Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 32

Le lendemain, et après avoir passé mon temps à m’étaler de la Biafine pour apaiser mes coups de soleil, je rejoins Paul dans un restaurant pour déjeuner avec lui. Il m’a avoué avoir plus de temps à m’accorder, mais seulement le temps d’un déjeuner. Il m’a promis de tout m’expliquer mais je dois avouer être assez intriguée par cette situation. Ce n’est pas le genre de Paul de faire tant de mystère, surtout après une aussi longue absence dans nos vies.
C’est donc nerveuse que je me rends à notre point de rendez-vous. Je ne sais pas tellement à quoi m’attendre et j’avoue être un peu inquiète pour mon ami. J’espère qu’il n’a rien de grave à m’annoncer. Lorsque j’arrive à destination, Paul est déjà là. Rapidement, il m’aperçois et un fin sourire moqueur apparaît sur ses lèvres.

-Je savais que le rouge est ta couleur préférée, mais à ce point-là ? Ne tarde-t-il pas à me taquiner.
-Ahahah, très drôle ! Je me suis simplement endormie sur ma chaise longue !
-Quelle idée d’attraper des coups de soleil en automne !
-Il faut croire que le soleil se croit encore en été. Répliqué-je sur un ton amusé, pour ensuite l’inviter à aller s’installer à table. Je me sens soulagée, tout d’un coup. Apparemment, Paul a l’air d’aller bien.

Paul accepte en hochant la tête et nous décidons de nous installer en terrasse. Malgré l’arrivé de l’automne, le soleil est toujours au rendez-vous et les températures sont encore agréables. Alors, autant en profiter, d’autant plus que la terrasse est déserte. Nous sommes donc tranquille pour discuter calmement tous les deux.
Le serveur ne tarde pas à venir à notre rencontre pour prendre notre commande et repart aussi rapidement qu’il est venu. Nous avons donc quelques minutes devant nous avant d’être de nouveau interrompu.
-Alors Paul, parle-moi un peu de toi. Ne tardé-je pas à lui demander, trop curieuse de savoir ce qu’il est devenu. Je suis d’autant plus intriguée que je n’ai pas encore vu Sylvia dans les parages.
-Toujours aussi direct. Me répond-t-il avec un rire nerveux.
-Il faut bien l’être, surtout dans mon travail. Admis-je avec le sourire. Je ne peux pas me permettre de tourner autour du pot là-bas, sinon je risque de perdre en crédibilité. Soupiré-je.
-Oui, Caroline m’a dit que tu es la responsable de ta branche. Peut-être bientôt la directrice de l’association !
-Oh, on n’y est pas encore ! Rectifié-je en riant. Il est vrai que j’ai beaucoup évolué dans mon travail, mais je ne suis pas encore prête à admettre la possibilité d’être en haut de l’échelle. Mais tu n’as pas répondu à ma question, Paul. Je ne sais même pas si tu es de retour provisoirement ou définitivement.
-Je suis revenu vivre ici, oui. Je n’ai pas l’intention de repartir. Je t’avoue avoir envie de connaître mes neveux et nièces, surtout avec Caroline qui est de nouveau enceinte.

-C’est super ça ! M’enthousiasmé-je en hochant la tête. Tu nous as manqué ici, tu sais.
-Vous m’avez manqué aussi. M’assure-t-il à son tour, les yeux brillants. La beauté de Selvadorada ne remplace pas tout.
-Et Sylvia ? Elle ne regrette pas d’avoir quitté son pays ? J’aurais l’occasion de la rencontre enfin alors !
-Hum, à vrai dire, Sylvia est restée là-bas… M’avoue alors Paul, la mine sombre. Je me sens mal à l’aise, ayant l’impression d’avoir pointé le sujet qui fâche sans m’en rendre compte. Pour être tout à fait honnête, nous sommes en instance de divorce. C’est pour ça que je suis pas mal occupé en ce moment, même si ce sera bientôt derrière moi.
-Oh je suis désolée Paul, je ne savais pas…
-Je sais, j’ai prévenu Pierre et Caroline que je voulais t’en parler moi-même. Soupire-t-il, le regard perdu dans le vide. J’ai l’impression que son masque jovial est tombé. Devant moi, j’ai maintenant un Paul abattu par la situation.
-Que… Que s’est-il passé ? Lui demandé-je alors, doucement.
-Oh… Ca faisait longtemps que ça n’allait plus, elle et moi. Me dit-il dans un haussement d’épaules. On a été fous amoureux, on s’est marié, on menait la belle vie, je t’avoue… Tout allait bien, jusqu’à ce qu’on décide d’avoir des enfants. On a essayé, longtemps, pendant des mois, un an, puis deux … Sans succès. A force, on a fini par aller faire des examens à l’hôpital. Les résultats ont été sans appel, j’ai appris que je suis stérile. M’avoue-t-il finalement avant de respirer un grand coup. Mon cœur se serre en le voyant ainsi, devinant sans peine la douleur qu’il doit ressentir. Je m’empresse de tendre la main pour saisir la sienne, lui montrant mon soutien.

-Cela n’a pas du être facile d’apprendre une telle nouvelle. Lui soufflé-je avec compassion, alors que le serveur nous dépose nos plats.
-Evidemment, c’était tous nos projets qui tombaient à l’eau. Mais après, je sais bien que ce n’est à toi que je vais expliquer ça… Me dit-il avec compréhension. Je comprends sans peine qu’il fait référence à mon hystérectomie suite à la naissance de Joy.
-Certes, mais je n’ai pas la prétention de comparer ma situation avec la tienne. J’ai eu la chance d’avoir Joy avant de devenir stérile… Lui réponds-je alors qu’il hoche la tête, presque par automatisme.
-Bref, ça a été très dur. Sylvia a eu du mal à accepter la situation. Le médecin a essayé de proposer des solutions, comme l’adoption ou une FIV avec un donneur mais elle ne voulait rien entendre. Elle voulait porter l’enfant, et elle ne voulait pas que le père soit un parfait inconnu. C’était sans issu, mais son désir d’être mère était plus fort que tout… Au fil du temps, cette situation a fini par nous éloigner et j’ai fini par comprendre qu’elle me le reprochait sans vouloir l’admettre.
-Mais tu n’y es pour rien !
-Je le sais bien… Et au fond d’elle-même, elle le savait aussi mais c’était plus fort qu’elle. Et au final, elle a fini par déraper. Je n’ai rien vu venir, au début. Soupire-t-il alors que l’horreur s’empare de moi. Jusqu’à ce que je tombe sur un test de grossesse positif en sortant les poubelles. Elle n’a même pas essayé d’être discrète… Je l’ai mis devant le fait accompli et elle a fini par m’avouer qu’elle voyait quelqu’un d’autre depuis des mois… On a donc pris la décision de nous séparer. Je ne peux plus lui faire confiance et elle m’a fait comprendre que je ne pouvais pas lui offrir ce qu’elle voulait le plus. Elle est donc partie avec son amant, et moi, j’ai pris la décision de revenir ici. Et voilà où j’en suis, maintenant. Stérile, bientôt divorcé, et squattant la maison de son frère.

Je suis abasourdie par ce que je viens d’apprendre. Moi qui imaginais Paul vivre une vie de rêve à Selvadorada, auprès de son épouse, aujourd’hui j’apprends une réalité bien différente. Je bouillonne à l’intérieur de moi, de savoir ce que Sylvia lui a fait. Paul est un homme merveilleux, et il ne mérite pas d’être traité de la sorte. Elle a bien de la chance d’être à l’autre bout du monde, cette…
-J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps. M’avoue-t-il brusquement, me sortant de mes pensées. Par moment, je me dis que j’ai fait la plus grosse connerie de ma vie en partant d’ici. Si j’étais resté… Tout ceci ne serait jamais arrivé.
-Avec des si, on mettrait Paris en bouteille, Paul. Secoué-je la tête. Tu n’as pas de regret à avoir. Tu avais besoin de partir à l’époque, c’était un réel besoin de changer d’air. Et puis, ce sont nos choix qui font ce que nous sommes aujourd’hui. Il m’est déjà arrivé de penser que je n’aurais jamais du m’embarquer dans une histoire avec Sven, que j’aurais eu une meilleure vie si j’avais été raisonnable… Mais si ça avait été le cas, je n’aurais pas eu ma fille et je ne ferai pas un travail qui me passionne. Ce que t’a fait Sylvia est ignoble, mais tu es fort Paul, tu surmonteras cette épreuve. Nous sommes là pour y veiller.
-Merci Rosie. Me souffle-t-il avec reconnaissance. Mais je dois t’avouer un truc. Si je suis parti, à l’époque, c’est en partie parce que je ne voulais plus voir mon père. Avec Pierre et Caroline, on venait d’avoir la confirmation qu’il a été infidèle… Et qu’il a eu d’autres enfants qu’il n’a jamais assumé.

Je me fige aussitôt en l’entendant prononcer cette phrase. Que veut-il dire par là ? Serait-il au courant pour Ryan et Roxane ? Mais comment est-ce possible ?
Je suis abasourdie, mais ma surprise a le mérite de redonner le sourire à Paul. Je n’ose pas imaginer la tête que je dois avoir pour réussir ce miracle.

-Tu ne croyais quand même pas qu’un tel secret n’allait pas ressortir un jour ? Et oui, je te confirme que nous savons que Ryan et Roxane ont le même père que nous.
-Mais… Comment ?
-Mon père l’a avoué à Pierre, un soir, alors qu’il avait abusé du jus de fruit. Soupire-t-il. Je n’ai jamais vu mon frère aussi remonté. Il avait honte de notre père. Il nous l’a dit, à Caroline et moi, mais nous avons préféré ne pas mettre notre mère au courant, ni personne. Nous ne voulions pas lui faire de mal… Et puis, dans ton cas, nous ne savions pas si tu étais au courant. Nous n’avions pas voulu prendre le risque de te perdre.
-C’est ridicule. Vous n’êtes pas responsable des erreurs de votre père. Secoué-je la tête. Mais je comprends mieux pourquoi Pierre s’est autant investi dans la grossesse accidentelle de Lucia.
-Il ne veut pas être comme lui. Confirme-t-il. En tout cas, apprendre une telle nouvelle a tout remis en question chez moi. Je pensais que nous étions que trois, alors qu’en réalité nous avions un grand frère et une grande sœur, dans une autre famille…. Tout mon monde s’est écroulé d’un coup, alors…
-Tu as eu envie de te créer un nouveau monde, bien à toi. Complété-je alors, remettant les différents morceaux de l’histoire en place.
-Exactement. Et si je pouvais m’éloigner de mon père en plus, c’était encore mieux… Même si je regrette de ne pas avoir pu être là… Pour toi notamment. Si j’avais su que tu étais enceinte à ce moment-là, je ne serai jamais parti.
-Tu n’as pas de regret à avoir Paul, et puis, ça n’aurait rien changé au final. Ca a été un épisode très compliqué dans ma vie, mais j’ai fini par m’en remettre. Aujourd’hui, je suis fière de ce que je suis devenue et ça n’aurait pas été possible si les choses avaient été différente.
Paul hoche la tête, comme pour confirmer mes propos. La discussion dérive sur des sujets plus légers, comme pour laisser derrière nous les plus graves. Néanmoins, je vois Paul sous un œil nouveau. Même s’il sourit et à l’air d’aller bien, je vois bien qu’il ne s’agit que d’une façade. Dans son regard, je devine que j’ai un homme meurtri, en face de moi. Je le remarque sans peine : j’avais le même regard, il y a quelques années.
Et aujourd’hui, je me promets une chose : être là pour lui, comme mes amis ont été présents pour moi durant toutes mes années de dérive.

Après le déjeuner, Paul est parti en centre-ville. Il a rendez-vous avec son avocat pour finaliser son divorce. Je lui ai proposé de l’accompagner, mais il a refusé. C’est quelque chose qu’il veut affronter seul. Il est plus fort qu’il peut bien penser, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir le cœur serré en le voyant partir.
Puis, j’ai eu une idée. Je n’ai pas attendu plus longtemps avant d’envoyer un message à Caroline et Pierre. Leur réponse est vite arrivée : ils sont tous les deux emballés, mais il faudra attendre quelques semaines pour mettre mon plan en application. Caroline préfère attendre d’avoir accouché et je ne peux que la comprendre.
C’est fière de mon idée que je rentre enfin à la maison. Joy est déjà là, et je l’entends bricoler dans les toilettes. Je m’empresse de la rejoindre et je souris en la voyant faire. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’elle fabrique, mais je ne suis pas inquiète. Pendant un instant, je me demande ce qu’aurait été ma vie si je n’étais pas tombée enceinte.
Mais, j’ai beau réfléchir, je dois avouer que je n’en ai pas la moindre idée.
-Regarde Maman ! J’ai installé un système autonettoyant ! C’est trop cool, hein ? S’exclame-t-elle joyeusement, me faisant sortir de mes pensées.
-Oh, oui, c’est super.
-A quoi tu penses ? M’interroge-t-elle avec suspicion, voyant bien que j’ai la tête ailleurs.
-Oh, je me demandais ce qu’aurait été ma vie si tu n’avais pas été là. Lui avoué-je avec honnêteté, alors qu’elle hausse un sourcil, sceptique. Et je me suis rendue compte que je n’échangerais ma vie avec toi pour rien au monde.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 31

Rosae

-Surprise ! S’exclame Paul, visiblement fier de son petit effet, alors que je suis estomaquée par sa présence devant ma porte. Certes, cela fait un moment que nous n’avons pas parlé, chacun étant accaparé par la vie quotidienne, mais aux dernières nouvelles, il était toujours à Selvadorada avec sa femme, Sylvia. Je suis rentré il y a quelques jours et j’ai tenu à te faire la surprise. C’est Caroline qui m’a donné ta nouvelle adresse. Ajoute-t-il ensuite, se retenant de rire devant ma tête éberluée.
-Ca pour une surprise ! M’exclamé-je en essayant de reprendre mes esprits. Ca fait tellement longtemps que l’on ne s’est pas vu !
-Depuis que je suis parti pour mon tour du monde, je crois. Me confirme-t-il en hochant la tête.

Ah oui quand même ! Ca ne nous rajeunit pas ça ! Joy n’était pas encore née ! Réalisé-je, alors que j’ai l’impression que Paul est parti hier pour découvrir le monde. Un monde qu’il n’a pas découvert longtemps puisqu’il a rencontré l’amour en route. Tu es de passage ici donc ?
-De passage à Brindleton Bay oui, mais Pierre m’héberge chez lui à Oasis Springs. La maison est grande et malgré l’arrivée des jumeaux, on ne se marche pas dessus. M’informe-t-il avec un sourire, un brin fier d’être tonton. En effet, il y a quelques jours, Lucia a mis au monde des faux-jumeaux, Patrick et Marina Lothario. Je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire quand Pierre m’a annoncé leur naissance. Décidément, les Lothario n’ont pas de problème de fécondité !
-Ca doit en faire du monde à la maison ! Tu veux entrer ? Tu dois avoir tellement de choses à raconter ! Et puis, je pourrai te présenter ma fille ! Tu verras, elle est adorable !
-C’est gentil Rosie, mais je passais juste faire un coucou. J’ai pas mal de choses à régler depuis que je suis… rentré. M’avoue-t-il un peu gêné. Mais on peut s’organiser un truc, si tu veux. Toi aussi tu dois en avoir des choses à raconter !
-Ca serait avec plaisir, Paul. Tu m’appelles dès que tu auras du temps ?
-Bien sûr !

Nous avons discuté encore un peu, avec Paul, avant qu’il ne doive partir. Cela m’a fait plaisir qu’il passe me faire coucou malgré qu’il n’a, visiblement, pas beaucoup de temps pour lui en ce moment.
Son retour parmi nous est une vraie surprise, lui qui était parti parce qu’il avait besoin d’air, et qui ne savait pas s’il reviendrait un jour. Je ne peux m’empêcher de m’interroger, me demandant s’il n’est là que pour quelques temps avant de repartir à Selvadorada, ou s’il compte rester ici.
En tout cas, cela m’a fait plaisir de le revoir. Paul a toujours été un ami formidable et il m’a manqué, durant toutes ces années.
-C’était qui ? Me demande Joy lorsque je rentre enfin dans la maison. Je sursaute, réalisant qu’elle a fini de bricoler dans le garage.
-Un vieil ami. Lui réponds-je distraitement, la tête ailleurs. Paul, le frère de Pierre et de Caroline. Précisé-je ensuite alors que Joy me jette un regard interrogateur.
-Il n’était pas à Selvadorada ?
-Eh bien, visiblement, il est rentré.

Joy

Maman était bizarre ce soir. Elle a la tête ailleurs depuis qu’elle a vu son ami. Je ne sais pas grand chose sur Paul, je l’ai juste vu sur des vieilles photos de Maman et jamais en vrai. Je sais juste qu’il vit à Selvadorada et qu’il est marié. Avec la naissance des jumeaux de Pierre, peut-être qu’il s’est décidé à venir voir ses neveux et nièces.
En tout cas, c’est gentil de sa part d’être passé faire un coucou à Maman. Même si cela l’a chamboulée toute la soirée.
Mais, même si c’est drôle de la voir dans cet état, elle n’a pas tenu en place de la soirée. Impossible pour moi de me concentrer sur mes devoirs. Je me suis empressée de prendre ma douche et d’enfiler mon pyjama afin de pouvoir m’enfermer dans ma chambre. Assise sur mon lit, j’étudie avec plaisir. Par moment, je jette un coup d’oeil à Phenix qui dort sur son tapis, mais même sa bouille adorable ne parvient pas à me déconcentrer.

Ce week-end, Maman me prévoit une surprise. Elle refuse de m’en dire plus, juste que nous allons passer un moment mère-fille. Je suis sceptique, car je connais ma mère. Et je sais que nous n’avons pas forcément les mêmes goûts, donc je me méfie de ce qui peut la réjouir à ce point.
Sur le chemin pour y aller, je n’ai pas arrêté de l’interroger, d’essayer de savoir où nous allons. Mais elle refuse de me répondre, jusqu’à ce que nous soyons arrivées à destination.
Un spa. J’hausse un sourcil sceptique.

-Tadam ! Et voilà ma surprise ! S’exclame Maman, toute contente de son effet. Je t’offre une après-midi détente avec ta mère ! Ca te fait plaisir ?

Je me force à sourire. Un beau grand sourire, digne d’une pub pour un dentifrice. Elle sera éblouie et elle ne verra pas que je ne suis pas très enchantée de passer mon après-midi dans un spa.
Voir même, pas du tout.
L’idée de me balader en serviette dans un bâtiment rempli d’inconnus me gêne d’avance. Voir des inconnus en serviette ou en peignoir ne me réjouit pas non plus.
Je préfère largement passer mon après-midi à la maison. Ou à la bibliothèque. En tout cas, dans un lieu où je garde mes vêtements.

-Oui Maman, c’est … chouette ! Mens-je sans hésiter. Cela lui fait tellement plaisir de me faire ce cadeau, je n’ai pas envie de lui faire de la peine.
-Je suis contente que cela te fasse plaisir ! J’ai réservé une séance de message pour nous deux ! Un massage suédois, cela devrait te plaire! M’annonce-t-elle avec un fin sourire, suite au clin d’oeil sur mes origines.
-Oh … cool…
Super ! Je vais me faire tripoter par une inconnue ! Je suis ravie !
Ou pas.

Je suis Maman à l’intérieur du spa, un peu à reculons. Je n’ai aucune envie d’entrer à l’intérieur, mais cela lui fait plaisir. Alors je fais un effort et je prends sur moi au moment de me changer. Lorsque nous arrivons dans la salle de massage, accueillies par deux masseuses, je réprime une grimace. La musique apaisante me donne envie de bâiller et je suis tendue durant tout le massage.
Je plains la pauvre masseuse d’être tombée sur une cliente comme moi. Mais je n’y peux rien si je n’apprécie pas d’être touchée par une personne que je ne connais pas.

Une fois le massage terminé, mon calvaire n’est pas terminé. Maman m’entraîne dans le sauna pour prolonger la détente. Des gens sont déjà présents et je ne suis vraiment pas à l’aise de devoir m’asseoir à côté d’un homme transpirant que je n’ai jamais vu de ma vie. J’essaie de me tenir le plus loin possible de lui, mais je n’ai qu’une envie : partir d’ici.
-Ca va ma chérie ? Ca n’a pas l’air d’aller. S’inquiète subitement Maman, alors que je ne sais pas quoi lui répondre. Je n’ai vraiment pas envie de la vexer.
-Je… C’est juste que.. Je ne suis pas très à l’aise Maman… C’est pas trop mon truc, je suis désolée… Bredouillé-je finalement, un peu honteuse de devoir lui faire de la peine.

Oh… Ca ne fait rien ma chérie. Me répond simplement Maman, en me souriant avec compréhension. Aussitôt, je me sens soulagée. J’avais simplement envie de passer ce moment avec toi, comme l’a fait ta grand-mère avec moi quand j’avais ton âge. M’avoue-t-elle, un aveu qui me touche. Maman a simplement partagé avec moi la même chose qu’elle a partagé avec Mamie. Elle avait emmené ta tante, également. Je… J’avais envie de faire pareille avec toi, comme une petite tradition familiale.
-C’est adorable Maman. Lui dis-je avec sincérité cette fois-ci. Je ne suis désolée que ce ne soit pas trop mon truc…
-Ce n’est pas grave, tu as le droit de ne pas aimer. Me rassure-t-elle. Tu veux rentrer ?
-S’il te plait.
-Alors, allons-y.

Rosae

Après notre escapade écourtée au spa, Joy se plonge dans son livre sur l’espace et les fusées. Je la laisse vaquer à ses occupations, et je décide de profiter des derniers beaux jours pour me détendre sur une chaise longue en maillot de bain.

Je suis un peu triste que Joy n’est pas appréciée notre sortie au spa, car j’avais vraiment envie de partager avec elle ce que j’ai pu partager avec ma mère. Mais je n’ai pas envie de la forcer et au final, je la comprends. C’est une adolescente réservée, qui n’est pas très à l’aise avec des inconnus. Elle a essayé de faire un effort pour me faire plaisir et cela me touche. Mais je n’ai pas envie qu’elle se force à quoique ce soit.

Je ne veux que son bonheur après tout.
Je soupire d’aise sur ma chaise, avant de fermer les yeux…

Plus tard, le soleil commence à se coucher et l’air se fait plus frais. Je me décide à rentrer à l’intérieur de la maison pour m’habiller plus chaudement, mais je ne peux m’empêcher de grimacer en m’asseyant, puis en me levant.
Lorsque je rentre dans la maison, Joy a toujours le nez plongé dans son livre. Je m’assois un peu avec elle à table. Elle lève alors les yeux vers moi et a un sursaut de surprise.

-Maman ?!
-Oui ma fille ?
-Tu… Tu as vu ta peau ?

-Oui, j’ai un peu abusé du soleil… Et je crois que je me suis endormie sur la chaise. Admis-je, un peu gênée, alors que je vois Joy se mordre la joue pour s’empêcher de rire.
-Un peu beaucoup ouais. On dirait une écrevisse.
-Ne te moque pas ma fille ! Je donne de ma personne pour te faire une leçon de vie! N’oublie jamais de mettre de la crème solaire ou sinon, tu vois ce que ça donne ! Tenté-je de me raccrocher aux branches, alors que Joy ne peut plus se retenir de pouffer de rire.
-Une leçon de vie, mais bien sûr ! Mais dis-moi, c’est pas demain que tu déjeunes avec Paul ? Me rappelle soudainement Joy, avec une lueur taquine dans le regard. Soudain, je me rappelle le coup de fil de mon ami ce matin, m’invitant à déjeuner avec lui pour discuter du bon vieux temps. Elles vont être belles, les retrouvailles !

-C’est sûr que j’en connais un qui va bien rire… Aïe, j’espère que le temps sera nuageux avec un vent frais demain ! Me mets-je à espérer, alors que je perds définitivement Joy, partie dans un fou rire incontrôlable.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 30

Joy

J’ai passé une journée horrible aujourd’hui, au lycée. Non pas à cause des cours, car j’adore étudier et apprendre de nouvelles choses. En particulier les cours de sciences, c’est vraiment un domaine qui me passionne. Je crois que je tiens ça de Mamie, et c’est quelque chose qui me rend fière.
Non, si ma journée a été nulle, c’est à cause des autres.
Cette semaine est consacrée à l’orientation. Les professeurs nous encouragent à réfléchir à notre avenir, pour savoir ce que l’on veut faire de notre vie. Plein de lycéens prennent ça à la légère, d’autres paniquent un peu quand ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils veulent faire après le lycée. Personnellement, j’ai aucun doute.
Plus tard, je serai astronaute.
Je veux aller dans l’espace, travailler dans une fusée, découvrir de nouvelles planètes, rencontrer les extraterrestres. Je veux être la digne petite-fille de ma grand-mère ! Je suis sûre de moi et je ne cesse de me plonger dans les livres pour pouvoir atteindre mon objectif. C’est vraiment exaltant !
Mais, quand le professeur principal a demandé à tout le monde de présenter son projet d’avenir, tout le monde s’est mis à rire lorsque j’ai pris la parole. Visiblement, le fait d’être une fille, blonde aux yeux bleus, et discrète par-dessus le marché, décrédibilisent mon projet de devenir astronaute. Selon eux, et leur intelligence suprême, je devrais plutôt être esthéticienne, maquilleuse ou SimTubeuse beauté.
Bande d’arriérés sexistes et abrutis.

Et comme cela ne suffisait pas, ils se sont moqués de moi toute la journée. A mon avis, je vais en entendre parler toute la semaine.
Mais je m’en fiche. Ce n’est pas leur étroitesse d’esprit qui va me faire changer d’avis. Il ne faut juste pas s’étonner que je n’ai pas d’amis. C’est seulement que je n’ai pas de temps à perdre avec des débiles.
Malgré tout, ils ont réussi à m’énerver, et il va me falloir un moment avant de pouvoir me calmer. Heureusement, il y a les raviolis chinois de Maman pour me remonter le moral, ainsi que le doux regard de mon adorable toutou.
-Ah mon Phenix ! Tu dois bien être le seul mâle sur cette planète à être doté d’une intelligence ! Lui avoué-je alors qu’il semble me regarder avec compassion. A moins qu’il ne soit juste intéressé par mes raviolis. Mais ce n’est pas la peine de me regarder comme ça, je te donnerai rien. Ce n’est pas bon pour toi !
-Wouf ?
-Non Phenix, tu as tes croquettes si tu as faim !

Après que j’ai terminé mon assiette, Maman me propose de regarder le premier de la nouvelle saison d’une série qu’elle adore. Une énième série médicale. Ce n’est pas ce que je préfère, affectionnant davantage la science-fiction, mais cela lui fait plaisir. Je sais qu’elle a envie de passer du temps avec moi, alors je fais un petit effort. Même si cette série m’ennuie. C’est niais et complètement irréaliste.
Mon regard balaie rapidement la pièce pour essayer de me concentrer sur autre chose, quand je vois des touffes de poils joncher le sol.
-Maman, je crois qu’il va falloir investir dans un aspirateur. Phenix, il perd ses poils !
-Ah bon ? Me répond-t-elle distraitement, alors qu’elle est plongée dans sa série.
-Bah oui, regarde ! Il y en a partout !

Maman ne m’écoute que d’une oreille, et je crois que c’est peine perdu pour ce soir. Je soupire, puis je me lève pour prendre une pelle et une balayette pour enlever toutes les touffes de poils de Phenix. C’est fou tout ce qu’il peut perdre ! C’est à se demander comment il peut encore avoir du poils sur le dos !
Mais lorsque je le vois en train de dormir sur le dos, je me dis que cela ne doit pas spécialement le perturber, lui. Si j’avais su, j’aurais mieux fait de l’appeler Patapouf !

Je me plains de ses poils, mais Phenix est adorable comme chien. Maman a eu une bonne idée de l’adopter et c’est chouette de l’avoir à la maison. C’est un vrai compagnon dont je ne pourrai jamais me séparer. Je l’adore, mon toutou !
Maman aussi l’adore Phenix. Même si je suis censée m’en occuper toute seule, celui fait plaisir de le chouchouter aussi. Il est loin d’être malheureux comme chien !
Mais quand je vois Maman aussi proche de Phenix, une pensée inquiétante me vient. A part moi et Phenix, Maman n’a personne dans sa vie. Un jour, je partirai de la maison avec mon chien, et elle va se retrouver toute seule. Certes, Tonton n’est pas loin, mais ce n’est pas pareil. Que se passera-t-il ce jour-là ?
Par moment, je me dis que ce serait bien qu’elle se trouve quelqu’un. Pour ne pas être seule et pour qu’elle soit heureuse. Elle est belle, Maman, je suis sûre qu’elle peut trouver quelqu’un qui lui correspond.

Rosae

Je suis fière de ma fille. Elle réussit à l’école, elle travaille beaucoup pour cela, mais elle prend quand même du temps pour s’occuper de son chien. Je n’espérais pas tant, quand je lui ai offert Phenix.
Elle s’est même mise au sport et elle emmène Phenix avec elle quand elle part faire un footing. Phenix est heureux comme tout quand elle met sa tenue de sport car il sait qu’il va aller se promener.
Je me demande bien de qui elle peut bien tenir. A son âge, j’étais loin d’être aussi responsable. Même après d’ailleurs… J’ai de la chance avec elle, Joy est facile à vivre et n’a pas une adolescence difficile. Si elle avait été rebelle, je dois avouer que je ne sais pas comment j’aurais fait…

Après avoir eu le nez plongé dans les livres sur l’espace, bidouillé l’électroménager, Joy commence maintenant à sculpter du bois sur l’établi. Il appartenait aux anciens propriétaires de la maison qui l’ont laissé à leur déménagement et n’a jamais été utilisé depuis, le bricolage n’étant vraiment pas mon truc. Mais Joy semble s’y intéresser maintenant, puisque je l’ai surprise en train de poncer du bois en allant lancer une machine.

-Tu te lances dans la sculptures sur bois ? Lui demandé-je avec curiosité. Néanmoins, je ne peux m’empêcher d’être sceptique lorsque je la vois faire. Elle n’a pas l’air d’être très sûre d’elle et j’ai peur qu’elle ne se blesse. Je .. Je croyais que ton truc, c’était l’espace.
-C’est toujours le cas. Me confirme-t-elle dans un haussement d’épaules. Mais c’est pour un projet scolaire. Et puis, il faut savoir bricoler pour être astronaute vu qu’il faut savoir travailler sur les fusées, donc ça ne peut pas me faire de mal !
-Mais … Tu es sûre de ce que tu fais ?
-Mais oui Maman, t’inquiète ! M’assure-t-elle alors que la sonnette retentit. Tu ferais mieux d’aller voir avant de me déconcentrer ! Tu vas m’attirer de mauvaises ondes à force de t’en faire pour moi !
-Fais attention à toi quand même !

Je vois Joy lever les yeux au ciel, tandis qu’elle m’affirme que je n’ai pas à m’en faire. Cela m’amuse, mais je sors du garage rapidement pour qu’elle puisse rester concentrée. Je n’ai pas envie qu’elle se fasse mal à cause de moi.
Je me dirige aussitôt vers la porte d’entrée, me demandant qui peut bien venir sonner. Je n’attends personne aujourd’hui, mais c’est probablement mon frère qui passe faire un coucou. Il habite juste à côté, cela ne serait pas étonnant. Et il le fait régulièrement, quand Juliette est absente et que les triplés sont de sorties.

Sauf qu’il ne s’agit pas de mon frère. Mais d’une personne que je ne m’attendais pas du tout à voir !
-Que ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ?!

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 29

Lorsque je rentre à la maison, je suis encore toute retournée. Je ne m’attendais pas à cette conversation avec ma sœur, ni à son issu. Maintenant que nous avons tout mis à plat, lui pardonner est une évidence, même si j’ai du mal à y croire moi-même. Après tout ce que nous avons vécu…
Mais il est temps de tourner la page. Je vais bientôt fêter mon anniversaire et j’ai envie d’avancer. M’attarder sur les rancœurs du passé n’est plus de mon âge et ce n’est pas l’exemple que je veux donner à ma fille.
Fille qui ne semble pas perturber de mon absence. Elle est rentrée du lycée avant mon retour et je l’ai trouvé sagement assise sur le canapé, plongée dans le livre que son père lui a offert. Elle me salue, sans poser de questions. Je crois que je pourrai faire ce que je veux, rien ne pourrait la déconcentrer de son livre.

-Tu as passé une bonne journée, Joy ? Lui demandé-je tout de même, alors que je m’apprête à faire une caresse au chiot qui est ravi de me voir rentrer. Tu as fait le tour de la maison en rentrant pour vérifier que Phenix n’a pas fait de bêtise ?
-Oui ça a été. Me répond-t-elle simplement, sans lever les yeux de son livre. Pas de bêtise à signaler. Il a été mignon comme tout.
-Tant mieux… Il te plait ton livre ?
-Oui ! Il est passionnant ! J’apprends plein de trucs sur l’espace et les fusées ! C’est génial !

-Tu as sorti Phenix ? Lui demandé-je en fronçant les sourcils, alors que le chiot aboie à côté de la porte vitrée, qui mène au jardin.
-Non… M’avoue Joy un peu honteuse. Mais il y a de l’orage dehors !
-Orage ou non, Phenix doit faire ses besoins. Soupiré-je en levant les yeux au ciel, avant de me dévouer pour l’accompagner dehors.
Je frissonne au contact de la pluie fraîche et je prie pour que Phenix se dépêche de se soulager. Je sursaute lorsque j’entends le tonnerre et mes yeux s’arrondissent de stupeur en découvrant la balançoire, visiblement victime d’un éclair. Je soupire, songeant qu’il faudra que je demande à Ryan de venir m’aider à l’enlever lorsque l’orage sera passée. Cela va faire un vide dans le jardin mais elle est maintenant inutilisable.

-Bon, Phenix, tu te dépêches un peu ? Je n’ai spécialement envie de finir comme la balançoire…

Malheureusement, ce n’est pas toute suite que je vais pouvoir me débarrasser de la balançoire carbonisée. L’orage dure plusieurs jours et ne semble pas laisser de place au soleil. C’est un peu triste, puisque cela ne nous permet pas de profiter de l’extérieur alors que nous sommes en été, mais nous ne pouvons pas y faire grand chose. Au moins, nous n’avons pas d’autres problèmes à signaler à la maison.
Du moins, c’est ce que je croyais. Un jour, je surprends Joy dans le garage, face à un sèche-linge visiblement cassé. Elle tient une pièce électronique en main avec un tournevis.

-Mais qu’est-ce que tu fais ? M’étonné-je, stupéfaite.
-Bah quoi ? Je répare le sèche-linge, l’orage a grillé le circuit. Me répond ma fille sur un ton nonchalant, comme si la situation est normale.
-Mais Joy ! Tu ne devrais pas toucher à ça, c’est dangereux ! Tu pourrais t’électrocuter ! Et depuis quand tu sais faire ça ?
-Mais t’inquiète pas Maman ! J’ai des cours d’électronique et j’ai regardé des vidéos sur SimTube ! Et puis, c’est pas la première fois que je répare un truc dans cette maison. C’est juste la première fois que tu le remarques! Et hop, c’est réparé ! S’exclame-t-elle avant de remettre la pièce en place.
Je suis estomaquée parce qu’elle m’apprend. Ma fille s’est mise au bricolage ! Lorsque je la vois, plongée dans ses livres, jamais je n’aurais plus me douter qu’elle s’intéresse à des travaux manuels.
Joy m’étonnera toujours.

Quelques jours plus tard, c’est le jour de mon anniversaire. Cela me fait tout drôle de vieillir. Mais cela ne me perturbe pas plus que cela. J’ai organisé une petite fête ce soir pour marquer le coup, mais pour moi, cela reste une journée comme une autre. Vieillir ne me fait pas peur et cela fait partie de la vie. Au contraire, cela m’éloigne de la jeune femme perdue que j’étais avant.
-Ouah, tu es toute belle aujourd’hui Maman ! S’exclame Joy en me voyant entrer dans le salon. Elle est encore en pyjama et prend tranquillement son petit déjeuner avant de se préparer pour partir au lycée. C’est pas encore un peu tôt pour te préparer pour ce soir ?
-Merci ma fille. Lui réponds-je en souriant. J’ai un discours à faire pour promouvoir les actions de l’association aujourd’hui, je me dois d’être un minimum présentable.
-Tu vas faire un carton Maman, j’en suis sûre !
-C’est gentil, Joy.

Lorsque Joy part pour le lycée, je m’installe sur l’ordinateur pour continuer à travailler mon discours. J’ai encore un peu de temps devant moi avant de partir pour San Myshuno. Je suis un peu nerveuse à l’idée de faire ce discours en public. J’ai peur de décrédibiliser l’association dans laquelle je travaille, alors que nous faisons tellement de choses formidables pour venir en aide aux minorités et aux personnes en difficultés. Mon discours est essentiellement centrée sur les droits des femmes, mais je n’occulte aucun domaine d’actions de l’association.
Pour avoir fait relire mon discours par ma supérieure, je sais qu’il est parfait. Mais je ne peux m’empêcher de stresser. Il est important pour pouvoir décrocher des dons et pour la poursuite de ma carrière et même si tous mes collègues sont confiants quant à mes capacités, je ne peux m’empêcher d’être inquiète.

N’ayant pas d’autres choix que de mettre mon stress de côté, je finis par prendre la route en direction du quartier chic de San Myshuno. J’essaie de penser à autre chose, de focaliser mon esprit sur un autre sujet que mon travail.
Mais c’est peine perdu et je me rappelle les exposés que je devais faire au lycée. Ils me paraissent bien ridicules aujourd’hui, alors que je dois m’exprimer en public, devant des personnes qui ne sont pas forcément acquis à ma cause.
Je tente de cacher ma nervosité, alors que je m’installe derrière le pupitre. Je balaie la foule du regard et je respire un grand coup. Je sais que je vais devenir un des visages importants de l’association, et je me dois d’être à la hauteur. Je lève un instant les yeux au ciel, ayant une pensée pour mes parents.
Puis, je me lance. Je prononce mon discours sans aucun problème. Maintenant que j’ai commencé, plus rien ne peut m’arrêter. Je mets toute ma passion pour mon travail, toute la force de mes convictions dans ce discours. Plus je parle, plus je gagne en assurance. Lorsque je vois les visages satisfaits, je suis certaine d’avoir été à la hauteur.

Ma journée de travail est excellente et exaltante, mais je suis soulagée de rentrer chez moi. En faisant un tour dans le jardin, à la recherche du chien, je constate que je ne suis pas la seule à vieillir aujourd’hui.
En effet, Phenix est maintenant un bon gros toutou. Fini le petit chiot qui ne prend pas de place, place au gros chien qui en impose. Loin de faire peur, sa bouille n’appelle que des câlins.
Ce qu’il ne manque pas d’avoir. A peine rentrée du lycée, Joy remarque que son chien adoré a grandi.
-Oh Phenix ! Ca y est, tu es devenu un gros toutou ! Oh tu es beau mon chien ! Oui, tu es beau mon chien-chien ! Oh oui ! Oh oui ! Tu es le plus beau ! S’exclame-t-elle en le caressant derrière les oreilles, complètement gaga de son Phenix.

Bientôt, les premiers invités arrivent à la maison. C’est avec surprise que je découvre que Pierre n’est pas venu seul, mais accompagné d’une charmante jeune femme, qui s’appelle Lucia*.
Je n’aurais jamais pu le croire un jour, mais Pierre semble s’être décidé à se caser et se poser avec une femme. Après des années à avoir papillonner à droite et à gauche, le voilà qu’il se pose enfin !
-Donc, tu as enfin décidé d’arrêter de draguer tout ce qui bouge pour être fidèle qu’à une seule femme ? Lui demandé-je, sur un ton taquin.
-Eh ouais, que veux-tu, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. En hausse-t-il simplement les épaules, tout en affichant un sourire en coin.
-Lucia, quel maléfice as-tu utilisé ? Il est où, notre Pierre ? Ne puis-je m’empêcher de les embêter, ce qui la fait aussitôt rire alors que Pierre lève les yeux au ciel.
-C’était loin d’être simple ! M’avoue-t-elle en affichant un grand sourire. En vrai, à la base, ce n’était pas censé être sérieux. Ajoute-t-elle ensuite avec honnêteté. C’est que …
-Que Lucia est enceinte. Complète Pierre, face à l’hésitation de Lucia. Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un hoquet de surprise. On s’entend bien, même beaucoup, tous les deux, alors on se laisse une chance, pour le bébé. J’ai pas envie de faire mon lâche, alors j’assume.
-Je.. C’est tout à ton honneur, Pierre. Euh, félicitations, et j’espère que vous serez heureux, ensemble.

Je suis surprise par cette annonce. Je dois avouer que je ne m’y attendais pas. Néanmoins, je suis ravie de voir Pierre assumer ses responsabilités. Il a beau avoir un comportement similaires à celui de son père en cumulant les conquêtes amoureuses, contrairement à lui, il accepte cet enfant qui va venir au monde. Ainsi que la femme qui le porte.
J’ignore s’il est au courant que son père a eu des enfants illégitimes, qu’il est le père biologique de Ryan et Roxane. Je ne lui ai jamais avoué, ne voulant pas mettre de l’huile sur le feu. Pierre a toujours eu des relations conflictuelles avec son père…
J’espère cependant que les choses vont bien se passer entre lui et Lucia. Je ne la connais pas, mais elle semble adorable. Les conditions ne sont pas idéales pour la construction de leur couple, mais peut-être que ce bébé est un coup de pouce du destin.
Mais je ne me fais pas trop de soucis. Je vois bien les regards que s’échangent Pierre et Lucia. Mon instinct me dit que Pierre ne me dit pas tout, par pudeur sans doute. Il n’a jamais été très bavard quant à ses sentiments, mais son regard ne trompe pas. Lucia n’est pas qu’une simple conquête de plus, à ses yeux.

J’ai invité ma sœur à mon anniversaire. Je n’aurais jamais cru faire ça, un jour. Mais cela me semble important qu’elle soit là aujourd’hui, comme pour mettre définitivement un terme à notre histoire passée, et pour en créer une nouvelle.
Suite à notre discussion au bar du port de Brindleton Bay, nous avons essentiellement gardé contact par téléphone. Roxane est retournée à Del Sol Valley, et reprend peu à peu goût au violon. Cela me fait plaisir de l’apprendre. Roxane a un don et ce serait dommage que plus personne ne puisse l’entendre.
-Cela va aller ? Lui demandé-je à voix basse, m’inquiétant de son état d’esprit. Elle est encore en pleine reconstruction, et j’ai peur qu’elle gère mal la présence de Caroline et de Pierre. Les enfants Lothario officiels, contrairement à elle.
-Bah oui, pourquoi ? Ne semble-t-elle pas comprendre.
-Eh bien, je sais que tu ne portes pas les enfants de Don Lothario dans ton cœur alors…
-Oh ! Saisit-elle enfin avant de m’offrir un sourire rassurant. Ne t’inquiète pas, j’ai tiré un trait sur ça. Ils n’y peuvent rien si leur père est un co…
-Hey Rosie! M’interpelle joyeusement Ryan, qui a été ravi d’apprendre que nous nous soyons rapprochées, avec Roxane. Ils étaient toujours en contact durant toutes ses années et il était au courant de la prise de conscience de Roxane à mon sujet. Il ne m’a rien dit, car il jugeait que c’était à sa jumelle de faire le premier pas vers moi. Viens souffler tes bougies ! Ta fille a sorti le gâteau !

Je ne peux m’empêcher de sourire d’amusement. Tous le monde m’encourage à venir souffler mes bougies. je crois qu’ils veulent me taquiner sur mon âge. Mis à part Joy (les triplés n’ayant pas voulu venir à une fête « de vieux » selon leurs propres mots), tout le monde ici présent est plus âgés que moi. Je suis la plus jeune, la petite dernière. Je les ai taquiné lors de leur anniversaire, ils veulent me renvoyer l’ascenseur.
Je les laisse faire, mais je ne leur avoue pas que je suis heureuse de vieillir. Parce que je ne suis plus la jeune femme que j’étais lors de mon dernier anniversaire. Aujourd’hui, je suis enfin responsable et je m’assume. J’ai parcouru du chemin et je suis fière de celle que je suis aujourd’hui.

Après que j’ai soufflé mes bougies, je sers une part de gâteau à tout le monde. La soirée se déroule à merveilles et tout le monde semble passer un bon moment. Même Roxane a l’air à l’aise, elle qui n’aimait pas être entourée de monde par le passé. Joy est plus réservée, mais je sais que cela fait partie de son caractère. Elle est plus solitaire et préfère passer du temps avec Phenix qu’avec des gens.
-Ca fait drôle de vous voir dans la même pièce sans vous écharper ! Ne manque pas de nous faire remarquer Pierre, à l’attention de Roxane et moi.
-Comme ça fait drôle de te voir caser avec une fille ! Répliqué-je sur le même ton que lui, ce qui ne manque pas de le faire rire.
-Comme quoi, tu es la preuve vivante qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! Ajoute Roxane, avec un sourire en coin. Ma sœur qui plaisante avec un Lothario ? Je comprends mieux le temps orageux de ces derniers jours !
-Eh beh ! Je vais prendre ça pour un compliment !

Je suis heureuse, ce soir, au milieu de mes amis et de ma famille. Je vois Ryan et Roxane discuter entre eux, comme autrefois, à la différence qu’ils ne manifestent que bienveillance vis-à-vis des autres invités. Je surprends même Roxane discuter avec Caroline et l’écouter parler de son fils. Sans aucune animosité.
Je vois Pierre être au petit soin avec Lucia, faisant preuve d’attention et de tendresse. Sans chercher à être discret, ils s’embrassent même. Même si leur couple s’est établie suite à une grossesse accidentelle, leurs sentiments semblent bien réels. C’est le principal.
Je souris, en les voyant. Le temps est passé et nous avons tous changé à notre niveau. Signe que l’avenir ne peut qu’être prometteur.

* Lucia est une création de NS lors d’un 5 minute challenge.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 28

-Oui allô ?
-Rosae ? C’est moi…

…..
…..
……

-Qu’est-ce que tu veux ?
-Je… Je suis sur Brindleton Bay aujourd’hui, et pour quelques jours et …
-Qu’est-ce que ça peut me faire ?
-J’aimerais te parler.
-Et si je n’en ai pas envie ?
-S’il te plait… C’est… important.

…..
….
…..
……
….

-Rendez-vous au bar du port. Dans une heure.
-Merci, Rosae.

Je n’arrive pas à croire que je suis ici. Je n’arrive pas à croire que j’ai accepté.
Et j’arrive encore moins à croire que j’ai bien reçu ce coup de téléphone.
Cela fait tellement d’années que je ne l’ai pas vu, que je ne lui ai pas parlé. Nous n’avons fait aucun pas vers l’autre durant tout ce temps, jusqu’à aujourd’hui. Pour quelles raisons ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que je reçoive cet appel ?
J’ai tourné en rond pendant 45 minutes chez moi, incapable de faire quoi que ce soit, incapable de me concentrer sur une quelconque tâche. Sur le trajet jusqu’au port, mon esprit est focalisé sur ce rendez-vous, venu de nul part.
Maintenant que je suis dans le bar, m’installant à une table, je suis toujours aussi troublée. Je suis la première arrivée. Je ne sais pas quoi penser. Je ne sais pas quoi faire. Cette situation est tellement incongrue. Comment dois-je agir, là, maintenant ?
Mais qu’est-ce qui m’a pris d’accepter de la voir ?

Soudain, la porte du bar s’ouvre et je l’aperçois. Les années ont passé mais je la reconnais sans peine.
Roxane. Ma sœur.
Que je n’ai pas vu depuis le dernier anniversaire de Maman. Je n’étais même pas encore majeure, à l’époque. Les triplés de Ryan venaient à peine de naître et moi, je n’étais pas encore enceinte de Joy. Je ne lui ai pas parlé non plus, depuis cette date.
Il s’est passé tellement de temps depuis… J’ai l’impression que cela fait une éternité qu’elle est sortie de ma vie.
Elle semble me chercher du regard, jusqu’à ce qu’elle m’aperçoive. Prise de panique, je lui fais signe de m’attendre et je fonce aux toilettes me rafraîchir. Je me sens mal, rien qu’à l’idée de lui faire face. Les souvenirs m’assaillent et je me rappelle de tout ce qu’elle m’a fait subir. De ses moqueries, de ses insultes, de son rejet. Je me rappelle qu’elle n’a jamais pu me supporter, juste parce que je suis venue au monde. Je me rappelle qu’elle ne m’a jamais donné signe de vie, depuis la dernière fois que nous nous sommes vues. Je me rappelle qu’elle n’était pas présente à l’enterrement de Maman, ni à celui de Papa.
Ma gorge se noue tandis que je prends appui sur le lavabo pour retrouver mes esprits. Qu’est-ce qu’elle fait ici ? Pourquoi souhaite-t-elle, tout d’un coup, me voir ? Quelle mouche l’a piqué ?

Je soupire, je respire un grand coup. Je ne peux plus reculer. Je ne suis plus une enfant. Il faut que je l’affronte et que je découvre pourquoi elle a souhaité me parler.
Je sors donc des toilettes, fébrile. Je la vois assise à la même table où je l’ai attendu. Elle semble calme et ne manifeste aucune impatience. Lentement, je la rejoins et je m’assois en face d’elle. En silence. Hors de question que je lui parle la première.
Nous nous scrutons l’une et l’autre pendant plusieurs minutes. Aucune de nous ne parle. C’est tellement étrange, que nous soyons assises ici, ensemble, depuis toutes ses années, depuis tout ce qui s’est passé. Cela me fait bizarre, d’être face à elle.
Je reconnais Roxane sans problème, mais j’ai l’impression d’être face à une étrangère.
Je ne perçois aucune animosité dans son regard. Juste de l’embarras et de l’hésitation. Des clients du bar semblent la reconnaître, elle la grande violoniste de talent, mais elle n’y prête aucune attention.
Et soudain, chose étonnante, elle me sourit. Un sourire embarrassé, certes, mais un sourire tout de même.

-Je… Je suis contente de voir, Rosae… C’est fou comme tu ressembles à Maman… Me dit-elle soudainement, avec une voix posée, qui trahit à peine sa nervosité. Je hausse un sourcil d’incompréhension. Son attitude n’a aucun sens. D’où elle me parle normalement, maintenant ? D’où elle est contente de me voir, moi, maintenant ?
-Tu m’as appelé juste pour remarquer la ressemblance avec Maman ? Ne puis-je m’empêcher de lui répondre sur un ton cinglant.
-Non… Bien sûr que non… Souffle-t-elle en perdant son sourire. Elle se pince les lèvres et regarde ses mains. Elle ne semble plus savoir où se mettre. Un nouveau silence s’installe entre nous, durant lequel je ne cesse de la fixer avec un regard suspicieux. Roxane est ailleurs, on dirait qu’elle cherche ses mots. Son attitude est tellement déconcertante, tellement opposée à celle de la Roxane que j’ai connu. Si je voulais te voir c’est parce que … c’est parce que… Ajoute-t-elle ensuite, la voix tremblante. Elle prend alors une grande inspiration, comme pour se donner du courage. C’est parce que je voudrais m’excuser.

Je me fige en entendant ces mots. Un blanc s’impose entre nous, le temps que j’assimile l’information qui me parait tellement incongrue. Après tellement d’années, Roxane se réveille enfin et souhaite subitement s’excuser ? C’est invraisemblable, surréaliste ! Ma respiration s’accélère et mon regard se durcit. Je n’arrive pas à y croire ! Ses excuses ne sont que des foutaises !
-Tu te fous de moi, Roxane ? Répliqué-je froidement, en faisant un effort monstre pour ne pas me mettre à crier au milieu du bar. Tu m’as malmenée durant toute mon enfance et mon adolescence, tu as disparu de ma vie depuis le dernier anniversaire de Maman et tu reviens maintenant, comme une fleur, pour me dire que tu es désolée ? La bonne blague, et tu attends quoi de moi, au juste ? Que je te dise super, on oublie tout, viens on va faire du shopping ?
-Rosae, je sais que…
-Que quoi, Roxane ? La coupé-je, sans lui laisser le temps de parler. J’ai contenu tellement de rancœur à son égard que maintenant que j’ai l’occasion de tout lui balancer, rien ne semble pouvoir m’arrêter. Que tu m’as fait du mal ? Que tu as été injuste envers moi ? Ce n’est pas un scoop, ça, Roxane ! Tu n’as jamais cessé d’être méchante avec moi, de m’insulter, de m’humilier à la moindre occasion ! Pour aucune raison ! Je ne t’avais absolument rien fait, je suis juste venue au monde ! Je vais t’annoncer un truc de dingue, Roxane ! Je n’y suis absolument pour rien ! Et je n’y suis pour rien non plus si ma route à croiser celle des enfants de ton père biologique ! Je n’y suis pour rien si je suis devenue amie avec eux ! Je n’y suis pour rien si j’ai préféré sortir et passer du temps avec eux, plutôt qu’à la maison ! Non, sur ce dernier point, c’est entièrement de ta faute ! A force de me faire rejeter par ma sœur, j’ai été trouver l’amour et l’affection dont j’avais besoin ailleurs ! D’autant plus quand ma sœur m’a également privée de mon frère ! Comme si ça ne te suffisait pas de me pourrir la vie, tu as également retourné Ryan contre moi ! Bien, bravo, la frangine ! Quel bel exemple que tu donnes ! C’est admirable ! Et après tout ça, tu as disparu de nos vies, pour faire la tienne tranquillou à Del Sol Valley, puis autour du monde, à faire le seul truc bien que tu puisses faire : jouer du violon ! Certes, tu donnais des nouvelles aux parents, à Ryan, mais tu n’es jamais revenue pointer le bout de ton nez ! Maman, et encore moins Papa, n’ont pu te voir une dernière fois avant de partir ! Quand nous avions besoin de soutien, tu étais absente ! Tu vivais dans ta bulle dorée, tranquille, dans ton coin ! Où étais-tu quand ils sont morts ? Où étais-tu quand il a fallu organiser leur enterrement ? Où étais-tu quand il a fallu leur dire au revoir ? Absente, comme toujours ! Pour Maman, je peux comprendre, tu as eu des soucis pour venir, mais pour Papa ? Ah oui, pardon, ce n’était pas ton père, à tes yeux! Tu n’as jamais été capable de l’appeler Papa! Alors qu’il s’est occupé de toi, de la même manière qu’il s’est occupé de moi et de Ryan ! Mais, ingrate comme tu es, tu n’as même pas pris la peine de venir à son enterrement, de venir lui dire au revoir ! Tu devais certainement avoir mieux à faire, là-bas, dans ton monde à Del Sol Valley !
-Rosae, je n’ai jamais vécu dans une jolie bulle dorée, tranquille, comme tu dis, bien au contraire. Soupire-t-elle tristement, après que j’ai terminé ma tirade. Elle reste calme cependant, et je réalise qu’elle m’a laissé parler tout du long, sans jamais chercher à se défendre, encaissant ma colère sans broncher, comme si elle s’y attendait.
Comme si elle savait qu’elle le méritait.

Je la regarde avec scepticisme. Que veut-elle dire par là ? Je secoue la tête, incapable de croire ne serait-ce un mot qui sort de sa bouche.
-Ne raconte pas n’importe quoi. J’ai déjà vu tes représentations sur scène à la télévision. Tu as toujours rayonné.
-Ce n’était qu’une image que je me donnais, Rosae. Tu sais bien que ce que l’on donne à voir n’est pas forcément la vérité. M’assure-t-elle en réponse. Pour tout t’avouer, je n’ai pas touché à mon violon depuis la mort de Nick.
-Tu continues à l’appeler par son prénom. Relevé-je avec aigreur. Il t’a adopté, élevé comme sa propre fille, et même maintenant qu’il est mort, tu n’es pas fichue de l’appeler Papa. Tu étais pourtant bien là pour signer les papiers du notaire et toucher ta part de l’héritage.
-Seulement pour ne pas faire traîner la succession. Je n’ai pas touché un centime de l’héritage des parents. Réfute-t-elle en secouant la tête. J’ai tout mis dans des placements au profit de mes neveux et nièces qui se débloqueront à leur majorité. Y compris pour Joy, pour ton information. J’ai pu ouvrir un compte pour elle grâce à Nick, vu qu’il avait procuration là-dessus.
Je suis estomaquée par cette révélation. Je ne comprends absolument rien. Comment Roxane est-elle au courant de l’existence de ma fille ? Comment connait-elle son prénom ? Pourquoi a-t-elle fait ce geste pour elle, alors qu’elle m’a toujours détesté ? Ce n’est absolument pas logique !
-Je… J’ai cru que Papa avait souscrit une assurance-vie pour Joy… J’étais tellement ailleurs que j’ai cru que le virement soudain sur son compte provenait de ça… Murmuré-je, livide. Pourquoi aurais-tu fait ça ?
-Parce que je ne voulais pas de l’héritage des parents, je l’ai réalisé quand Maman est décédée. Mais je n’avais pas non plus envie de vous embêter, toi et Ryan, à le contester. Je n’ai pas d’enfants, alors j’ai décidé que le mieux serait de donner ma part à mes neveux et mes nièces. Ils en auront plus besoin que moi pour bien commencer dans la vie. Et Joy… Elle est ma nièce aussi.
-Je… Je ne comprends pas…
-Je ne veux pas de cet héritage parce que je ne le mérite pas. Tout comme je ne mérite pas d’appeler Nick, Papa. Comme tu l’as si bien dit, j’ai été affreuse et ingrate. Beaucoup plus avec toi, mais aussi avec les parents… J’ai commencé à en avoir conscience à la mort de Maman… Je l’ai privé de derniers moments avec sa fille, juste parce que je ne voulais pas prendre le risque de te voir, juste parce que je voulais fuir la maison. Je m’en suis énormément voulu pour ça, et je m’en veux encore. J’ai été dévastée de manquer ses obsèques. Mais je suis quand même venue, j’ai même été voir Nick à la maison. Tu étais au travail à ce moment-là, et Nick gardait Joy durant ton absence. Nous avons beaucoup parlé et il m’a raconté les derniers événements de ta vie, aussi. A ma demande, pour ta gouverne, car je voulais savoir d’où sortait cette adorable petite tête blonde. Je suis d’ailleurs désolée de ce qui t’es arrivée. Que tu sois tombée enceinte si jeune, pour ton hystérectomie… Et aussi pour ton mariage annulé. Si je n’avais pas été aussi stupide, j’aurais, peut-être, pu être une meilleure sœur et être présente pour toi… Soupire-t-elle finalement, sa voix trahissant les regrets qu’elle semble éprouver.
-Pourquoi n’être pas revenue plus tôt, alors ?

-Parce que j’ai été bête, et que j’ai privilégié ma fierté. Hausse-t-elle simplement les épaules. En fait, il faut que tu saches que j’ai fait un gros travail sur moi-même, ces dernières années… Pour être honnête, j’ai suivi une thérapie. M’avoue-t-elle avec embarras, suite à quoi je ne peux cacher ma surprise. La mort de Maman a réveillé beaucoup de choses chez moi, que j’étais incapable de gérer. Je pleurais n’importe quand, sans raison apparente. J’ai eu une crise de larmes pas possible pendant une répétition, et je ne saurais même pas t’expliquer pourquoi car on jouait un nouveau morceau. J’avais des insomnies, mon alimentation était anarchique. Je pouvais passer plusieurs jours sans quasiment rien manger ou, au contraire, avaler n’importe quoi. Bref, on m’a obligé à aller voir un psy.
-Et du coup si tu es là, c’est parce que ton psy t’a dit de le faire pour le bien de ta thérapie ? Supposé-je en levant les yeux au ciel.
-Non, cela fait plusieurs semaines que je ne l’ai pas vu. Si je suis là, c’est de mon propre chef. M’affirme-t-elle. Mais ma thérapie m’a permis de comprendre plein de choses…
-Lesquelles ?
-Que j’étais en colère. J’ai emmagasiné beaucoup de colère durant toutes ces années… J’étais en colère contre Don Lothario, car il a refusé de nous reconnaître. J’étais en colère contre Maman, car elle a fait des enfants avec un homme marié, car elle n’a pas été totalement honnête avec nous concernant l’identité de notre père biologique. J’étais en colère parce qu’elle a refait sa vie avec Nick et qu’elle recréait une famille avec lui. J’étais en colère parce que tu étais là, que tu avais tes deux parents, contrairement à moi. Je ne comprenais pas pourquoi moi, je ne pouvais pas avoir mon « vrai » père. Alors, je me suis défoulée sur toi, parce que tu représentais tout ce qui me rendait en colère. Je me suis accrochée à Ryan parce qu’il était le seul à être dans la même situation que moi. Comme si nous étions tous les deux contre le reste du monde. J’ai grandi avec cette colère, j’étais aveuglée par elle. J’étais incapable de réaliser cette situation, car faire disparaître cette colère, c’était comme enlever une partie de mon identité. Puis, j’ai fui. J’ai fui mes problèmes, je t’ai fui, toi. A mes yeux, tu étais la cause de mes problèmes et j’étais persuadée qu’en te fuyant, je serais libérée et que je me sentirais mieux. Mais j’avais tort. Mes problèmes, c’était moi qui les créaient. Si j’ai pété les plombs après la mort de Maman, c’est parce qu’au fond, j’ai réalisé que ma vie entière était un mensonge. Un mensonge que je me suis crée de toute pièce. Il m’a fallu du temps pour l’admettre, et encore plus pour me reconstruire ensuite. Il a fallu que j’apprenne à me définir autrement qu’avec cette colère. Si je ne suis pas revue avant, Rosae, c’est parce que j’en étais incapable. Il fallait que je fasse tout ce travail pour… pour réaliser à quel point j’ai été injuste envers toi et que je puisse enfin me tenir devant toi sans risquer de sombrer à nouveau dans mes travers. Je t’ai appelé sur un coup de tête, aujourd’hui, car j’ai ressenti le besoin de te présenter mes excuses, tout au fond de moi. Comme si je sentais que c’était le bon moment pour le faire. Alors, je te le dis maintenant, Rosae… Je suis sincèrement, et profondément désolée pour tout ce que je t’ai fait subir.

Je prends un instant de réflexion. J’ai besoin d’un temps pour réfléchir, pour repenser à ses paroles. Cela me semble tellement surréaliste, tellement que cela casse l’image que j’ai de Roxane. Je sais, au fond de moi, qu’elle dit la vérité. Elle transpire la sincérité par tous les pores et mon cœur se serre à l’idée de ce qu’elle a vécu.
Mais quelque chose me bloque. Quelque chose m’empêche de lui accorder mon pardon.

-Ce… C’est trop facile, Roxane. Secoué-je la tête, ne sachant pas quoi penser de cette conversation. Après tout ce qui s’est passé, tu viens là, du jour au lendemain, m’expliquer tout ça et me présenter ton pardon… Comprends-moi que c’est difficile à digérer.
-Je le comprends, je peux te l’assurer. Me confirme-t-elle dans un hochement de tête.
-D’autant plus que tu n’étais pas là à l’enterrement de Papa. Où étais-tu ?
-Chez moi. Incapable de sortir et de mettre un pied dehors. M’avoue-t-elle en baissant les yeux. Quand Nick est mort, j’ai réellement compris que j’avais tout gâché. Je refusais de sortir, d’affronter un monde où je devais assumer mes erreurs et admettre que j’allais devoir vivre avec ça sans pouvoir revenir en arrière. Nick avait beau m’appeler régulièrement, j’avais honte de m’être mal comportée avec lui aussi. J’avais honte et pourtant, il continuait d’agir normalement, de me parler comme si j’étais sa fille.
-Parce que tu es sa fille, Roxane.
-Je sais. Mais je ne suis pas sûre que je le mérite… C’est pourquoi que je ne pouvais pas sortir de chez moi, et me rendre à l’enterrement de Nick. Parce que j’étais effondrée de ne pas avoir réussi à mériter d’être sa fille. Et je m’en veux tellement pour ça…
-Roxane, ce n’est pas un titre qui se mérite, tu sais ? Lui dis-je, la gorge nouée. Je sens l’émotion m’envahir, mais je fais mon possible pour la retenir. Mon cœur me hurle une chose alors que ma tête crie le contraire. Je suis totalement déstabilisée. Tu es sa fille car il t’a élevé, et aimé comme telle. Il aurait fait n’importe quoi pour toi, de même que pour Ryan et moi. Peu importe tes erreurs.
-Je sais, au fond de moi je le sais. Mais je m’en veux tellement, si tu savais… J’ai tout gâché et rien de ce que je pourrai faire ne pourra rattraper ces années perdues.

Un nouveau silence s’installe entre nous. Roxane respire un grand coup et ferme les yeux, comme si elle se retient se pleurer. Je ne l’ai jamais vu ainsi, aussi fragile et vulnérable. J’ai devant moi une Roxane que je ne connais pas. Une Roxane totalement différente de celle qui m’a malmenée durant toutes ces années…
Pourtant, je suis incapable de déterminer si je dois lui pardonner ou non. Est-ce bien raisonnable ? N’est-ce pas trop tard pour cela ? Reste-t-il quelque chose à réparer, depuis tout ce temps ? En ai-je non seulement envie ?

-Roxane… Qu’est-ce que… Qu’est-ce que tu attends de moi au juste ? Lui demandé-je dans un souffle, après que nous ayons repris toutes les deux nos esprits.
-Je… Je ne sais pas. Me répond-t-elle avec sincérité. Je… Je crois que je n’attends pas grand chose. Honnêtement, je ne sais pas si je me pardonnerais, à ta place. Je suis venue te voir parce que je te devais des excuses. Je ne peux pas changer le passé, et crois-moi que si je le pouvais, je le ferai. Mais aujourd’hui… La seule chose que je peux faire, c’est ça. Mais toi… Tu… Tu fais ce que tu veux. Tu ne me dois absolument rien et je comprendrais que tu ne veuilles pas de moi dans ta vie.
Je me contente d’hocher la tête, avant de me replonger dans mes réflexions. Je suis touchée par son histoire, ainsi que par ses excuses. Mais de quoi ai-je envie, pour nous deux ?

Au bout de plusieurs longues minutes, je finis par me lever en silence. Roxane fait de même, cherchant à contenir ses larmes.
Spontanément, sans me forcer, et pour la première fois de ma vie, je la prends dans mes bras. Elle sursaute de surprise avant de rendre mon étreinte.
-Rosae, je suis tellement désolée pour ce que je t’ai fait subir. Me répète-t-elle sans plus parvenir à retenir ses larmes. Je mentirai si je disais que je n’ai pas les larmes aux yeux.

Je sais. Je ne suis pas certaine que nous aurons une belle relation fraternelle toutes les deux et j’ignore si nous serons proche, un jour. Il va me falloir du temps, Roxane. Trop de blessures doivent cicatriser.
-Bien sûr, c’est légitime. Je n’attendais pas de miracle.

-Roxane ?
-Oui ?

-Je te pardonne.

Génération Rose – Génération 2 -Chapitre 27

Le jour J finit par arriver. Aujourd’hui, nous allons fêter l’anniversaire de Joy en famille. Ce soir, plus exactement, quand les enfants rentrerons de l’école. J’ai eu un SMS de Sven hier soir, me confirmant sa présence pour l’anniversaire de sa fille. Joy n’est pas au courant, il a souhaité lui faire la surprise. Malgré ce qui s’est passé entre nous, je suis heureuse qu’il soit présent. C’est important qu’il le soit, pour elle. Bien qu’il vive en Suède, il fait son possible pour être là dans la vie de sa fille et je suis persuadée que Joy sera heureuse de voir son père ce soir.
-Pas trop nerveuse de fêter ton anniversaire ? Lui demandé-je pendant qu’elle lave son bol du petit-déjeuner.
-Bah non, pourquoi ? C’est qu’un anniversaire. Me répond-t-elle sur un ton détaché.
-C’est juste que… Tu vas commencer à faire partie des grands. Tu vas entrer au lycée…
-Ca me gêne pas. Je vais pouvoir apprendre de nouvelles choses et c’est super cool ! J’ai hâte de découvrir le CDI du lycée, je suis sûre que je vais trouver des livres intéressants sur l’astronomie !
-Bon… Bah tant mieux! Soufflé-je, avant que Joy ne file se préparer avant de partir à l’école.

Je n’ai jamais été autant ravie de voir ma fille partir à l’école. Je vais pouvoir préparer la maison pour accueillir le cadeau de Joy au mieux.
En début d’après-midi, la dame du refuge de Brindleton Bay arrive avec une caisse de transport à son bras. Elle m’affiche un grand sourire, tandis qu’elle libère l’animal à l’intérieur de la maison.
Un petit chiot… Je tends aussitôt ma main vers lui pour qu’il sente mon odeur, tandis que j’écoute les conseils de la bénévole.

Je craque devant sa bouille. Je lui caresse le haut de la tête, et il me lèche aussitôt la main. Je suis persuadée qu’il sera un formidable compagnon à quatre pattes pour Joy. Complètement attendrie, je suis une nouvelle fois sûre de moi quant à mon cadeau pour ma fille.
Je la sais solitaire, et je ne peux pas la forcer à aller vers les autres. Néanmoins, je reste embêtée qu’elle n’ait pas d’amis… D’où l’idée de lui offrir un fidèle compagnon, qui saura lui tenir compagnie et servir de confident lorsqu’elle aura envie de parler à quelqu’un d’autre que sa mère. Et puis, le chien est le meilleur ami de l’homme, non ?

En fin d’après-midi, Joy rentre rapidement de l’école. Elle pose ses affaires et très rapidement, le chiot manifeste sa présence auprès de sa jeune maîtresse.
-Maman ! Tu as pris un chien ? S’étonne-t-elle, tout en approchant sa main vers le chiot.
-C’est pour toi ma puce. Joyeux anniversaire!
-Oh merci Maman ! Il est trop mignon !! C’est un garçon ou une fille ?

-C’est un mâle ma puce. Il faudra que tu lui trouves un prénom ! Lui réponds-je tandis qu’elle s’empresse de le prendre dans ses bras pour lui faire des câlins.
Je ne peux m’empêcher de sourire en la voyant faire des papouilles au chien. Il lui lèche le visage et cela ne semble pas la déranger. A peine l’a-t-elle dans les bras qu’elle ne semble plus vouloir le lâcher.
-Phenix ! Je vais l’appeler Phenix! S’exclame-t-elle sans la moindre hésitation.
-C’est adorable ! Par contre, il s’agit de ton chien. Je te fais confiance pour t’en occuper ! Lui donner à manger, le promener, ramasser les crottes…
-Pas de soucis Maman !Ca me changera des livres! Accepte-t-elle sans broncher, tout en continuer de cajoler Phenix.
-C’est ça ! Bon, pose le avant de lui donner le vertige et va te préparer pour ce soir.
-Oui Maman !

Après s’être changée, Joy continue de jouer avec Phenix. A force de le faire courir partout, elle va nous l’épuiser le pauvre. Mais ce chiot ne semble pas se plaindre et court partout avec plaisir. Bientôt, la sonnette retentit dans la maison et je demande à Joy d’aller ouvrir, étant occupée avec son gâteau d’anniversaire.
Joy obtempère et se dépêche d’aller ouvrir… à son père. Elle en a un hoquet de surprise et ne tarde pas à sauter dans ses bras.
-Papa ! Je croyais que tu ne pouvais pas venir !
-Surprise ! S’exclame-t-il à son tour, heureux de son effet. Je n’allais pas manquer ton anniversaire, quand même! Tu es toute belle ce soir dis donc !
-Oui ! Phenix ne m’a pas mis trop de poils encore !
-Phenix ?
-Mon chien ! Maman m’a offert un chien ! Il est trop mignon ! Viens voir ! Lui répond-t-elle avant de l’entraîner à l’intérieur de la maison pour lui présenter sa boule de poils. Je vois Sven sourire pour la forme, mais il semble embarrassé par son petit paquet cadeau.
-Il est adorable, Joy. Mais du coup, je ne sais pas si je vais réussir à être à la hauteur avec mon cadeau… Bredouille-t-il avant de le lui donner.
Les yeux de Joy pétillent de curiosité tandis qu’elle s’empresse de déballer le cadeau de son père. Je lance un regard rassurant à Sven. Je connais ma fille, quoiqu’il lui offre, elle aimera autant son cadeau que le chien.
-Un livre sur la fuséologie ! S’écrit-elle joyeusement. Merci Papa ! C’est trop cool !
-J’ai cru comprendre que tu aimais les étoiles, l’espace… J’espère que ça te plait.
-Oui j’adore ! Je pourrais le lire sur un banc en sortant Phenix !
-Tu ne pouvais pas lui faire plus plaisir. Confirmé-je à Sven à voix basse, tandis que Joy avait déjà le nez dans son nouveau livre.

Peu de temps après, mon frère et sa famille viennent se joindre à nous. Ryan s’empresse de donner son cadeau à Joy, un autre livre sur l’espace. Décidément, elle va avoir de la lecture !
Phenix fait également son petit effet. Les triplés sont obnubilés par le chiot, délaissant leur portable… avant de le reprendre pour le prendre en photo sous toutes les coutures. Pauvre chien.
Très vite vient le moment tant attendu. Je présente le gâteau aux fraises sur la table, et j’allume les bougies.
Joy se place alors devant le gâteau, qu’elle observe avec gourmandise. Et elle souffle les bougies !

-Bon anniversaire Joy !

Ca y est. Ma fille est désormais une magnifique adolescente. Cela me fait tout drôle de la voir aussi grande. J’ai l’impression que c’était hier que je découvrais ma grossesse… Mais je ne peux m’empêcher d’être fière, en la voyant aujourd’hui.
Joy fait le tour des invités, pour les remercier de leur présence aujourd’hui. Elle ne semble pas très à l’aise, mais elle se plie quand même aux règles de politesse.

-Bon anniversaire, cousine !
-Merci Sarah, c’est gentil. Lui répond alors Joy.
-C’est cool ! Maintenant que tu es grande, on va pouvoir te traîner partout avec nous ! S’enthousiasme Sarah, en affichant un immense sourire. Je ne serai plus la seule fille au milieu des deux nuls !
-Euuuh… On verra. Bredouille Joy, n’étant visiblement pas partante pour être entraînée partout par sa cousine.
-Bon les filles, vous venez vous servir une part de gâteau ?

Après s’être servies une part de gâteau aux fraises, les filles s’installent sur le canapé. Sarah ne cesse de parler et je vois bien que Joy se contente d’écouter en souriant poliment. J’ignore si elle ne sait pas quoi répondre à sa cousine ou si Sarah ne lui laisse pas le temps d’en placer une.
-En tout cas, tu es sacrément canon ! Les mecs au lycée, ils vont grave baver en te voyant c’est sûr ! Affirme Sarah, alors que Joy se met à fixer son assiette, mal à l’aise. Tu n’auras aucun problème à draguer en boîte toi !
-Tu sais Sarah, ça… m’intéresse pas trop, d’aller en boîte.. Ni même de draguer d’ailleurs. Marmonne Joy avant d’avaler un morceau de gâteau.
-Roh, belle comme tu es ! Ca serait du gâchis !
-Oui, mais je viens à peine de fêter mon anniversaire, j’ai le temps avant de penser aux garçons. Bredouille-t-elle avant de faire tomber du gâteau sur sa robe. Oh zut !
-Attends, je vais te chercher une serviette.

Le reste de la soirée s’est passée sans encombre. Joy a eu un mal fou à se débarrasser des assauts de sa cousine, y compris lorsqu’elle emmenait Phenix dehors pour qu’il fasse ses besoins. Le soulagement était visible sur son visage lorsque les invités sont partis.
Néanmoins, elle était quand même contente de sa soirée d’anniversaire. Elle ne quitte ses nouveaux livres que pour s’occuper de Phenix. Elle adore son chien et elle a même installé son tapis dans sa chambre pour qu’il puisse dormir avec elle.
Quelques jours plus tard, Joy est partie découvrir son lycée pour sa première journée de cours. Je suis occupée à faire la vaisselle de la veille, quand soudain, je sens mon téléphone portable vibrer dans ma poche.

Je ne tarde donc pas à couper l’eau du robinet et à me sécher les mains. Je sors mon téléphone de ma poche et je me dépêche de décrocher avant que mon interlocuteur ne tombe sur le répondeur, sans même prendre le temps de regarder l’écran.
-Oui allô ?
-Rosae ? C’est moi…