
Étrangement, Charlotte a prétexté avoir beaucoup de travail. Je l’ai donc laissé tranquille. Après tout, il parait que je ne suis pas payée pour faire des farces à mes collègues.
Dommage. La vie est injuste.
Ayant tout de même réussi à soutirer des métaux à Charlotte, j’ai pu les analyser en laboratoire. Cela permet d’étudier les sols et voir ce qui est exploitable ou pas. Ça a l’air barbant dit comme cela, mais en vrai, c’est absolument passionnant !

Mais il ne faut pas croire non plus que j’allais rester dans mon coin durant toute la durée de ma journée de travail. C’est mal me connaitre.
Comme par manque de chance -enfin, cela dépend pour qui- Charlotte dans la même pièce que moi, je suis venue l’interpeller. Pour parler boulot, bien entendu.
-Et puis tu sais quoi, cette andouille lave sa salade dans l’évier de ses toilettes. C’est fou, non ? M’exclamé-je, prétendant parler de quelqu’un d’autre. Non, je n’allais pas avouer mes habitudes bizarres. Le but est de me faire des amis, pas les faire fuir.
-Ah ouais, elle est sacrément bizarre cette fille. Me confirme-t-elle en réponse, faisant au moins semblant d’être intéressée par ce que je dis.

Nous discutons bien, avec Charlotte. Ça rend le travail plus sympathique. Néanmoins, je garde bien en tête mes objectifs et la volonté des patrons que je m’entraîne à analyser des ADN humains. Du coup, je suis obligée de chercher d’aimables fournisseurs d’ADN. Je pensais que ce serait fastoche car c’est pas grand chose et cela ne va pas sortir du laboratoire.
Mais, je me suis trompée.
-Non, hors de question. On vient juste de se rencontrer, je vais pas te donner mon ADN comme ça. Qui sait ce que tu vas trafiquer avec. Refuse aussitôt Charlotte après que je lui ai demandé un échantillon.
-Roh t’es pas marrante. Boudé-je alors, ne comprenant pas son refus.
Après tout, j’ai toujours été gentille avec elle.

Je suis bien contente de ma première journée de travail. Mon patron a été bien impressionné par la qualité de mon travail, disant que si je continuais comme ça, j’obtiendrai vite une promotion.
Parfois, je suis impressionnée par les conséquences de la consommation de produits illicites. Le pauvre, je suis presque triste pour lui.
En rentrant dans ma petite maison, j’ai constaté que j’ai du courrier dans la boite aux lettres. Le conseil de géologie m’a renvoyé les éléments que je leur avais transmis. Quatre d’un coup pour commencer ma collection, je suis plutôt contente.

Comme je n’ai pas mangé de la journée, je me suis jetée sur mon frigo en rentrant. Ne sachant pas trop ce que je voulais manger, j’ai opté pour une valeur sûre : des macaronis aux fromages. La base.
Cette fois-ci, je n’ai pas profité de la terrasse. J’ai préféré regarder une bonne vieille série à la télévision. Cette fois-ci, j’ai choisi une série médicale, Sim’s Anatomy.

Après mon épisode, où les médecins se sont envoyés en l’air pour changer, j’ai décidé d’appeler Don Lothario. Je suis trop fatiguée pour l’inviter chez moi, mais j’ai envie de garder le contact avec lui.
Il faut admettre qu’il est loin d’être laid comme jeune homme et que cela me ferait plaisir de le revoir. Juste histoire de s’amuser un peu. Je ne cherche pas une relation sérieuse pour le moment, mais je suis loin d’être une nonne ayant fait vœu de chasteté.

Ainsi, j’en profite pour prendre un bon bain chaud, avec des agrumes et un masque d’argile. Rien de mieux pour se détendre et sentir l’orange toute la journée. Ce qui est loin d’être désagréable.

Pendant que mon petit déjeuner est en train de réchauffer dans mon micro-onde, je réfléchis. J’ai cogité durant la nuit.
Nous avons bien discuté avec Don la veille au téléphone. C’est vraiment quelqu’un de gentil. Mais il s’avère qu’il est déjà casé avec une certaine Dina, et cela me fait douter de mes intentions. Ai-je envie de me mêler de leur histoire et de pousser Don à l’adultère ? J’en sais trop rien.
Après, je ne lui demande pas non plus de la quitter pour venir vivre avec moi, c’est même loin d’être dans mes projets. Si personne n’est au courant, être copain de couette ne devrait faire de mal à personne. Et s’il accepte, cela ne le regardera que lui.
Bref, la question est encore à méditer.

Au travail, je dois préparer des sérums. C’est plus rigolo que de faire des analyses toute la journée. On prend différents ingrédients, on les mélange et paf, ça fait des chocapics. Enfin, je ne suis pas certaine de la fin, mais on est censé obtenir quelque chose de sympa.
Par exemple, je devais fabriquer un parfum de rose, qui doit avoir pour effet de donner chaud. Pas une chaleur type trop de soleil en été, mais une chaleur qui donne envie de jouer avec son copain de couette.
Quand je dis que c’est rigolo, les sérums.
-Pouah ! Mais c’est pas censé sentir bon un truc à la rose ?! M’écrié-je alors que des vapeurs nauséabondes me montent au nez. Beurk !

Durant la journée, j’ai également fabriqué un sérum appelé « Tout rouge ». Je me suis demandée à quoi cela pouvait bien servir. Le liquide est effectivement très rouge, le sérum porte bien son nom, mais cela m’intrigue.
Parait-il que cela met en colère. Mais je suis sceptique. Autant un sérum qui rend enjôleur, je veux y croire. Il existe bien des aliments aphrodisiaques alors pourquoi pas.
Mais un sérum qui met en colère ?
-Il n’y a qu’un seul moyen de savoir. Me dit-je, en avalant d’une traite la potion.
Eh oui, même pas peur.
Bon par contre, j’ai eu les nerfs en pelote tout le reste de la journée. Charlotte, qui m’a vu faire, m’a évité toute la journée. Elle a sans doute voulu éviter que je me fâche contre elle, mais cela m’a énervée qu’elle cherche à ce que je me fâche pas contre elle. Surtout qu’elle s’est ratée, car je me suis fâchée contre elle.
J’ai un peu la tête qui tourne. Je ferai peut-être mieux de m’asseoir.
Ce sérum ne m’a pas vraiment réussi.