Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 3

Le temps suit son cours et poursuit son œuvre. Petit à petit, je me sens mieux. Sven me manque toujours mais je pense qu’il occupera toujours une place particulière dans mon cœur. J’ignore si un jour, j’arriverai à l’oublier complètement, mais je suis sûre d’une chose : j’apprendrai à vivre avec son absence. Je vais mieux petit à petit et ma nouvelle occupation n’y est pas étrangère ! J’ai été prise dans l’association et j’ai commencé à travailler peu de temps après cette bonne nouvelle.
Ce travail se révèle passionnant et je me sens utile au milieu de tous ces gens intéressants. Je rencontre des personnes différentes et intéressantes et cela me fait un bien fou. Mes collègues sont tous sympathiques -oui, il y a même des hommes dans ma branche, comme quoi, rien n’est perdu d’avance dans notre lutte pour l’égalité entre les hommes et les femmes ! Ils m’ont accueilli à bras ouverts et ont pris le temps de m’expliquer l’organisation dans l’association, son historique, les actions menées au quotidien et les manifestations à venir. C’est passionnant et je sens que je vais me plaire ici !
Aujourd’hui, nous nous sommes rendus dans des collèges pour sensibiliser les élèves aux droits des femmes et à l’égalité entre tous les êtres humains. Nos avons organisé des ateliers et les adolescents ont eu l’air réceptifs. Cette journée est tellement gratifiante !
Puis, je reçois un appel de Paul. Il me propose de le rejoindre au parc de Willow Creek. Il souhaite me parler et apparemment c’est important.
Alors, en sortant du travail à San Myshuno, je me dépêche d’aller au parc pour rejoindre mon ami. Il m’a manqué, cela fait tellement longtemps que je l’ai pas vu !

-Hey Paul ! Cela me fait plaisir de te voir ! Le salué-je joyeusement en le serrant dans mes bras.
-Salut Rosie, je suis content de te voir aussi. On va s’asseoir ?
-Je te suis !

Je le suis donc jusqu’à une table de pique-nique. Le temps est agréable et c’est sympathique de se retrouver ici, à l’extérieur en cette fin d’après-midi.
-Alors ? Comment vas-tu ? Ca fait un bail que je t’ai pas vu !
-Je vais bien. Et toi ? Comment te sens-tu avec le départ de Sven ? Me demande-t-il, inquiet à mon égard.
-Je fais avec. Soupiré-je. Mais ça va mieux, je crois. Et comme mon nouveau boulot me passionne, ça m’aide à penser à autre chose.
-Je suis ravie pour toi Rosie… Ca m’a fait mal au cœur de savoir que tu n’allais pas bien…
-C’est… gentil. Mais c’est derrière moi maintenant, je pense. Et toi ? Quoi de neuf ? Changé-je aussitôt de sujet. Tu m’as dit que tu avais quelque chose à me dire et cela avait l’air important.

-Tu n’as pas changé. Toujours à aller droit au but ! S’en amuse-t-il en réaction à ma question. Néanmoins, il semble nerveux et malgré tout l’effort qu’il met à le cacher, je n’ai aucune peine à le voir.
-Que veux-tu ! Je suis une grande curieuse et impatiente en plus de ça ! M’en amusé-je, en essayant de ne pas trop m’inquiéter quant à sa nervosité. S’il a quelque chose de vraiment important à m’annoncer, cela explique sans doute son stress. Sans doute craint-il ma réaction alors, je tâche de paraître sereine et bienveillante. Peut-être que cela le rassurera. Alors ? Cette nouvelle ?
-Eh bien… J’ai décidé de faire un tour du monde. M’avoue-t-il finalement.

-Pardon ?! Laissé-je échapper, surprise par son annonce. Paul va faire un tour du monde ? Il va partir ?
J’ai du mal à y croire. Lui, si discret d’habitude, va partir à la découverte du monde ? Il est bien la dernière personne que j’aurais imaginé partir …. Et cela me fait un choc. Après avoir perdu Sven, je perds maintenant un ami…
-Je pars faire un tour du monde. Répète-t-il patiemment mais d’une voix plus assuré. Il semble tellement sûr de lui lorsqu’il dit ça, et plus apaisé maintenant qu’il me l’a dit à voix haute.
-Mais… Pourquoi ? Pendant combien de temps ?
-Je… J’ignore quand je reviendrai… J’ai juste besoin de partir en fait. Soupire-t-il dans un haussement d’épaules. Je… C’est… C’est le bordel dans ma vie en ce moment, que ce soit à la maison ou autre… T’imagine pas à quel point c’est le bazar et j’ai besoin de m’éloigner, pour faire le point… Pour découvrir autre chose, aussi.
-Donc, tu fuis ?

-Je ne dirai pas ça comme ça. Mais comme je t’ai dit, j’ai besoin de prendre du recul. Me corrige-t-il calmement, en me souriant gentiment. Et c’est un rêve de gosse de voir ce qu’il se passe en-dehors de nos frontières alors je me dis que c’est le moment ou jamais. J’ai l’intention de prendre le temps dont j’ai besoin, d’où le fait que je ne sais pas combien de temps je pars… Ni même si je vais revenir un jour, pour ne rien te cacher. Toutes les options sont possibles et je ne suis pas encore décidé.
-Je… vois… Essayé-je d’encaisser la nouvelle. L’un de mes meilleurs amis s’en va, pour une durée indéterminée. Cela me fait tout drôle, mais je n’ai pas mon mot à dire. Si c’est ce que tu veux, je te souhaite un bon tour du monde… Mais tu as intérêt à m’envoyer des photos !
-Pas de problème ! Ne peut-il s’empêcher de rire.
-Ta famille a réagi comment à la nouvelle ? Lui demandé-je ensuite, soudainement inquiète pour mes amis, Pierre et Caroline.
-Ma mère l’a bien pris. Elle me soutient et m’assure qu’elle m’enverra de l’argent pour que je puisse subvenir à mes besoins… Quant à mon père… C’est tout le contraire. Soupire-t-il, son regard se faisant plus sombre. Il dit que j’abandonne la famille et que je devrais avoir honte. Un comble, quand on sait comment il occupe son temps libre. Ajoute-t-il en serrant le poing. Il n’a pas besoin d’en dire plus pour que je comprenne. Les infidélités de son père ne sont plus tellement un secret et mon cœur se serre à cette pensée. Je ne peux m’empêcher de penser à Roxane et Ryan, fruits de ses écarts de conduite. Mais il peut bien dire ce qu’il veut, je m’en fiche. Je suis adulte et il n’y a rien de mal à faire un tour du monde. Pierre m’encourage et Caro m’a fait promettre de lui écrire régulièrement.
-Ca ne m’étonne pas d’eux. Lui souris-je alors, en faisant référence à son frère et à sa sœur.

Les semaines passent. Paul s’est envolé vers d’autres horizons, sans manquer de me dire au revoir avant de partir. J’ai eu la gorge noué, mais je me suis reprise. Nous avons grandi et il est normal que chacun suive sa route. J’ai décidé de rester, il a souhaité partir. J’espère juste qu’il sera heureux, durant son voyage. Et peut-être qu’un jour, il reviendra et nous nous reverront à ce moment-là.
Quant à moi, je poursuis ma route. Je me donne à fond dans mon travail. C’est vraiment enrichissant et je m’épanouis de plus en plus dans l’association. Je découvre aussi San Myshuno, qui est vraiment un lieu incroyable. Peut-être qu’un jour je viendrai vivre ici, pour me rapprocher de mon travail… Mais pas toute suite. Je suis bien chez mes parents et je ne me sens pas encore prête à les quitter. J’ai perdu trop de personnes à mon goût ces derniers temps, j’ai encore besoin de stabilité … Et je n’ai pas non plus assez d’économies pour me permettre de prendre un appartement toute suite !

En attendant, je profite de mon petit quotidien. En ce moment, je profite du beau temps pour aller dans la rue et faire connaitre l’association. Plus de gens nous connaîtrons, plus nous pourrons agir. Nous pourrons faire passer nos idées, faire réfléchir sur nos problématiques, et aider les femmes en difficulté.
Alors, même si je me sens parfois seule avec mon panneau en plein milieu de la place du quartier des épices, je reste motivée. Je sais que je ne fais pas tout ça pour rien.
Ma mère est fière de mon travail, et elle est même émue. Elle m’a avoué que ma grand-mère, sa mère, s’était elle-aussi engagée dans l’association, en son temps. Elle s’était même lancée en politique et est devenue la première femme à diriger notre monde ! Quand j’ai raconté ça à mes collègues, ils n’ont pas voulu me croire avant de ressortir de vieilles coupures de journaux. Le nom Opaline n’est pas très répandu et ils ont se rendre à l’évidence : ils travaillent avec la petite-fille d’une femme importante !

Mais je crois que j’en fais un peu trop. Ou que je frôle l’insolation à être tout le temps dehors en plein soleil. J’oublie un peu vite que nous sommes en été et que le soleil tape fort. Je frise le coup de chaud et j’inquiète ma mère avec mes nausées. Elle essaie de me convaincre de mettre un chapeau mais j’ai horreur d’avoir un truc sur la tête !
En plus, je me sens un peu ballonnée, depuis quelques temps. En découvrant San Myshuno, j’ai aussi découvert différentes spécialités culinaires et je crois que j’ai un peu abusé. J’ai même du demandé un tee-shirt plus grand à l’association tellement j’ai pris du poids !
Il va peut-être que je me calme sur les samoussas … Ou que je me remette au sport aussi. Je me suis un peu trop encroûtée !

Malgré mes bonnes résolutions, je n’ai pas pu m’empêcher de m’arrêter à un stand de nourriture en sortant du travail. Mon ventre crie famine et je ne peux pas résister à ces bonnes odeurs en rentrant chez moi. Le stand se trouve sur le chemin vers la gare aussi ! Tout est fait pour me faire craquer !
En même temps, j’ai tout le temps faim en ce moment. Je soupire devant mon assiette.
Je crois que j’essaie de compenser, en fait.

En quelques mois, j’ai perdu Sven, puis Paul… Fini ma vie de petite adolescente, bonjour la vie d’adulte et ses bouleversements. Du coup, je mange, comme pour compenser et m’aider à vivre ces étapes et à passer à autre chose.
Cela me déprime subitement. La nourriture n’est pas une solution, j’en ai bien conscience. Par moment, je suis nostalgique de ma vie passée, même si j’avais Roxane sur le dos. Je crois qu’elle était plus facile à supporter que ce que je vis maintenant.
En même temps, je l’ai toujours connu insupportable. Je me demande bien ce qu’elle devient maintenant, mais j’avoue que je ne prends même pas la peine de prendre de ses nouvelles. A vrai dire, je m’en fous. Elle n’en prend pas non plus, à ce que je sache.
Je soupire une nouvelle fois en fixant mon assiette vide. Je suis incorrigible. En plus, je crois que j’ai trop mangé, j’ai mon ventre qui se tord dans tous les sens.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 2

Je pensais que le fait de lui dire au revoir serait horrible. Je pensais que ce serait le plus dur et qu’une fois les adieux passés, la suite serait plus facile.
J’avais tort.
Les jours passent depuis le départ de Sven pour la Suède. Il m’a envoyé un message avant de monter dans l’avion, où il me remerciait d’avoir rendu son séjour magique et que jamais il ne m’oublierait. J’ai souris, sur le coup, avant de me rappeler que je ne le verrai plus jamais.
Son absence est horrible. Avant son départ, nous nous sommes vus tous les jours, ou presque. Il était tout le temps là pour moi, et je n’avais qu’à appeler pour le voir.
Maintenant, tout cela est fini. J’ai conscience qu’il n’est plus là, proche de moi, mais à l’autre bout du monde.
Et c’est affreux.

J’ai l’impression d’avoir un trou béant dans la poitrine. Un trou qui s’accroît de jour en jour, toujours un peu plus.
Au début, nous discutions par mail, comme avant, comme lorsque nous nous sommes rencontrés. Nous pensions que cela nous aiderait à mieux vivre la situation. Grave erreur.
C’était encore pire. Nous parler sans pouvoir nous voir. Autant pour lui que pour moi.
Alors, nous avons décidé de ne plus nous parler. De ne plus rester en contact.
La décision a été horrible à prendre. C’est comme arracher un sparadrap. D’un coup sec. Sans à-coups. Souffrir un bon coup pour aller mieux.
C’est censé être bref, mais cela m’a paru être une éternité.

Je passe mes journées sur mon lit, en pyjama. C’est à peine si je prends le temps d’aller prendre une douche. Mes parents me forcent à descendre pour venir manger. Je n’ai pas faim, mais je m’oblige à avaler un peu de nourriture pour ne pas me laisser dépérir.
Puis, je retourne dans ma chambre, sur mon lit. J’essaie de dormir.
Le sommeil est mon meilleur ami. Cela fait passer le temps plus vite. On dit que le temps répare les blessures et je n’ai qu’une hâte : que le temps fasse son travail.

Malheureusement, j’ai l’impression que le temps passe lentement, trop lentement. Le manque ne s’estompe pas, il persiste et s’intensifie. Je suis toujours dépitée lorsque je me réveille et que je remarque que rien n’a changé. Comme si j’espérais un miracle et que tout disparaisse en un simple claquement de doigts.
Mais, cela ne fonctionne pas comme ça. Alors, parfois, je tente de faire un effort et de me lever de moi-même, sans que l’on vienne me chercher.
Il faut bien continuer à vivre… Ou du moins essayer.

Je ne fais pas grand chose de mes journées. Lorsque je sors de ma chambre, c’est pour aller dans la salle de bain ou dans le salon… Pour manger un peu. Lors de mes excursion, je vois mes parents, toujours présents. Je me demande s’il leur arrive de sortir un peu de la maison. J’ai l’impression qu’ils restent sans cesse ici depuis que Maman est à la retraite. Je culpabilise un peu car j’ai l’impression que c’est de ma faute s’ils ne profitent pas de leur retraite. Comme s’ils avaient peur que je fasse une bêtise s’ils avaient le malheur de mettre un pied dehors.

Après le départ de Sven, j’ai été obligée de tout avouer à mes parents. Ils ont remarqué sans problème mon changement d’attitude et ma mère ne m’a pas lâché jusqu’à ce que je lâche le morceau. A bout nerveusement, j’ai tout avoué. Ma relation avec Sven, mes choix amoureux, le harcèlement que je subissais sur internet… Elle a été d’une grande écoute et d’un soutien immense. Elle me laisse de l’espace quand j’en ai besoin, et elle se montre présente quand elle le juge nécessaire. Je sens mon père plus maladroit et moins à l’aise, mais je ne lui en tiens pas rigueur. Je sais que cela le perturbe plus qu’il ne veut l’admettre de voir sa fille malheureuse. Et qu’il voit aussi que ma mère assure comme une cheffe, comme si elle avait toujours fait ça.

Je mentirai si je disais que cela me fait pas du bien de lui parler. Cela me permet d’extérioriser mes démons. Puis, elle essaie de me rassurer, en m’assurant que cela va passer, que tout finira par aller mieux. Elle m’assure également qu’elle a fait le nécessaire pour le harcèlement que je subissais en ligne. J’ignore ce qu’elle a bien pu faire et je ne peux que la croire sur parole. Je ne suis pas retournée sur les réseaux sociaux depuis le départ de Sven.
Mais je connais ma mère. Si elle me dit qu’elle s’en est chargée, c’est qu’elle a pris un malin plaisir à défendre sa fille. Après tout, à une époque, elle traînait beaucoup sur des forums et elle maîtrise les codes d’internet grâce à ça.

Petit à petit, j’essaie de participer aux tâches de la maison. Je vis ici et pour le moment, je n’ai pas forcément envie de partir et de me trouver un logement. Je n’ai même pas de travail et pour le moment, je ne me sens pas la force de trouver quelque chose.
Alors, je fais ce que je peux pour ne pas non plus être un poids pour mes parents. Je leur cause déjà du soucis, alors je ne veux pas en rajouter une couche… Alors, doucement, je sors de ma chambre pour participer aux tâches ménagères, pour faire la lessive par exemple.

Pendant que je commence à sortir un peu plus de ma chambre, mes parents osent également sortir de la maison. Ils ne quittent pas le terrain, mais ils profitent de la terrasse devant la maison pour jouer aux échecs. Je crois que c’est cette passion qui les a rapproché, au départ… Cela doit leur rappeler leur jeunesse, je pense.
J’ignore qu’est-ce qui les ont motivé à profiter de l’extérieur. L’été est arrivé mais je doute que ce soit la saison la cause de ce changement. Il fait généralement plus frais à l’intérieur qu’à l’extérieur…

Un jour, je croise mon reflet dans le miroir. J’ai une tête à faire peur et mon allure fait pitié. Lorsque je me regarde, je ne vois qu’une pauvre fille qui pleure pour un mec. J’ai été harcelée et dénigrée, des filles meurent à cause de ça, mais non, je m’apitoie sur mon sort parce que Sven est rentré chez lui. Je ne ressemble plus à rien et je ne suis plus que l’ombre de moi-même.
Je suis dépitée face à mon reflet. L’image que mon miroir me renvoie ne me correspond pas. Je ne me reconnais plus…

Je respire un grand coup. J’essaie de rassembler mes idées. Je ne peux pas continuer comme ça. Ce n’est pas en restant enfermée dans ma chambre et en ne faisant rien de mes journées que j’irai mieux.
Alors, il faut que je me bouge. Quitte à me forcer, à me donner un coup de pieds aux fesses à moi-même. Il faut que je sorte et que je vois du monde. Il faut que j’occupe mon esprit et que je pense à autre chose qu’à Sven et son absence.
-Aller Rosie, tu peux le faire! Tu peux te sortir les doigts des fesses ! Tenté-je de me motiver, face au miroir.

Petit pas par petit pas, j’avance doucement. Et je me rends compte que j’ai déjà commencé à aller mieux, avant de décider de me bouger. C’est sans doute pour cela que mes parents ont commencé à prendre plus de liberté.
Je poursuis donc mes efforts, et cela commence par mon apparence. Je ne peux plus passer ma journée en pyjama alors je recommence à m’habiller et à me coiffer. La canicule étant bien installée, ce n’est pas bien compliqué de remplacer mon pyjama par des tenues légères. Petit à petit, la Rosae que tout le monde connait refait surface et je dois avouer qu’elle m’avait manqué, à moi aussi.
Puis, je me mets à chercher un travail. Je ne sais pas trop quoi faire de mes dix doigts, alors je ne suis pas très exigeante dans mes recherches. Jusqu’au jour où je suis tombée sur une offre qui m’ait apparu comme une évidence. Une place s’est libérée dans une grande association locale qui promeut l’égalité. Elle a plusieurs branches d’action et la présidente de l’association cherche quelqu’un dans la branche féministe. Je n’ai pas attendu davantage pour appeler et proposer ma candidature. Cette offre est arrivée comme un signe du destin, comme une route qui s’ouvre en toute logique face à moi.

Nous discutons pendant un moment avec la présidente et elle semble très intéressée par mon profil. Elle me rappellera mais je reste confiante. Ce n’est pas le travail le mieux payé du monde mais je m’en fiche. Je veux agir pour aider les autres et agir pour faire changer les mentalités. Et peut-être qu’un jour, plus aucune femme ne subira ce que j’ai vécu.
Pendant le déjeuner, ma mère me regarde avec un sourire. Je crois qu’elle a remarqué ma bonne humeur. Je pense que me voir reprendre du poil de la bête lui fait du bien. Cela me soulage de savoir qu’elle ne s’inquiète plus pour moi.
-Dis moi ma fille, commence-t-elle à me dire avec un regard complice, ça te dirait qu’on se fasse une après-midi au spa entre mère et fille ? J’ai déjà emmené ta sœur et je me suis toujours promis de t’y emmener toi aussi. Et je pense que cela te fera du bien, après cette mauvaise période…
-Bah, pourquoi pas. Accepté-je en lui offrant un sourire. Je vois ses yeux pétillés. Je crois qu’elle est heureuse de me voir sourire, à nouveau. Un sourire même pas forcé en plus, car je suis sincèrement ravie de passer une après-midi juste avec ma mère.
Et je suis d’accord avec elle : cela me fera du bien.

Après avoir terminé la vaisselle, nous partons donc toutes les deux au spa de Newcrest. Je découvre les lieux avec curiosité alors que ma mère semble être comme chez elle. Je la soupçonne y être retournée toute seule, ou avec Charlotte, lorsque nous avions le dos tourné… Mais avec raison. Avec nous trois à élever, cela devait lui faire du bien de venir ici se détendre. Surtout à cause des conflits qui nous liaient, Roxane et moi.

Ma mère décide de m’offrir un massage. En regardant sur les prix, je suis un peu gênée et elle ne me laisse pas d’autres choix que d’accepter. Si nous sommes venues ici, c’est parce qu’elle veut me faire plaisir. Je n’ai pas d’autres mots à dire que de choisir quel type de massage je souhaite. J’essaie de la convaincre de participer, mais elle refuse. Elle me dit que je n’aurais qu’à emmener mes filles, si j’en ai un jour.
Je souris pour la forme, mais pour le moment, avoir des enfants n’est pas dans mes objectifs.
Mon sourire se transforme d’ailleurs rapidement en grimace car le massage n’est pas forcément toujours agréable sur le coup. Mais une fois celui-ci terminé, je ne peux qu’admettre que je suis totalement détendue.

Après le massage, nous profitons ensuite du sauna. Il n’y a pas grand monde mais nous sommes en semaine. La plupart des gens travaillent à cette heure-ci. Et bientôt, ce sera peut-être aussi mon cas. J’ai la sensation qu’une nouvelle vie est en train de s’ouvrir à moi.
Mais avant d’entamer une existence trépidante, je profite encore un peu de moment privilégier avec ma maman.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 1

J’essaie de passer à autre chose. Je ne vais plus sur les réseaux sociaux et je tente de faire l’autruche. Les choses finiront bien par se tasser, non ? C’est triste à dire, et révoltant, mais ces satanés individus au QI d’huître finiront par se trouver une autre cible et me laisseront tranquille. Il suffira d’une boulette d’une simtubeuse, et on m’oubliera.
Heureusement pour moi, malheureusement pour d’autres. Si seulement les choses pouvaient changer…
De toute façon, le lycée est terminée. Et aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Une nouvelle vie s’offre à moi et ces tracas seront bientôt de vilains et vieux souvenirs. Et pour passer à autre chose, j’ai absolument tout prévu !
L’après-midi, je le passe avec mes parents. Juste mes parents. Et le soir, je file faire la fête avec mes amis, en boîte de nuit ! J’ai bien besoin de ça pour me défouler et penser à autre chose.
Papa m’a fait un gâteau. Il est magnifique et il a l’air tellement bon !

-Bon anniversaire ma chérie ! Me souhaitent mes parents pendant que je souffle mes bougies.

Après avoir mangé le gâteau en compagnie de mes parents, je file dans ma chambre pour me préparer pour ma soirée. Au passage, j’en profite pour tester de nouveaux look. J’ai envie de changer de tête. Je garde ma couleur, bien sûr, mais j’ai envie de me coiffer différemment.
Après plusieurs essaies, je suis satisfaite du résultat. Je ne ressemble plus à une adolescente et j’ai l’air plus sûre de moi.
Je suis sublime pour ma soirée de ce soir, pour mon anniversaire. Pour Sven.
Pour sa dernière soirée ici, avant qu’il ne s’envole pour la Suède demain.
Je secoue la tête. Je ne dois pas y penser.

La nuit tombe, les heures filent et vient le moment de rejoindre mes amis en boîte. Je me rends donc à Windenburg et mes amis m’attendent déjà. Ainsi que Sven, qui semble bien s’entendre avec mes amis. Ils me souhaitent tous un joyeux anniversaire et nous entrons à l’intérieur. Nous connaissons bien cette boîte. C’est ici que nous sommes venus pour le nouvel an et on s’était bien amusé. C’est tout naturellement que j’ai choisi qu’on vienne ici pour mon anniversaire.
Le hasard fait que j’ai croisé mon frère et ma sœur en entrant, mais j’ai choisi de les ignorer. Ce soir, je n’ai pas envie de me prendre la tête.
L’unique objectif de ce soir est que je m’amuse.

Je me laisse porter par la musique du DJ. Je me vide l’esprit de mes problèmes du moment. Ce n’est pas parce que les gens se déchaînent sur internet que je dois rester chez moi à me morfondre.
Bien au contraire, c’est ce qu’ils veulent.
Alors je sors. Je continue à vivre. Je me défoule sur la piste de danse. Et cela me fait un bien fou.
Quelques pensées parasites viennent troubler mon esprit et j’essaie de les chasser. Je danse encore plus. Je me concentre sur la musique. Je m’amuse. Je ris avec mes amis et sur leurs pas de danse hasardeux.
Aujourd’hui, je suis majeure et je compte bien en profiter !

J’aperçois Sven dans la foule. Mon cœur se serre dans ma poitrine. Ce soir, c’est sa dernière ici, avec moi. Demain, il ne sera plus là. J’ai du mal à imaginer mon quotidien sans lui. Il a pris une telle place dans ma vie que dorénavant, vivre sans lui me parait inconcevable.
Mais je n’ai pas le choix. J’ai appris à vivre avec lui, il faudra que j’apprenne à vivre sans lui.
Pour le moment, il est encore là. Je vais vers lui, bien décidée à profiter de sa présence. Si ce n’est pas maintenant, ce ne sera plus jamais. Je m’approche de lui, toute souriante, pour ensuite me jeter sur ses lèvres. Un long baiser délicieux, qui me fait tout oublier pendant un instant.

Je me sens si bien, si prêt de lui. Je profite de sa présence, de son visage, de son odeur, du son de sa voix. Je mémorise tout dans ma mémoire, pour ne rien oublier. Tous ces détails seront mes précieux trésors, que je conserverai précieusement.
Parce que Sven n’est pas quelqu’un qu’on oublie.
-Tu vas bien ? Tu passes une bonne soirée ? Me demande-t-il en approchant ses lèvres de mon oreille afin que je puisse l’entendre. Je sens mon corps frissonner à cette approche.
-Nickel ! Je profite de chaque instant ! Lui assuré-je avec un sourire, avant de l’embrasser à nouveau.

La soirée continue, de nouvelles pensées parasites parcourent mon esprit. Cela m’agace. Je veux profiter de ma soirée. C’est ma soirée. Je ne veux pas être déprimée pour mon anniversaire; Il faut que je m’amuse.
Je vais au bar. Si je n’arrive pas à chasser ces pensées toute seule, je vais essayer de m’aider un peu. Et maintenant que je suis majeure, je peux profiter des jus de fruit du bar.
Je me commande un verre, puis un deuxième, puis un troisième. L’effet commence à se faire sentir. Ce n’est pas forcément très raisonnable mais je me sens mieux. J’arrive à me détendre et je n’entends plus les pensées parasites.
Et puis, je rentre en taxi ce soir, alors je peux me permettre si cela m’aide.

Maintenant que je suis détendue, je retourne sur la piste de danse. Je retrouve mes amis et nous dansons. Tous ensemble, nous profitons de la musique et nous nous laissons aller sur le rythme de la musique.
Cela me fait tellement de bien de me laisser aller. De passer ce temps avec mes amis. Un jour, il faudra que je sois responsable mais pas ce soir. Pour le moment, je m’amuse. Je profite de ma soirée pour me défouler, me libérer de mes tensions.
Je me sens tellement bien !

A force de danser, je commence à avoir soif. Je retourne au bar me commander un verre. Pendant que je le bois, j’observe la piste en contre-bas. Malgré la foule, mes yeux ne voient que Sven. Alors que je le regarde évoluer dans l’espace, des idées friponnes commencent se développer dans mon esprit. Voilà des pensées plus agréables.
Je laisse mon verre et je vais vers lui. Il me sourit en me voyant, pendant que je m’approche vers lui.

-On peut s’éclipser ? Lui proposé-je alors, en affichant un grand sourire qui en dit long sur mes pensées du moment.
-Pourquoi ? Tu t’amuses pas ? S’inquiète subitement Sven, qui ne comprend visiblement pas où je veux en venir.
-Si, mais j’ai envie de m’amuser d’une autre manière… Il y a un espace en bas, avec des placards… On sera tranquille, y’a jamais personne. Lui soufflé-je en me mordant la lèvre inférieure, tandis que je vois ses yeux pétiller. Ca y est, il a compris.
-Tu es sûre ? On pourrait se faire surprendre.
-M’en fiche. Tu pars demain et je veux profiter de cette soirée comme il se doit. Lui susurré-je en lui prenant la main pour l’attirer au sous-sol de la boite de nuit.

Lorsque nous arrivons à destination, Sven se jette aussitôt sur mes lèvres. Il me plaque contre la porte du placard. Il a l’air si sage en apparence, alors qu’il est si passionné dans l’intimité… Le contraste est plaisant. Je savoure la situation. Je profite de chacun de ses b.aisers et de ses caresses. Seul l’instant présent compte et j’oublie tout le reste. Même mes amis à l’étage sont maintenant au fin fond de mes pensées.
En cet instant, je veux juste profiter. Je sais que c’est la dernière fois, et je veux imprimer chaque seconde dans ma mémoire.

-Tu es sûre de toi ? Me demande-t-il une nouvelle fois, alors que je n’ai qu’une seule envie : qu’il se taise et qu’il continue. Et si quelqu’un arrive ?
-Il profitera du spectacle écoute. Et le risque de se faire surprendre rend la chose … plus excitante non ? Lui dis-je sur un ton taquin, coquin. Mon regard se remplit de malice et de désir. Je n’en peux plus. J’ouvre la porte du placard et je l’attire à l’intérieur.
Nous savons tous les deux que c’est la dernière fois, que nous vivons nos derniers moments tous les deux. Que demain, tout ne sera plus que souvenir.
Nos étreintes sont donc plus passionnés, plus intenses. Nous vivons ce que nous pourrons plus vivre. Nous faisons ce que nous pourrons plus faire. Tout ce que nous voulons faire, tester, nous le faisons.
Le temps ne compte plus. Le monde extérieur n’existe plus. Là, maintenant, dans ce placard, il n’y a plus que nous. Nous avons du mal à nous détacher. Comme si nous ne voulions pas être séparé.
Une chose est sûre : lorsque nous nous décidons enfin de sortir de ce placard, nous n’aurons aucun regret.

Nous retournons donc à l’étage, pour rejoindre les autres. Mais nous sommes surpris de découvrir que la boite s’est vidée. Je ne vois pas mes amis, nul part. Je pense qu’ils ont du partir en ne me voyant plus. Je jette un regard complice à Sven, et nous rions ensemble.
A mon avis, ils ont du repérer l’absence de Sven également et je pense que personne n’est dupe. Mais je m’en fiche d’avoir laissé tomber mes amis pour profiter de Sven. Je sais qu’ils comprendront.
L’heure est cependant venue de partir. De quitter cette bulle et de rentrer chez moi. Et lui, chez lui.
Mon cœur, auparavant si léger, devient brusquement lourd. Je regarde Sven, et je me jette sur ses lèvres.
Je veux encore en profiter. Encore un peu. Juste un peu.
Si seulement le temps pouvait s’arrêter…

-On va devoir y aller, Rosie. Me souffle Sven, dont la tristesse se lit sur son visage. Lui aussi voudrait que ce moment ne s’arrête jamais. Malheureusement, la réalité commence à reprendre sa place, sans nous laisser le choix.
-C’est vraiment obligé ? Soupiré-je, grappillant quelques précieuses minutes supplémentaires. Pour reculer pour mieux sauter.
-Malheureusement. Je dois prendre mon avions dans quelques heures et il faut que je dorme un peu, avant. Et être en avance à l’aéroport. Souffle-t-il, avec regret. Nous le savons tous les deux, c’est la fin. Nous allons nous quitter et plus jamais nous nous reverrons.
Nous allons partir, et ce sera terminé. Je me serre contre lui, la gorge nouée. Nous ne disons plus un mot, ils sont inutiles. Nous nous comprenons par nos gestes, nos regards. Nous nous embrassons avec passion, puis avec tendresse.
Nous sortons de la boîte pour aller dehors. J’attends mon taxi. Le soleil commence à se lever. Nous avons passé la nuit entière dans la boite et nous avons rien remarqué.
Le taxi arrive. Nous nous prenons dans nos bras. Nous nous serrons fort. Puis nous nous embrassons. Pour la dernière fois.
Je monte dans le taxi. Je donne mon adresse. Puis, le taxi démarre, laissant Sven derrière moi.
Ca y est. C’est fini. Pour de.. bon.
J’éclate en sanglots dans le taxi, le cœur en miettes.

Histoire de détendre l’atmosphère, voici un petit comparatif de Rosae avec ses parents.
Une chose est sûre, c’est la digne fille de sa mère 🙂

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 50

Rosae

La fin de l’année scolaire, et du lycée pour moi, approche à grand pas. Cela me stresse un peu, car cela signifie que bientôt, nous allons bientôt vivre chacun de notre côté et voler de nos propres ailes. Bientôt, je vais également souffler mes bougies et Sven va prendre l’avion pour retourner en Suède… Mais ce dernier point, j’essaie de ne pas y penser. Cela me mine trop le moral et je préfère rester optimiste.
Et puis, aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Maman. La pauvre approche de la retraite mais je vois bien qu’elle essaie de faire bonne figure. Surtout que nous allons à Brindleton Bay en fin d’après-midi pour le fêter chez Ryan. Cela ne me fait pas particulièrement plaisir, mais c’est le jour de Maman, pas le mien.
Alors que je suis dans ma chambre à chercher ce que je pourrai mettre pour ce soir, je sens mon téléphone vibrer dans la poche de ma veste. Je n’attends pas pour le sortir et je découvre qu’il s’agit de Caroline.

-Salut Caro ! Ca va ? Décroché-je alors, sur un ton enjoué, ravie de discuter un peu avec ma meilleure amie.
-Rosie ! C’est affreux !!!!! L’entends-je alors pleurer, complètement en panique. Aussitôt, mon sourire disparaît et je m’inquiète.
-Caro ? Tu pleures ? Mais qu’est-ce qui se passe ?!!

-Tu n’es pas au courant ? S’étonne-t-elle alors, surprise que je ne vois pas de quoi elle veut parler.
-Au courant de quoi ?
-T’es pas allée sur SimBook ou TwitSim aujourd’hui ?
-Non, je n’ai pas eu le temps. On fête l’anniversaire de ma mère aujourd’hui, c’est la folie. Elle entre dans le 3e âge, si tu vois ce que je veux dire …
-Je vois… Renifle-t-elle, en respirant un grand coup, comme si elle essayait de se calmer. Rosie… Y’a quelqu’un qui nous a vu au parc aquatique … Il y a des photos de nous sur les réseaux sociaux.
-Et alors ? Y’en a que ça dérange de voir deux filles s’embrasser ? Qu’ils parlent si ça leur fait plaisir. Ce ne sont que des idiots et cela ne change en rien qui tu es. Essayé-je de la rassurer, comprenant que sa panique est causée par un coming-out forcé et même pas réfléchi.
-Il n’y a pas que ça … Il y a des insultes sur moi et sur toi aussi ! Car y’a aussi des photos de toi avec Sven et une avec Pierre. C’est horrible Rosie, ça n’arrête pas de se déchaîner ! Y’a même des gens qu’on connait pas qui commentent ! Se remet-elle à pleurer et je devine qu’elle est encore en train de regarder ce qu’il se passe sur internet.
-Déjà, pour commencer, éteins l’ordinateur. Lui conseillé-je en essayant de rester calme. En vérité, je sens mon cœur battre à toute allure dans ma poitrine. Le stress commence à me gagner mais je tente de relativiser. Cela ne peut pas être aussi grave que ça, quand même ! Cela ne sert à rien de te faire du mal en lisant des propos d’abrutis qui se défoulent sous couvert d’anonymat. Et ce n’est pas aussi grave, si ?
-C’est horrible Rosie, vraiment ! Je te dirai bien de ne pas regarder mais…
-Tu me connais, tu sais que je vais aller voir.
-Oui…
-Aller, éteins l’ordi et essaie de te changer les idées, d’accord ? Et quoiqu’il en soit, ce ne sont que des idiots.
-D’accord…

Après avoir réconforté Caroline et raccroché, je ne peux m’empêcher de descendre pour aller dans le bureau. Par chance, les parents se sont absentés pour faire des courses. Au moins, je suis certaine d’être tranquille pour vérifier les propos de ma meilleure amie. Non pas que je ne la crois pas, mais je veux juger de moi-même le degré de gravité de la situation. Peut-être qu’elle a exagéré …
Malheureusement, je me rends vite compte que ce n’est pas le cas. A peine suis-je connectée sur mes comptes SimBook et TwitSim que je suis envahie de notification. Je suis identifiée sur plusieurs photos et publications. Sur SimBook, les commentaires sont envahis d’insultes que je ne pourrai répéter… Sur TwitSim, c’est encore pire et je suis comme hypnotisée par toutes ces publications, commentaires, tweets… Je suis comme figée devant l’ordinateur, stupéfaite par la haine de ces inconnus à mon égard, comme si chacun essayait de sortir la plus grosse insulte que les autres.
Je n’aurais jamais cru que ça irait aussi loin.

C’est plus fort que moi. Lorsque je sors de ma torpeur, je m’effondre. Je n’arrive pas à croire ce qui m’arrive. A chaque seconde, dix nouvelles insultes arrivent et cela augmente au fur et à mesure. Les gens tirent des conclusions hâtives et ne m’épargnent pas.
Comment peut-on sortir des horreurs pareilles ? Même en profitant de l’anonymat d’internet, comment peut-on se regarder dans une glace en faisant volontairement du mal à quelqu’un ?
En quoi est-ce amusant d’insulter quelqu’un ?
Je me sens si mal en cet instant …

Je ne sais pas quoi faire. J’ai déjà oublié les conseils que j’ai donné à Caroline. La pauvre doit se sentir mal, mais j’ai l’impression que les gens prennent davantage de plaisir à me rabaisser, me traiter comme une moins que rien, qu’à juger Caroline sur son orientation sexuelle. Petit à petit, les commentaires sur Caroline disparaissent pour ne laisser place qu’à ceux qui me détruisent sur la place publique.
Je suis perdue. Mon regard peine à quitter l’écran de l’ordinateur.
Pourquoi est-ce que je suis allée voir ? Qu’est-ce qui m’a pris ? Pourquoi n’ai-je pas cru ma meilleure amie sur parole ?

Soudain, mon téléphone vibre. Cette fois-ci, il s’agit d’un SMS. Je n’ose pas regarder. Et si c’est un message d’insulte ? Est-ce que quelqu’un aurait réussi à avoir mon numéro ? J’ai beau regardé sur internet, il ne semble pas avoir fuité.
Je suis en stress, au bord de la panique.
Tremblante, je sors mon téléphone de ma poche. J’allume l’écran et je soupire de soulagement lorsque je vois qu’il s’agit d’un message de Sven.

« Tu vas bien ? J’ai entendu parler de toi et j’ai vu ce qui se passe sur les réseaux sociaux… 🙁 « 

« Pas trop… Tu m’en veux ? C’était juste pour déconner avec Pierre et Caro… « 

Je ne peux pas m’empêcher de me justifier en écrivant ce SMS. Malgré notre relation, j’ai peur qu’il me rejette. Je reçois une déferlante de haine, je serais anéantie si je venais à le perdre à cause de ces photos.

« Pourquoi je t’en voudrais ? Nous étions d’accord pour être non-exclusif. Je m’inquiète juste pour toi… »

« Je ne sais pas quoi faire … »

« Pourquoi je suis coincé en cours ? Je voudrai être avec toi pour t’aider 🙁 « 

« T’es adorable <3 « 

« Éteins l’ordi et évite les réseaux sociaux pendant quelques temps. Ce ne sont que des idiots qui s’ennuient dans leur vie et qui sont jaloux. Dès que je peux, je viens te voir ! »

« C’est l’anniversaire de ma mère aujourd’hui, ça va pas être possible 🙁 « 

« Je t’appelle ce soir alors ? »

« Avec plaisir. J’ai hâte ça va me faire du bien ! <3 « 

Maetha

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. J’essaie de ne pas trop y penser. Mais en vrai, cela me fout un coup.
Je vais devenir vieille. Une petite vieille avec des cheveux blancs. Certes, je vais être assortie avec Nick, mais j’aurais préféré rester comme je suis. Jeune. Maintenant, je vais être plus proche de la tombe que de ma folle jeunesse.
Nick me regarde avec un air moqueur. Il n’est pas dupe. Il me connait bien et il sait que cela ne me fait pas plaisir de vieillir. Mais ainsi va la vie et je n’ai pas tellement le choix.
Cependant, cette journée s’annonce merveilleuse car nous allons fêter mon anniversaire chez Ryan ! Enfin, ce bougre nous invite chez lui ! Il était temps ! Et apparemment, il nous réserve une surprise ! J’ai hâte de voir de quoi il s’agit.
En arrivant, nous découvrons que Roxane arrive en même temps que nous. Elle nous dit bonjour, et salue rapidement sa sœur. Rosae cherche à l’ignorer. Je ne sais pas ce qu’elle a mais elle est d’une humeur massacrante depuis que nous sommes rentrées des courses. Il a fallu la pousser pour qu’elle aille se préparer. Il faudra que je me renseigne à l’occasion, car ce n’est pas son genre d’être autant de mauvaise humeur.

Nous nous avançons vers la maison. Il s’agit d’une jolie petite maison sur le bord de mer. Ils doivent être bien ici, avec Juliette. Nous sonnons et Juliette nous accueille chez elle avec le sourire. Elle est rayonnante mais elle affiche un air fatiguée. J’espère que Ryan l’aide à la maison et qu’il ne la laisse pas tout gérer. Je ne l’ai pas élevé ainsi !
-Bonjour Juliette, comment vas-tu ? Ryan n’est pas encore là ? Lui demandé-je, intriguée de ne pas voir mon fils.
-Bonjour… Non, il a repris le travail aujourd’hui.
-Repris ? Il était en arrêt ? M’étonné-je. Ce cachottier ne me dit rien visiblement et je me demande bien ce qu’il a bien pu lui arriver…
Et soudain, des bruits de pleurs semblent venir me répondre.
Des pleurs de bébés.

-Hum oui… En fait, nous avons eu des triplés. M’avoue Juliette, un peu gênée, alors que je suis estomaquée. Mon fils est papa ? De triplés en plus de ça ? Je n’en crois pas mes oreilles !

Je discute encore un peu avec Juliette. Elle m’explique qu’elle a fait un déni de grossesse, elle et Ryan ne prévoyant absolument pas d’avoir un enfant dans l’immédiat. Evidemment, elle a remarqué qu’elle avait pris du poids, mais ne s’en était pas inquiétée. Elle avait toujours ses règles, après tout.
Puis, elle a ressenti des violentes douleurs et Ryan a fini par l’emmener à l’hôpital. Et voilà comment trois bébés sont nés. On peut dire qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié, les pauvres.
Après cette discussion, je me rends à l’étage pour faire connaissance avec mes petits enfants. Deux garçons et une fille. Alexandre, Kylian et Sarah.
A mon arrivée, Roxane est déjà dans la chambre des triplés, s’occupant, il me semble, de Sarah.

Quant à moi, je m’approche du berceau d’Alexandre. Doucement, je le prends dans mes bras. Cela me fait tout drôle, je n’ai plus l’habitude de tenir un bébé dans mes bras. Et c’est avec plaisir que je lui donne le biberon. Même s’il n’était pas prévu, il est adorable et je craque.
Me découvrir grand-mère le jour de mon anniversaire, je ne pouvais espérer de plus beau cadeau. Même si je redoutais de passer ce cap, au final, devenir grand-mère me rend heureuse et je sais que Ryan fera un papa formidable.

Rosae m’a suivie, pour faire connaissance avec ses neveux et nièce. Elle s’occupe quant à elle de Kylian, en lui donnant un biberon. Elle semble un peu plus apaisée que tout à l’heure, comme si tenir son neveu dans ses bras l’aide à calmer ses tourments. Elle semble à l’aise avec lui, alors qu’elle n’a jamais porté de bébé de toute sa vie.
Cela me fait drôle, de voir ma plus jeune fille avec un bébé dans les bras. Je ne peux m’empêcher de l’imaginer avec son propre enfant, réalisant qu’un jour, elle aussi sera probablement maman… Ma petite dernière … Pfiou, cela me fout un sacré coup encore une fois ! Heureusement, ce n’est encore qu’une adolescente, même si, je suis obligée de l’admettre, son anniversaire aura bientôt lieu …

J’entends du bruit provenant du rez-de-chaussée. Apparemment, Ryan vient de rentrer du travail. Roxane descend alors pour aller retrouver son jumeau. Mon fils est aussitôt accueilli par Nick, qui s’empresse de le féliciter pour la naissance de ses triplés.
-On peut dire que tu n’as pas fait les choses à moitié mon grand ! Le taquine son père avec bienveillance.
-C’est clair, mais ce n’était pas vraiment prévu au programme… Avoue Ryan avec une moue embarrassé. Surtout trois d’un coup.
-Ne t’en fais pas mon fils, tout va bien se passer. Et si besoin, ta mère et moi sommes là pour vous aider. On a élevé trois terreurs quand même !
-C’est elle, la terreur ! Réplique alors Ryan en désignant sa jumelle qui s’empresse de réagir en lui donnant une tape sur l’épaule, faisant ainsi rire son frère.

Maintenant que tout le monde est présent, je descends rejoindre toute l’assemblée. Ryan sort le gâteau aux fraises, préparé plus tôt dans la journée par Juliette. Il est vraiment magnifique et je m’empresse de la remercier pour cette attention. Cette jeune femme est adorable et je suis heureuse de savoir que Ryan est avec elle. Ils forment une belle petite famille avec leurs triplés.

Leurs triplés… J’ai encore du mal à réaliser que je suis grand-mère.
D’ailleurs, les triplés recommencent à faire entendre leurs voix et Juliette ne tarde pas à montrer, en nous disant de continuer sans elle. Nous allumons donc les bougies et je souffle.
Adieu, ma belle jeunesse !

Et voilà. Bye bye les cheveux turquoise et bonjour la grisaille. Je pourrai me refaire une teinture mais j’avoue qu’après avoir passé presque toute ma vie à me colorer les cheveux, j’ai envie de les laisser au naturel. Pour une fois.
Tant pis, j’assumerai les cheveux gris. Ca fait mamie mais… Pour le coup, j’en suis vraiment une.
Même si ça me fait mal au dos de l’admettre. …. Ah non, j’ai vraiment mal au dos en fait. Ca commence bien, la vieillesse…

Tout le monde me souhaite alors un bon anniversaire et les enfants commencent déjà à se jeter sur la gâteau. Ils ont beau être adulte ou presque, ils sont toujours fidèles à eux-même lorsqu’il s’agit de pâtisserie. De vrais petits gourmands !
Nick, quant à lui, vient vers moi pour me déposer un baiser sur la joue.
-Bon anniversaire mon amour. Me susurre-t-il au creux de l’oreille.
-Merci mon cœur. Pas trop déçu de ta femme ? Fini la bombe que j’étais ! Je suis une petite vieille maintenant…
-Mais tu es toujours une bombe !
-T’es adorable !
-… Avec juste quelques rides en plus. Ajoute-t-il ensuite en affichant un grand sourire taquin.
-Goujat ! Fais-je mine d’être outrée, avant de rire à mon tour.

Rosae

Le temps poursuit son cours depuis l’anniversaire de Maman. Elle a pris sa retraite et elle est maintenant tout le temps à la maison avec Papa. C’est cool pour eux, ils passent plus de temps ensemble, mais ils sont aussi davantage sur mon dos. Maman n’arrête pas de m’interroger sur mon comportement lors de son anniversaire mais je refuse de lui dire quoique ce soit. Je me contente juste de dire que je suis un peu triste que Sven parte bientôt, mais elle ne semble pas convaincue.
Tant pis, mais je n’ai aucune envie de lui parler de la haine que je subis sur les réseaux sociaux. Les jours passant, les commentaires ne se sont pas encore calmés. Sven est adorable et il essaie de me consoler. Avec Caroline, on se sert les coudes comme on peut.
Du coup, je me suis mise au jogging. Cela me permet de sortir un peu de la maison et de me vider l’esprit. Pendant que je cours, je suis loin d’internet. Je suis loin de cette haine injustifiée d’inconnus qui parlent sans savoir, juste parce qu’ils s’ennuient derrière leur écran. Des inconnus qui répètent bêtement ce qu’ils ont entendu. Et quand je pense trop, je cours. Cela me fait du bien et généralement, je suis plus sereine ensuite.
Sauf aujourd’hui, où je remarque qu’un mec bizarre n’arrête pas de me suivre depuis que je suis partie.

-Quoi ? Qu’est-ce que tu me veux ? Attaqué-je aussitôt, suspicieuse.
-Oh rien rien, je me balade c’est tout. Tu es Rosae, c’est ça ? On est du même lycée.
-Ouais, et alors ? Laisse moi tranquille et arrête de me suivre.
-Mh, je me disais… Continue-t-il sans prêter attention à ce que je dis. Ca te dirait pas qu’on aille par là ? Genre vers le buisson ? On sera à l’abri des regards… Me suggère-t-il sur un ton qui ne laisse pas le moindre doute sur ses intentions. Aussitôt, je l’insulte en lui lançant un regard noir. Bah quoi ? T’es pas la dernière à en avoir envie ! Tout le monde le dit ! Se défend-t-il, comme s’il était dans son bon droit.
Abruti. Je ne l’écoute pas davantage et j’accélère le pas, soudainement terrifiée par sa présence. Je cours, je cours, et tant pis si je risque le point de côté.

Dès que je sème ce malade, je me dépêche de rentrer à la maison. Ignorant mes parents en train de jouer aux échecs, je file à l’intérieur pour foncer dans une salle de bain pour prendre une douche. Je frotte vigoureusement ma peau, au point qu’elle en devienne rouge. Comme si j’essayais d’effacer la crasse des mots. Je ne me suis jamais sentie aussi minable qu’en cet instant.
Sombre abruti. Résidu de papier toilette. Moisissure de larve.
La douche ne parvient pas à me calmer. Une fois habillée, je vais dans ma chambre, où je laisse exprimer ma colère.
Pourquoi se fait-il que les gens s’en prennent à moi, comme ça ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?

Je fulmine, énervée par cette situation. Juste parce que je sors avec Sven et j’ai embrassé deux amis pour le fun, je suis catégorisée comme une moins que rien. Je me prends une ribambelle d’insultes et de propositions indécentes, simplement parce que je m’amuse.
Comme si l’amusement m’est interdit. Alors que des gars, comme Pierre, sont vus comme des héros en collectionnant les conquêtes.
Caroline et moi sommes humiliées sur la place publique. Sven n’est même pas mentionné et Pierre, dont la réputation n’est plus à faire, est désigné comme un Dieu.
Ce n’est pas juste et c’est révoltant !
Pourquoi une femme serait une moins que rien, là où un homme est un Don Juan, un beau gosse qui fait tomber toutes les filles ?

C’est ici que je vais conclure la Génération 1, pour vraiment laisser place à la Génération 2 de ce NSBC. Maetha est devenue senior, et Rosae deviendra jeune adulte dès le début de la prochaine MAJ. Il n’y a donc pas de meilleurs moments pour terminer cette première partie ! 🙂

Un point sur les objectifs de Maetha :
Logique : 10/10
Malice : 10/10
Aspiration : Terminée
Carrière Scientifique : 10/10
Collection : 14/15 – Échec.

Maetha a donc presque réalisé tous ses objectifs (satané d’élément manquant ! 😀 )

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 49

Maetha

En ce moment, Rosae passe tout son temps en dehors de la maison. Nous ne la voyons plus avec Nick. Mon cher et tendre dit que c’est normal, elle est jeune, elle en profite pour sortir et passer du temps avec ses amis. Du moment qu’elle continue à avoir des bonnes notes au lycée, il n’y voit pas d’inconvénients.
Qu’il est mignon… et tellement naïf.
J’ai eu son âge moi aussi, et quelque chose me dit qu’elle ne sort pas seulement avec ses amis. Je suis sa mère, c’est moi qui l’ait mise au monde, et je sais reconnaître un changement de comportement chez ma progéniture.
Foi de Maetha, il y a un garçon là-dessous !

-Tu as bien dormi ma puce ? Lui demandé-je alors qu’elle vient de descendre pour prendre son petit déjeuner, en se servant de qu’il reste dans le frigo.
-Oui, ça va. Bâille-t-elle sans se douter de ce qu’il attend. Si elle a un copain, il est peut-être temps d’avoir une conversation sérieuse avec elle… Je n’ai pas envie d’être grand-mère toute suite !
-Dis-moi ma puce… J’ai remarqué que tu sortais beaucoup ces derniers temps…
-Oui, et alors ? Je n’ai plus le droit de voir mes amis ? M’interroge alors Rosae, intriguée, se demandant où je veux en venir.
-Et alors, je suis ta mère. Je vois que quelque chose à changer dans ton attitude… Il y aurait-il un garçon… Dans ta vie ?
-Maman.. Soupire-t-elle alors, en levant les yeux au ciel. J’ai le droit à une vie privée, non ? Ronchonne-t-elle ensuite.

Bien sûr ! Je veux juste être sûre que tu prennes les précautions nécessaires … Lui réponds-je en marchant sur des œufs. Je ne voudrai pas la brusquer. Je ne connais que trop bien les conséquences qu’une erreur … d’inattention peut avoir.
-De quoi tu parles Maman ?
-Je te parle de crac-crac ma puce.
-MAMAN ! S’écrie-t-elle, choquée. Je ne veux pas parler de ça !
-C’est important ma chérie ! J’ai beau vouloir que tu restes mon bébé, j’ai bien conscience que tu es en train de devenir une femme et cela fait partie de la vie.
-Maman, arrête !! On a eu des cours d’éducation du crac-crac au lycée, c’est bon ! Réplique-t-elle, mal à l’aise, en se dépêchant d’avaler le contenu de son assiette.
-Très bien, très bien ! Mais si jamais tu as besoin de parler, entre femmes, sache que je suis là…
-Maman, j’ai envie de tout, sauf de parler de ça avec toi ! Assure-t-elle avant de s’enfuir à l’étage à toute vitesse.

Je soupire face à la réaction de Rosae. Je ne peux que comprendre. Je pense que j’aurais réagi de la même manière si ma mère avait tenté d’avoir la même conversation avec moi.
Enfin, il y avait moins de risque. A l’âge de Rosae, j’avais le visage d’une calculatrice et je ne sortais pas beaucoup.
Néanmoins, j’aurais aimé qu’elle me parle. Il n’y a rien de mal à parler de son petit-ami à sa mère quand même ! Si ?

-Tu auras essayé. Se retient de rire Nick, en train de cuisiner le repas de midi qui demande beaucoup de préparation.
-Très drôle. Mais cela a montré que j’avais raison. Rosie a un copain !
-C’est normal, c’est de son âge.
-Tu parles d’un père ! Tu ne devrais pas sortir le fusil pour courser ce garçon qui en veut à l’innocence de ta fille ? Bougonné-je, encore vexée de ne pas avoir convaincu ma fille de se confier.
-Promis, s’il lui fait du mal, j’irai le courser à coup de poêle ! Éclate-t-il de rire en réponse alors que je me retourne pour lui lancer un regard noir.

Rosae

Je ne sais pas quelle mouche lui a piqué, mais ma mère a bien été reloue ce matin ! Je ne sais pas de quoi elle se mêle, mais je n’ai aucune envie de lui parler de ma vie… Non pas que je n’aime pas ma mère, mais c’est ma vie privée. Et puis, je n’ai pas envie qu’elle me juge par rapport à ma relation avec Sven. J’ai trop peur qu’elle désapprouve, qu’elle me dise que je prends des risques stupides avec une relation sans avenir.
Bref, j’ai préféré fuir la maison avant qu’elle ne revienne à la charge. Du coup, avec Caroline, nous avons décidé d’aller tester le nouveau parc aquatique sur le thème des Caraïbes. Il est installé à Newcrest et au moins, je suis suffisamment loin de ma mère pour pouvoir passer une bonne journée !
-C’est trop dommage qu’il fasse un temps tout pourri ! Soupire ma meilleure amie, alors que le ciel est nuageux et que nous sommes sur une petite terrasse couverte.
-C’est clair ! On risque d’avoir un peu froid mais cela ne nous empêchera pas de passer une bonne journée ! La rassuré-je alors, ravie de passer une après midi entre filles. Cela fait bien trop longtemps à mon goût que nous nous sommes pas vues ! Et pour tout te dire, je préfère être ici qu’à la maison.
-Ah ? Pourquoi ? La carrière de ta sœur a foiré et elle est revenue vivre chez toi ?

-Parle pas de malheur ! Ne puis-je m’empêcher de rire, tout en me servant de la limonade. Ma mère a essayé de me parler garçon et du crac-crac !
-Oh l’angoisse ! Rit-elle à son tour. Si elle savait ! C’est un peu tard
-Mais c’est ça ! Confirmé-je alors. Caroline est ma meilleure amie et je ne peux m’empêcher de tout lui confier. C’est une amie formidable qui m’écoute sans jamais me juger. Et puis même, bonjour la honte quoi ! J’avais envie de me cacher dans un trou de souris ! Je ne sais pas ce qu’il lui a pris !
-Elle se doute peut-être de quelque chose ? Tu vois souvent Sven alors le « je sors voir des amis » ne passe peut-être plus.
-Peut-être… Mais je ne veux pas lui en parler. J’ai peur qu’elle soit déçue …
-De quoi ? Le fait que tu vives une histoire avec Sven ou que votre relation ne soit pas exclusive ?
-Les deux.
-Tu sais, ta mère a l’air cool. Je suis sûre qu’elle dirait rien.
-Sans doute. Mais c’est ma vie privée, elle n’a pas à tout savoir !

-Elle s’inquiète, c’est tout. Se montre compréhensive Caroline. Si tu savais comme je t’envie parfois ! La mienne, elle est trop obnubilée par les infidélités de mon père pour faire attention à nous. Paul déprime et elle s’en fiche ! Pour elle, tout va bien à la maison, elle est en plein déni !
-Qu’est-ce qui lui arrive à Paul ? La questionné-je, inquiète pour mon ami. Pierre m’a déjà dit qu’il n’allait pas bien mais il n’en sait pas plus.
-Ca, c’est parce qu’il est trop occupé à agrandir son tableau de chasse ! S’en amuse-t-elle à son tour avec un sourire en coin. Mais je t’avoue que Paul n’est pas du genre à se confier à nous tu sais. Je suppose que s’il voulait nous en parler, il l’aurait déjà fait.
-J’espère que ça va aller… Je suis tellement occupée avec Sven que j’en oublie mes amis, j’ai honte !
-Ne t’inquiète pas. On comprend. Tu profites qu’il soit encore là pour passer du temps avec lui, c’est normal. Me rassure-t-elle avec bienveillance. Puis, soudainement, son regard se perd au loin, comme elle pensait à quelque chose.
-Tout va bien Caro ? M’inquiété-je aussitôt, devinant que quelque chose ne va pas.

-Oh je… Je ne veux pas t’embêter avec ça. Grimace-t-elle en réponse, se mordant la lèvre comme si elle hésite à se confier à moi. Tu as l’esprit pas mal occupé avec Sven, je ne veux pas en rajouter une couche.
-Caro, tu peux tout me dire tu sais ? La rassuré-je en lui prenant la main. Ce n’est pas parce que mon histoire avec Sven est compliquée que tu ne peux pas me parler de tes problèmes. Je suis là pour ça, aussi.
-Je m’interroge pas mal… sur moi-même. M’avoue-t-elle, un peu gênée. Tu ne le diras à personne, hein ?
-Bien sûr ! C’est pas mon genre de révéler les secrets des autres !
-Oui excuse-moi, je voulais pas douter de toi… C’est juste que… C’est délicat…
-Tu t’interroges sur quoi ?
-Rosie… Je… Je crois que j’aime les filles. Me souffle-t-elle en regardant ses pieds.
-Ah ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Lui dis-je, surprise. Je ne m’attendais pas à une telle annonce. Mais après tout, si elle préfère les filles, c’est bien son droit.
-J’ai eu une sorte de déclic quand ma mère m’a demandé si j’allais lui ramener un garçon. C’est là que j’ai remarqué que j’ai jamais regardé les garçons, même dans les séries. Là où toutes les filles sont en admiration devant un acteur canon, moi, je m’en fiche. Par contre, les filles… J’ai l’impression que je regarde les filles comme je devrais regarder un garçon. Tu vois où je veux dire ?
-Oui je vois… Mais cela te pose un problème, de préférer les filles ?
-Sur le principe non… Mais je ne peux m’empêcher de me dire que c’est pas possible en fait. Que c’est juste une passade pour tenter de faire mon intéressante face à mes parents qui ne s’intéressent plus à nous depuis qu’on est suffisamment grand pour s’occuper de nous tous seuls.
-Au pire, ce n’est pas grave si c’est une passade, non ? Tu peux parfaitement préférer les filles aujourd’hui, et être attirée par un mec demain. Personne ne va venir chez toi pour te dire « tu as signé pour le club des lesbiennes, tu n’as plus le droit de changer d’avis !! » en te menaçant avec un scalpel ! Essayé-je de l’aider, tout en y associant une pointe d’humour. Cela a au moins eu l’avantage de la faire sourire.
-Je sais bien, mais que veux-tu… Je ne peux m’empêcher de me poser la question tu vois… Comme si j’avais besoin de m’identifier à quelque chose pour savoir qui je suis…
-Cela ne fait pas de toi qui tu es, à mon avis. Mais bon… Tu as déjà essayé de sortir avec une fille ?
-Non… J’ai pas envie de briser le cœur de quelqu’un avec mes incertitudes …
-Je vois… Dans ce cas… Je veux bien te servir de cobaye !

Devant l’incompréhension de Caroline, je l’invite à se lever. Elle n’arrête pas de me poser des questions, me demandant ce qu’il peut bien se passer dans ma tête. J’avoue que mon idée est complètement débile. Nous sommes amies et il est probable que cela ne donne rien. Mais bon, elle ne pourra jamais se permettre de faire ça avec une autre fille sans risquer de lui faire du mal. Alors, au nom de notre amitié, je suis prête à donner de moi-même pour lui donner un coup de main !
Alors, une fois toutes les deux debout, je m’approche d’elle… et je l’embrasse. Je sens qu’elle est surprise et qu’elle ne s’y attendait absolument pas. Néanmoins, elle se laisse faire et finit même par répondre à mon baiser, comme si elle a compris l’idée que j’ai derrière la tête.

-Alors ? T’as ressenti un truc ? Lui demandé-je une fois que j’ai libéré ses lèvres. J’affiche un grand sourire, fière de mon coup, et Caroline me sourit à son tour.
-T’es complètement tarée ! Éclate-t-elle justement de rire. Ce qui me rassure, quelque part. Au fond de moi, j’avais un peu peur qu’elle le prenne mal, même si, si je me suis permise de l’embrasser, je savais qu’elle allait bien le prendre. Et je ne sais pas si c’est fiable ! T’es ma meilleure amie, c’est trop bizarre !
-Ce qui pourrait compliquer les choses, c’est si ça m’avait fait quelque chose ! Mais rassure-toi, je suis toujours aussi hétéro qu’avant ! Tu ne risques pas de me briser le cœur en me mettant dans la friendzone !
-Et bien… Disons que ce n’était pas désagréable… Mais j’imagine que ce serait différent avec une fille avec qui je veux sortir.
-Oh ! Caro ! Tu ne veux pas sortir avec moi ? Tu me brises le cœur !! Fais-je semblant d’être anéantie, provoquant l’hilarité de ma meilleure amie.

Une fois remises de notre fou rire, nous décidons de profiter enfin des jeux d’eau du parc, ainsi que de la piscine. L’endroit doit être magnifique lorsqu’il y a un grand soleil mais malheureusement, le temps est gris. De ce fait, l’endroit parait triste, d’autant plus qu’il n’est pas forcément très bien situé. Il y a quand même un sacré décalage entre le centre de Newcrest et le décor des Caraïbes du parc aquatique.
Malgré tout, cela ne nous a pas empêché de bien profiter de l’endroit, même lorsque la nuit a commencé à tomber.

En rentrant, je suis crevée. Je n’ai qu’une hâte : me mettre au lit et dormir jusqu’à lundi. Oui, j’ai l’intention de passer mon dimanche sous la couette, mais je ne suis pas certaine que mes parents me laissent faire.
Monde cruel !
-Tu as passé une bonne journée ma puce ? Me demande ma mère, installée sur le canapé, tandis que Papa travaille son déhanché…. Je crois que j’aurais préféré ne pas voir ça.
-Oui mais je suis crevée ! Je fais un tour dans la salle de bain et dodo !
-Caroline va bien ?
-Oui Maman, mais je suis fatiguée. Soupiré-je, fatiguée par les questions de Maman.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 48

Rosae

Le temps file et j’essaie de partager mes loisirs du mieux que je peux entre mes amis et Sven, même si, je dois l’avouer, j’ai une fâcheuse tendance à privilégier les moments que je passe avec mon correspondant qui n’est plus seulement ça, à présent. Je profite de chaque instant, pendant qu’il est encore là. Je joue sans doute un jeu dangereux, mon coeur ne sortira certainement pas indemne dans cette histoire, lorsqu’il partira, mais je refuse d’avoir des regrets.
Et puis, ma vie ne s’arrête pas à Sven. Nous sommes d’accord là-dessus, notre relation est ouverte, nous en avons reparlé par la suite. Il fait ce qu’il veut de son côté et moi aussi.
Aujourd’hui, c’est le Jour de l’Amour. Nous avons décidé de se voir avec Sven, mais il n’est pas disponible avant la fin d’après-midi.
Du coup, quand Pierre m’a supplié de sortir avec lui dans un bar, parce qu’il ne veut pas passer cette journée tout seul, je n’ai pas pu lui dire non. Cela fait un moment que je ne l’ai pas vu, lui aussi à pas mal d’occupation de son côté. Si bien que je suis surprise qu’il m’ait appelé, moi, aujourd’hui.

-Salut Rosie ! Me salut-il aussitôt lorsque je le rejoins à Windenburg. Comment tu vas aujourd’hui ?
-Ca va et toi ? Lui réponds-je avec le sourire. Alors comme ça, on a perdu de passer sa journée de l’amour tout seul ? Me moqué-je ensuite avec un sourire taquin.
-M’en parle pas ! Et surtout, j’avais aucune envie de rester à la maison avec ma mère qui fait la tronche parce que mon père est sorti je ne sais où et mon frère qui boude sans arrêt dans sa chambre sans raison !

Je ne peux que compatir. Maintenant que je connais le passé commun entre ma mère et son père, je ne peux m’empêcher de me dire qu’il est parti voir ailleurs. Ce qui expliquerait l’humeur catastrophique de sa mère. L’ambiance ne doit pas être toute rose à la maison.
Par contre, je suis plus surprise pour Paul. Il a toujours été quelqu’un de réservé, mais je ne l’ai jamais vu déprimé. Passerai-je tellement de temps avec Sven que je n’aurais pas remarqué que mon ami ne va pas bien ?

-Que lui arrive-t-il, à Paul ? M’inquiété-je alors.
-Aucune idée. Il a peut-être eu le cœur brisé par une meuf, que veux-tu que je te dise. Il n’est pas très doué avec les filles alors ça serait pas étonnant. Hausse-t-il les épaules avec nonchalance. Visiblement, l’attitude de son frère ne le préoccupe pas plus que ça.
-Ouais, contrairement à toi j’imagine… Je suis d’ailleurs étonnée que tu n’es pas réussi à te trouver une fille pour passer cette journée en bonne compagnie. Le taquiné-je, ensuite.
Car enchaîner les conquêtes semblent être de famille. Pierre est le genre de gars qui aime les filles et qui ne veut pas se retrouver enchaîner à l’une d’elle. Alors, il s’amuse à draguer à droite à gauche et de profiter de ce qu’elles veulent lui offrir.
Un vrai bourreau des cœurs, en somme.
Personnellement, je me fiche bien de ce qu’il fait. Il veut s’amuser, c’est tout. Même si, parfois, je tique sur son manque d’honnêteté vis-à-vis de ces filles, mais cela ne me regarde pas, après tout.

-Qui te dit que je ne passe pas la journée en charmante compagnie ? S’en amuse-t-il alors, tout en se rapprochant de moi, arborant un sourire charmeur.
-Parce que tu es avec moi.
-Et alors ?
-Et alors, je ne ferai pas partie de ton tableau de chasse. D’autant plus que je ne pourrai pas rester. Lui signalé-je, plus amusée qu’autre chose. Pierre est un charmeur qui ne peut s’empêcher de séduire tout ce qui porte une jupe. Ce n’est pas la première fois et nous avons pris le parti d’en rire.
-Ah oui, tu dois rejoindre ton beau suédois ! Mais je croyais que vous n’étiez pas exclusif ?
-C’est le cas mais cela ne veut pas dire que je souhaite faire partie de tes nombreuses conquêtes. Bon, si on entrait ? Ca serait bête de venir dans un bar pour rester dehors comme des andouilles !
-Après toi ma belle ! Je te suis, j’aurais un meilleur angle de vue !
-Idiot ! Ne puis-je m’empêcher de rire de sa bêtise tout en lui donnant une tape sur l’épaule.

Nous entrons donc dans le bar où nous commandons des sodas. Nous sommes encore mineurs et, même si Pierre fait un peu la tête, nous sommes encore trop jeunes pour avoir accès à des jus de fruit plus corsés. Personnellement, je m’en fiche, je ne suis pas là pour finir complètement jusdefruitée.
Nous parlons beaucoup, avec Pierre. Parfois sur le ton de la blague, parfois plus sérieusement. Il n’a pas l’air comme ça, mais il s’inquiète un peu de ma relation avec Sven. Il a peur que j’y laisse des plumes. Je lui avoue que son départ ne sera pas facile, mais que je m’en remettrai.
C’est justement le but de la non-exclusivité. De garder une distance, entre nous, en restant ouvert à d’autres opportunités.
Puis, Pierre me fait rire, ce qui permet de détendre l’atmosphère et de me faire penser à autre chose. Jusqu’à ce qu’il soit l’heure pour moi de partir. On se lève donc pour aller vers la sortie, quand Pierre m’arrête tout à coup.

-Pour te remercier d’avoir passé du temps avec moi. Me souffle-t-il avant de m’embrasser.
Je suis un peu surprise par son geste soudain, mais je me laisse faire. Je me surprends même à répondre à son baiser. Ce n’est pas désagréable et cela m’amuse plus qu’autre chose.

-Je te l’avais dit que je passais la journée en charmante compagnie ! S’exclame-t-il ensuite avec un sourire victorieux. Il en fait des caisses pour un simple baiser sans importance, mais il me fait rire.
-Je te trouve bien sûr de toi pour un simple bisou !
-Un simple bisou ? Je suis outré ! Un baiser d’un Lothario, c’est du grand cru très chère ! Cela ne se résume jamais à un « simple bisou » ! Dire cela revient à donner de la pâtée au cochon ! Fait-il mine d’être choqué, comme si j’avais dit une énormité. J’éclate de rire face à sa bêtise.
-Que t’es bête !
-Mais c’est pour ça qu’on m’aime, très chère ! Se vante-t-il une nouvelle fois, sur le ton de la plaisanterie. Bon je te laisse ! A plus dans l’bus !

Il s’en va du bar en me saluant de la main. Je ne m’en fais pas pour lui, je doute qu’il rentre gentiment chez lui dans l’immédiat. Il ira ailleurs, et il trouvera certainement une nouvelle fille à séduire pour passer le temps et tester ses techniques de séduction.
Il prend tout cela pour un jeu et il s’en accommode très bien.
En cet instant, je l’envie. Car, bien malgré moi, je ne peux m’empêcher de m’en vouloir pour ce b.aiser. Je n’ai rien fait de mal, je le sais. Ce n’était qu’un b.aiser qui ne voulait rien dire, c’était juste pour s’amuser. Mais je culpabilise vis-à-vis de Sven, c’est plus fort que moi. J’ai voulu cette relation ouverte et je ne regrette pas mon choix. Mais c’était comme si j’étais programmée pour culpabiliser d’en avoir embrassé un autre.
Comme si, une petite voix dans ma tête me disait « tu ne devrais pas faire ça, tu ne devrais qu’être avec un seul homme ».
Je ne veux pas écouter cette voix. C’est une rabat-joie. Mais elle insiste, et je fais tout pour l’envoyer promener.
Je suis jeune, notre relation n’a aucun avenir. J’ai le droit de m’amuser, moi aussi.

Avant de me prendre davantage la tête, je quitte le bar pour rejoindre Sven. Avant d’aller aux Falaises, je fais un léger détour et je m’empresse de prendre le ferry pour rejoindre l’île de Windenburg. C’est un endroit magnifique et quelque part, bien caché se trouve des falaises avec des ruines anciennes. Je n’y suis jamais allée, mais j’en ai beaucoup entendu parler.
Alors j’arrive sur l’île, je me faufile dans la nature, je grimpe et j’accède dans les hauteurs. Je finis par arriver à destination et je vois Sven qui est déjà là.
Aussitôt, en le voyant, mes soucis s’envolent.
-Hey Sven ! Tu as réussi à trouver ! M’exclamé-je avec un sourire, tachant d’ignorer la pluie qui commence à tomber.
-Oui c’était pas bien compliqué ! J’ai déposé quelques affaires là-bas et je t’ai attendu ici. Me répond-t-il en me souriant tendrement. Son sourire me fait fondre.
-Ca fait longtemps que tu attends ?
-Une vingtaine de minutes je dirai… Mais c’est pas grave, j’étais en avance. Me rassure-t-il aussitôt alors que mon visage se décompose. Je m’en veux un peu qu’il est autant attendu… Mais en y réfléchissant, il a juste un ferry d’avance par rapport à moi.

-Désolée que tu ais du attendre, mais j’ai fait un petit détour en chemin. Lui avoué-je, un peu honteuse malgré les considérations techniques. De derrière mon dos, je sors alors une rose rouge que je lui tends aussitôt. Joyeux Jour de l’Amour Sven!
-Oh, merci Rosie ! Semble-t-il touché, alors que ses joues s’empourprent toute suite après découvert la fleur. Je… Je m’y attendais pas… Je suis désolé, j’ai rien pour toi, je savais pas…
-Te prends pas la tête Sven. Lui dis-je, amusée. C’est une tradition locale ici. On offre des fleurs le Jour de l’Amour, tu ne pouvais pas savoir.
-C’est une bonne tradition.

Suite à ses paroles, Sven s’approche de moi pour me prendre dans ses bras. Il s’empare de mes lèvres et je me sens légère. Je chasse Pierre et son baiser de mon esprit et je laisse toute la place à Sven. Je n’ai rien fait de mal et même si nous sommes dans une société qui ne tolère pas les relations ouvertes, je n’ai pas à m’en vouloir. Surtout que c’était juste une plaisanterie entre potes.
Et la vie est trop courte pour se prendre la tête et je suis tellement bien avec Sven que j’en oublie même la pluie qui tombe.

Après notre baiser, nous nous découvrons un peu plus les hauteurs des falaises. Le paysage est à couper de souffle et je comprends mieux pourquoi beaucoup de jeunes se cachent ici pour faire la fête. Il n’y a absolument personnes à déranger et la vue est splendide.
D’aussi haut, on a l’impression d’être invincible et les maîtres du monde.
C’est certainement ce qu’on du ressentir les gens qui vivaient ici, autrefois. Il ne reste plus rien que des ruines, et un plan d’eau qui n’a absolument rien de naturel. Peut être un ancien bain qui n’est alimenter que par l’eau de pluie aujourd’hui.
J’observe Sven avec une lueur taquine dans le regard. Je prends mon sac et je fonce me cacher derrière un buisson. Il ne me suit pas et se contente d’attendre. Je me change en vitesse et je m’attache les cheveux, pour ensuite le rejoindre. Il hausse un sourcil incrédule, se demandant sans doute ce que je fabrique en maillot de bain.
Avec un sourire amusée par son étonnement, je m’empresse de courir vers l’eau, sauter et plonger !
-Aaah elle est froide !!! M’écrié-je en sortant la tête de l’eau.
-C’est ça quand on plonge sans réfléchir ! Ne peut s’empêcher d’éclater de rire Sven. Au printemps alors qu’il pleut en plus !
-Et si tu venais me rejoindre au lieu de rigoler ? Le défié-je alors. Elle est bonne une fois qu’on est dedans !
J’avoue, je ne suis pas tout à fait honnête. Disons que la température de l’eau est… revigorante.
Bien qu’il ne soit pas dupe, Sven se déshabille quand même. Bien plus prévoyant que moi, il avait déjà son maillot de bain sur le dos… ou plutôt sur les fesses. Hmm… Une fois dévêtu, je me surprends l’admirer et je sens mes joues rosir. Un peu gênée, je cache le bas du visage sous l’eau, attendant patiemment qu’il veuille bien me rejoindre.
Ce qu’il fait sans attendre et je le vois grimacer.
-Il caille la vache !

-Fallait pas me faire confiance ! M’en amusé-je avant de l’éclabousser pour le mouiller davantage.
-Vilaine ! C’est moche de faire souffrir les autres ! Plaisante-t-il à son tour.
-Pauvre chou ! Tu vas pas en mourir ! Ne puis-je m’empêcher de rire, fière de ma blague. Il faut dire que je donne de ma personne pour tenter de le transformer en glaçon !
-Qu’en sais-tu ? Aaah !! Je meurs ! Fait-il mine d’avoir une crise cardiaque, en se tenant la poitrine avant se laisser couler sous l’eau.
-Andouille !! M’exclamé-je en continuant de rire avant de nager vers lui pour l’attraper par le bras et l’obliger à remonter à la surface. Je prends son visage entre mes mains pour ensuite l’embrasser.
-Miracle ! Je suis ressuscité ! Me sourit-il tendrement avant de m’embrasser à son tour, avec passion et en me serrant contre lui. Je m’accroche à son cou comme si ma vie en dépendait, refusant de me séparer de lui.
Sven recule un peu, sans pour autant me lâcher, pour prendre appui sur un rocher. Je passe mes jambes autour de sa taille et nous restons ainsi pendant un long moment. Nous nous embrassons, nous nous câlinons et c’est comme si le temps n’existait plus. Je ne me rends même plus compte que je suis frigorifiée, malgré la chaleur que m’inspire Sven.
-On devrait sortir de l’eau. Me souffle-t-il avec tendresse. Tu trembles comme une feuille.
-Mais non, je suis bien, ça va aller. Lui assuré-je, ignorant que je claque des dents.
-Arrête, t’as les lèvres limite bleues. Je ne voudrai pas que tu tombes malade. Me dit-il en me caressant doucement la joue.

Résignée, je finis par m’éloigner de lui pour ensuite nager jusqu’au bord de l’eau. Je sors et je sautille sur place pour me réchauffer. C’est vrai que j’ai froid mais j’étais tellement bien dans ses bras que je n’avais aucune envie de briser le charme du moment. Je prends une serviette de bain pour me sécher et tenter de calmer les frissons qui me parcourent le corps.
Sven sort de l’eau à son tour et entreprend également de se sécher. Contrairement à moi qui tarde un peu, il se dépêche de se rhabiller. Il m’embrasse la joue, puis part à la recherche de mes affaires que j’ai laissé derrière mon buisson.
En revenant, il n’a pas seulement mes vêtements dans les bras.

-Regarde ce que j’ai trouvé en cherchant tes affaires. Est-il tout content de me dire, tout en me tendant une rose rouge.
-Sven ! Tu n’étais pas obligé ! Lui dis-je, surprise mais touchée par son geste.
-Je tiens à respecter les traditions locales. M’assure-t-il avec un clin d’œil, me tendant ensuite mes vêtements. Tiens, rhabille toi, tu es gelée.
-Merci Sven, tu es vraiment adorable!

En bonne demoiselle sage, j’obéis et je m’exécute. Je me dépêche de me rhabiller et je me sens mieux avec mes vêtements sur le dos. Néanmoins, pendant tout le temps où je renfilais mes affaires, j’ai remarqué le regard que posait Sven sur moi. Je n’ai pas vraiment d’expérience dans le domaine mais je peux, je pense, dire sans me tromper que la vue de mon corps ne le laisse pas indifférent.
Malgré que je sois de nouveau vêtue, je continue de trembler, ce qui inquiète Sven. Il me prend dans ses bras et tente de me réchauffer.

-J’ai repéré de vieilles palettes qui traînent par là. Avec du bois en plus, peut-être qu’on pourrait faire un feu, ça te réchauffera. Suggère-t-il alors, soucieux de prendre soin de moi.
Je n’ose pas lui dire que ses paroles suffisent à réchauffer mon cœur. Il s’éloigne de moi, et s’active aussitôt à tout rassembler. Avec une dextérité étonnante, il parvient à allumer un feu.

-Comment tu sais faire ça ?
-J’ai fait les scouts. M’explique-t-il en haussant les épaules, comme si c’était normal pour lui. Maintenant que le feu est allumée, il revient vers moi pour me serrer contre lui.
Grâce au feu et à sa présence, la chaleur prend petit à petit la place du froid dans tout mon être.

Je passe une journée extraordinaire. Je suis tellement bien que j’ai perdu la notion du temps. J’ignore depuis combien de temps je suis ici, avec Sven, ni quelle heure il est. Tout cela n’a plus d’importance… Tout ce qui m’intéresse, c’est de profiter de l’instant présent, avec Sven.
Et d’un autre côté, cela me fait peur. Que se passera-t-il lorsqu’il repartira pour la Suède ? Il a pris une place tellement importante dans ma vie que j’ai du mal à l’imaginer sans lui. Nous vivons tellement de choses incroyables, mes sentiments sont si forts… j’ai l’impression que la perspective de son départ amplifie tout, absolument tout. Comme si nous devions vivre plus, profiter plus, ressentir plus… Avant que la géographie rendre tout cela impossible.
-Tout va bien Rosie ? Tu as l’air ailleurs.
-C’est rien, je suis juste un peu fatiguée.
-Tu veux rentrer ?
-Non, je veux rester ici, avec toi.

Comme pour le rassurer, je me tourne alors vers lui pour l’embrasser sur la joue. Il se laisse faire, le sourire aux lèvres. Doucement, je pose ensuite ma tête sur son épaule, cachant mon visage dans le creux de son cou. Par moment, je déteste ma vie, même si je n’échangerai pour rien au monde ces moments éphémères.
Pourquoi faut-il qu’il vive aussi loin ?
-J’ai emmené une tente si tu veux. Au cas où qu’on veuille se reposer en étant à l’abris… Tu veux que je l’installe ? Me propose Sven et sans attendre ma réponse, il entreprend déjà de monter la tente.
-Mais Sven… Comment ça se fait que tu sois aussi gentil ?! M’écrié-je alors, ce qui le fait aussitôt rire.

-Et voilà Mademoiselle ! Votre palais est prêt ! S’exclame-t-il, fier de lui, une fois la tente montée.
Je ne peux m’empêcher de rire avec lui, devant sa tente tout ce qu’il y a de plus classique. Je m’approche donc de l’entrée et je me penche pour aller à l’intérieur. Mais à mi-chemin, je m’arrête pour le regarder.

-Tu viens avec moi ?
-Si tu veux. Me sourit-il en réponse.
Nous entrons donc à l’intérieur de la tente et nous nous allongeons. Installé sur le dos, Sven m’ouvre ses bras pour que je vienne m’installer contre lui. Ce que je fais sans attendre. Lovée ainsi dans ses bras, je me sens si bien. Tout mon corps se détend alors, bercé par le rythme de sa respiration. Mais je n’ai aucune envie de dormir. Je relève donc mon visage vers le sien et je l’embrasse doucement. Sven répond à mon baiser sans attendre et nous restons ainsi, dans les bras de l’autre, à nous embrasser. D’abord tendrement, puis de plus en plus passionnément, sans interruption.

-Rosie, je crois qu’il vaudrait mieux arrêter. Me murmure subitement Sven, le souffle court, alors qu’il est déjà à moitié sur moi.
-Pourquoi ? Lui demandé-je sans comprendre n’ayant qu’une seule envie : continuer.
-Parce que là, j’ai envie d’une chose et je ne suis pas certain que c’est ce que tu veux. M’avoue-t-il, embarrassé. Il n’a pas besoin d’en dire plus pour que je comprenne.
-Continue, Sven. Lui soufflé-je, sûre de moi, sans y réfléchir davantage. Je n’ai aucune envie de réfléchir, d’ailleurs.
-Tu es sûre ? Semble-t-il étonné, tout en me caressant les cheveux.
-Oui, Sven. C’est peut-être fou mais… J’ai envie que ma première fois, ce soit avec toi. Lui avoué-je, me sentant rougir à ces mots.
Il me sourit alors, avec tendresse. Il approche donc son visage du mien pour reprendre ses baisers enflammés. La suite se passe de commentaire, tout se déroulant tout naturellement…

Nous sommes restés un moment dans la tente, dans les bras de l’autre. Le soleil commence doucement à se coucher, lorsque nous en sommes sortis. Nous nous allongeons sur le sol afin de profiter de ce spectacle. Pendant que j’observe le paysage, je laisse mon esprit vagabonder au delà des nuages.
Mes choix ne sont sans doute pas des plus raisonnables, mais je n’ai aucun regret. Je sais que la chute sera rude mais je profiter de l’instant présent sans penser à demain. Je n’ai aucune envie que plus tard, lorsque je repenserai à cette époque de ma vie, je me dise que j’aurais du agir autrement.
En cet instant, je n’ai jamais été aussi heureuse. Autant rester dans l’insouciance le plus longtemps possible.