâce au feu et à sa présence, la chaleur prend petit à petit la place du froid dans tout mon être.

Je passe une journée extraordinaire. Je suis tellement bien que j’ai perdu la notion du temps. J’ignore depuis combien de temps je suis ici, avec Sven, ni quelle heure il est. Tout cela n’a plus d’importance… Tout ce qui m’intéresse, c’est de profiter de l’instant présent, avec Sven.
Et d’un autre côté, cela me fait peur. Que se passera-t-il lorsqu’il repartira pour la Suède ? Il a pris une place tellement importante dans ma vie que j’ai du mal à l’imaginer sans lui. Nous vivons tellement de choses incroyables, mes sentiments sont si forts… j’ai l’impression que la perspective de son départ amplifie tout, absolument tout. Comme si nous devions vivre plus, profiter plus, ressentir plus… Avant que la géographie rendre tout cela impossible.
-Tout va bien Rosie ? Tu as l’air ailleurs.
-C’est rien, je suis juste un peu fatiguée.
-Tu veux rentrer ?
-Non, je veux rester ici, avec toi.

Comme pour le rassurer, je me tourne alors vers lui pour l’embrasser sur la joue. Il se laisse faire, le sourire aux lèvres. Doucement, je pose ensuite ma tête sur son épaule, cachant mon visage dans le creux de son cou. Par moment, je déteste ma vie, même si je n’échangerai pour rien au monde ces moments éphémères.
Pourquoi faut-il qu’il vive aussi loin ?
-J’ai emmené une tente si tu veux. Au cas où qu’on veuille se reposer en étant à l’abris… Tu veux que je l’installe ? Me propose Sven et sans attendre ma réponse, il entreprend déjà de monter la tente.
-Mais Sven… Comment ça se fait que tu sois aussi gentil ?! M’écrié-je alors, ce qui le fait aussitôt rire.

-Et voilà Mademoiselle ! Votre palais est prêt ! S’exclame-t-il, fier de lui, une fois la tente montée.
Je ne peux m’empêcher de rire avec lui, devant sa tente tout ce qu’il y a de plus classique. Je m’approche donc de l’entrée et je me penche pour aller à l’intérieur. Mais à mi-chemin, je m’arrête pour le regarder.

-Tu viens avec moi ?
-Si tu veux. Me sourit-il en réponse.
Nous entrons donc à l’intérieur de la tente et nous nous allongeons. Installé sur le dos, Sven m’ouvre ses bras pour que je vienne m’installer contre lui. Ce que je fais sans attendre. Lovée ainsi dans ses bras, je me sens si bien. Tout mon corps se détend alors, bercé par le rythme de sa respiration. Mais je n’ai aucune envie de dormir. Je relève donc mon visage vers le sien et je l’embrasse doucement. Sven répond à mon baiser sans attendre et nous restons ainsi, dans les bras de l’autre, à nous embrasser. D’abord tendrement, puis de plus en plus passionnément, sans interruption.

-Rosie, je crois qu’il vaudrait mieux arrêter. Me murmure subitement Sven, le souffle court, alors qu’il est déjà à moitié sur moi.
-Pourquoi ? Lui demandé-je sans comprendre n’ayant qu’une seule envie : continuer.
-Parce que là, j’ai envie d’une chose et je ne suis pas certain que c’est ce que tu veux. M’avoue-t-il, embarrassé. Il n’a pas besoin d’en dire plus pour que je comprenne.
-Continue, Sven. Lui soufflé-je, sûre de moi, sans y réfléchir davantage. Je n’ai aucune envie de réfléchir, d’ailleurs.
-Tu es sûre ? Semble-t-il étonné, tout en me caressant les cheveux.
-Oui, Sven. C’est peut-être fou mais… J’ai envie que ma première fois, ce soit avec toi. Lui avoué-je, me sentant rougir à ces mots.
Il me sourit alors, avec tendresse. Il approche donc son visage du mien pour reprendre ses baisers enflammés. La suite se passe de commentaire, tout se déroulant tout naturellement…

Nous sommes restés un moment dans la tente, dans les bras de l’autre. Le soleil commence doucement à se coucher, lorsque nous en sommes sortis. Nous nous allongeons sur le sol afin de profiter de ce spectacle. Pendant que j’observe le paysage, je laisse mon esprit vagabonder au delà des nuages.
Mes choix ne sont sans doute pas des plus raisonnables, mais je n’ai aucun regret. Je sais que la chute sera rude mais je profiter de l’instant présent sans penser à demain. Je n’ai aucune envie que plus tard, lorsque je repenserai à cette époque de ma vie, je me dise que j’aurais du agir autrement.
En cet instant, je n’ai jamais été aussi heureuse. Autant rester dans l’insouciance le plus longtemps possible.