Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 30

Joy
J’ai passé une journée horrible aujourd’hui, au lycée. Non pas à cause des cours, car j’adore étudier et apprendre de nouvelles choses. En particulier les cours de sciences, c’est vraiment un domaine qui me passionne. Je crois que je tiens ça de Mamie, et c’est quelque chose qui me rend fière.
Non, si ma journée a été nulle, c’est à cause des autres.
Cette semaine est consacrée à l’orientation. Les professeurs nous encouragent à réfléchir à notre avenir, pour savoir ce que l’on veut faire de notre vie. Plein de lycéens prennent ça à la légère, d’autres paniquent un peu quand ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils veulent faire après le lycée. Personnellement, j’ai aucun doute.
Plus tard, je serai astronaute.
Je veux aller dans l’espace, travailler dans une fusée, découvrir de nouvelles planètes, rencontrer les extraterrestres. Je veux être la digne petite-fille de ma grand-mère ! Je suis sûre de moi et je ne cesse de me plonger dans les livres pour pouvoir atteindre mon objectif. C’est vraiment exaltant !
Mais, quand le professeur principal a demandé à tout le monde de présenter son projet d’avenir, tout le monde s’est mis à rire lorsque j’ai pris la parole. Visiblement, le fait d’être une fille, blonde aux yeux bleus, et discrète par-dessus le marché, décrédibilisent mon projet de devenir astronaute. Selon eux, et leur intelligence suprême, je devrais plutôt être esthéticienne, maquilleuse ou SimTubeuse beauté.
Bande d’arriérés sexistes et abrutis.

Et comme cela ne suffisait pas, ils se sont moqués de moi toute la journée. A mon avis, je vais en entendre parler toute la semaine.
Mais je m’en fiche. Ce n’est pas leur étroitesse d’esprit qui va me faire changer d’avis. Il ne faut juste pas s’étonner que je n’ai pas d’amis. C’est seulement que je n’ai pas de temps à perdre avec des débiles.
Malgré tout, ils ont réussi à m’énerver, et il va me falloir un moment avant de pouvoir me calmer. Heureusement, il y a les raviolis chinois de Maman pour me remonter le moral, ainsi que le doux regard de mon adorable toutou.
-Ah mon Phenix ! Tu dois bien être le seul mâle sur cette planète à être doté d’une intelligence ! Lui avoué-je alors qu’il semble me regarder avec compassion. A moins qu’il ne soit juste intéressé par mes raviolis. Mais ce n’est pas la peine de me regarder comme ça, je te donnerai rien. Ce n’est pas bon pour toi !
-Wouf ?
-Non Phenix, tu as tes croquettes si tu as faim !

Après que j’ai terminé mon assiette, Maman me propose de regarder le premier de la nouvelle saison d’une série qu’elle adore. Une énième série médicale. Ce n’est pas ce que je préfère, affectionnant davantage la science-fiction, mais cela lui fait plaisir. Je sais qu’elle a envie de passer du temps avec moi, alors je fais un petit effort. Même si cette série m’ennuie. C’est niais et complètement irréaliste.
Mon regard balaie rapidement la pièce pour essayer de me concentrer sur autre chose, quand je vois des touffes de poils joncher le sol.
-Maman, je crois qu’il va falloir investir dans un aspirateur. Phenix, il perd ses poils !
-Ah bon ? Me répond-t-elle distraitement, alors qu’elle est plongée dans sa série.
-Bah oui, regarde ! Il y en a partout !

Maman ne m’écoute que d’une oreille, et je crois que c’est peine perdu pour ce soir. Je soupire, puis je me lève pour prendre une pelle et une balayette pour enlever toutes les touffes de poils de Phenix. C’est fou tout ce qu’il peut perdre ! C’est à se demander comment il peut encore avoir du poils sur le dos !
Mais lorsque je le vois en train de dormir sur le dos, je me dis que cela ne doit pas spécialement le perturber, lui. Si j’avais su, j’aurais mieux fait de l’appeler Patapouf !

Je me plains de ses poils, mais Phenix est adorable comme chien. Maman a eu une bonne idée de l’adopter et c’est chouette de l’avoir à la maison. C’est un vrai compagnon dont je ne pourrai jamais me séparer. Je l’adore, mon toutou !
Maman aussi l’adore Phenix. Même si je suis censée m’en occuper toute seule, celui fait plaisir de le chouchouter aussi. Il est loin d’être malheureux comme chien !
Mais quand je vois Maman aussi proche de Phenix, une pensée inquiétante me vient. A part moi et Phenix, Maman n’a personne dans sa vie. Un jour, je partirai de la maison avec mon chien, et elle va se retrouver toute seule. Certes, Tonton n’est pas loin, mais ce n’est pas pareil. Que se passera-t-il ce jour-là ?
Par moment, je me dis que ce serait bien qu’elle se trouve quelqu’un. Pour ne pas être seule et pour qu’elle soit heureuse. Elle est belle, Maman, je suis sûre qu’elle peut trouver quelqu’un qui lui correspond.

Rosae
Je suis fière de ma fille. Elle réussit à l’école, elle travaille beaucoup pour cela, mais elle prend quand même du temps pour s’occuper de son chien. Je n’espérais pas tant, quand je lui ai offert Phenix.
Elle s’est même mise au sport et elle emmène Phenix avec elle quand elle part faire un footing. Phenix est heureux comme tout quand elle met sa tenue de sport car il sait qu’il va aller se promener.
Je me demande bien de qui elle peut bien tenir. A son âge, j’étais loin d’être aussi responsable. Même après d’ailleurs… J’ai de la chance avec elle, Joy est facile à vivre et n’a pas une adolescence difficile. Si elle avait été rebelle, je dois avouer que je ne sais pas comment j’aurais fait…

Après avoir eu le nez plongé dans les livres sur l’espace, bidouillé l’électroménager, Joy commence maintenant à sculpter du bois sur l’établi. Il appartenait aux anciens propriétaires de la maison qui l’ont laissé à leur déménagement et n’a jamais été utilisé depuis, le bricolage n’étant vraiment pas mon truc. Mais Joy semble s’y intéresser maintenant, puisque je l’ai surprise en train de poncer du bois en allant lancer une machine.

-Tu te lances dans la sculptures sur bois ? Lui demandé-je avec curiosité. Néanmoins, je ne peux m’empêcher d’être sceptique lorsque je la vois faire. Elle n’a pas l’air d’être très sûre d’elle et j’ai peur qu’elle ne se blesse. Je .. Je croyais que ton truc, c’était l’espace.
-C’est toujours le cas. Me confirme-t-elle dans un haussement d’épaules. Mais c’est pour un projet scolaire. Et puis, il faut savoir bricoler pour être astronaute vu qu’il faut savoir travailler sur les fusées, donc ça ne peut pas me faire de mal !
-Mais … Tu es sûre de ce que tu fais ?
-Mais oui Maman, t’inquiète ! M’assure-t-elle alors que la sonnette retentit. Tu ferais mieux d’aller voir avant de me déconcentrer ! Tu vas m’attirer de mauvaises ondes à force de t’en faire pour moi !
-Fais attention à toi quand même !

Je vois Joy lever les yeux au ciel, tandis qu’elle m’affirme que je n’ai pas à m’en faire. Cela m’amuse, mais je sors du garage rapidement pour qu’elle puisse rester concentrée. Je n’ai pas envie qu’elle se fasse mal à cause de moi.
Je me dirige aussitôt vers la porte d’entrée, me demandant qui peut bien venir sonner. Je n’attends personne aujourd’hui, mais c’est probablement mon frère qui passe faire un coucou. Il habite juste à côté, cela ne serait pas étonnant. Et il le fait régulièrement, quand Juliette est absente et que les triplés sont de sorties.

Sauf qu’il ne s’agit pas de mon frère. Mais d’une personne que je ne m’attendais pas du tout à voir !
-Que ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ?!