Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 31

Rosae
-Surprise ! S’exclame Paul, visiblement fier de son petit effet, alors que je suis estomaquée par sa présence devant ma porte. Certes, cela fait un moment que nous n’avons pas parlé, chacun étant accaparé par la vie quotidienne, mais aux dernières nouvelles, il était toujours à Selvadorada avec sa femme, Sylvia. Je suis rentré il y a quelques jours et j’ai tenu à te faire la surprise. C’est Caroline qui m’a donné ta nouvelle adresse. Ajoute-t-il ensuite, se retenant de rire devant ma tête éberluée.
-Ca pour une surprise ! M’exclamé-je en essayant de reprendre mes esprits. Ca fait tellement longtemps que l’on ne s’est pas vu !
-Depuis que je suis parti pour mon tour du monde, je crois. Me confirme-t-il en hochant la tête.

–Ah oui quand même ! Ca ne nous rajeunit pas ça ! Joy n’était pas encore née ! Réalisé-je, alors que j’ai l’impression que Paul est parti hier pour découvrir le monde. Un monde qu’il n’a pas découvert longtemps puisqu’il a rencontré l’amour en route. Tu es de passage ici donc ?
-De passage à Brindleton Bay oui, mais Pierre m’héberge chez lui à Oasis Springs. La maison est grande et malgré l’arrivée des jumeaux, on ne se marche pas dessus. M’informe-t-il avec un sourire, un brin fier d’être tonton. En effet, il y a quelques jours, Lucia a mis au monde des faux-jumeaux, Patrick et Marina Lothario. Je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire quand Pierre m’a annoncé leur naissance. Décidément, les Lothario n’ont pas de problème de fécondité !
-Ca doit en faire du monde à la maison ! Tu veux entrer ? Tu dois avoir tellement de choses à raconter ! Et puis, je pourrai te présenter ma fille ! Tu verras, elle est adorable !
-C’est gentil Rosie, mais je passais juste faire un coucou. J’ai pas mal de choses à régler depuis que je suis… rentré. M’avoue-t-il un peu gêné. Mais on peut s’organiser un truc, si tu veux. Toi aussi tu dois en avoir des choses à raconter !
-Ca serait avec plaisir, Paul. Tu m’appelles dès que tu auras du temps ?
-Bien sûr !

Nous avons discuté encore un peu, avec Paul, avant qu’il ne doive partir. Cela m’a fait plaisir qu’il passe me faire coucou malgré qu’il n’a, visiblement, pas beaucoup de temps pour lui en ce moment.
Son retour parmi nous est une vraie surprise, lui qui était parti parce qu’il avait besoin d’air, et qui ne savait pas s’il reviendrait un jour. Je ne peux m’empêcher de m’interroger, me demandant s’il n’est là que pour quelques temps avant de repartir à Selvadorada, ou s’il compte rester ici.
En tout cas, cela m’a fait plaisir de le revoir. Paul a toujours été un ami formidable et il m’a manqué, durant toutes ces années.
-C’était qui ? Me demande Joy lorsque je rentre enfin dans la maison. Je sursaute, réalisant qu’elle a fini de bricoler dans le garage.
-Un vieil ami. Lui réponds-je distraitement, la tête ailleurs. Paul, le frère de Pierre et de Caroline. Précisé-je ensuite alors que Joy me jette un regard interrogateur.
-Il n’était pas à Selvadorada ?
-Eh bien, visiblement, il est rentré.

Joy
Maman était bizarre ce soir. Elle a la tête ailleurs depuis qu’elle a vu son ami. Je ne sais pas grand chose sur Paul, je l’ai juste vu sur des vieilles photos de Maman et jamais en vrai. Je sais juste qu’il vit à Selvadorada et qu’il est marié. Avec la naissance des jumeaux de Pierre, peut-être qu’il s’est décidé à venir voir ses neveux et nièces.
En tout cas, c’est gentil de sa part d’être passé faire un coucou à Maman. Même si cela l’a chamboulée toute la soirée.
Mais, même si c’est drôle de la voir dans cet état, elle n’a pas tenu en place de la soirée. Impossible pour moi de me concentrer sur mes devoirs. Je me suis empressée de prendre ma douche et d’enfiler mon pyjama afin de pouvoir m’enfermer dans ma chambre. Assise sur mon lit, j’étudie avec plaisir. Par moment, je jette un coup d’oeil à Phenix qui dort sur son tapis, mais même sa bouille adorable ne parvient pas à me déconcentrer.

Ce week-end, Maman me prévoit une surprise. Elle refuse de m’en dire plus, juste que nous allons passer un moment mère-fille. Je suis sceptique, car je connais ma mère. Et je sais que nous n’avons pas forcément les mêmes goûts, donc je me méfie de ce qui peut la réjouir à ce point.
Sur le chemin pour y aller, je n’ai pas arrêté de l’interroger, d’essayer de savoir où nous allons. Mais elle refuse de me répondre, jusqu’à ce que nous soyons arrivées à destination.
Un spa. J’hausse un sourcil sceptique.
-Tadam ! Et voilà ma surprise ! S’exclame Maman, toute contente de son effet. Je t’offre une après-midi détente avec ta mère ! Ca te fait plaisir ?

Je me force à sourire. Un beau grand sourire, digne d’une pub pour un dentifrice. Elle sera éblouie et elle ne verra pas que je ne suis pas très enchantée de passer mon après-midi dans un spa.
Voir même, pas du tout.
L’idée de me balader en serviette dans un bâtiment rempli d’inconnus me gêne d’avance. Voir des inconnus en serviette ou en peignoir ne me réjouit pas non plus.
Je préfère largement passer mon après-midi à la maison. Ou à la bibliothèque. En tout cas, dans un lieu où je garde mes vêtements.
-Oui Maman, c’est … chouette ! Mens-je sans hésiter. Cela lui fait tellement plaisir de me faire ce cadeau, je n’ai pas envie de lui faire de la peine.
-Je suis contente que cela te fasse plaisir ! J’ai réservé une séance de message pour nous deux ! Un massage suédois, cela devrait te plaire! M’annonce-t-elle avec un fin sourire, suite au clin d’oeil sur mes origines.
-Oh … cool…
Super ! Je vais me faire tripoter par une inconnue ! Je suis ravie !
Ou pas.

Je suis Maman à l’intérieur du spa, un peu à reculons. Je n’ai aucune envie d’entrer à l’intérieur, mais cela lui fait plaisir. Alors je fais un effort et je prends sur moi au moment de me changer. Lorsque nous arrivons dans la salle de massage, accueillies par deux masseuses, je réprime une grimace. La musique apaisante me donne envie de bâiller et je suis tendue durant tout le massage.
Je plains la pauvre masseuse d’être tombée sur une cliente comme moi. Mais je n’y peux rien si je n’apprécie pas d’être touchée par une personne que je ne connais pas.

Une fois le massage terminé, mon calvaire n’est pas terminé. Maman m’entraîne dans le sauna pour prolonger la détente. Des gens sont déjà présents et je ne suis vraiment pas à l’aise de devoir m’asseoir à côté d’un homme transpirant que je n’ai jamais vu de ma vie. J’essaie de me tenir le plus loin possible de lui, mais je n’ai qu’une envie : partir d’ici.
-Ca va ma chérie ? Ca n’a pas l’air d’aller. S’inquiète subitement Maman, alors que je ne sais pas quoi lui répondre. Je n’ai vraiment pas envie de la vexer.
-Je… C’est juste que.. Je ne suis pas très à l’aise Maman… C’est pas trop mon truc, je suis désolée… Bredouillé-je finalement, un peu honteuse de devoir lui faire de la peine.

–Oh… Ca ne fait rien ma chérie. Me répond simplement Maman, en me souriant avec compréhension. Aussitôt, je me sens soulagée. J’avais simplement envie de passer ce moment avec toi, comme l’a fait ta grand-mère avec moi quand j’avais ton âge. M’avoue-t-elle, un aveu qui me touche. Maman a simplement partagé avec moi la même chose qu’elle a partagé avec Mamie. Elle avait emmené ta tante, également. Je… J’avais envie de faire pareille avec toi, comme une petite tradition familiale.
-C’est adorable Maman. Lui dis-je avec sincérité cette fois-ci. Je ne suis désolée que ce ne soit pas trop mon truc…
-Ce n’est pas grave, tu as le droit de ne pas aimer. Me rassure-t-elle. Tu veux rentrer ?
-S’il te plait.
-Alors, allons-y.

Rosae
Après notre escapade écourtée au spa, Joy se plonge dans son livre sur l’espace et les fusées. Je la laisse vaquer à ses occupations, et je décide de profiter des derniers beaux jours pour me détendre sur une chaise longue en maillot de bain.
Je suis un peu triste que Joy n’est pas appréciée notre sortie au spa, car j’avais vraiment envie de partager avec elle ce que j’ai pu partager avec ma mère. Mais je n’ai pas envie de la forcer et au final, je la comprends. C’est une adolescente réservée, qui n’est pas très à l’aise avec des inconnus. Elle a essayé de faire un effort pour me faire plaisir et cela me touche. Mais je n’ai pas envie qu’elle se force à quoique ce soit.
Je ne veux que son bonheur après tout.
Je soupire d’aise sur ma chaise, avant de fermer les yeux…

Plus tard, le soleil commence à se coucher et l’air se fait plus frais. Je me décide à rentrer à l’intérieur de la maison pour m’habiller plus chaudement, mais je ne peux m’empêcher de grimacer en m’asseyant, puis en me levant.
Lorsque je rentre dans la maison, Joy a toujours le nez plongé dans son livre. Je m’assois un peu avec elle à table. Elle lève alors les yeux vers moi et a un sursaut de surprise.
-Maman ?!
-Oui ma fille ?
-Tu… Tu as vu ta peau ?

-Oui, j’ai un peu abusé du soleil… Et je crois que je me suis endormie sur la chaise. Admis-je, un peu gênée, alors que je vois Joy se mordre la joue pour s’empêcher de rire.
-Un peu beaucoup ouais. On dirait une écrevisse.
-Ne te moque pas ma fille ! Je donne de ma personne pour te faire une leçon de vie! N’oublie jamais de mettre de la crème solaire ou sinon, tu vois ce que ça donne ! Tenté-je de me raccrocher aux branches, alors que Joy ne peut plus se retenir de pouffer de rire.
-Une leçon de vie, mais bien sûr ! Mais dis-moi, c’est pas demain que tu déjeunes avec Paul ? Me rappelle soudainement Joy, avec une lueur taquine dans le regard. Soudain, je me rappelle le coup de fil de mon ami ce matin, m’invitant à déjeuner avec lui pour discuter du bon vieux temps. Elles vont être belles, les retrouvailles !

-C’est sûr que j’en connais un qui va bien rire… Aïe, j’espère que le temps sera nuageux avec un vent frais demain ! Me mets-je à espérer, alors que je perds définitivement Joy, partie dans un fou rire incontrôlable.