Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 12

Un soir, après avoir couché les jumeaux, je me pose une minute sur mon lit. Je suis prête à me coucher, mais j’ai encore un peu de ménage à faire. Je suis un peu découragée par tout ce que j’ai à faire, mais rester allongée quelques secondes ne devraient pas poser de problème.
Mais soudain, je me sens toute drôle. J’ai la tête qui tourne, et j’ai l’impression d’être dans l’incapacité de bouger.
J’ouvre les yeux et ma vision est floue. C’est comme si j’étais dans un rêve étrange.

-Papa ?! M’étonné-je, en croyant le reconnaître à côté de mon lit.
Qu’est-ce qu’il fait là ? Je ne comprends pas ce qui se passe ? Est-ce réel ou est-ce que je divague ?

Soudain, sans que je ne l’ai décidé, je me lève. Mon corps bouge tout seul mais une fois debout, mes jambes semblent avoir du mal à soutenir mon poids.
Plus les secondes passent, moins je parviens à rassembler mes… pensées.
Je ne… comprends rien. Mon… père ne dit pas … un mot.
Je vois vaguement ses mains bouger. Et une sorte de … Une lumière verte … sort de ses mains.
Ma vision se fait… plus floue. Je discerne de moins en moins … son vi…sage.

C’est comme si je quittais mon corps. J’ai l’impression d’assister à la sc…scène… de l’extéri..eur. Comme une… spec… spec.. tatrice.
Je sens quelque… chose… me piquer le cou. Une piqûre… vi… ve. Douloureuse. Vague…ment.
Pa… Papa… Qu’est-ce que tu fais ?
Je ne sais plus si … Je l’ai… dit… Oui c’est juste… Dans ma tête.
Puis… C’est le trou noir.

Au petit matin, je me réveille dans mon lit. Je ne comprends absolument pas ce qu’il s’est passé. J’ai l’impression de mettre endormie et d’avoir fait un rêve bizarre. Ce qui ne serait pas totalement impossible étant donné que mes enfants me demandent beaucoup d’énergies.
Mais, je me sens comme vidée, sans énergie. Comme si la nuit de sommeil n’avait pas été réparatrice. J’ai du mal à avancer et à me préparer pour aller travailler.
Ryan et Roxane sont pleins d’énergies et j’ai du mal à les suivre. Mais il faut que je m’occupe d’eux avant de les déposer à la garderie. Je respire, j’essaie de tenir le coup.
Je n’ai pas eu le temps de manger chez moi. En arrivant au travail, je me dirige directement à la cafétéria pour me prendre un sandwich végétarien. Mes collègues me regardent bizarrement. Je dois avoir l’air d’un zombie.

Petit à petit, au fil de la journée, je commence à gagner en énergie. Je dois avouer que manger un bout m’a fait du bien. Ainsi, je peux me concentrer sur mon travail et sur les améliorations à apporter à mon invention, le RayonSim. Je suis certaine que son utilité peut aller au-delà de congeler les autres.
Et si je réussis, je pense que je devrais malgré tout passer une bonne journée. Ayons une pensée émue pour mes collègues qui vont devoir supporter mes expérimentations.

Une fois que Gégé a terminé d’améliorer mon RayonSim, il faut que je l’essaie. Normalement, si cela fonctionne, je devrais pouvoir obliger les autres à faire le ménage à ma place. Ainsi, si mes supérieurs me demandent de nettoyer derrière moi, je devrais pouvoir obliger un collègue à le faire à ma place. Ainsi, je pourrai me concentrer sur mes inventions.
Mais pour être sûre, il n’y a pas 36 000 solutions.
-Désolée pour toi, mais tu es la première que j’ai vu ! M’exclamé-je auprès de ma collègue qui ne comprend pas ce que je lui veux, avant d’avoir les yeux qui s’arrondissent de surprise en découvrant le RayonSim.

L’opération est un succès et ma collègue passe son temps à faire le ménage un peu partout dans le bâtiment. Tout le monde la regarde bizarrement et moi, je me retiens de rire. J’ai beau être fatiguée, ma petite blague me réveille et m’amuse beaucoup.
Du coup, je me demande ce que je peux bien faire d’autres avec mon RayonSim. Je retourne voir Gégé mais le pauvre a surchauffé. Avant de poursuivre mon travail, je fais appel à mes maigres notions en bricolage et je fais tout pour le réparer.

Une fois Gégé de nouveau opérationnel, j’ai continué à améliorer mon RayonSim. A priori, je devrais pouvoir forcer mes camarades à changer de tenue. Cela ne sert strictement à rien mais cela promet d’être drôle si cela fonctionne. J’ai hâte de voir la tête de mes collègues lorsqu’ils découvriront que leur blouse de travail a disparu.
Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour arriver à bout de mon amélioration. Une fois fait, je pars à la recherche de ma prochaine victime… Qui est en train de travailler sur le microscope. Ni une ni deux, je l’oblige à se mettre en pyjama.
-Ahah ! Excellent ! Sympa les chaussons lapins !
-Chaussons lapins ? S’en étonne-t-il aussitôt avant de regarder ses pieds. Maetha, qu’est-ce que tu as encore inventé ? Soupire-t-il ensuite de dépit.
-Je ne vois absolument pas de quoi tu parles ! Lui réponds-je en feignant l’innocence.
Oui, je suis fière de mon coup, mais pas au point d’avouer que je martyrise mes collègues.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 11

Ainsi, mes enfants sont maintenant d’adorables bambins. Mes amis et moi-même craquons complètement devant leur bouille. Les jumeaux prennent rapidement leur marque dans l’ensemble de la maison, alors qu’ils n’ont connu que leur berceau durant le début de leur vie. Maintenant qu’ils ont grandi et qu’ils peuvent marcher, c’est tout un univers de possibilités qui s’offrent à eux…

Je ne sais pas si c’est une bonne chose, car il va bien falloir que je les suive pour vérifier qu’ils ne s’amusent pas à s’auto détruire. Avec une mère comme la leur, il vaut mieux se méfier.
-Eh beh, tu es toute belle Roxane ! Maman t’a acheté une bien jolie combinaison pour les grosse chaleur ! Complimente Nick en voyant débouler Roxane dans une jolie combi short rose.
-Oui to bien! Confirme joyeusement ma fille en faisant un grand sourire charmeur à Nick avant de me regarder. Mama, faim !
-Oui ma puce, je m’occupe de ton frère et je t’installe sur ta chaise. Lui réponds-je calmement, tout en installant Ryan dans sa chaise haute. En effet, il est temps que les jumeaux profitent également des festivités du jour.

-Et toi Ryan, tu es content d’être un grand garçon maintenant ? Demande Nick pour attirer l’attention de mon fils, qui semble davantage intimidé. Néanmoins, il lui répond également avec un sourire, content que l’on s’intéresse à lui.
-Ouii !
-Il est trop chou, il va faire des ravages plus tard ! S’en amuse Charlotte, alors que Ryan la regarde d’un air intrigué.
-Tu m’étonnes ! Avec les yeux qu’il a ! Confirme Nick. Mais Roxane aussi va briser des cœurs !
-Eh vous deux, vous n’avez pas fini de faire grandir mes enfants trop vite ? Soupiré-je, ne souhaitant pas imaginer mes enfants sur le marché amoureux. Ils sont tellement petits que j’ai du mal à les imaginer adultes.

Ils ont beau être petits, ils manifestent déjà leur petit caractère. J’ai essayé d’installer Roxane sur sa chaise, mais elle a aussitôt demandé à en sortir. Impossible pour elle de rester tranquille ! J’ai fini par céder et je l’assois sur le fauteuil pour qu’elle puisse manger confortablement, tout en restant à côté de la table. Cette petite gourmande se jette littéralement sur le contenu de son assiette, appréciant visiblement ma cuisine. Cela lui changeait de son lait !
Lorsque je la regarde, je ne peux pas m’empêcher de remarquer la ressemblance avec Don. Même si elle a hérité de ma couleur de cheveux (au naturel, bien entendu), sa peau et ses yeux sont ceux de Don. La paternité de Don est évidente chez elle, et il ne pourrait la renier en la voyant. Néanmoins, je préfère faire fi de cette ressemblance. Roxane est ma fille, et non celle de Don. Je refuse tout lien entre eux, après qu’il nous ait complètement rejeté.

Ce qui est drôle, c’est que Ryan est tout l’inverse de sa sœur. Il a hérité des cheveux noirs de son géniteur, mais il a ma peau claire et mes yeux violets. Une particularité qui devrait lui facilité la tâche auprès des filles, je ne peux que l’admettre. Mais nous avons encore le temps avant d’y penser.
Pour le moment, il est absolument adorable, même s’il passe plus de temps à jouer avec sa nourriture plutôt qu’à la manger. Timide au début, voilà qu’il cherche à amuser la galerie. Ce qui fonctionne, puisque Charlotte et Nick ne cessent de rire et de s’attendrir devant ses pitreries.
J’avoue que moi aussi, il m’amuse. Même ce n’est pas de tout repos d’essayer de faire en sorte que le contenu de son assiette finisse dans son ventre et non sur le parquet.

En prévision de l’anniversaire des jumeaux, et ne pouvant pas déménager dans l’immédiat, j’ai fait construire une extension à la maison. Ils sont maintenant trop grands pour dormir avec moi et ils ont besoin de leur propre chambre. Dans le prolongement de la maison, un nouvel espace a été créé, accueillant une grande chambre ainsi qu’une salle de bain. J’en ai décidé ainsi puisqu’on est obligé de passer par l’extérieur pour rejoindre la chambre. De cette manière, cela sera plus facile pour la vie quotidienne.
En espérant qu’ils pourront s’épanouir dans leur nouvel espace.

En découvrant leur espace de jeux, les jumeaux sont fous de joie. Roxane se précipite aussitôt sur les cubes pendant que Ryan joue avec la maison de poupées. Je suis éberluée devant tant d’énergie.
Je soupire de dépit. La journée a été longue et même si Nick et Charlotte m’ont aidé à ranger avant de rentrer chez eux, je suis exténuée. Encore plus en voyant mes enfants s’amuser comme s’ils venaient de se lever. Mais où trouvent-ils toute cette énergie ?

Bien décidée à les coucher rapidement, je prends Roxane dans mes bras pour la mettre sur le pot. Je veux qu’ils soient propres le plus tôt possible, alors que je commence dès maintenant l’apprentissage de la propreté. Ma fille n’a pas été ravie que je l’arrache à ses cubes et semblait dubitative lorsque je l’ai installé sur le pot, mais elle a fini par se soulager. Je l’ai alors félicité et fais un câlin, en lui disant que j’allais maintenant la mettre au lit.
Mais lorsque je sors de la salle de bain, je découvre que Ryan a fait une grosse bêtise pendant que j’ai eu le dos tourné. Il a trouvé le moyen de casser la maison de poupées ! Je n’en crois pas mes yeux alors qu’il me scrute avec un air triste.
-Ryan ! Mais qu’est-ce que tu as fait ? Tu ne pouvais pas jouer tranquillement ! Le grondé-je aussitôt, ce qui a pour effet de le faire pleurer.

Je passe un temps fou à essayer de le consoler. Plus globalement, j’ai passé un temps fou à les mettre au lit. Lorsque j’en couchais un, l’autre en profitait pour se lever pour aller jouer. J’ai passé mon temps à leur courir après. Après une histoire, ils ont fini par s’endormir, à mon grand soulagement.
Doucement, j’éteins les lumières de la chambre, et je sors de la pièce à pas de loups. Je ferme la porte de l’extension sans faire bruit, et je soupire de soulagement une fois à l’extérieur. Je respire un grand bol d’air frais, puis je tombe à genoux sur le sol. Il ne m’en faut pas plus pour que je m’endorme par terre.
Mes jumeaux viennent tout juste de devenir bambins et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela commence bien.
Dur, dur d’être une mère célibataire.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 10

Le temps a passé. Depuis que j’ai congelé Don, il ne s’est plus pointé aux alentours de ma maison, et il n’a pas essayé de me joindre non plus. Quant à moi, je n’ai pas cherché à savoir s’il s’était libéré de la glace, ni ce qu’avait bien pu penser sa femme de le trouver cet état.
Ça me faisait de belles jambes.
Le temps commence à s’assombrir à Oasis Springs. L’automne s’installe et je me demande ce que la météo va me réserver dans les jours à venir. Ayant grandi en ville, je n’ai pas la moindre idée du climat du désert.
Aujourd’hui est un jour particulier, puisque c’est le Jour des Récoltes. A cette occasion, je ne travaille pas. Je ne saurais dire si cela me réjouit ou non de rester à la maison, ayant envie de gravir les échelons dans mon travail. Néanmoins, cela va me faire du bien de souffler un peu.
Et je dois avouer que j’aurais raté pour rien au monde ma maison décorée pour l’occasion.

Avant l’effervescence de la journée, je profite du calme avant d’entamer les préparatifs. N’ayant pas envie de passer la journée toute seule, et puisque c’était également l’anniversaire des jumeaux, j’ai invité Nick et Charlotte à la maison. J’étais un peu embarrassée de proposer cela a ma collègue, sachant qu’elle a sa propre famille, mais elle a tout de même accepté.
Un jour, il faudrait que je fasse connaissance avec son mari et son fils. Si ça se trouve, nos enfants seront les meilleurs amis du monde.
Pendant que je prends mon petit déjeuner, deux nains de jardin apparaissent subitement dans mon salon. En les voyant, je sursaute, surprise de voir des horreurs pareilles squatter ainsi ma maison. Je soupire devant mon pain perdu. Visiblement, la journée serait pleine de surprises mais je m’occuperai de ça une fois que j’aurais pris ma douche.

Après avoir enfilé ma combi-short -nous avons beau être en automne avec un ciel tout gris, il fait une chaleur caniculaire-, je me suis approchée du premier nain qui est apparu. Je ne sais pas ce que je suis censée faire avec ces trucs en terre cuite. Peut-être que si je suis gentille avec lui, il acceptera de partir avec ses potes ? Je lui ai préparé un petit sandwich au tofu pour ensuite le déposer à ses pieds.
Heureusement que mes enfants sont encore des bébés qui ne peuvent pas assister à cette scène absurde.
En une fraction de seconde, le sandwich disparaît et une auréole dorée apparaît au-dessus de sa tête. Je crois qu’il est content.
Mais il n’est pas parti. Ni lui, ni ses potes. Ingrat.

Un peu plus tard, alors que je m’affairais en cuisine, mes visiteurs sont arrivés. Je suis ravie de les voir. Même si je vois Charlotte tous les jours au travail, cela me fait plaisir de la voir en-dehors de tout contexte professionnel. Quant à Nick, je le vois régulièrement, mais dans un cadre de fête, cela me fait plaisir également.
Quant à il est arrivé d’ailleurs, nous avons démarré une partie d’échecs. Une partie que j’ai du interrompre, avec l’arrivée de Charlotte.
-Coucou ma belle, ça me fait plaisir de te voir ! La salué-je en la prenant dans mes bras.
-Moi aussi ça me fait plaisir ! Nick boude ? Me demande-t-elle en remarquant qu’il reste à l’écart.
-Non, je l’ai encore battu aux échecs. Il essaie de perfectionner sa technique mais je crois que c’est peine perdue. Me moqué-je, ce qui fait sourire mon amie.
-Tu ne diras plus la même chose quand je te battrai enfin !! Se défend aussitôt Nick, faussement vexé par ma remarque.

Nous discutons pendant un moment, racontant nos vies, plaisantant, profitant du moment entre nous. Par moment, je les laissais sur la terrasse pour aller voir mes enfants, réclamant l’attention de leur maman. Les pauvres souffrent de la chaleur et réclament beaucoup d’attention. Heureusement, mes amis sont compréhensifs et ils ne me tiennent pas rigueur de mes absences.
Puis, à l’heure du déjeuner, je sors la dinde du four. Nick semble surpris lorsque je la pose sur la table.
-Une dinde ? Je croyais que tu étais végétarienne ?
-C’est une dinde au tofu gros bêta !
-Gros bêta en chef ! Ça se voit que ce n’est pas une dinde classique ! Se moque à son tour Charlotte.
-Gnagnagna ! C’est consistant au moins ton truc ?
-On ne critique pas avant d’avoir goûté !
Nous rions et, lorsque que nous entendons des voisins chanter à tue-tête, nous chantons à notre tour. Puis, nous installons autour de la table pour goûter le plat. Malgré ses réticences, Nick apprécie la fausse dinde, même s’il refuse de l’avouer !

Cependant, nous avons interrompu le repas. Les jumeaux se sont faits entendre, manifestant leur envie de participer au festin. Nous sommes amusés et nous n’avons pas envie de les priver de la fête le jour de leur anniversaire.
Alors, nous nous sommes rendus dans la chambre. Charlotte et Nick s’amusent un moment avec mes enfants. Je les observe, émue de les voir aussi proches d’eux. Cela me fait plaisir d’avoir des amis sur qui je peux compter.
-Bon anniversaire les enfants! Nous exclamons-nous ensemble.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 9

Le lendemain de cette nuit d’égarement, je me sens bien étrange. L’instant était bien agréable, mais cela me laisse un goût amer dans la bouche. Je ne comprends pas pourquoi je me suis laissée séduire par Don. Par envie ? Par nostalgie ? Par ennui ?
Je n’en sais rien.
J’ai juste regardé le plafond pendant des heures, essayant d’ignorer les ronflements d’un Don satisfait d’avoir obtenu ce qu’il voulait.
Je me sens affreusement nulle. Je sais que je n’ai aucun avenir avec Don, que tout est parti d’un jeu et qu’il n’est pas un homme qui va tout abandonner pour assumer ses responsabilités. Il n’y a que dans les films que le héros se rend compte que de ses réels sentiments et quitte tout pour faire partie d’une famille.
Et ma vie n’est pas un film. La sienne non plus.
Je soupire, puis j’entends Roxane pleurer. Je devine qu’elle a faim. Je me lève donc pour m’approcher du berceau, puis je relève mon top pour lui donner le sein. Dans mon dos, Don se réveille et se lève.

-Hey beh, ça pleure fort ces trucs. S’exclame-t-il sur un ton heureux, alors que la façon dont il a surnommé mes enfants me reste au travers de la gorge. Merci pour cette nuit, c’était cool. Ajoute-t-il ensuite alors qu’il prend le chemin de la sortie.
-C’est tout ? Marmonné-je alors, avec aigreur.
-A la prochaine ? Ne semble-t-il pas comprendre, avant de me faire un grand sourire charmeur pour ensuite, partir en sifflotant joyeusement.
A croire que pour lui, la situation est parfaitement normale.

Je soupire de dépit, tandis que je termine de m’occuper de ma fille. Je jette un œil à Ryan et constate qu’il dort profondément. Je n’ai pas le courage de le réveiller pour le nourrir et j’en profite pour prendre un bain et me détendre un peu.
Je ne sais pas à quoi je m’attendais avec Don. J’espérais un peu plus de considération de sa part, pour moi et pour nos enfants.
Mais non. Il a certainement du se disputer avec sa femme et il est allé voir la première andouille venue pour se faire plaisir.
Et je suis l’andouille qui a été suffisamment débile pour laisser tomber ses bonnes résolutions pour succomber à deux beaux yeux verts.
Je m’allonge au fond de la baignoire, plongeant la tête sous l’eau. Je fais n’importe quoi. A une époque, cela ne m’aurait pas dérangée qu’il vienne et qu’il reparte ainsi. Il l’a déjà fait par le passé lorsque nous étions de simples copains de couette. Mais désormais, je suis mère. J’ai deux enfants qui comptent sur moi. Je n’ai pas voulu qu’ils viennent au monde et ce n’est certainement pas ainsi que je m’imaginais fonder une famille. Cela n’empêche pas qu’ils sont là aujourd’hui. Leur père ne veut pas d’eux dans sa vie, mais ils font partie de la mienne pour le restant de mes jours.
Je ne peux plus faire n’importe quoi. Je ne peux pas laisser leur père aller et venir à sa guise sans qu’il ne s’implique dans leur vie.
Ce n’est pas bon pour eux. Il vaut mieux qu’il n’ait pas de père plutôt que lui.
Je sors la tête de l’eau pour respirer un grand coup.
Don Lothario, plus jamais je ne te laisserai polluer nos vies.

Après mon bain, je m’occupe tranquillement de Ryan qui s’est réveillé en gazouillant dans son berceau. Je souris et je m’attendris devant sa bouille. Je m’amuse en voyant qu’il fait des bulles avec sa salive. Je lui donne à manger, lui fais des câlins avant de le recoucher.
Je vais dans la cuisine pour me préparer de la salade de fruits pour le petit-déjeuner. Je soupire en ressentant la chaleur étouffante malgré que l’on soit en automne. J’ai opté pour une tenue légère pour supporter la canicule et j’observe le ciel nuageux d’un œil intrigué.
Dommage que les nuages ne rafraîchissent pas beaucoup le climat du désert.

Après le petit déjeuner, j’ai déposé les jumeaux à la garderie et je suis partie au travail. J’ai discuté un bon moment avec Charlotte, qui m’a conseillé de ne plus revoir le père de mes enfants. Mes jumeaux n’ont pas à voir leur père profiter de leur mère ainsi.
Ce n’est pour bon pour personne, et je suis bien d’accord avec elle.
Don a bien trop profité de la situation.
Et cela m’a donné des idées. J’ai passé ma journée avec Gégé, ravi de m’aider à créer une nouvelle invention. Petit à petit, elle prend forme. Petit à petit, je souris en la voyant, pressée de la tester.
Et je connais déjà mon premier cobaye.

Ainsi, après le travail, je me rends directement dans le quartier riche d’Oasis Springs. Je suis admirative devant les grandes maisons, toutes magnifiques et tellement typiques de la région.
En découvrant celle où vit Don, mon cœur se serre. Mes enfants vont vivre dans une petite maison avec un agrandissement bricoler pour les accueillir, alors que leur géniteur profite d’une grande maison, tout à son aise.
Je soupire, et je toque à la porte. J’attends vaguement une voix, m’autorisant à entrer.

J’entre à l’intérieur et j’essaie d’ignorer le décor qui m’entoure. Je sais que Don profite de la fortune de sa femme, qu’il n’a rien mérité. Néanmoins, je ne peux m’empêcher de me dire que mes enfants n’auront peut-être jamais le droit à un tel train de vie. Je chasse ces idées de ma tête, et je pars à la recherche de Don.
Je le trouve rapidement, sur le balcon de sa chambre, frappant son pushing-ball. Je n’ai vu personne à part, et je regrette presque l’absence de sa femme. Tant pis, je me contenterai seulement de ce que j’ai prévu.
Il semble surpris de me voir. Il ne s’attend absolument à ce que je vienne et il tourne la tête dans tous les sens pour vérifier que sa femme ne soit pas présente en ces lieux.
Je souris, amusée par son attitude. Je m’approche de lui, sans prononcer le moindre mot. Je le prends dans mes bras et je l’embrasse, juste pour faire baisser sa garde. Pour que lui-aussi, il tombe de haut.
Mae, je suis content de te voir. Mais tu ne peux pas rester ici. Me dit-il embarrassé. Dina peut rentrer d’un instant à l’autre.
-Oh ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de rester ici bien longtemps.

-Qu’est-ce que tu viens faire ici alors ? M’interroge-t-il, intrigué.
Je souris, et je le sens subitement méfiant. Il a raison de se méfier.
De mon dos, je sors ma toute nouvelle invention. Un RayonSim, que j’ai fabriqué mais dont je n’ai pas encore eu le plaisir de tester.
Mais je vais vite remédier à la situation.
Je le pointe alors en direction de Don, qui louche immédiatement dessus. Aussitôt, il commence à avoir peur.
-Euh Mae ? Qu’est-ce que tu fais ?
-Pourquoi tu as peur ? Il fait tellement chaud que je vais peut-être te rendre service. Tu vas avoir l’honneur d’être le premier à tester …. une sorte de clim améliorée.

Ni une ni deux, j’enclenche le RayonSim. Don fait un pas en arrière mais trop tard, il se transforme rapidement en un gros glaçon. A son visage, je sens qu’il est complètement éberlué. Visiblement, il ne s’attendait pas à ça.
Moi, je rigole franchement, fière de ma blague et de ma petite vengeance.
-J’ai trouvé de quoi rafraîchir tes ardeurs. Lui expliqué-je alors qu’il est dans l’incapacité de dire quoi que ce soit. Ne t’inquiète pas, avec cette chaleur, tu ne devrais pas rester coincé bien longtemps. Mais une fois que la glace aura fondu, oublie moi. Oublie mes enfants. Ne reviens jamais traîner autour de ma maison. Sinon, crois-moi, j’irai présenter mes enfants à ta femme. Je me demande ce qu’elle pensera du fait que ma fille ressemble étrangement à son mari. Ajouté-je, mauvaise, avant de partir en le laissant ainsi.

En rentrant à la maison, je suis ravie de retrouver mes enfants. Je libère la nounou et je vais voir mes bébés. Je prends tout d’abord Roxane dans mes bras, la berçant tranquillement. En la voyant, je n’ai aucun regret. Geler Don peut être moralement discutable, mais il fallait bien qu’il retienne la leçon qu’il ne peut pas venir ici au gré de ses envies.
Je ne veux plus faire les choses de travers. Je veux faire les choses bien.
Pour le bien de mes enfants.
Aujourd’hui, ils passent avant tout.
-Ne t’inquiète pas ma puce, je ferai tout pour que vous soyez heureux avec ton frère.

Après avoir couché Roxane, je retourne dans la pièce à vivre pour me préparer quelque chose à grignoter. Avec tout cela, je n’ai pas mangé depuis des heures et je meurs de faim.
Malheureusement, la fatigue se fait vite sentir. Je n’ai pas beaucoup dormir la nuit dernière, et l’adrénaline commence à redescendre. Je bâille, je bâille et mes yeux se ferment tout seul.
Avant que je m’en rende compte, je tombe à genoux sur le sol, puis ma tête fait connaissance avec le carrelage.
Très vite, je m’endors ainsi, en plein milieu de la cuisine.
Devenir une adulte responsable, ça épuise.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 8

Après la naissance de mes jumeaux, j’ai vite repris le travail. Non seulement, cela me fait des vacances -j’aime mes enfants plus que tout mais ne plus les entendre pleurer fait du bien aux oreilles- mais cela me permet également de ne pas m’enfermer dans mon rôle de mère. Je veux réussir professionnellement et ce n’est pas en restant à la maison que je vais y parvenir.
Et la garderie d’Oasis Springs est géniale avec les enfants, et j’ai toute confiance en eux.
En plus, j’avance doucement dans ma carrière et je peux enfin utiliser le gros microscope. Cette machine est géniale et je m’éclate comme une petite folle !

Voir mes collègues me fait du bien. Cela me change des deux mini-humains qui ont envahi ma chambre. Des adultes qui parlent et sont capables de tenir une conversation, c’est bon pour ma santé mentale.
En plus, je peux leur faire des farces sans passer pour un odieux individu et une mauvaise mère.
-Et là, BOUH ! Elle l’a BOUFFE tout cru ! Comme ça ! Bouuuh !!! Crié-je sur un collègue pour lui raconter une blague.
-Arrête, tu me fais peur ! Ça t’arrange pas la maternité !
-Les couches plein de cacas, ça m’inspire ! Mouahahahaha !

Fort heureusement, ma vie ne se résume pas seulement à m’occuper de Ryan et de Roxane et à travailler (et dormir).
Sinon, je pense que je deviendrai folle. Je suis une mère célibataire, je n’ai pas envie de vivre dans mon coin toute seule, sans personne sur qui compter réellement.
Ainsi, plusieurs soirs par semaine, je reçois mes amis. Le plus souvent, c’est Nick qui vient me voir à la maison. Charlotte vient aussi, mais plus rarement. Cela se comprend, elle a son propre bébé à s’occuper, alors que Nick n’a pas d’enfant. Ainsi, il peut plus facilement venir me rendre visite et me soutenir dans mon quotidien.

Souvent, nous dînons tous les deux et nous regardons la télé ou jouons aux échecs. Nous discutons aussi, beaucoup. Cela me fait du bien de me confier à quelqu’un de confiance. J’essaie d’être forte et de montrer que je parviens à gérer mes deux enfants, mais ce n’est pas toujours évident. D’autant plus que, parfois, je pense à Don qui lui, vit tranquillement sa vie sans se préoccuper de ses enfants. Mais je n’ai même essayé de le contacter. Il ne veut pas faire partie de leur vie, alors il n’a rien à savoir d’eux.
-Tout se passe bien avec les deux petits monstres ? Me demande Nick avec bienveillance.
-Ça va, je parviens à prendre mes marques. Ils sont mignons comme tout, je fonds devant leur bouille !
-Mais encore ?
-Mais ils pleurent tout le temps, de jour comme de nuit. Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre, voire les deux en même temps. Je les adore, mais cela m’épuise.
-Ne t’inquiète pas, ils vont finir par faire leur nuit et tu pourras dormir une nuit complète.
-Je le sais bien, et j’ai hâte ! Soupiré-je alors que l’un de mes bébés se fait entendre. Ah, aux pleurs, je dirai que c’est Ryan.
-Reste là, j’y vais. Propose aussitôt Nick en se levant.
-Tu n’es pas obligé, c’est mon fils.
-Je sais, mais tu es fatiguée. Pose-toi un peu et laisse super tonton Nick aller voir ce brave Ryan ! Me répond-t-il en riant, ce qui me fait instantanément sourire.

Nick s’éclipse aussitôt dans la chambre et quelques minutes plus tard, le silence règne de nouveau dans la maison. Je soupire de soulagement.
Nick a un vrai don avec les enfants. Je ne sais pas comment il fait, mais dès qu’il s’approche de Ryan ou de Roxane, ils sont calmes et ils arrêtent de pleurer en un temps record.
Je dois avouer que je suis touchée par son implication. Je crois qu’il aime s’occuper d’eux. Je me souviens de son visage quand il a vu les jumeaux. Il s’est illuminé et il semblait attendri devant leur frimousse. Il s’est très vite attaché à eux et n’hésite pas à m’aider à la moindre occasion.
Par moment, je me demande ce que je ferai sans lui, et lorsqu’il part, cela fait toujours un grand vide à la maison.

Un soir, alors que je suis seule avec mes enfants, la sonnette se fait entendre pendant que je berce Roxane qui tarde à s’endormir. Pensant que c’est Nick qui me rend visite, j’ouvre distraitement la porte de la chambre pour lui signaler qu’il peut entrer. Je retourne dans ma chambre pour finir de coucher Roxane, sachant qu’il allait m’attendre dans le salon.
Mais lorsque Roxane dort enfin et que je vais le rejoindre, une surprise m’attend. Ce n’est pas Nick qui se tient devant moi, mais Don.
-Qu’est-ce que tu fais là ? Lui demandé-je alors, sur la défensive.
-C’est notre enfant que tu tenais dans tes bras ? Me dit-il, sans répondre à ma question.
-Tu n’as pas répondu à ma question. Mais oui, c’était ma fille. Répliqué-je, niant sa paternité. Il est son géniteur, mais étant donné qu’il ne veut aucun lien avec elle, il m’est impossible de le considérer comme son père.
-Tu me manques.
-Et alors ?

Sur le coup, il ne me répond pas. Je remarque que son regard se pose sur les certificats de naissance des jumeaux, accrochés au mur à côté de mon bureau. Si je n’étais pas agacée par sa présence, je pourrai presque rire en voyant son visage blêmir.
-Nous avons des jumeaux ? Comprend-t-il alors. Visiblement, il s’est acheté une intelligence depuis que je lui ai annoncé ma grossesse.
-J’ai des jumeaux, nuance. Je te rappelle que tu as dit que tu ne voulais rien à voir avec eux.
-Je le sais bien Mae, mais je n’ai cessé de penser à toi depuis ce jour-là. Comme je te l’ai dit, tu m’as manqué.
-Comment va ta femme ?
-Il n’est pas question d’elle, Mae.
-Sans blague. Maugréé-je en allant m’installant sur le canapé. Il ne tarde pas à me suivre et à s’installer à côté de moi.

-Je t’assure Mae, je n’ai pensé qu’à toi et je suis désolé de t’avoir blessée. Me dit-il avec ses habituels yeux verts charmeurs. Même lorsqu’il essaie de se rattraper, Don Lothario reste Don Lothario.
-Il fallait peut-être y réfléchir avant Don.
-Je sais bien que je me suis comporté comme un abruti. Je n’aurais pas du réagir comme ça. J’ai tout gâché entre nous.
-Il n’y avait pas vraiment de nous. Soupiré-je dans un haussement d’épaules, ne sachant pas tellement ce qu’il veut.
Non, à vrai dire, j’ai ma petite idée en tête. Mais je crois que je suis trop blasée pour le mettre dehors.
Ou trop faible.

Je continue de l’écouter sans l’interrompre. Je fais mine de ne pas remarquer qu’il se rapproche de moi.
Je ne sais pas tellement ce que je fais. Je crois que ses compliments me font plaisir. Depuis la naissance des jumeaux, je me vois comme une mère, une scientifique, une amie… Mais plus tellement comme une femme.
A ses yeux, je me sens de nouveau attirante. Je ne suis plus une mère célibataire. Je suis juste Maetha Opaline, aux côtés d’un beau jeune homme. Il me murmure de belles paroles, et je m’autorise à y croire, ignorant cette petite voix qui me met en garde.

Petit à petit, j’oublie tout. J’oublie mes responsabilités et les leçons que j’ai reçu. J’oublie ma raison et je me laisse porter par le torrent. Lorsque Don s’approche de moi pour m’embrasser, je ne dis rien et j’accepte son baiser.
Comme une idiote, je ne le repousse pas. Comme une idiote, quand il me demande d’aller dans la chambre, j’accepte.
Même si je sais que c’est une très mauvaise idée.

Je ne sais plus ce que je fais. Je me fais plaisir sur le moment. Je me rappelle l’époque où je n’étais pas maman. Cela me fait du bien.
Mais quelque part, je sais que je fais n’importe quoi. Que ce n’est pas raisonnable. Don est venu avec une idée en tête, et a tout fait pour l’obtenir.
Faible comme je suis, je n’ai pas su résister. Je me suis laissée porter par ses belles paroles, oubliant la chute qui sera assurément douloureuse. Oubliant qui nous sommes, oubliant sa femme, oubliant qu’il ne veut pas de mes enfants.
Je ne sais pas ce qu’il me prend.
Je sais juste que je suis une idiote.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 7

Le temps file à une vitesse affolante. Je suis très occupée par mon travail et par mes amis, si bien que je ne pense plus à Don. Je ne sais pas si c’est une bonne chose ou une mauvaise, mais les choses se font ainsi. Pour le moment, je dois bien avouer que cela m’arrange.
Ainsi, cela m’évite de penser que je vais être seule à élever cet enfant, tandis que lui vivra des jours heureux avec sa femme sans se poser de question sur ce bébé qui va grandir sans son père.
Cela me fait soupirer sans cesse. Surtout quand je prends le temps d’observer mon ventre, que je trouve énorme. Lorsque je me regarde dans le miroir, j’ai du mal à me reconnaître. Moi qui appréciait ma poitrine d’une petite taille standard, voilà que j’ai l’impression d’avoir les seins de Pamela Anderson. Mon ventre très gros et très rond me donne l’impression d’être une baleine.
Je soupire de dépit lorsque je me mets à imaginer une baleine avec les seins de Pamela Anderson. Pamela Baleine, enchantée de faire votre connaissance.

Puis, un jour, alors que j’avais un peu mal au ventre depuis la veille au soir, l’évidence s’impose à moi alors que je m’apprête à faire une lessive.
Je perds les eaux. La douleur dans mon ventre se fait plus forte.
Je me tiens le ventre, je tente de respirer calmement. Mais en vérité, mon cœur bat à une vitesse folle. Je me mets à stresser. Je ne sais absolument pas quoi faire et j’ai peur. Savoir que l’on va être mère est une chose, le devenir en est une autre.
Je m’empare de mon téléphone et j’appelle la première personne qui me vient à l’esprit.

Par chance, il était disponible et il est venu me chercher aussitôt après avoir raccroché. Nick est vraiment adorable avec moi. Il fait preuve de patience pendant qu’il m’emmène à l’hôpital, alors que je suis la première à admettre que je suis insupportable. La douleur me fait dire n’importe quoi mais il ne réagit pas à mes paroles.
-Merci de m’avoir emmené. Lui dis-je, reconnaissante, une fois devant l’hôpital.
-C’est normal Mae, je n’allais pas te laisser toute seule alors que tu es sur le point d’accoucher. Tu veux que je t’accompagne à l’intérieur ?
-Si ce n’est pas trop te demander … J’ai la frousse Nick.
-T’inquiète pas, ça va bien se passer. Tente-t-il de me rassurer, bien que cela ne soit pas tellement efficace.

Je me dirige donc à l’accueil de l’hôpital, anxieuse par rapport à ce qui va se passer. J’essaie de gérer la douleur du mieux que je peux.
Mais je sens que cela ne va pas être facile lorsque je découvre la jeune femme blonde et maquillée comme une voiture, scrutant son ordinateur en mâchant négligemment un chewing-gum.

-Bonjour, je…
-Ouais, s’pour quoi ? Marmonne-t-elle machinalement, sans lever les yeux de son écran.
-Je suis enceinte et j’ai perdu les eaux. J’ai besoin de voir un médecin.
-Pourquoi faire ? Lève-t-elle un sourcil perplexe, ne semblant pas comprendre où je veux en venir. Je respire un grand coup, me retenant de lui hurler de me montrer son diplôme en papier mâché.
-Je vais accoucher, je dois voir un médecin.
-Mouais je vois. Veuillez patienter, quelqu’un viendra vous voir quand ça sera possible.
-Et cela prendre combien de temps ? M’inquiété-je alors.
-J’sais pas moi. Serrez les cuisses et prenez vot’ mal en patience hein.
Retenez-moi, je vais me la faire.

Pile au même moment, et heureusement pour la blonde de service, Charlotte m’interpelle dans mon dos. Je louche aussitôt sur son ventre plat. Elle a déjà accouché ? Je pensais pourtant qu’elle était tombée enceinte après moi. Visiblement non, et elle est l’heureuse maman d’un petit garçon. Etant déjà passé par là, elle tente de me rassurer comme elle peut, mais cela ne calme pas mon angoisse.
-Y’a un médecin qui va vous recevoir m’dame. Intervient subitement Barbie. Vous pouvez aller dans la salle d’accouchement.
-C’est par où ? Lui demandé-je vu qu’elle n’a pas eu l’intelligence de me l’indiquer dans la foulée.
-V’voyez la double porte là-bas ? Bah c’est par là. M’indique-t-elle dans un haussement d’épaules.
-Bon courage. Me souhaite alors Charlotte alors que je suis la direction indiquée. Je pense que pour la suite, il va falloir que je me débrouille toute seule.

Fort heureusement, je tombe toute suite sur un médecin en blouse rose, qui m’accueille avec un grand sourire bienveillant. Elle m’ausculte rapidement avant de m’emmener en salle de travail.
Je dois avouer qu’elle est très gentille et qu’elle fait tout pour me rassurer. Néanmoins, je reste stressée comme pas possible, d’autant plus en voyant l’énorme machine dans lequel elle m’installe.
Seigneur dieu, je crois que je vais vraiment mourir.
-Ne vous inquiétez pas madame, tout ira très bien. Je fais des accouchements tous les jours !
-Tant mieux pour vous, mais figurez-vous que c’est la première fois que j’accouche.

Elle rit et commence à faire son travail pour m’aider à mettre mon bébé au monde. C’est loin d’être le moment le plus heureux de mon existence. J’ai mal comme j’ai jamais eu mal et j’ai hâte que cela se termine. J’ignore si j’aurais un gentil bébé ou un monstre en couche culotte, mais cela m’importe peu à l’heure actuelle.
J’ai juste envie que mon bébé soit là, et d’entendre ses premiers cris.

-Et voilà la délivrance ! Dites bonjour à vos bébés ! S’exclame joyeusement le médecin, alors que mon cerveau beugue sur l’emploi du pluriel.
Mes bébés ? Comment ça mes bébés ?
-Que voulez-vous dire ? Il n’y en a pas qu’un ? M’écrié-je de surprise.
-Vous êtes l’heureuse maman de jumeaux ! Un garçon et une fille ! Comment allez-vous les appeler ?
-Je crois que je vais m’évanouir… Soupiré-je, n’en croyant pas mes oreilles.
En plus d’être un sacré bon amant, Don est également sacrément fertile. Deux bébés… Ce n’est pas un bébé que je vais devoir élever, mais deux.
Deux prénoms à trouver. Deux bouches à nourrir. Deux petits êtres qui vont compter sur moi pour leur survie dans ce monde de brutes. Qu’ai-je fait pour mériter ça ?

Malgré tout, je finis par me lever pour m’approcher du premier berceau que je vois. Un petit bébé est en train de gigoter à l’intérieur, criant à plein poumons. Je m’attendris aussitôt en découvrant sa frimousse. Je le prends alors dans mes bras pour le serrer contre mon cœur, qui se remplit d’amour pour ce petit être.
Avoir deux bébés n’étaient pas prévus. Même en avoir qu’un seul n’était pas à l’ordre du jour. Mais je les aime déjà mes petits anges et je ferai tout pour qu’ils soient heureux.

Nick, qui m’a sagement attendue dans la salle d’attente, m’a aidé à rentrer à la maison avec mes enfants. Il a été surpris d’en découvrir deux. Eh oui, quand Maetha Opaline fait quelque chose, elle ne le fait pas à moitié !
Mais il m’a tout de même aidé. Il a pris mon fils dans ses bras tandis que je tenais ma fille. Cela se voyait qu’il n’était pas à son aise, mais il s’est vite familiarisé avec ce mini-humain. J’ai aussi remarqué que cela lui faisait quelque chose de tenir mon bébé dans ses bras.
A la maison, je les installe dans leur couffin, dans ma chambre. La leur n’est pas encore prête pour les accueillir. Mais pour l’instant, ils ne prennent pas trop de place et peuvent rester ici.
Cela me fait tout drôle d’avoir maintenant deux bébés chez moi, dans ma chambre. Mais lorsque je vois leur bouille, je ne peux que craquer et je remarque déjà leur différence. Mon fils a le teint plus clair que ma fille. Les gênes Lothario sont bien visibles chez elle, et Don ne pourra pas la renier bien longtemps.
-Bienvenue à la maison Ryan et Roxane !