Maetha

Ce soir, nous fêtons l’anniversaire de Nick. Le pauvre va se prendre des cheveux blancs et même s’il ne dit rien, je sens qu’il ne le vit pas forcément très bien. Je pense que cela lui fait quelque chose d’entrer dans le 3e âge et d’avoir davantage l’âge de se faire appeler Papy que Papa. Même si nous n’avons pas encore de petits-enfants.
J’ai passé une rude journée au travail. Nous avons eu beaucoup de boulot et par moment, je me suis rappelée l’époque où je travaillais avec Charlotte. J’avais qu’une hâte : rentrer à la maison retrouver ma famille, préparer la fête et voir mes enfants.

-Bonsoir ma chérie… Tu sais, tu pouvais prendre le temps de te changer avant de faire le gâteau. M’assure Nick, avec le sourire.
-B’soir… Oui mais comme ça, je suis sûre que c’est prêt quand les enfants vont arriver.
-Ca ne va pas ? Devine alors Nick, un peu inquiet, pour ensuite s’approcher de moi pour me prendre dans ses bras.
-J’ai passé une rude journée, c’est tout.
-Prends un peu de temps pour te détendre. Et bientôt tu verras tes enfants, ça ira mieux. Me chuchote-t-il avec tendresse avant de me déposer un baiser sur la joue.

Pendant que le gâteau est au four, je vais dans la chambre pour enlever ma tenue de travail et enfiler une tenue pour adapter à une fête d’anniversaire. Ma petite robe noire, celle que je portais lorsque nous avons officialisé notre relation avec Nick. Cela faisait longtemps que je ne pouvais plus entrer dedans… Le sport fait décidément des miracles!
J’ai à peine le temps de finir de me préparer que quelqu’un sonne à la porte. Je me dépêche donc de descendre et je découvre mon fils dans le salon. Ravie de voir mon petit bonhomme, je m’empresse de le prendre dans mes bras.
-Bonsoir mon grand ! Je suis tellement contente de te voir ! Le salué-je, enjouée. Mais tu sais, tu es chez toi ici. Tu n’as pas besoin de sonner !
-Coucou Maman. On sait jamais ! Je préfère ne pas savoir ce que vous fêtes maintenant qu’on n’est plus là ! Me taquine-t-il avec un grand sourire moqueur.
-Mauvaise langue, je te rappelle que ta sœur vit encore ici ! Juliette n’est pas là ?
-Non, elle est malade la pauvre. Elle a passé la journée au lit.
-La pauvre. On lui mettra une part de gâteau dans un tupperware dans ce cas.
-Ca lui fera certainement plaisir.

Le four se fait entendre. Je m’empresse donc de sortir le gâteau au chocolat, l’idéal pour combler la gourmandise de toute la famille. Pendant que j’installe le gâteau sur la table, puis les bougies, Roxane arrive à la maison. Contrairement à son frère, elle rentre directement à la maison. Mon cœur se réchauffe dans ma poitrine, ravie de revoir ma fille aînée.
-Coucou ma grande ! Tu vas bien ?
-Un peu fatiguée, la route est longue jusqu’à Del Sol Valley. Bâille-t-elle en scrutant le gâteau. Il a l’air super bon ton gâteau Maman !
-Merci !

Nick arrive également dans le salon. Son visage s’illumine en découvrant la présence des jumeaux. Il ne le montre pas, mais je sais que les jumeaux lui manquent à lui aussi. Pendant que je discute avec Roxane, il va donc voir notre fils pour le serrer dans ses bras.
-Tout se passe bien dans l’orchestre ? Demandé-je donc à ma fille, profitant de sa présence pour avoir des nouvelles. Il est vrai qu’elle n’appelle pas souvent et qu’elle est souvent pressée lorsque je préviens à la joindre au téléphone.
-Très bien, on répète beaucoup pour être prêts pour la prochaine représentation. Me répond-t-elle avec un sourire, son visage s’illuminant à l’évocation de son travail. Désolée d’ailleurs de ne pas avoir beaucoup de temps pour donner des nouvelles, mais j’ai beaucoup de boulot…
-Je comprends ma puce. Et il n’y a pas un beau jeune homme dans le lot ? La taquiné-je un peu, ce qui la fait lever les yeux au ciel.
-J’ai pas le temps pour ça, Maman.
-Bon, et si je soufflais mes bougies moi ? Interviens subitement Nick, maintenant que tout le monde est là. Rosae est rentrée en fin d’après-midi et attend patiemment sur le canapé. Elle a dit bonjour de loin aux jumeaux et j’essaie de ne pas y prêter attention.

Nick se dirige donc vers son gâteau, prêt à souffler ses bougies. Il semble plus serein qu’il ne l’était lorsqu’il a passé ses 40 ans. Peut-être est-ce l’effet d’avoir toute la famille autour de lui. Il est tellement content qu’il oublie qu’il vieillit. Tant mieux pour lui, je suis ravie.
Même si cela ne se voit pas.
J’essaie d’éviter de penser que cela bientôt mon tour, mais c’est plus fort que moi. Bientôt, moi aussi je soufflerai les bougies et moi aussi j’aurais des cheveux blancs. J’ai tellement pas envie de devenir une petite vieille…
Sur mes pensées sur l’avenir, Nick souffle ses bougies…

Et voilà. C’est fait. Nick vieillit et devient un senior. Les cheveux blancs ont pris place, et le pauvre se fait mal au dos en voulant faire le fou. Il grimace sur le coup, mais il retrouve très rapidement le sourire.

Pendant que les enfants s’intéressent déjà au gâteau -bande de morfales-, Nick s’approche de moi pour me prendre dans ses bras. Je lui souris. Il est toujours aussi beau, mon homme !
-Ca va ? La vieillesse ne m’a pas trop enlaidi ? Je te plais toujours ? Me souffle-t-il avec une lueur taquine dans les yeux.
-Tu es toujours aussi beau mon amour. Lui assuré-je avant de l’embrasser.
-Tout va bien ? Me murmure-t-il au creux de l’oreille.
-Bientôt, ce sera mon tour…
-Tu seras toujours la même mon amour. L’âge, c’est dans la tête.

Après cette interlude en amoureux, nous rejoignons les enfants à table. Le gâteau est délicieux mais je ne me laisse pas distraire. Les filles sont assises l’une à côté de l’autre, et je préfère garder un œil sur elles.
-Alors ta vie ? Toujours aussi nulle ? Demande Roxane à sa sœur avec un air narquois. Ca y est, elle recommence.
-Mêle toi de tes fesses. Réplique aussitôt Rosae en lui lançant un regard noir. Tu t’es pas étouffée avec la chaleur de Del Sol Valley ?
-Oh bah donc, le microbe parvient à lancer des piques maintenant ? C’est qu’elle mordrait presque !
-Les filles, ça suffit maintenant ! Soupiré-je, blasée par leur attitude. Par moment, je me demande si elles ne le font pas exprès pour me rendre chèvre.
En tout cas, s’il y a bien une chose qui ne m’a pas manqué, ce sont leurs disputes.