Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 46

Maetha

Ce soir, nous fêtons l’anniversaire de Nick. Le pauvre va se prendre des cheveux blancs et même s’il ne dit rien, je sens qu’il ne le vit pas forcément très bien. Je pense que cela lui fait quelque chose d’entrer dans le 3e âge et d’avoir davantage l’âge de se faire appeler Papy que Papa. Même si nous n’avons pas encore de petits-enfants.
J’ai passé une rude journée au travail. Nous avons eu beaucoup de boulot et par moment, je me suis rappelée l’époque où je travaillais avec Charlotte. J’avais qu’une hâte : rentrer à la maison retrouver ma famille, préparer la fête et voir mes enfants.

-Bonsoir ma chérie… Tu sais, tu pouvais prendre le temps de te changer avant de faire le gâteau. M’assure Nick, avec le sourire.
-B’soir… Oui mais comme ça, je suis sûre que c’est prêt quand les enfants vont arriver.
-Ca ne va pas ? Devine alors Nick, un peu inquiet, pour ensuite s’approcher de moi pour me prendre dans ses bras.
-J’ai passé une rude journée, c’est tout.
-Prends un peu de temps pour te détendre. Et bientôt tu verras tes enfants, ça ira mieux. Me chuchote-t-il avec tendresse avant de me déposer un baiser sur la joue.

Pendant que le gâteau est au four, je vais dans la chambre pour enlever ma tenue de travail et enfiler une tenue pour adapter à une fête d’anniversaire. Ma petite robe noire, celle que je portais lorsque nous avons officialisé notre relation avec Nick. Cela faisait longtemps que je ne pouvais plus entrer dedans… Le sport fait décidément des miracles!
J’ai à peine le temps de finir de me préparer que quelqu’un sonne à la porte. Je me dépêche donc de descendre et je découvre mon fils dans le salon. Ravie de voir mon petit bonhomme, je m’empresse de le prendre dans mes bras.
-Bonsoir mon grand ! Je suis tellement contente de te voir ! Le salué-je, enjouée. Mais tu sais, tu es chez toi ici. Tu n’as pas besoin de sonner !
-Coucou Maman. On sait jamais ! Je préfère ne pas savoir ce que vous fêtes maintenant qu’on n’est plus là ! Me taquine-t-il avec un grand sourire moqueur.
-Mauvaise langue, je te rappelle que ta sœur vit encore ici ! Juliette n’est pas là ?
-Non, elle est malade la pauvre. Elle a passé la journée au lit.
-La pauvre. On lui mettra une part de gâteau dans un tupperware dans ce cas.
-Ca lui fera certainement plaisir.

Le four se fait entendre. Je m’empresse donc de sortir le gâteau au chocolat, l’idéal pour combler la gourmandise de toute la famille. Pendant que j’installe le gâteau sur la table, puis les bougies, Roxane arrive à la maison. Contrairement à son frère, elle rentre directement à la maison. Mon cœur se réchauffe dans ma poitrine, ravie de revoir ma fille aînée.
-Coucou ma grande ! Tu vas bien ?
-Un peu fatiguée, la route est longue jusqu’à Del Sol Valley. Bâille-t-elle en scrutant le gâteau. Il a l’air super bon ton gâteau Maman !
-Merci !

Nick arrive également dans le salon. Son visage s’illumine en découvrant la présence des jumeaux. Il ne le montre pas, mais je sais que les jumeaux lui manquent à lui aussi. Pendant que je discute avec Roxane, il va donc voir notre fils pour le serrer dans ses bras.
-Tout se passe bien dans l’orchestre ? Demandé-je donc à ma fille, profitant de sa présence pour avoir des nouvelles. Il est vrai qu’elle n’appelle pas souvent et qu’elle est souvent pressée lorsque je préviens à la joindre au téléphone.
-Très bien, on répète beaucoup pour être prêts pour la prochaine représentation. Me répond-t-elle avec un sourire, son visage s’illuminant à l’évocation de son travail. Désolée d’ailleurs de ne pas avoir beaucoup de temps pour donner des nouvelles, mais j’ai beaucoup de boulot…
-Je comprends ma puce. Et il n’y a pas un beau jeune homme dans le lot ? La taquiné-je un peu, ce qui la fait lever les yeux au ciel.
-J’ai pas le temps pour ça, Maman.
-Bon, et si je soufflais mes bougies moi ? Interviens subitement Nick, maintenant que tout le monde est là. Rosae est rentrée en fin d’après-midi et attend patiemment sur le canapé. Elle a dit bonjour de loin aux jumeaux et j’essaie de ne pas y prêter attention.

Nick se dirige donc vers son gâteau, prêt à souffler ses bougies. Il semble plus serein qu’il ne l’était lorsqu’il a passé ses 40 ans. Peut-être est-ce l’effet d’avoir toute la famille autour de lui. Il est tellement content qu’il oublie qu’il vieillit. Tant mieux pour lui, je suis ravie.
Même si cela ne se voit pas.
J’essaie d’éviter de penser que cela bientôt mon tour, mais c’est plus fort que moi. Bientôt, moi aussi je soufflerai les bougies et moi aussi j’aurais des cheveux blancs. J’ai tellement pas envie de devenir une petite vieille…
Sur mes pensées sur l’avenir, Nick souffle ses bougies…

Et voilà. C’est fait. Nick vieillit et devient un senior. Les cheveux blancs ont pris place, et le pauvre se fait mal au dos en voulant faire le fou. Il grimace sur le coup, mais il retrouve très rapidement le sourire.

Pendant que les enfants s’intéressent déjà au gâteau -bande de morfales-, Nick s’approche de moi pour me prendre dans ses bras. Je lui souris. Il est toujours aussi beau, mon homme !
-Ca va ? La vieillesse ne m’a pas trop enlaidi ? Je te plais toujours ? Me souffle-t-il avec une lueur taquine dans les yeux.
-Tu es toujours aussi beau mon amour. Lui assuré-je avant de l’embrasser.
-Tout va bien ? Me murmure-t-il au creux de l’oreille.
-Bientôt, ce sera mon tour…
-Tu seras toujours la même mon amour. L’âge, c’est dans la tête.

Après cette interlude en amoureux, nous rejoignons les enfants à table. Le gâteau est délicieux mais je ne me laisse pas distraire. Les filles sont assises l’une à côté de l’autre, et je préfère garder un œil sur elles.
-Alors ta vie ? Toujours aussi nulle ? Demande Roxane à sa sœur avec un air narquois. Ca y est, elle recommence.
-Mêle toi de tes fesses. Réplique aussitôt Rosae en lui lançant un regard noir. Tu t’es pas étouffée avec la chaleur de Del Sol Valley ?
-Oh bah donc, le microbe parvient à lancer des piques maintenant ? C’est qu’elle mordrait presque !
-Les filles, ça suffit maintenant ! Soupiré-je, blasée par leur attitude. Par moment, je me demande si elles ne le font pas exprès pour me rendre chèvre.
En tout cas, s’il y a bien une chose qui ne m’a pas manqué, ce sont leurs disputes.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 45

Maetha

Après le mariage et le décès de Charlotte, j’ai décidé de ne pas me laisser abattre. Je n’ai pas envie de garder un mauvais souvenir de mon mariage et je sais que Charlotte ne voudrait pas que sa mort soit le seul souvenir que je conserve de cette journée. J’ai pleuré mon amie, beaucoup.
Mais… Il faut que j’avance. Elle n’est plus parmi nous, mais elle voudrait que nous continuons de vivre.
Alors, pour me changer les idées, je continue le sport. J’ai retourné mon poids de forme, mais il est hors de question de me laisser aller une nouvelle fois. Alors, je suis les programmes sportifs à la télévision et je me défoule dans mon salon. En plus d’entretenir ma silhouette, ça me permet également d’évacuer le chagrin. Ainsi, dès que je pense à Charlotte, je lance la télévision et je fais du sport.
Cela me fait du bien, vraiment.

Un jour, après ma séance de sport du jour, Roxane m’annonce qu’elle souhaite nous parler, à Nick et moi. Je suis intriguée, curieuse, j’essaie de l’interroger mais elle insiste pour attendre son père. Je patiente donc, mais une boule se forme dans mon estomac. Son annonce ne m’inspire rien de bon.
Et mon instinct ne se trompe pas.
-Nick, Maman… Je… j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer… Commence-t-elle par dire, timidement, hésitante.
-Nous t’écoutons ma chérie. Lui assuré-je avec un sourire rassurant, alors que le stress s’empare de moi.
-J’ai trouvé une place dans un orchestre, en tant que violoniste. Le chef d’orchestre a été impressionné lors de mon audition alors il a insisté pour que j’obtienne une place permanente.
-C’est formidable ma puce ! Je suis fière de toi ! J’ai toujours su que tu ferais carrière dans le violon ! M’enthousiasmé-je, bien que je sens que cette bonne nouvelle cache autre chose. Ce que Nick perçoit également.
-Il y a autre chose Roxie ?
-Oui… Le poste n’est pas par ici, mais à Del Sol Valley. Du coup, je dois déménager et assez rapidement car je commence bientôt. Et j’ai déjà trouvé une maison plutôt cool.
-Oh, donc… Tu… Tu vas bientôt partir ? Soufflé-je, surprise, me forçant à sourire, tandis que Nick s’empare de ma main pour me soutenir.
-C’est super, Roxie. Nous aurons l’occasion de venir te voir et de venir visiter j’espère ? Ajoute Nick sur un ton enjoué, ravi de la nouvelle.
-Bien sûr, quand vous voulez !
Cela me fait tout drôle de savoir que ma fille aînée va quitter la maison. Honnêtement, je pensais que Ryan serait le premier à partir d’ici… Oh non. Il est déjà prévu qu’il s’en aille. D’ici peu, la maison va se vider et mes bébés vont s’envoler du nid. J’ai du mal à réaliser qu’ils sont adultes maintenant mais, comme me dit Nick, c’est dans l’ordre des choses…

Et cela ne manque pas. Quelques jours plus tard, c’est Ryan qui souhaite nous parler. Nous savons qu’il a un travail mais ça y est, il va vraiment quitter la maison. Il va s’installer avec sa petite amie, Juliette, dans une maison à Brindleton Bay. Je suis heureuse pour lui, mais cela me fait quelque chose de le voir partir, d’autant plus pour vivre avec sa petite amie.
Le temps passe si vite.. A ce rythme, je vais me retrouver grand-mère avant d’avoir le temps de dire ouf.

Faites qu’ils prennent leur temps.

-C’est une super nouvelle ça ! Est ravi Nick alors que Ryan vient de lui annoncer la bonne nouvelle. Je suis content pour toi. Ca va faire drôle à la maison, avec toi et ta sœur qui quittent la maison.
-Je dois t’avouer que cela me rassure que Roxane quitte aussi la maison et qu’elle ait un travail passionnant pour elle. J’avais peur qu’elle déprime, vu qu’on a toujours été proche…
-Ne t’en fais pas pour ta sœur, elle a plus de ressources qu’elle en a l’air !

Les jours suivants, nous sommes bien occupés. Nous préparons les déménagements des jumeaux et nous les aidons à s’installer. Roxane a râlé, car elle voulait se débrouiller toute seule comme une grande, mais il m’est impossible de ne pas aider ma fille.
Et voilà, les enfants sont partis. La maison est toute calme maintenant que nous ne sommes plus que trois et sans les disputes entre Roxane et Rosae. J’ai eu du mal à trouver le sommeil, mais il faut que je prenne l’habitude. Les enfants quittent la maison pour vivre leur vie c’est normal. Cela ne veut pas dire que j’ai perdu mes bébés à tout jamais.
Et puis une lumière familière fait son apparition dans le jardin. Cette fois-ci, j’oblige Nick à rester tranquille et je vais aller voir par moi-même.
Sans surprise, les aliens viennent nous rendre une petite visite et ils ne tardent pas à m’inviter dans leur vaisseau. Je me sens nerveuse jusqu’à ce que l’un d’eux viennent me parler. Ils veulent savoir où est enterrée Charlotte. Et là, j’ai compris.
Cette fois-ci, ils ne viennent pas pour moi ni pour mon travail. Mais pour Charlotte. Car pour être honnête, Charlotte n’était pas originaire de notre planète mais de Sixam. Elle me l’a avoué il y a quelques années. Elle était tombée amoureuse de notre monde dans sa jeunesse et a voulu s’installer ici. Maintenant qu’elle est morte, sa famille sur Sixam veut récupérer sa tombe, pour qu’elle repose là-bas.
Je ne peux pas leur en vouloir…

Rosae

Roxane et Ryan ont déménagé de la maison. Ils sont tous les deux partis, et ils ne vivent même plus à Willow Creek.
Je mentirais si je disais que je m’en fiche et que cela me fait ni chaud ni froid. En vrai, cela me fait bizarre. Je ne suis plus réveillée par le violon de Roxane, je n’entends plus Ryan jouer au basket … Et surtout, j’ai enfin la paix. Je ne supporte plus l’ignorance de mon frère, ni les piques acerbes de ma sœur. D’un côté cela me fait des vacances. De l’autre, ils me manquent, un peu.
Mais plutôt mourir que de l’avouer.

Et puis, ce n’est pas compliqué de penser à autre chose. Les correspondants suédois de ma classe sont arrivés et j’ai enfin pu faire la connaissance de Sven. Ils vont rester un moment ici, avant de repartir pour la Suède. Mais pour le moment, je n’ai pas envie d’y penser.
Cela est un véritable plaisir de le rencontrer en vrai. Enfin je peux le voir et lui parler, et ne plus attendre qu’il répond à mon dernier mail. Nous nous voyons principalement au lycée, mais je lui propose de temps en temps de lui faire visiter le coin.
Cette après-midi, je lui ai proposé d’aller au parc de Willow Creek, et il a accepté. C’est rafraîchissant de le voir, cela me change de mes fréquentations habituelles.

Le courant est toute suite passé lorsque nous nous sommes rencontrés. J’ai retrouvé la complicité que nous avions par écrit et cela me fait du bien. Comme par mail, je peux lui parler sans le moindre problème, lui dire tout ce que j’ai sur le cœur. Je sais qu’il le gardera pour lui et puis, un jour, il repartira en Suède avec tous mes secrets et là-bas, ma petite vie n’intéressera personne.
Bref, il est le confident parfait.

-T’as vu il est sympa ce parc ! J’ai passé un temps fou ici quand j’étais petite ! M’exclamé-je alors que nous nous sommes relevés du sol où nous nous étions posés tranquillement. Puis c’est calme.
-Ouais j’avoue c’est sympa. Admet-il avec son accent suédois. Ce n’est pas toujours évident de le comprendre mais je m’y habitue à force. Et sinon, ça va toi ? Tu es bizarre aujourd’hui.
-Comment ça bizarre ?
-Oui enfin, je veux dire… Que… Je veux dire que tu n’es pas comme d’habitude. Se corrige-t-il, mal à l’aise, comme s’il était gêné d’avoir dit quelque chose qu’il ne fallait pas.
-Oui ! Tout va bien ! On fait un selfie ?

Je sais, j’ai essayé de changer de sujet et de dévier son attention. Sven est très observateur mais je ne suis pas certaine de vouloir lui partager mes pensées aujourd’hui. J’ai passé des mois à me plaindre de ma sœur et de mon frère, je me sentirais trop stupide de dire qu’aujourd’hui, leur présence me manque à la maison.
Et puis, ce détournement d’attention n’est pas non plus sans intérêt. Au moins, je pourrai garder une photo souvenir de notre rencontre.

-Tu m’enverras la photo ? Me demande-t-il ensuite avec un sourire, avant de reprendre avec plus de sérieux. Et si tu me dis ce qui ne va pas ? Si tu crois que j’ai pas vu que tu essayais de détourner mon attention …
-Je ne vois pas de quoi tu parles très cher ! Tout va parfaitement bien ! Lui assuré-je en faisant mon possible pour ne pas montrer mon trouble. Et pas de soucis pour la photo, je te l’envoie demain !
-C’est l’anniversaire de ton père qui te perturbe ? Tu sais, ça me gêne pas que tu doives partir tôt, je comprends. Alors, tu n’as pas à te sentir gênée… Tente-t-il, têtu comme une mule. Mais une mule adorable qui s’inquiète pour moi et qui essaie de m’aider.
-Mais non, ça n’a rien à voir avec mon père.
-Donc il y a bien quelque chose.

Je soupire en réponse. Je me suis faite avoir et je ne vais plus avoir d’autres choix que de dire la vérité. Je vais avoir l’air débile devant mon ami et il ne me prendra plus jamais au sérieux. Je serai encore une de ces filles qui passe son temps à se plaindre pour un oui ou pour un non, et qui n’est jamais contente.
Bonjour l’angoisse, je vais devenir une cruche aux yeux de Sven. Ca valait vachement le coup de quitter la Suède pour me rencontrer.
-C’est que… Tu vas peut-être trouver ça stupide mais … depuis que Ryan et Roxane sont partis de la maison … Bah ça me fait bizarre qu’ils ne soient plus là. Avoué-je timide, en osant à peine le regarder dans les yeux.
-C’est-à-dire ? Ils te manquent ?
-Un peu… Enfin, je suis contente d’avoir la paix mais… Je sais pas comment l’expliquer. Il y avait une certaine routine à la maison. J’aimais bien entendre la musique de ma sœur et quand Ryan était là … Bah y’avais peut-être de l’espoir, tu vois ?
-Je vois, tu espérais que cela s’arrange entre vous, avec le temps. Et maintenant qu’ils sont partis, c’est comme si la situation va rester la même ? Comprend-t-il avec un sourire compréhensif.
-C’est ça ... Admis-je en regardant mes pieds. Je sais, c’est débile. Ils ont été horribles avec moi, je devrais les renier à vie.

-Ce n’est pas débile. Ce sont ton frère et ta sœur et au fond tu les aimes. C’et normal que tu aimerais que ça s’arrange. Me rassure Sven en me prenant dans ses bras pour me réconforter. Et ce n’est pas parce qu’ils ne vivent plus chez toi que cela n’arrivera pas un jour. Au contraire, ça leur permettra peut-être de prendre du recul.
-Peut-être … Mais bon, au milieu il y a les parents. La mort de la meilleure amie de Maman, l’anniversaire de Papa… Ca me rappelle qu’ils ne sont pas éternels et je me dis qu’ils auront toujours connus leurs enfants brouillés par la jalousie à la noix.
-Tes parents seraient ravis d’apprendre que tu les enterres déjà. Plaisante alors Sven, ce qui me fait sourire à mon tour. Ne t’inquiète pas, cela finira par s’arranger.
-Peut-être. Haussé-je les épaules avant de m’éloigner de lui, à regret. C’est drôle à dire, mais je me sentais bien dans ses bras. Faut que je te laisse. Je dois aller à l’anniversaire de mon père justement !

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 44

Rosae

Lorsque je scrute le ciel, je réalise que nous avons de la chance. Le soleil est au rendez-vous, Papa et Maman pourront se marier à l’extérieur, sans être obligés de se rapatrier à l’intérieur. Cela aurait été dommage, ce parc est magnifique.
J’estime avoir moi aussi de la chance. Ce n’est pas tous les enfants qui ont la chance d’assister au mariage de leurs parents, de les voir se promettre amour et fidélité jusqu’à la fin de leurs jours. La vie veut que généralement, les parents se marient et ont des enfants ensuite. Les miens ont tout fait à l’envers mais comme ça, nous pouvons assister à ce jour.
J’imagine que la cérémonie sera belle. Papa et Maman, Roxane qui va jouer du violon pour eux… Je la porte pas dans mon cœur mais je ne peux qu’admettre qu’elle a un talent indéniable pour le violon et elle accompagnera la cérémonie à la perfection.
Et je peux l’affirmer parce que je l’ai entendu s’entraîner.

Les jumeaux, eux, attendent le début de la cérémonie à l’intérieur de la salle, où se tiendra la fête. Les tables sont placées et décorées, la table du buffet est installée, les platines du DJ n’attend plus que l’artiste pour commencer à nous faire danser. Ryan et Roxane font le tour de la salle pour vérifier qu’ils ne manquent rien, que tout est parfait, pendant que les parents terminent de se préparer, chacun dans leur coin.
-Bon, tout me semble OK… Et toi ? Demande Ryan tandis que Roxane observe la salle.
-Je pense aussi.
-Prête à montrer tes talents ? Tu n’as pas oublié ton violon ?
-Je n’oublie jamais mon violon. Lui assure-t-elle avec un sourire. Je suis prête oui… J’espère que ça plaira à Maman et à Nick…
-Ils seront ravis ne t’en fais pas ! Viens, on va prendre l’air.

Ryan et Roxane sortent donc à l’extérieur, profitant à leur tour du beau temps. En me voyant à côté de la fontaine, Roxane me regarde avec suspicion. Je soupire, me demandant bien ce qu’elle pouvait bien penser sa sale petite tête. Ne peut-elle pas me laisser tranquille ? Visiblement, même le mariage des parents n’est pas une raison suffisante pour faire un effort…
-Tu as gardé tes cheveux rouges ? Me questionne-t-elle sur un ton de reproche. Je hausse les épaules, me fichant bien de son avis. J’aime ma couleur et je ne détonnerai pas dans le paysage.
-Laisse ta sœur tranquille Roxane. Intervient calmement Papa, qui passe justement à ce moment là. Fais au moins un effort aujourd’hui.
Tu n’étais pas censé mettre une veste bleu ? M’étonné-je en le découvrant, l’ayant déjà vu essayé son costume avant le Grand Jour.
-J’arrive pas à mettre la main dessus … M’avoue-t-il un peu gêné, alors que je lève les yeux au ciel, amusée.
-Attends, je vais t’aider à la retrouver. Lui dis-je alors, ayant un super prétexte pour m’éloigner de ma sœur tandis qu’elle accueille Charlotte et Sébastien avec Papa.

La journée passe à une vitesse affolante. Je finis par retrouver la veste de Papa qui part se changer. En sortant, il me demande d’aller dehors et d’aller m’asseoir. La cérémonie va bientôt commencer.
Je ne proteste pas, je ne dis rien. Je me contente de faire ce que l’on me dit. Je retourne dehors et je m’avance vers l’arche pour m’asseoir sur une chaise, au premier rang. A côté de mon frère, que j’ignore. Roxane est debout et prépare son violon.
Je ne peux m’empêcher de l’observer. Elle est concentrée sur ce qu’elle fait et je sens que cela n’a rien d’être une corvée pour elle. Le seul moment où elle me parait sympathique, c’est lorsqu’elle a son violon dans les mains. Je ne sais pas d’où lui vient sa passion pour le violon et je m’en fiche. Même si Roxane passe son temps à m’envoyer promener, j’adore l’écouter jouer. C’est comme un plaisir coupable. Je ne devrais aimer ça, mais je ne peux pas m’en empêcher.
Et je sais, qu’un jour, nous ne serons pas les seuls à aimer sa musique. Les murs sont fins et je sais que Roxane a décroché une place dans un orchestre. Elle ne l’a pas encore annoncé pour ne pas voler la vedette, mais elle va devoir bientôt quitter la maison.

Le soleil commence à se coucher. Le ciel bleu se teinte petit à petit de rose et voilà le signal annonçant le début de la cérémonie. Roxane commence à jouer du violon, et Papa s’avance doucement dans l’allée, en direction de l’arche fleurie.
Je l’observe, rêveuse. Parfois, je me demande si je vivrai une aussi belle histoire que mes parents et un aussi mariage. Ils ont mis du temps avant de se trouver, mais ils ont fini par tomber amoureux et ils ne se sont plus quittés. Cela laisse rêveur.
Aurais-je, moi-aussi, le droit à une belle histoire d’amour ? Je l’ignore. Il y a tellement de personnes seules dans le monde et de couples qui ne fonctionnent pas. Par moment, j’ai l’impression sont les exceptions qui confirment la règle. Le couple est la norme, mais finalement, est-ce une norme qui convient à tout le monde ?
Est-ce une norme qui me conviendrait, à moi ? Sommes-nous tous, obligés de suivre les règles de la société ? Lorsque j’observe ma famille atypique, je me permets d’en douter, parfois…

Maetha

Je suis morte de trouille. Je n’ai jamais été aussi stressée de toute ma vie. Non pas que je doute, que je remette en cause mon engagement vis-à-vis de Nick, bien au contraire. Je l’aime de tout mon cœur et je veux finir mes jours avec lui. C’est juste l’organisation du mariage qui me stresse.
J’ai tellement envie que tout soit parfait, que tout se passe bien… J’ai peur qu’une tuile, qu’un détail vienne tout gâcher. Qu’au lieu de notre amour, on ne retienne que la tuile qui nous est tombé dessus. Tout le monde essaie de me rassurer, mais c’est plus fort que moi. Je crois que je suis une stressée de nature.
J’ai mis plusieurs heures à me préparer. Je veux être parfaite. J’ai choisi ma robe avec soin, ravie de ma nouvelle silhouette. Ma robe et mon corps s’associent maintenant à la perfection. Le coiffeur n’a pas raté ma coiffure non plus -merci les rajouts- et le maquille me satisfait. Mais est-ce que je serai belle aux yeux de mon futur époux ? Je l’espère tellement.
Je vois le soleil se coucher. J’entends ma fille jouer du violon. La mélodie est magnifique et je ne regrette pas de lui avoir demandé de jouer aujourd’hui. Je respire un grand coup, et je sors enfin de la salle pour m’avancer vers l’arche.
En m’approchant, mon cœur rate un battement. J’en ai le souffle coupé. Le couché du soleil, mon fiancé qui m’attend, ma fille qui joue pour nous … Tout est parfait. C’est splendide, je ne pouvais rêver mieux. Mon cœur se réchauffe par l’amour que j’éprouve pour les miens. Je respire à plein poumons une nouvelle fois et je m’avance, confiante, pressée d’être enfin unie à l’homme de ma vie.

Lorsque Nick me découvre, je le vois se tendre et respirer profondément. En m’approchant, je peux observer ses yeux pétiller d’amour et de bonheur. Je me sens belle dans son regard.
Et lui aussi est beau. Son costume lui donne de l’élégance et je me sens fière de l’épouser aujourd’hui.
Nick est mon homme à moi, et c’est moi qui ait la chance de l’épouser. Bientôt, il aura une alliance à son doigt, renvoyant un message très clair : « Désolée les filles, cet homme est déjà pris. Donc, pas touche. ».
-Tu es magnifique, mon amour. Me souffle-t-il, visiblement ému. Je suis toujours nerveuse mais mon cœur se réchauffe encore un peu plus.
-Toi aussi. Bredouillé-je avant de lui sourire.
La cérémonie commence. Nous sommes prêts à nous promettre un amour éternel et une fidélité sans faille.
-Maetha, mon amour, je bénis le jour où je t’ai rencontré, où tu t’es installée juste en face de chez moi. Je bénis d’avoir fait ta connaissance, d’être devenu ton ami, ton meilleur ami, ton petit ami. Je bénis les trois enfants que tu m’as offert. Et ce soir, je bénis le fait que tu deviennes ma femme. Lorsque tu as accepté de m’épouser, tu ne pouvais pas me faire de plus beau cadeau. Ce soir, je suis heureux de pouvoir dire que tu es ma femme, pour toujours. Je te promets de chérir, de t’aimer, à chaque instant de notre vie. Dans les bons comme dans les mauvais moments, et de tout faire pour te rendre heureuse. Parce que je t’aime, Mae, je te promets de tout faire pour être le meilleur mari qui soit.
Les vœux de Nick sont magnifiques. Je me retiens de pleurer. Comment fait-il pour se surpasser dans ses déclarations d’amour ?
-Oh Nick, je bénis aussi le jour où nos routes se sont croisées, pour ne plus jamais se séparer. Tu as toujours été là pour moi, faisant preuve d’un soutien indéniable envers moi, envers nous. Dès que tu as fait partie de ma vie, tu l’as rendu plus simple, plus belle. Aujourd’hui, je n’imagine plus ma vie sans toi, et c’est un véritable bonheur pour moi de devenir ta femme. Je te promets de te chérir et de t’aimer, pour toujours, jusqu’à ce que la mort nous sépare et même au-delà.

L’émotion est à son comble. La musique continue de nous envelopper et j’ignore comment fait Roxane pour rester aussi concentrée. Ma fille est talentueuse, il n’y a pas à en douter. Je jette un coup d’œil derrière mon épaule, et je vois que Ryan et Rosae sont émus, eux aussi. Ils nous sourient, heureux de voir leurs parents se marier et s’aimer. Cela me touche et je suis ravie d’avoir mes enfants auprès de moi pour partager ce moment.
Nous échangeons les alliances, avec Nick. Je glisse doucement l’anneau à l’annulaire de Nick, et il fait de même avec mon doigt.
Nous voilà mari et femme. Cela me fait tout drôle de me dire que je suis une femme mariée.
Cela fait drôle, mais cela me rend heureuse.

Nick s’approche de moi, tout souriant, puis me prend dans ses bras. Je m’y sens tellement bien, lovée contre lui… Son visage s’approche du mien, puis doucement, tendrement, il s’empare de mes lèvres. C’est le baiser le plus romantique de toute ma vie. Je ne crois pas pouvoir être plus heureuse qu’en cet instant.
Soudain, un bruit se fait entendre. Un bruit de feux d’artifices. Je regarde à côté de moi et je vois qu’effectivement, une fusée vient d’être lancée, illuminant le ciel de ses lumières. Je suis surprise, ne m’y attendant pas, puis je regarde ma meilleure amie, qui me regarde avec un grand sourire.
Surprise !

J’observe le spectacle avec émerveillement. J’entends vaguement le violon, la musique étant étouffée par les feux d’artifices. C’est absolument magnifique.
Tout est magnifique.
J’ai du mal à croire que je suis arrivée jusque là. J’ai grandi dans un petit appartement à San Myshuno, avec une mère célibataire qui m’aimait énormément. J’ai vécu une enfance heureuse, et j’ai quitté la ville au décès de ma mère. Avec son héritage, je me suis offerte une maison, et c’est là que ma propre histoire a commencé. J’ai fait n’importe quoi avec Don, mais il m’a donné deux beaux enfants. Et je me suis rapprochée de Nick… Avant d’en tomber amoureuse. Lui aussi m’a donné une magnifique petite fille. Et maintenant, un beau mariage.
J’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé. Une belle carrière, une belle maison, une belle famille… Mais un regret me serre le cœur, tandis que j’observe maintenant le ciel.
J’aurais aimé que ma mère soit là. C’est la première fois depuis sa mort qu’elle me manque autant. J’aurais aimé qu’elle soit ici, avec moi, avec nous. Qu’elle soit là au moment de choisir ma robe, qu’elle soit là au mariage, pour voir à quel point son unique enfant a réussi. J’aurais aimé qu’elle soit fière de moi.
Alors, j’observe le ciel, comme pour la chercher. Chercher un signe que de là où elle est à présent, elle veille sur moi.
Maman, j’espère tellement que dans cet autre monde, tu es heureuse pour moi.

La cérémonie terminée, et la température extérieure commençant à être fraîche, nous rentrons à l’intérieur de la salle. Le buffet est maintenant servi, et nous nous servons tous une assiette pour commencer le repas. Chacun s’installe où il le souhaite et nous passons tous un merveilleux moment. Je change parfois de table pour pouvoir profiter de tout le monde.
Je ne pouvais pas rêver mieux, pour une fête de mariage. Entourée de ma famille et ma meilleure amie, je n’ai pas besoin de plus pour être heureuse.

Puis, la fin du repas approchant, la barmaid et la DJ que nous avons embauché pour la soirée arrivent enfin. Elles étaient attendues plus tôt, mais l’important est qu’elles soient là.
La musique résonne dans nos oreilles et nous avons de quoi boire et de profiter de la soirée.
Ainsi, la fête peut enfin commencer.

Le gâteau est également servi. L’heure est maintenant au dessert. Nous découpons la première part avec Nick et nous nous faisons mutuellement déguster un morceau. Cela n’a pas l’air comme ça, mais ce n’est pas forcément simple d’éviter de mettre le bout de gâteau dans le nez de son mari.
Mais Nick n’a pas eu de gâteau sur le nez et la pâtisserie est absolument délicieuse.

Puis, le repas se termine. Roxane est la première qui ose se lancer sur la piste de danse. Cela ne me surprend pas, elle a toujours aimé dansé. Tout le monde la regarde, mais cela ne semble pas la gêner pour un sou. Elle se laisse simplement porter par la musique.
-Tu ne vas pas danser, Rosae ? Lui demande Ryan, alors qu’elle semble plutôt mal à l’aise.
-Euh, je sais pas… Marmonne-t-elle. Visiblement, elle ne doit pas être très à l’aise à l’idée de se trémousser devant ses parents. Aaah, l’adolescence !
Ryan, lui, ne se laisse pas prier. Il entre sur la piste à son tour, suivi de prêt par Sébastien. Petit à petit, tout le monde se détend. Rosae consent même à faire un effort à faire quelques pas de danse sur la piste. C’est timide, mais elle participe.

Tout se passe bien. Moi qui avais peur qu’une tuile survienne, je suis contente de voir que j’avais tort. Encore une peur irrationnelle de future mariée. La cérémonie était belle, le repas délicieux, et tout le monde s’amuse.
Avec Nick, nous nous adressons un regard complice. Lui comme moi, sommes heureux à cet instant.

Mais j’ai parlé trop vite. Jamais je n’aurais pu l’anticiper, ni le prévoir, ni même l’imaginer.
Alors que la fête bat son plein, Charlotte se sent brusquement mal. Elle porte la main sur sa poitrine, la respiration haletante. Doucement, elle se met à genoux sur le sol, puis finit par s’allonger.
Et elle perd connaissance.
En quelques minutes, c’est terminé. Charlotte, ma meilleure amie, n’est plus.

J’ai du mal à en croire mes yeux. Que se passe-t-il ? Pourquoi ma meilleure amie est-elle sur le sol, inanimée ?
Je ne peux même pas envisagée le pire. Cela ne peut pas être possible. Comment Charlotte pourrait disparaître, pile le jour de mon mariage ?
Mon cœur se serre. L’ascenseur émotionnel est horrible. J’étais heureuse il y a quelques minutes, et maintenant, mon cœur se brise de perdre ma meilleure amie.
Je craque. Comment cela peut-il être possible ?

Puis, je regarde Sébastien. Mon cœur se serre une nouvelle fois, et je me sens bête. Je perds ma meilleure amie mais lui, il perd sa mère. Du jour au lendemain, il se retrouve seul. Ne connaissant pas son père, il n’avait que sa mère. Il me rappelle moi, au même âge… J’avais également son âge quand j’ai perdu ma mère, et je ne peux que comprendre son choc, son chagrin.

Ryan s’approche de moi. Je sens qu’il est peiné, mais il essaie de ne rien montrer. Il passe ensuite son bras autour de mes épaules, pour me montrer son soutien.
-Maman, je suis désolé… Souffle-t-il, mais je l’entends à peine.

Puis, brusquement, la température de la pièce se refroidit. Je frissonne, ne comprenant pas ce changement de température. Quelque chose d’étrange est en train de se passer, je le sens.
Je regarde autour de moi et ce que je vois me terrifie. Une grande forme sombre entre dans la salle, tenant une faux de sa main squelettique.
La Faucheuse.

Elle fait peur, mais brusquement, une idée me vient en tête. Je tente de mettre ma crainte de côté et je tente le tout pour le tout.
Peut-être qu’en lui parlant, elle acceptera de ne pas gâcher mon mariage, en épargnant Charlotte.
-S’il vous plait, épargnez-la. Ne l’emmenez pas avec vous. C’est ma meilleure amie, et aujourd’hui c’est mon mariage. S’il vous plait, aujourd’hui n’est pas le jour pour l’emmener. Je vous en supplie, épargnez-la pour aujourd’hui.

La Faucheuse grogne, mécontente d’être embêtée. Mon sang se glace tandis qu’elle bouge lentement sa tête capuchonnée de droite à gauche. Aucune clémence autorisée. L’heure de Charlotte est venue.
Je m’éloigne, tourne le dos à la scène qui est en train de se produire. C’est trop pour moi. Je ne peux pas regarder la Faucheuse emmener mon amie. J’ai essayé de la sauver, mais j’ai échoué.
Comment en sommes-nous arrivés là ?

Un lourd silence s’installe dans la salle, après que la Faucheuse ait emporté l’âme de Charlotte, ne laissant qu’une urne avec les restes de mon amie. Je ne peux la regarder sans pleurer. Cette journée était censée être la plus belle de ma vie. Mais comment peut-elle l’être alors que ma meilleure amie vient de m’être enlevée ? Je voulais partager cette journée avec elle, et voilà qu’elle n’existe plus.
Nick s’approche de moi. Je vois qu’il est secoué par la scène, mais il prend sur lui. Pour moi. Il me serre contre lui. Je me laisse aller, je me laisse porter. Son étreinte me réconforte, me réchauffe, moi qui était encore frigorifiée par cette rencontre avec la Faucheuse.
Qu’est-ce que je ferai sans lui…

Nous ne nous sommes pas attardés dans la salle de réception. Le décès de Charlotte a interrompu la fête, et a refroidi tout le monde. L’humeur n’était plus à la fête.
Les enfants sont soulagés de rentrer. Ils me regardent avec compassion, avant que chacun se prépare à aller dormir.
Avec Nick, nous nous retrouvons dans notre chambre. Le silence règne dans la pièce. Nous nous regardons un instant, puis mon époux vient m’embrasser. Tendrement tout d’abord, puis avec passion. Je réponds à son baiser sans attendre, avec la même force que lui. Je m’accroche à lui, pour me sentir vivante, pour le sentir vivant. Nous embrassons encore et encore, nous accrochant à l’autre comme si notre vie en dépendait.
Comme une revanche de la vie sur la mort.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 43

Maetha

A l’approche du mariage, nous avons décidé d’aller à la salle de sport, avec Nick. Il me trouve parfaite comme je suis, je crois même qu’il adore mes rondeurs, mais j’ai envie d’être la plus belle dans ma robe de mariée. Je veux me trouver belle ce jour-là et je suis prête à faire tous les efforts possibles pour y parvenir.
Du coup, j’ai eu l’idée d’aller dans une salle de sport pour bénéficier des machines. Le jogging, c’est bien, mais cela ne permet pas de perdre rapidement du poids. Lorsque j’en ai parlé à Nick, il s’est toute suite proposé pour m’accompagner. Il m’assure que c’est plus facile lorsqu’on est accompagné.
Et je dois avouer qu’il n’a pas tort. Le tapis de course de Nick est légèrement devant moi, suffisamment pour me donner l’impression de lui courir après… Ou pour avoir une vue sympathique…

Au fil du temps, je commence à observer les fruits de mes efforts. Dans le miroir, je parviens à voir avec fierté un résultat qui me convient. Le mariage approche à grand pas et j’ai l’impression d’avoir retrouvé ma silhouette d’avant mes grossesses ! Je conserve quelques rondeurs mais j’en ai toujours eux. La taille mannequin n’est accessibles qu’à une petite minorité et je préfère nettement avoir quelques rondeurs que de me priver !
L’important pour moi est d’avoir atteint mon objectif et j’ai maintenant hâte de voir le résultat final avec ma belle robe blanche !

Rosae

Le temps file à grande vitesse. Avec les cours et ma bande de copains, j’ai du mal à voir le temps passé et ce, malgré l’ambiance étrange à la maison. Les parents font comme si tout allait bien, Ryan est mal à l’aise en ma présence et Roxane… Reste fidèle à elle-même. Quant à moi, j’ignore les jumeaux royalement. Je les côtoie par obligation car nous vivons sous le même toit, mais cela s’arrête là.
Puis, le 31 décembre arrive. N’ayant aucune envie de célébrer la nouvelle année en famille, en étant obligée de jouer les hypocrites en souhaitant une bonne année à Roxane et à Ryan, j’ai réussi à convaincre mes parents de sortir avec mes amis. Il a fallu que j’argumente et que je fasse preuve de persuasion, mais ils ont fini par dire oui.
Heureusement, sinon j’aurai passé la soirée dans ma chambre en guise de protestation.
Du coup, j’ai passé un moment à me faire belle et à choisir ma tenue. Puis, nous sommes allés en boîte de nuit, avec les triplés.

Je ne regrette absolument pas mon choix de passer mon Nouvel An de mon côté. La boîte est cool et je m’amuse comme une folle. Nous dansons, nous profitons du bar (juste des sodas, le barmaid veille au grain) et nous rions bien.
Pendant que je me défoule sur la piste de danse, mon esprit s’évade. Je suis dans mon monde et mes problèmes à la maison sont loin derrière moi. Ici, auprès de mes amis, j’ai enfin l’impression de pouvoir être moi-même. J’ai l’impression de goûter à la liberté.

La nuit est déjà bien avancée quand je rentre chez moi. Je pense avoir dépassé l’heure de retour indiquée par mes parents mais je m’en fiche. En entrant dans la maison, je me fais le plus discrète possible. Je monte à pas de loup dans les escaliers et j’essaie de faire le moins de bruit possible dans la salle de bain.
Une fois dans ma chambre, je me glisse sous les draps, le sourire aux lèvres. Ce soir, j’ai passé la meilleure soirée de ma vie.

Le lendemain, je ne suis pas particulièrement réveillée lorsque je me décide enfin à me lever. Je vais pour prendre un petit déjeuner et je vois Papa et Ryan à table, en train de prendre leur déjeuner. Mon frère tente un sourire, mais je l’ignore. J’ai aucune envie de lui parler. J’ai peut-être la tête dans le fondement, je suis de bonne humeur et je n’ai pas envie qu’il me la gâche.
-Alors, ta soirée a été bonne ? Me demande Papa, tandis que je termine mon assiette.
-Ouais cool. On s’est bien amusée en boîte.
-Dis donc, ça vous change d’avoir une fille qui sort. Semble s’en amuser Ryan alors que je lève les yeux au ciel. De quoi je me mêle ?
-C’est sûr que vous étiez plus casanier avec Roxane. Confirme Nick, amusé, alors que moi, je me renferme. Quand je les entends, j’ai l’impression d’être dans une famille normale alors que c’est loin d’être le cas. Ils parlent de moi, mais j’ai l’impression que quelque chose ne va pas. Comment Ryan peut agir aussi normalement alors qu’il m’ignore le reste du temps ? C’est tellement n’importe quoi.

Agacée, je ne tarde donc pas à quitter la table pour aller m’habiller. Je n’ai plus envie de les entendre débattre sur mes sorties. Je fais encore ce que je veux et si j’ai envie de sortir, je sors. Je reste sage et mes notes sont bonnes donc personne n’a rien à dire et il n’y a pas à débattre.
Plus tard, je profite que le bureau soit vide pour m’installer sur l’ordinateur. Je traîne un peu sur les réseaux sociaux puis je consulte ma boîte mail. Je souris en découvrant que j’ai reçu un nouveau message de mon correspondant suédois, Sven. Je discute avec lui depuis un moment et cela me fait toujours plaisir d’échanger avec lui et d’avoir de ses nouvelles. Il est gentil, à l’écoute et il est toujours de bons conseils. Il est une vraie bouffée d’air frais.
Ravie de ce nouveau message, je m’empresse de cliquer sur son mail.

« Bonjour Rosie ! Bonne année ! J’espère que tu as bien profité de ta soirée et que tu as pu sortir comme tu le voulais. Pour ma part, ma soirée a été cool. J’ai vu des copains mais je suis pas rentré trop tard. Je ne suis pas un gros fêtard tu sais.
Sinon, j’ai une bonne nouvelle. On devrait bientôt venir vers chez toi, au printemps. Depuis le temps que l’on se parle, on va enfin pouvoir se rencontrer ! J’espère que tu es aussi pressée que moi ! 😉 A bientôt Rosie ! Sven. »

Mon cœur fait un bon dans ma poitrine pendant ma lecture. Sven va bientôt venir ici ! Je savais que c’était prévu, mais j’ignorais quand j’aurais l’occasion de le rencontrer. J’ai tellement hâte d’être au printemps maintenant ! Je sautille de joie sur mon siège, enthousiaste face à cette perspective et je m’empresse de lui répondre.

« Hey Sven ! Je suis contente de commencer l’année par un de tes messages ! 😉 T’as l’air d’avoir eu une bonne soirée pour le Nouvel An, c’est cool ! Ma soirée a été top aussi, je suis sortie en boîte avec des amis. On a passé le temps à danser, c’était dément ! Ca m’a changé de l’ambiance à la maison… Tu n’imagines pas à quel point cela m’a fait du bien. Je suis tellement contente que tu viennes au printemps ! J’ai hâte de pouvoir te voir, ça va être tellement top ! Et t’inquiète pas, avec moi, tu vas aimer sortir de ton trou ! 😉 Vivement le printemps ! Rosie. »

Les jours, les semaines, les mois passent. La neige fond doucement, et laisse place à la verdure. J’aime beaucoup la neige mais je dois avouer que cela fait du bien de retrouver le soleil et des températures plus douces.
Aujourd’hui, nous nous activons tous. On se partage les salles de bain, nous allons chez le coiffeur. Nous nous faisons coiffés, nous nous faisons beaux. J’enfile une belle robe jaune, achetée exprès pour l’occasion.
Puis, nous prenons la route vers San Myshuno, vers son immense parc.
Aujourd’hui, c’est le jour du mariage de mes parents. Tout le monde est entré à l’intérieur du bâtiment. Quant à moi, je préfère rester dehors. j’observe le paysage et le décor qui mène jusqu’à l’arche. C’est absolument magnifique.
La journée promet d’être belle…

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 42

Rosae

Aujourd’hui, il y a une nouvelle série qui sort à la télé. Maman a tenu à ce qu’on regarde l’épisode tous ensemble si bien qu’on a du attendre qu’elle rentre du boulot pour regarder un archéologue partir à la chasse au trésor. C’est sympa mais il n’y a pas de quoi en faire tout un fromage. J’aurais préféré le regarder de mon côté… Non pas que ça me gêne de passer un moment en famille mais… disons que cela me rappelle que cela pourrait être mieux.
Surtout que la situation est un peu ridicule. Comme tout le monde ne peut pas voir la télé de la table, on se retrouve à trois à manger sur le canapé alors que Maman et Roxane sont à table. C’est nul.
Et même si on ne mangeait pas, on ne tiendrait pas tous sur le canapé et sur le fauteuil.

Mais bon, j’ai beau râlé intérieurement, je dois admettre que c’est quand même sympa d’être tous ensemble. On parle d’un sujet commun sans trop de prise de tête, et on donne l’impression d’être une famille normale… Si on omet le fait que mon frère et ma sœur m’ignorent royalement.
-Je le trouve palpitant cet épisode moi ! S’enthousiasme ma mère, visiblement emballée par cette nouvelle série.
-Bof. Soupiré-je dans un haussement d’épaules. C’est encore une série avec un héro super musclé et super beau gosse qui fait des trucs super balaise sans le moindre effort. A tous les coups, il va se faire la superbe blonde siliconée qui fait genre d’être son ennemie alors qu’elle a pas grand chose pour elle à part sa plastique. Un vrai cliché ambulant cette série. Je suis sûre qu’il va sauver le monde à un moment !
-Tu vas chercher loin ma puce ! Mais visiblement, tu as bien aimé voir l’acteur principal ! Me charrie-t-elle ensuite. Je sens mes joues rougir face à cette réflexion, avant de me racler la gorge pour me redonner une contenance.
-Maman ! N’importe quoi !
-La blague ! Le microbe va se mettre à fantasmer sur un personnage ! N’attend pas pour se moquer Roxane, me faisant lever les yeux au ciel. Profites-en, pas sûre qu’il y ait beaucoup de mecs réels qui veulent de toi !
-Roxane ! Ca suffit ! La gronde aussitôt Maman alors que je pousse un profond soupir agacé.
-Ironique venant de quelqu’un qui n’a jamais ramené de mecs à la maison. La cinglé-je en réponse, refusant de me laisser marcher sur les pieds.
-Rosae ! N’en rajoute pas une couche non plus !
-Vais dans ma chambre. Bougonné-je avant de me lever pour balancer mon assiette sale dans l’évier. Ma mère ne manque pas de rappeler à l’ordre en me signalant que j’aurais pu la casser mais je l’ignore. Sans la laisser poursuivre, je file dans ma chambre.
Ils me soûlent, tous. J’ai envie d’être seule.

Une fois dans ma chambre, je tourne en rond comme un lion en cage. En rage. Puis, je m’arrête, et je me force à respirer exagérément pour me calmer. Je finis par m’asseoir sur la banquette au pied de mon lit, profitant de cet instant de solitude pour m’apaiser.
Quelques minutes plus tard, quelqu’un toque à ma porte. Je l’envoie balader, n’ayant envie de voir personne. A tous les coups, c’est Maman qui vient me faire la leçon.
Mais non. C’est Ryan qu entre tout de même dans ma chambre.

-Je peux te parler ? Me demande-t-il avec une moue embarrassée.
-J’ai le choix ?
-Pas vraiment. Admet-il avec un petit sourire.

Je soupire. J’ignore ce qu’il veut me dire mais j’avoue que je suis curieuse. Qu’est-ce qu’il peut bien vouloir me raconter ? Va-t-il me sortir une nouvelle excuse bidon de son chapeau ? Je l’ignore mais je vais pas tarder à le savoir. Alors, je me lève, par politesse et pour éviter de me faire mal au cou à garder la tête levée.
-Qu’est-ce que tu me veux alors ? Prendre la défense de ta très chère jumelle et de ses réflexions à la noix ? Lui demandé-je alors dans un haussement d’épaules. Tu sais que je n’en ai plus rien à carrer de ses piques ?
-Je.. Je voulais… Je voulais t’expliquer… Bredouille-t-il un peu déstabilisé. T’expliquer pourquoi elle est ainsi. M’avoue-t-il alors que j’hausse un sourcil, intriguée. Je dois admettre qu’il attise ma curiosité.
-Je t’écoute.
-Tu sais qu’avec Roxane, nous n’avons pas le même père que toi …. Et que notre père n’a jamais voulu entendre parler de nous.
-Si c’est pour me dire qu’elle est jalouse, c’est pas la peine, j’ai percuté toute seule comme une grande. Soupiré-je, un peu déçue. Je m’attendais à un scoop.
-Oui, il y a ça, mais en partie. Ce que tu ne sais pas, c’est l’identité de notre géniteur… Quand on l’a su, on a découvert qu’il a créé sa propre famille et cela a blessé davantage Roxane.
-Et alors ? Je vois pas le rapport avec moi. Ne compris-je pas. Ca n’explique pas pourquoi elle est infecte avec moi.
-Bah… Tu es amie avec ses enfants, nos demi-frères et sœur… Les Lothario. Notre père est Don Lothario, le père de Pierre, Paul et Caroline…

-Tu te fous de ma gueule ? Vociféré-je aussitôt, sans réfléchir. Belle réaction spontanée. Il va me faire croire que mes amis ont un lien avec eux ? La bonne blague ! C’est encore une excuse bidon de Roxane pour trouver une nouvelle raison de me détester.
-Calme toi, ce n’est que la vérité. Soupire alors Ryan. Roxane a entendu les parents parler de lui. Et Maman l’a confirmé par la suite. Ils avaient une aventure alors qu’il était déjà marié, qui a pris fin quand elle est tombée enceinte. Il sait qu’elle était enceinte de lui mais je ne suis pas certain qu’il sait que nous sommes deux…
Je le regarde, sceptique. Je fronce les sourcils, essayant de percevoir des signes de mensonges. Mais, il n’y a rien. Au contraire, on dirait qu’il dit la vérité.
Mes meilleurs amis seraient donc les frères et sœur de Ryan et Roxane ? En y réfléchissant, ça serait pas bête. Caroline a souvent entendu ses parents se disputer sur la supposée infidélité de son père… Finalement, sa mère n’est pas parano, et j’ai la preuve de l’infidélité du père de Caroline devant mes yeux, tous les jours…
Que le monde est petit.
-Et alors ? Roxane pète une durite parce que je suis amie avec eux ? Elle croit quoi ? Que je le fais exprès pour la faire chier ? M’agacé-je, en étant de moins en moins polie. Les parents ne seraient pas ravis de m’entendre dire des gros mots à tout bout de champs.
-Essaie de comprendre… Tu es amie avec des gens qu’on n’a pas vraiment le droit de fréquenter sans peine de créer un immense bazar … Tu es proche d’une famille dont on ne peut pas faire partie, qui ne veut pas de nous…

Alors qu’il cesse de parler, je le scrute avec curiosité. Soudain, tout s’éclaire dans mon esprit. Depuis le début, il se cache derrière sa sœur. Il se sert de Roxane comme d’une excuse alors que lui aussi, n’a finalement plus envie de me voir. Tout est plus clair…
Ryan est un gros lâche.
-Alors si tu me fais la tête, c’est pas seulement à cause de Roxane ? Compris-je alors, le regardant avec colère. C’est aussi parce que je suis amie avec eux ? Tu me reproches ça aussi ?
-Rosae, tu exagères …
-J’exagère rien du tout ! Protesté-je en haussant le ton. C’est limpide maintenant ! Tu me fais payer parce que j’ai ce que vous ne pouvez pas avoir ! Bah, je vais t’annoncer un scoop ! J’y suis pour rien, moi ! Mais c’est tellement plus simple de taper sur la petite sœur hein !
-Rosae …

-Tais-toi ! Le coupé-je, ne voulant plus l’écouter. Tu fais genre que tu es gentil mais tu ne vaux pas mieux que Roxane ! Dégage de ma chambre ! Je ne veux plus te voir !
-Rosae, calme-toi … Tente-t-il, un peu gêné par la tournure de la conversation. Visiblement, il ne s’attendait pas à cette réaction mais j’en ai assez d’être la gentille petite Rosae qui se laisse marcher sur les pieds. Il ne veut plus de moi ? Plus me parler, plus me voir ? Très bien, je vais lui offrir ce qu’il souhaite !
-Non ! Je me calmerai pas ! Je n’ai pas à subir votre colère à tous les deux ! Tu ne voulais plus me parler ? TRÈS BIEN ! Je ne veux plus te parler non plus ! Et dès que tu te seras barré de la maison, je ne veux plus te voir non plus !
-Rosae…
-Va-t-en !! Crié-je ensuite, le cœur brisé par mon propre frère. Je veux qu’il s’en aille. Je veux être seule. Je sens que je suis sur le point de craquer et je n’ai aucune envie qu’il voit ça.
-Je suis désolé… Me souffle-t-il alors, en baissant les épaules. Il laisse tomber. Alors, il s’empare de la poignée pour ouvrir la porte et quitte enfin la pièce.

Lorsque la porte se referme derrière lui, je me laisse tomber sur la banquette, complètement abattue. Pourquoi a-t-il fallu que tout cela me tombe dessus ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?
J’ai un frère et une sœur et tous les deux me détestent. Tout ça parce que j’ai un père qui a voulu de moi, parce que mes amis leur rappellent ce qu’ils n’ont pas eux. C’est injuste ! Tellement injuste !
Les larmes commencent à couler sur mes joues. Alors que la colère commence à se dissiper, mes nerfs lâchent. J’éclate en sanglots, le cœur en miette. J’attrape Bibou, mon monstre rouge en peluche, pour le serrer contre moi, pour enfoncer ma tête dedans, et étouffer mon chagrin.
Je me sens si seule…

Le lendemain, j’ai la tête dans le brouillard. La nuit a été affreuse. Les parents n’ont rien dit au petit-déjeuner. Je pense qu’ils ont du entendre notre dispute et ils n’osent pas dire quelque chose. Les pauvres, cela ne doit pas être simples pour eux non plus. Mais je vais pas me forcer et jouer les hypocrites pour leur faire plaisir. J’en ai marre de faire des efforts.
Ryan, quant à lui, ne savait pas où se mettre. Il osait à peine me regarder. Quant à moi, je l’ai ignoré. Après tout, c’est lui qui a décidé de me faire la tête. Je me contente juste de lui apporter satisfaction. Il n’a que ce qu’il mérite.
En cours, Caroline a vu que je ne suis pas dans mon assiette. Elle essaie de savoir pourquoi mais je me contente juste de lui dire que je me suis disputée avec mon frère. Ce qui n’est pas totalement faux. Alors, pour me changer les idées et parce que nous sommes vendredi, elle proposé qu’on sorte au bowling avec ses frères. Cela me gêne un peu, notamment à cause des révélations de la veille, mais je n’ai pas pu refuser. Plus loin je suis de la maison, mieux je me porte.
C’est ainsi que nous sommes ce soir, moi à l’accueil du bowling, attendant patiemment l’arrivée de mes amis.
-Hey ! Rosie ! S’exclame joyeusement Caroline en arrivant. Ca va ? Tu n’as pas eu de problème tes parents ?
-Ca va et toi ? Non, sans problème ! Je crois que ça leur fait plaisir que je sorte avec mes amis. Ca les change ! Salut vous deux ! Salué-je ensuite en direction des garçons, Pierre et Paul, qui me saluent à leur tour.

Après avoir pris le temps de discuter un peu, nous nous dirigeons ensuite vers les pistes de bowling. Je pose mon manteau sur un canapé, et je m’approche de la piste pour prendre une boule de bowling. Je suis déjà venue ici, mais je n’ai jamais joué au bowling. Une première fois pour moi donc !
Je suis un peu surprise par le poids de la boule et je la lance maladroitement… et elle finit dans la gouttière. Lamentable.

-Tu sais que tu dois normalement viser les quilles ? Se moque gentiment Pierre, derrière moi.
-Rigole rigole, on verra comment tu te débrouilles ! Répliqué-je sur un ton de défi.
-Je suis pas un faible moi !
-Sauf pour te coiffer ! Se moque à son tour Caroline, comme pour venir à mon secours. Solidarité féminine oblige ! Et cela ne manque pas, nous rions aussitôt tous ensemble. Sauf Pierre, qui fait mine de bouder, tout en replaçant correctement son espèce de crête sur la tête.

Nous jouons un moment ensemble. Pierre fait le fier mais il n’arrive pas à faire un strike. Seuls Caroline et Paul semblent parvenir à s’en sortir. Caroline ne manque pas à s’en vanter juste pour embêter Pierre, et Paul reste, au contraire, plus modeste.
Je dois avouer que cela fait un bien fou de passer ma soirée avec eux. J’avais peur d’être un peu mal à l’aise par rapport à ce que je sais. Mais finalement, je n’y pense plus.
Enfin, jusqu’à l’arrivée surprise d’un perturbateur.

-Salut les jeunes, vous vous amusez bien ? Demande subitement un homme que je ne connais pas.
-Papa, qu’est-ce que tu fiches ici ? L’interroge alors Pierre, alors que j’en ai un hoquet de surprise. Il s’agit donc de leur père ? Et donc… du père de Ryan et Roxane ?
-Soirée bowling avec les potes, j’ignorais que vous veniez ici. En hausse-t-il simplement les épaules.

Je ne peux m’empêcher de l’observer. C’est donc lui qui est à l’origine de mes problèmes ? A le voir, on ne pourrait pas songer qu’il a laissé tomber une femme enceinte et renié deux de ses enfants. Au contraire, il a tout l’air d’un homme respectable… Il a la tête d’un père de famille tout ce qu’il y a de plus normal.
C’est fou comme les apparences peuvent être trompeuses.
Soudain, son regard vert se pose sur moi, et j’en ai le souffle coupé.
-Tu es Rosae c’est ça ? Semble-t-il me reconnaître. Les triplés parlent souvent de toi à la maison.

Je me sens terriblement gênée. Je ne sais pas quoi répondre et j’ai l’impression d’avoir l’air d’une idiote. Je ne peux m’empêcher de penser à qui il est, qu’il est le père de Ryan et Roxane… De ce lien qui nous unit mais dont je ne peux absolument pas parler. J’ai l’impression d’avoir une bombe entre les mains, qui pourrait exploser au moindre mouvement un peu brusque.
-Euh oui, c’est ça, c’est moi. Lui réponds-je avec un sourire crispée, forcée. Va-t-il remarquer la ressemblance avec ma mère ? Se souvient-il d’elle ? Se souvient-il de ses enfants de l’ombre ?
-C’est marrant, tu me rappelles quelqu’un… Souligne-t-il en fronçant les sourcils, comme s’il réfléchissait. Comment s’appellent tes parents ? Peut-être que je les connais.
-Euh… Bredouillé-je, mal à l’aise. Que suis-je censée répondre ? Ma position est affreuse. Ma… Maetha et Nick Tholez. Marmonné-je ensuite, préférant taire le nom de famille de ma mère, qui est aussi le mien. Peut-être qu’en mettant ce petit détail sous silence, l’évidence le sera moins.
-Mmmh… Réfléchit-il alors. Ils ont vécu à Oasis Springs ? Cela me dit quelque chose. On a peut-être été voisins, à une époque.
-Peut-être. Lui dis-je, en essayant d’avoir l’air détachée. Il ne faudrait pas qu’il se doute de quoi ce soit… En tout cas, lui, reste impassible. Comme s’il parlait réellement, de simples anciens voisins. Comme s’il n’avait pas trompé sa femme avec une autre femme, avec ma mère.

Le père de mes amis continue de discuter avec ses enfants. Il essaie également de faire ma connaissance, mais je finis par m’éloigner. Je vais m’installer sur un fauteuil du côté du bar, et je me perds dans mes pensées. Don Lothario s’est montré sympathique envers moi, mais la situation était beaucoup trop bizarre.
Je suis la fille de son ancienne maîtresse. Mon frère et ma sœur sont ses enfants illégitimes. Comment pourrai-je être sereine en sa compagnie ?
Puis, je pense à ma mère. Connaitre cette partie de sa vie me fait drôle. Je l’ai toujours connu avec mon père, et cela me fait drôle de l’imaginer être la maîtresse d’un homme, de participer à son infidélité. Était-elle au courant qu’il était marié ? A-t-elle poursuivi cette relation malgré cette information ?
Je soupire. Il s’agit de la jeunesse de ma mère. Autant dire une autre vie. Une vie où elle profitait, où elle était insouciante. C’est comme ça que je l’imagine. Mais comment lui, cet homme qui ne semble pas méchant, a pu tromper sa femme ? Comment peut-on songer à aller voir ailleurs ? Je n’ai connu qu’un seul modèle, mais ces nouvelles informations sur le père de Ryan et Roxane, sur la jeunesse de ma mère, remet tout en question dans ma tête.

-Tout va bien Rosie ? M’interpelle subitement Paul, alors qu’il s’assoit sur une table, non loin de moi. Je lui souris, puis je vais m’installer en face de lui.

-Ca va et toi ? Tu passes une bonne soirée ? Lui demandé-je, histoire de détourner son attention. Je ne peux pas lui parler de mes troubles, sans perturber son monde à lui. Mes réflexions, je dois les garder pour moi.
-Ca va, c’est cool. Me répond-t-il dans un haussement d’épaules. Caro m’a dit que tu n’étais pas dans ton assiette aujourd’hui… M’avoue-t-il ensuite, un peu embarrassé. Tu veux en parler ?
-Bof, il n’y a pas grand chose à dire. Lui dis-je en scrutant nerveusement la table. Je me suis juste disputée avec mon frère.
-Juste ? Je vois bien que cela t’affecte. N’est pas dupe Paul, visiblement inquiet pour moi. Son attitude me touche, mais je sais que je ne pourrai pas me confier pleinement à lui. Ce serait révéler des secrets qu’il n’aurait certainement aucune envie de connaitre.
-Disons qu’il m’a déçue et qu’il est bien descendu dans mon estime. Soupiré-je tristement. Je crois que je l’ai un peu trop idéalisé, quand j’étais petite.
-C’est normal, c’est ton grand frère. Je suis sûr que cela va s’arranger. Essaie-t-il de me rassurer, en faisant preuve de beaucoup de gentillesse.

Son attention me touche. Cela me fait plaisir qu’il s’intéresse à moi et qu’il veuille m’écouter, m’aider, me consoler. Je sais qu’il ne pourra pas y arriver, pas sans tout savoir, mais il essaie. Et dans l’état auquel je suis, cela me fait du bien. Je sens seule dans ma famille mais heureusement, mes amis sont là. Quand je vois que Caroline m’a proposé une sortie pour me changer les idées, que Paul prend le temps pour m’écouter et m’aider, cela me réchauffe le cœur.
Cela peut bien agacer Ryan et Roxane, je m’en fiche. Ils pensent bien qu’à eux, alors que je ne penserai qu’à moi.

-C’est gentil Paul, mais je ne suis pas certaine que cela s’arrange dans l’immédiat. Finis-je par avouer. On va rejoindre les autres ? On a une partie à terminer.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 41

Maetha

Je me souviens il y a quelques années, quand j’ai commencé à travailler, que j’ai été victime d’un phénomène paranormal. Mon travail au laboratoire avait attiré l’attention d’une vie venue d’ailleurs et que ces étranges individus étaient venus me chercher chez moi, dans mon jardin.
Je n’ai gardé aucun souvenir de cette rencontre et j’ai continué ma vie sans me poser plus de question.
Mais ce soir, Nick remarque une lumière inhabituelle à travers la fenêtre. Je lui dis de laisser tomber, avant de me rendormir. Mais il ne peut pas s’empêcher d’aller vérifier.
Autant dire qu’il ne va pas être déçu du voyage…

En levant la tête vers le ciel, Nick voit avec stupeur la soucoupe volante. Je lui ai déjà dit que les aliens existent mais je crois qu’il acquiesçais pour me faire plaisir.
Maintenant que l’OVNI se trouve au-dessus de notre maison et que la lumière est concentrée sur lui, je pense qu’il va reconsidérer son opinion.
Surtout quand il se retrouve aspirer dans le vaisseau, sans aucune possibilité de fuite.
Le pauvre a du se demander ce qu’il pouvait bien lui arriver.

La soucoupe volante revient plusieurs heures plus tard et dépose Nick a l’endroit exact où ils l’ont enlevé. Machinalement, comme guidé par une force invisible, il rentre à la maison pour retourner au lit comme si de rien n’était. Comme moi il y a des années, il n’a aucun souvenir ce qui s’est passé là-bas.
J’ignore pourquoi ils l’ont enlevé, lui. Il n’a rien à voir avec nos recherches, à moins que les aliens s’intéressent à ses cocktails. Peut-être avaient-ils besoin d’un barmaid pour une de leur soirée intergalactique ?
Etant donné qu’il n’a aucun souvenir et que les aliens sont partis sans même un merci, nous ne le saurons jamais.

Le lendemain, j’essaie de faire comme si de rien n’était. J’espère que les enfants n’ont rien vu. Normalement, ils ont tous le sommeil lourd mais je n’ai pas envie de les perturber avec cette vie extraterrestre qui peut venir nous enlever à tout moment.
Au petit déjeuner, Rosae ne semble pas différente. Elle arbore toujours ses cheveux rouges. Si elle tient de moi, elle n’aura aucune envie de revenir à sa couleur naturelle. Elle fait bien ce qu’elle veut, c’est son corps et son apparence. Et puis, cela lui va bien.
-Alors, prête pour ta première journée de lycée ma grande ? Lui demandé-je joyeusement.
-Ouais… Je suis un peu fatiguée, j’ai été réveillée par une lumière cheloue. Marmonne-t-elle dans un bâillement. Y’a eu un accident ?
-Euh.. Je l’ignore. Je verrai peut-être avec les voisins…

Rosae n’a pas plus posé de questions. Je pense qu’elle s’en fiche, au fond. La thèse de l’accident lui suffit et à mon avis, elle va vite passer à autre chose.
Elle finit rapidement son petit-déjeuner et file vite se préparer pour sa première journée de cours au lycée. Elle semble pressée de partir et de retrouver ses amis. Elle fait plaisir à voir.
Quelques minutes après, c’est Ryan qui vient s’installer à table. Il me jette des regards en coin, comme s’il a quelque chose à me dire sans oser le faire.
-Qu’est-ce qu’il y a ? Lui dis-je, loin d’être dupe. Tu as quelque chose à me dire, je le vois à ton attitude.
-Je… Je crois que j’ai trouvé un travail … M’avoue-t-il, un peu hésitant, comme s’il craignait ma réaction.
-Tu crois ?
-Oui, enfin… Je dois passer un entretien en début d’après-midi, mais c’est quasiment dans la poche, je pense.
-Mais c’est super ça mon chéri ! Ca serait pour quel poste ? Dans une équipe ?
-Non Maman… Ca serait pour bosser dans un journal sportif. En tant que chroniqueur … Il n’y a pas vraiment d’entretien d’embauche pour intégrer une équipe dans un sport.
-Ah… Vu ta passion pour le basket, j’ai toujours pensé que tu voudrais te lancer dans le sport. Lui réponds-je, un peu surprise. Néanmoins, si le journalisme lui plait, c’est le principal.
-J’adore le basket, mais je n’ai clairement pas le niveau pour intégrer une équipe. Mais c’est ma passion pour le sport qui m’a poussé vers le journalisme sportif. Je vivrai quand même de ma passion comme ça.
-Tu y as beaucoup réfléchi à ce que je vois. Lui dis-je avec un sourire fier. Tu sais, l’important pour moi est que tu fasses quelque chose qui te plait. Alors, j’espère de tout mon cœur que cet entretien se soldera par une réussite.
-Merci Maman, mais comme je te l’ai dit, c’est quasiment dans la poche ! Je leur ai envoyé plusieurs exemples d’articles que j’ai écrit pour le journal du lycée, et ils se sont montrés très intéressés !
-Que… J’ignorais que tu avais écrit pour le journal du lycée ! Mais, c’est tant mieux mon poussin ! Le félicité-je, ravi pour mon grand garçon. Décidément, Ryan m’a tout de même réservé des surprises !

Après le repas, Ryan s’empresse de s’isoler dans le bureau pour travailler sur l’ordinateur. Il souhaite préparer son entretien pour maximiser ses chances de réussite. Il est presque sûr d’avoir le poste, mais il ne souhaite pas se reposer sur ses lauriers. Il fait des recherches sur le journal, son historique, leur ligne éditoriale, et recherche et retravaille de vieux articles qu’il ne leur a pas encore présenté. Je l’ai rarement vu aussi motivé.
Cela me fait drôle de voir qu’il va bientôt intégré le monde du travail. Je sais qu’il ne quittera pas la maison avant le mariage mais, maintenant qu’il va avoir un travail avec un salaire régulier, il pourra prendre son envol sans trop de problème. Une boule se forme dans mon ventre à l’idée de voir mon bébé quitter le nid.
Mais, ce n’est pas encore à l’ordre du jour… Pas encore….

Après son entretien, Ryan s’empresse de m’appeler. Tout s’est très bien passé et ses futurs employeurs étaient impressionnés par les recherches minutieuses qu’il a mené. Oui, je parle de de « futurs employeurs » car ils l’ont donné le poste à la fin de l’entretien. Il commence après le mariage et il est tellement heureux ! Et moi, je suis tellement fière de lui !
Néanmoins, il faudra que j’attende pour le féliciter. Ryan rejoint sa copine, Juliette, à Brindleton Bay. Il fête son succès avec elle, aujourd’hui.
Je n’ai pas eu le cœur à refuser. Et de toute façon, il est adulte maintenant.
C’est ainsi que, quelques minutes plus tard, il retrouve Juliette dans un bar de pêcheur, sur le port de Brindleton Bay.
Coucou mon cœur, tu vas bien ? Lui souffle-t-il amoureusement, en lui déposant un baiser sur la joue.
-Très bien et toi ? Ca a été ton entretien ? Lui répond-t-elle alors.

-Très bien ! J’ai eu le poste ! Tu as devant toi le nouveau chroniqueur de l’équipe du journal sportif local ! S’exclame alors Ryan en bombant le torse, fier de lui.
-C’est formidable ça mon amour ! Félicitations ! Je suis tellement fière de toi ! S’enthousiasme-t-elle, les yeux pétillants de fierté. Le cœur de Ryan fait un bond dans sa poitrine : elle est tellement belle, lorsqu’elle sourit ainsi.
-J’espère bien que tu es fière ! C’est pas toutes les filles qui ont la chance d’être avec un type comme moi ! La taquine-t-il avec un sourire fier, regardant Juliette avec amour. Tu veux faire quoi, mon amour, ma douce, élue de mon cœur ?
-T’en fais pas un peu trop ? S’en amuse-t-elle en riant. Pas besoin d’en faire autant, je sais bien que j’ai de la chance d’être quelqu’un comme toi ! Sinon, j’ai bien une idée… Je sais où on peut aller pour fêter dignement ta promotion !
-Je te suis !

Ryan suit donc Juliette, qui connait la ville comme sa poche. Elle trouve un ferry et ils se rendent ensemble sur l’île de Brindleton Bay, malgré les importantes chutes de neige. Ryan n’est pas forcément très rassuré, mais il fait confiance à Juliette, qui semble calme et qui observe la mer avec un air paisible.
En quelques minutes, ils arrivent à destination. L’île est envahie par la neige et le brouillard. Il n’y a aucune visibilité mais cela ne semble pas gênée Juliette, qui guide Ryan jusqu’à un phare.

-Tu es sûre que c’est une bonne idée d’être ici ? Lui demande-t-il lorsqu’ils sont en haut du phare, là où le vent est plus fort et plus glacial.
-T’en fais pas, ça va aller. Le rassure-t-elle avec un sourire confiant. Même si c’est dommage ce temps. Normalement, la vue est magnifique.

-Je te fais confiance là-dessus. Lui répond alors Ryan alors qu’il s’approche de sa petite-amie pour la prendre dans ses bras. Ca va, tu n’es pas trop froid ?
-Maintenant que je suis dans tes bras, ça va. Lui souffle-t-elle avec un sourire, les joues rougies par le froid et la chaleur que lui inspire son homme.
-Pas trop déçue de ne pouvoir fêter dignement mon nouveau poste, comme tu dis ? Lui demande-t-il un peu inquiet que les projets de Juliette soit compromis par la météo.

-Qui t’a dit que ce n’était pas possible ? Le taquine-t-elle avec un sourire taquin, plein de sous-entendu. Il n’en faut pas plus pour que Ryan comprenne les idées que Juliette a derrière la tête.
-Tu n’es pas sérieuse ? Ici ? Par ce froid ? En est surpris Ryan, ne s’attendant pas à une telle proposition indécente… Mais qu’il l’intéresse, tout de même. Ce serait mentir que de prétendre le contraire.
-On va se réchauffer, à l’intérieur du phare. Affirme-t-elle sans laisser percevoir le moindre doute. Et puis… Avec un temps pareil, personne ne viendra nous déranger.
-C’est sûr qu’il faut être un peu fou venir ici pendant une tempête de neige. Confirme-t-il tout en serrant davantage sa petite amie dans ses bras. Il penche ensuite sa tête vers son cou pour lui déposer des baisers, alors de lui susurrer quelques mots aux creux de l’oreille, avant de lui prendre la main pour l’emmener à l’intérieur du phare. Cela tombe bien, je suis complètement fou de toi, ma Juliette.