Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 20

Un peu préoccupée par mes soudaines nausées, je rentre du travail en posant mille questions. Il faudra que je vérifie la possibilité d’une grossesse imprévue, sinon je n’ai pas fini de faire des insomnies. Je soupire en songeant à cette hypothèse. J’ai le chic pour me mettre dans des situations pas possible et il faudrait que je songe à changer de médecin. Visiblement, le mien, n’est pas de très bons conseils.
En rentrant, mes tracas s’envolent instantanément. Mes enfants sont plongés dans leurs devoirs et je n’ai pas eu besoin de leur courir après pour qu’ils travaillent.

Émue d’avoir des enfants studieux, du moins pour le moment, je me sers un peu de yaourt aux fruits pour m’installer avec eux à table. Je suis fière d’eux en cet instant et je me tiens prête à les aider si jamais ils en ont besoin.
-Ca a été votre première journée d’école ? Leur demandé-je, curieuse de savoir si tout s’est bien passé.
-Normal. Répond ma fille.
-Nickel ! Ajoute alors Ryan.
-Tu es déjà en pyjama Roxie ? M’étonné-je alors, remarquant la tenue de ma fille.
-Oui, je voulais être à l’aise.
-Vous avez besoin d’aide pour vos devoirs ? Leur proposé-je ensuite, suite à quoi ils refusent. Deux minutes après, ils ont fini. Visiblement, leurs devoirs ne sont pas bien compliqués pour commencer.

Le lendemain matin, je me réveille en me sentant mal. Une nausée vient me faire coucou, et je me demande plus sérieusement si je n’ai pas un bébé qui se développe dans mon ventre. Je soupire de dépit, scrutant rapidement mon corps. J’ai pris du poids ces derniers temps. J’ai pensé que c’était les excès dû aux fêtes, mais finalement, je me dis que c’est peut-être tout simplement le bébé qui commence à prendre de la place.
-Tout va bien ? Se réveille à son tour Nick, laissant échapper un bâillement.
-Oui, ça va. Je vais juste faire un tour aux toilettes, je reviens.

Après avoir laissé Nick se replonger dans les bras de Morphée, je file donc aux toilettes. J’ai caché un test de grossesse dans le meuble et je m’empresse de le sortir. Je dois en avoir le cœur net…
Sans surprise, le résultat se révèle positif. Mon regard reste fixé sur le test, ne sachant comment réagir. Pour Don, tout était différent. Je n’étais pas en couple avec lui et quelque part au fond de moi, je me doutais qu’il n’allait pas sauter au plafond. Pas au point de refuser tout lien avec ses enfants, mais je me doutais que l’annonce n’allait pas être une partie de plaisir.
Aujourd’hui, je suis avec Nick. Nous formons un couple, notre relation est sérieuse. Il s’occupe avec plaisir de mes enfants et je sais très bien qu’il sera ravi d’accueillir un nouveau membre dans notre famille. Un enfant bien à lui, avec la moitié de son ADN. Néanmoins, est-ce réellement le bon moment ? Notre couple est encore jeune et mes craintes reviennent vite. Et si, lui aussi, finissait par nous laisser ? Je me retrouverai avec non plus deux, mais trois enfants à gérer, toute seule.
Je soupire, puis je finis par sortir des toilettes. Il faut que j’annonce la nouvelle à Nick et cela tombe bien car, quand je rentre dans la chambre, il est debout.

-Nick, il faut que je te parle. Lui dis-je, un peu nerveuse.
-Qu’est-ce qui se passe ? Tu es malade ? C’est pour ça que tu n’as pas l’air bien depuis quelques jours et que tu as foncé aux toilettes ?
-Observateur dis moi… Non, je ne suis pas malade… Je… Je suis enceinte Nick. Lui annoncé-je alors, en lui montrant mon ventre déjà arrondi. Je pensais avoir simplement abusé mais non… Soufflé-je, penaude, comme si j’avais fait une bêtise.
-Enceinte ? Tu es enceinte ? Répète-t-il, hébété, comme s’il n’en revient pas de la nouvelle. Mais… Je vais être Papa ! C’est génial !

-Tu crois ? Lui demandé-je tout en m’asseyant sur le lit. Au fond de moi, je suis tout de même ravie de sa réaction. Est-ce seulement le moment d’avoir un bébé ?
-Que ce soit le moment ou non, le fait est qu’il est déjà bien en route. Me répond Nick avec un sourire rassurant. J’ai toujours voulu être père. J’adore tes enfants et je t’accompagnerai dans leur éducation comme s’ils étaient de moi… Mais je t’avoue que je suis aussi très heureux d’avoir un enfant avec toi. Qu’on est notre enfant. C’est peut-être un peu tôt dans notre relation, mais on se connait tout de même depuis plusieurs années. On s’en sortira.
-Certes… Mais on va le mettre où ? Soupiré-je, inquiète. J’ai déjà du faire construire une extension pour accueillir les jumeaux et même avec ça, la maison est limite trop petite. Alors, avec un nouveau bébé…
-Ce n’est qu’un soucis matériel. On trouvera une autre maison et on vendra celle-ci. Ce n’est pas bien grave. M’assure-t-il avec confiance, avant de s’asseoir à côté de moi pour me prendre dans ses bras. Enfin, si c’est ce que tu veux.
-Nick… Je me sens un peu dépassée par les événements. C’était pas prévue…
-Je sais Mae, je sais. Mais tu n’es pas toute seule, je suis là pour toi. Je serai là pour te soutenir et on élèvera cet enfant tous les deux. Et il aura un super grand frère et une super grande sœur.
-Tu as raison. C’est juste… C’est juste que ça me fait un peu peur… J’ai peur de me retrouver toute seule avec trois enfants…
-Ce ne sera pas le cas. Me promet-il, avant de m’embrasser tendrement. Parce que je t’aime et que j’aime déjà notre enfant. Me susurre-t-il tout en caressant mon ventre. Je sens mon cœur s’envoler.
-Je t’aime aussi Nick.

Nous sommes restés un moment dans notre chambre, profitant de ce moment unique, pendant que les jumeaux ne sont pas encore levés. Cela m’a fait du bien. Ce moment avec Nick m’a permis de me recentrer sur la réalité et non sur mes angoisses. La réalité a qu’il a déjà là pour moi lors de ma première grossesse alors que j’attendais les enfants de Don, il n’y a aucune raison qu’il ne soit pas présent pour son propre bébé. Pour la maison, nous en trouverons une autre, plus adaptée à une vie de famille.
Tout ira bien, il n’y a pas de raison que cela en soit autrement.

-Ça sent super bon ce que tu fais Maman ! Me sort de mes pensées Roxane pendant que je prépare le petit déjeuner.
-Merci ma puce. Je suis en train de faire des toasts avec des œufs, ça t’ira ?
-Trop bien !! Se réjouit-elle alors, sans se douter que, dans quelques mois, elle allait devenir grande sœur.
-Maman, je peux faire un peu de violon en attendant que cela soit prêt ?
-Bien sûr.

Ravie par mon autorisation, Roxane court dans sa chambre chercher son violon, celui qu’elle a eu de la part du Père Noël. Elle ne le lâche plus depuis qu’elle est suffisamment grande pour pouvoir l’utiliser. Elle l’adore et elle en joue dès qu’elle le peut… Peut-être que plus tard, elle sera une violoniste de renom, mais pour le moment, elle nous casse surtout les oreilles. Mais comme j’aime ma fille et que je veux l’encourager à s’améliorer, je garde cette dernière information pour moi.
-T’as fait une fausse note, là. Lui fait remarquer Ryan qui lui, ne se gêne pas pour taquiner sa sœur.
-Ta bouche, t’y connais rien. Grimace-t-elle alors qu’elle galère un peu pour obtenir une mélodie harmonieuse.
-C’est censé être agréable à écouter, là, ça pique.
-Ryan, il faut qu’elle travaille pour s’améliorer. Alors encourage là plutôt que de te moquer. Le repris-je, ne voulant pas qu’il enfonce sa sœur.
-Roh, si on ne peut plus rigoler !

Pour le petit déjeuner, nous décidons de manger dehors. Malheureusement, le soleil se cache et les bougies nous aident bien à nous voir.
Je suis un peu nerveuse. Je ne veux pas cacher à mes enfants que j’attends un bébé et avec Nick, nous avons décidé de leur annoncer pendant le repas, pendant que nous sommes tous ensemble. Je le regarde, il hoche la tête, confiant. Je respire un grand coup, avant de me lancer.

-Les enfants, on a quelque chose à vous annoncer avec Nick. Commencé-je, en les observant pour jauger leur réaction.
-Qu’est-ce qui se passe ? Demande Ryan, curieux, alors que Roxane garde le silence, attendant la suite.
-Je … Je suis enceinte. Nous allons avoir un bébé, avec Nick.
-Ce qu’il fait que vous allez avoir un petit frère ou une petite sœur. Ajoute Nick, avec un sourire.
-Sérieux ? Même si tu n’es pas notre vrai papa ? Interroge Ryan, surpris, ne semblant pas savoir quoi en penser. J’ai toujours été honnête avec eux, et ils savent très bien que Nick n’est pas leur père. J’ai seulement édulcoré la réalité pour expliquer l’absence de Don : j’ai simplement dit qu’il n’était pas prêt. Ils n’ont pas posé davantage de questions.
-Oui, car vous avez la même maman. Lui dis-je avec un sourire. Vous serez du coup de la même famille.
-C’est trop cool ! Se réjouit alors Ryan. Je vais pouvoir lui apprendre plein de trucs ?
-Si ce n’est pas des bêtises, oui. Lui confirme Nick, amusé par sa question.

Ryan n’arrête pas de poser des questions, demandant ce qu’il pourrait faire ou non avec le bébé, quand il sera là, et plein d’autres choses. Je dois avouer qu’il a beaucoup d’imagination et je me demande bien où il peut bien trouver toutes ses idées. Nous ajoutons également lors de la conversation que nous allons devoir déménager pour vivre dans une plus grande maison. Ryan est, une fois de plus, ravi, et cela fait plaisir à voir.
Néanmoins, je m’inquiète en voyant la mine de Roxane. Elle n’a rien dit depuis que j’ai annoncé qu’elle va devenir grande sœur. Elle regarde son assiette avec un air songeur sur le visage, comme si elle était perdue dans ses pensées. J’ignore ce qu’il se passe dans sa tête mais j’espère qu’elle finira par se faire à cette nouvelle, pour pouvoir accepter le bébé qui va arriver.

Après le petit déjeuner, chacun vaque à ses occupations. C’est le week-end et j’en profite donc pour passer du temps avec ma famille. Je décide donc de me consacrer à ma fille en lui proposant de l’initier aux échecs, un peu inquiète de son absence de réaction à l’annonce de ma grossesse. Cela nous permet de passer un petit moment mère/fille et de discuter tranquillement, pendant que les garçons s’occupent de leur côté.
-Tu n’as pas dit grand chose tout à l’heure, quand on vous a annoncé l’arrivée du bébé. Lui fais-je remarquer pendant qu’elle réfléchit à sa stratégie. Cela te fait plaisir de devenir grande sœur ? Lui demandé-je alors, sans obtenir de réponse. Roxane ? L’interpelé-je au bout de quelques minutes, inquiète devant son mutisme. Tu peux tout me dire, tu sais.
-Bah, vous allez avoir votre propre bébé avec Nick. Soupire-t-elle dans un haussement d’épaules. Et j’aime bien notre maison, j’ai pas envie de déménager.
-Il faut bien pourtant, il n’y a pas assez de place pour accueillir ton petit frère ou ta petite sœur.
-Ouais, bah c’est nul. Puis après, vous n’allez plus vous occuper de nous car un bébé a besoin d’attention. Commence-t-elle à bouder, continuant à jouer aux échecs sans grande conviction. Et comme ça sera ton bébé avec Nick, bah, tu nous aimeras moins, voire plus du tout.
-Voyons Roxane, tu n’as pas à t’inquiéter. Certes, le bébé demandera plus d’attention au début, mais cela ne veut pas dire qu’on va vous délaisser avec Nick. Tenté-je de la rassurer, le cœur serré d’entendre ainsi ses craintes quant à l’avenir. J’aurais tellement aimé qu’elle soit plus sereine. On vous aimera toujours autant et le cœur d’une maman est extensible. Ce n’est pas parce qu’on aura un bébé avec Nick que je ne vous aimerais plus, bien au contraire. Je suis désolée qu’on vous oblige à déménager, mais vous aurez le droit à une plus grande maison avec plus d’espace, cela te ferait pas plaisir ?
-Mouais, peut-être. Ne semble-t-elle pas convaincue. Bon, tu joues ? Change-t-elle ensuite de sujet, visiblement indifférente face à la conversation. Je soupire, espérant de tout mon cœur que le temps permette de la rassurer face à l’arrivée du bébé dans quelques mois. Je ne voudrai pas qu’elle se sente délaissée et qu’elle rejette le nouveau membre de notre famille…

Pendant que nous jouons aux échecs avec Roxane, Ryan inaugure la nouvelle balançoire que nous avons installé dans le jardin, afin de faire plaisir aux enfants. Mon fils a eu des étoiles dans les yeux en la découvrant et, après mangé, il a profité de la première occasion pour demander à Nick de le pousser. Demande qu’il a toute suite accepté, plus qu’heureux de passer du temps avec mon fils.
-Plus haut Nick, plus haut ! S’exclame joyeusement Ryan, ravi de voler dans les airs sur sa balançoire.
-Je fais ce que je peux mon bonhomme ! Accroche toi bien !
-Je voleeee !!!!

Dans l’après-midi, Charlotte est venue déposer Sébastien à la maison. J’ai pensé que ce serait une bonne idée que les enfants passent du temps ensemble, afin de créer des liens d’amitié. Je m’entend tellement bien avec Charlotte que cela m’attristerait que les enfants ne s’entendent pas entre eux.
Mais je me fais du soucis pour rien, car Roxane et Sébastien s’entendent bien et passent un long moment à discuter entre eux et de leurs impressions sur l’école.

Les enfants ont fini par rentrer à l’intérieur de la maison. Roxane délaisse les garçons pour faire des dessins sur sa table d’activités. Les garçons discutent tous les deux, mais malgré qu’elle fasse quelque chose de son côté, Roxane participe à la conversation.
Pendant ce temps-là, nous jouons aux échecs avec Nick et par moment on entend des bribes de conversations provenant de l’intérieur de la maison. Visiblement, les enfants rigolent bien ensemble et cela fait plaisir à entendre. Petit à petit, Roxane retrouve le sourire et cela me soulage. Peut-être que la présence de son frère et de Sébastien finira par l’apaiser face à l’arrivé du bébé.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 19

Travaillant dans la restauration, Nick est souvent présent à la maison durant la journée, ne travaillant que le soir. Cela me réjouit car cela évite de déposer les enfants à la garderie et Nick peut en profiter pour nouer des liens avec eux. Je lui fais totalement confiance pour les lui confier, puisqu’il s’est déjà occupé d’eux par le passé. Et puis, il m’assure que cela ne le dérange pas. Il adore les enfants.
Même si mes jumeaux, et en particulier Roxane, ne lui rende pas forcément son dévouement.

-On va te faire prendre ton bain Roxie ? Lui demande Nick alors que Roxane ait venu voir ce qu’il faisait avec le sèche-linge. Aussitôt, ses sourcils se froncent et elle manifeste son mécontentement.
-Non ! Je veux pas prendre de bain !
-Il faut bien pour être propre. Sinon, tu vas sentir le petit cochon.
-Je veux pas de bain ! Je veux Maman ! Et puis toi, tu es un garçon !
-Maman est au travail ma grande, donc il va falloir te contenter de moi. Et j’ai retrouvé ton petit canard en plastique rose, ça te dirait pas de jouer avec lui ? Il s’est ennuyé sans toi.
-Bon… D’accord. Pour faire plaisir à petit canard. Finit-elle par capituler, tout en continuant à afficher une moue boudeuse.

Après le bain où Roxane s’est amusée à éclabousser Nick, il décide de l’installer sur le canapé pour lui lire une histoire. Après s’être bien dépensée dans la baignoire, elle semble fascinée par ce qu’il raconte. Parfois, elle l’interrompt pour poser des questions ou imiter les animaux mentionnés dans l’histoire. Cela amuse Nick qui la laisse faire et entre dans son jeu, au plus grand bonheur de Roxane.

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire des jumeaux. Je n’arrive pas à croire qu’ils vont devenir enfants. Ils vont être plus autonomes et demanderont moins de surveillance, mais je dois avouer que cela va me manquer leur bouille de bébé. Plus le temps va passer, moins ils auront besoin de moi et cela me fait tout drôle.
Mais chaque chose en son temps, et maintenant, ils vont grandir. Cela fait partie de la règle du jeu.
Travaillant jusqu’à 19 heures, c’est Nick qui s’occupe de préparer leur gâteau d’anniversaire. On pourra le fêter, tous ensemble, lorsque je rentrerai du travail. J’ai également proposé à Charlotte de passer à la maison pour cette occasion et elle a accepté avec plaisir.
-Tu fais quoi Nick ? Demande Roxane, curieuse, observant Nick s’afférer en cuisine.
-Je fais un gâteau en forme d’hamburger, pour votre anniversaire à toi et ton frère. C’est ma spécialité !
-Comme la dinde ? Le taquine alors Ryan, ce qui fait rire sa sœur.
-C’est pas gentil de se moquer. Le reprend gentiment Nick, avant de lui laisser une trace de chocolat sur le bout du nez, ce qui fait rire Ryan.

C’est fatiguée que je rentre du travail, mais je suis suffisamment en forme pour célébrer l’anniversaire de mes enfants. Je vois Nick préparer le gâteau en y plantant des bougies pour ensuite les allumer. La température étant agréable à l’extérieur malgré l’hiver -l’avantage du désert-, nous nous installons dehors.
Roxane s’exclame qu’elle veut souffler ses bougies en premier. Elle sautille sur place, pressée de grandir. Ryan n’y voyant pas d’inconvénient, je prends ma fille dans mes bras pour l’aider à souffler les bougies.

Après avoir reposé Roxane au sol pour la laisser grandir, je rallume les bougies sur le gâteau. Je prends alors Ryan dans mes bras pour qu’il souffle les bougies à son tour. Il semble un peu apeuré, se demandant quoi faire. Je lui dis de souffler, que le but du jeu est d’éteindre toutes les bougies !
Il finit par s’exécuter, et toutes les petites flammes s’éteignent. Dans ses yeux, je vois l’émerveillement d’avoir réussi. Je le repose et à son tour, il grandit.
Je n’arrive pas à croire que mes bébés sont devenus enfants. J’ai l’impression qu’ils sont nés hier…

Après avoir mangé le gâteau, Charlotte est rentrée chez elle pour retrouver son fils. Lui aussi va bientôt fêter son anniversaire et devenir enfant. Cela amuse plus Charlotte qu’autre chose, se disant que nos enfants pourront jouer ensemble.
Avec Nick, nous devons monter les lits des enfants. Les leur sont devenus trop petits. Les enfants sont ravis de ce changement et ils ont même pu choisir leur parure de lit. Une fois que tout est prêt, les jumeaux se mettent en pyjama et vont au lit. Demain, ils auront leur premier jour d’école et ils doivent se reposer pour être en forme.
Nostalgique de l’époque où je leur lisais des histoires pour les endormir, je prends le temps de les border, en commençant par Roxane qui n’a eu aucun mal à s’endormir.

Une fois que j’ai fini de m’occuper de ma fille, je vais voir mon fils. Il me sourit en me voyant m’approcher et il me laisse faire. Je lui souhaite de passer une bonne nuit, lui aussi, et je lui dépose un bisou sur la tempe. Il ferme doucement les yeux pour s’endormir et rejoindre le pays des rêves.
Je souris en regardant mes enfants. Cette fois-ci, je ne cherche pas les ressemblances entre leur père et moi. Je n’ai pas envie de chercher ce qui pourrait me rappeler Don chez eux, et je les aime comme ils sont. Certes, leur père s’est servi de moi et n’a jamais voulu entendre parler d’eux, mais ils restent mes trésors.
Au moins, je n’ai pas à les partager avec un homme qui n’en vaut pas la peine.

Le lendemain matin, les jumeaux se sont réveillés en premier. Ils profitent du temps qu’ils ont devant eux pour rester dans leur chambre et discuter tous les deux. L’entente entre eux semblent toujours au beau fixe, ce qui me soulage. Cela me ferait du mal de voir que mes enfants se disputer sans cesse, sans parvenir à s’entendre. Je suis fille unique et j’aurais aimé avoir un frère ou une sœur qui affronter les épreuves et j’espère qu’ils profiteront de la chance qu’ils soient tous les deux.
-Tu as hâte d’aller à l’école toi ? Demande Ryan à sa sœur, qui est assise sur le lit de son frère.
-Je sais pas trop, je verrai bien comment ça se passe en fait. Lui répond-t-elle calmement. Et toi ?
-Bah ça promet d’être amusant ! J’espère me faire des copains !
-Dis Ryan… Tu crois qu’on sera dans la même classe ? S’inquiète subitement Roxane, craignant de se retrouver seule dans un milieu inconnu.
J’sais pas. Mais même si on n’est pas dans la même classe et que j’ai plein de copains, on pourra toujours être ensemble pendant les récré ! Mes copains seront tes copains !
-T’es trop gentil Ryan !
-Normal, t’es ma sœur !

Ce matin, j’ai accompagné mes enfants à l’école. Cela m’a fait tout drôle. Hier encore, ils avaient besoin de moi pour aller sur le pot et maintenant, ils courent à l’école, pour apprendre pleins de choses et se faire des amis. Je commence à les imaginer en train de quitter la maison, et cela me file le bourdon. J’aime mes enfants et le temps file à une vitesse affolante. Bientôt, je serai une vieille mémé qui va râler à tout bout de champs que c’était mieux avant, devant mes petits enfants qui vont courir partout.
Mais je divague et j’essaie de me dire que j’ai encore le temps. Ils sont tout juste enfants et je les vois déjà parents à leur tour. Je crois que je flippe un peu trop.
Du coup, j’essaie de me changer les idées au travail. Il y a un petit nouveau, Malcolm Plénozas, que je soupçonne d’avoir été pistonné. C’est pas vraiment une flèche et il passe sa journée sur l’ordinateur à regarder des profils sur SimBook. Du coup, histoire de l’accueillir comme il se doit, j’ai dégainé mon RayonSim.
-Aller hop, va faire le ménage Plénozas !

Le voir courir partout pour nettoyer me fait beaucoup rire, ainsi que les collègues. Pour une fois, mes blagues font l’unanimité. J’en suis pas pas peu fière.
Puis, Charlotte vient me chercher pour me demander de jeter un œil à son ordinateur. Il a encore planté. C’est avec plaisir que je le bidouille un peu pour qu’il fonctionne à nouveau.
Sauf que je commence à me sentir mal. Cela fait quelques jours que je me sens nauséeuse par moment. Je dois avouer que cela m’inquiète un peu, je n’ai envie d’être malade. Cependant, hormis mes nausées, je me sens bien et je n’ai pas la moindre fièvre. La dernière fois que je me suis sentie ainsi, j’étais enceinte des jumeaux.

….

Oh non.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 18

Le temps continue de suivre son cours et les enfants sont maintenant habitués à la présence de Nick à la maison. Le fait qu’il soit toujours ici ne les surprend plus et Ryan est même ravi de le voir tous les jours. De ce fait, avec les fêtes qui approchent à grands pas, je lui ai proposé de s’installer ici. Il a immédiatement accepté et il a posé ses valises à la maison.
Aujourd’hui, c’est le jour de Noël. Je suis assez excitée par cette journée et j’ai hâte de découvrir le visage de mes enfants lorsqu’ils verront le sapin décoré. Ce sera leur premier Noël et j’espère qu’il sera réussi.
Pendant que je prépare le petit déjeuner, Nick sort les caisses contenant les décorations pour partir à la recherche des décorations de Noël. Je dois avouer qu’il a bien du courage pour s’y atteler car c’est un bazar là-dedans. Tout est mélangé et emmêlé. Il essaie d’être discret, mais je l’entends bien râler pendant que je suis à la cuisine en train de préparer le petit déjeuner.

Après que Nick ait fini de débattre avec les décorations et qu’il ait installé le sapin dans le salon, je sers le petit déjeuner. Aujourd’hui, c’est Roxane qui décide de faire la grasse matinée. J’installe donc Ryan sur sa chaise haute et ses yeux brillent en découvrant l’assiette de pains perdus devant lui. Cela m’amuse aussitôt de le voir aussi enthousiaste.
-Tu es content mon poussin ? Lui dis-je alors en le voyant manger un gros bout de pain.
-Oui, trop bon Maman ! S’exclame-t-il en réponse, avec sa joie habituelle.
-Maman est une très bonne cuisinière ! J’espère que je serai à la hauteur avec ma dinde.
-Travaillant dans un restaurant, il y a plutôt intérêt. Le taquiné-je alors, ce qui fait rire Ryan qui sautille sur sa chaise.

Après le petit déjeuner et s’être occupés des enfants, Nick et moi nous sommes occupés de décorer le sapin. J’aurais aimé faire participer les enfants pour faire de ce moment un instant de partage en famille, mais ils sont malheureusement encore trop petits. Nick tente de me consoler, en m’assurant que je pourrai tout de même profiter de leur regard lorsqu’ils découvriront le sapin illuminé.
Et puis, il y aura d’autres occasions de décorer le sapin avec eux.

Le sapin est rapidement habillé de son habit de lumière et nous sommes assez fiers de nous avec Nick. Je dois avouer que j’ai moi-même les yeux qui brillent devant les décorations bleues et blanches et les lumières qui scintillent.
J’adore vraiment Noël.
Je vais donc chercher les enfants pour qu’ils découvrent le sapin. En entrant dans leur chambre, je suis attendrie de faire Ryan faire une petit sieste sur son lit. Je préfère le laisser tranquille et je prends Roxane dans mes bras pour lui montrer notre beau sapin. En allant dans le salon, je vois ses yeux verts s’ouvrir en grand, émerveillée.
-Il est beau le sapin ! S’exclame-t-elle alors.
-Tu as vu ça un peu ? Nick et Maman ont bien travaillé n’est-ce pas ?
-Oui ! Papa Noël va être content et va déposer pleins de cadeaux !
Je ris aussitôt en entendant sa remarque. Décidément, elle ne perd pas le nord. Pour l’embêter un peu, et profiter de ce jour férié pour passer du temps avec elle, je me dépêche de la faire voler dans les airs, ce qui fait la fait rire aux éclats. Rapidement, elle grimpe sur mon dos pour faire le cheval. Me voilà en train de la balader partout, juste pour l’amuser. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour la faire rire !

Pendant que je joue avec Roxane, Nick se charge de préparer le grand repas de ce soir. J’étais une peu dubitative lorsqu’il m’a dit qu’il avait acheté une dinde, comme s’il avait oublié que je ne mangeais pas de viande, pas même de la volaille. Mais il m’a rassurée : il a pris une dinde au tofu. Je ne serai donc pas privée de repas.
Il passe des heures en cuisine, à essayer de faire du mieux qu’il peut. Cependant, il a beau travailler dans un restaurant, son rêve est de devenir barman, la cuisine n’étant pas son fort. Et cela s’est vu car, malheureusement, sa dinde n’est pas une réussite. Mais nous avons été très polis et nous avons tout manger malgré l’arrière-goût désagréable. Ce sera pour une autre fois.

Rapidement, le soleil se couche et laisse place à la nuit. Les lumières se font plus belles et nous passons un agréable moment en famille.
Puis, une surprise arrive au cours de la soirée. Le Père Noël vient nous rendre visite !
Nous sommes tous en train de discuter tranquillement, profitant de la musique et de l’ambiance de la fête de Noël, lorsque je le vois apparaître, pour déposer des cadeaux au pied du sapin. Je signale immédiatement sa présence aux enfants, qui ont les yeux qui brillent de joie. Un rien les émerveille, alors le père Noël dans le salon…

-Papa Noël !! S’écrient alors les enfants, ravis de voir ce vieux monsieur avec sa longue barbe et sa tenue de fête.
Avec Nick, nous les conduisons jusqu’à lui, pour qu’ils puissent profiter un peu de sa présence parmi nous. J’ignore combien de temps il compte rester mais j’imagine qu’il a d’autres enfants à voir cette nuit pour leur distribuer des cadeaux.
-Oh oh oh, vous allez bien les enfants ? Vous passez un bon Noël ? Leur demande-t-il avec bonne humeur.
-Ouiii !! S’exclame joyeusement Roxane alors que Ryan se montre plus timide et reste assis sur le fauteuil. Tu m’as apportée quoi, s’il te plait ?
-Oh oh oh, si tu veux le savoir, il va falloir ouvrir ton cadeau ! Et j’ai quelque chose pour toute la famille !

Nous nous sommes donc tous tourner vers le sapin afin de passer à l’ouverture des cadeaux. Je pousse donc Ryan à quitter son fauteuil pour qu’il aille déballer son paquet. Timidement, il prend une boîte avec son nom écrit dessus et l’ouvre, émerveillé, pour y découvrir un jouet.

Puis, nous ouvrons chacun notre tour nos cadeaux. Le hasard a voulu que nous ayons le même avec Nick, un appareil photo.
Tout le monde est ravi de ce moment, nous passons tous un agréable moment. Roxane reste un moment à admirer le sapin, finalement pas si pressée de découvrir ce que le Père Noël lui apporter.

Face à l’ambiance festive, Nick me prit un peu à part pour m’offrir son cadeau. Le fait qu’il est pensé à m’acheter quelque chose me touche profondément. Il sort de sa poche une rose rouge, et je suis touchée par l’attention. J’affiche un grand sourire, mon cœur battant la chamade.
C’est certes le premier Noël des jumeaux, mais c’est aussi notre premier Noël ensemble. Et je suis ravie que Nick fasse ainsi partie de ma vie.

Néanmoins, bien que l’attention de Nick me touche, cela ne veut pas dire que je n’ai pas pensé à lui. En découvrant cette rose, un sourire taquin remplace rapidement le sourire ému.
-Moi aussi j’ai une petite surprise pour toi. Lui soufflé-je en sortant une branche de gui que je balance au-dessus de nos têtes, affichant toujours le même sourire. Tu sais ce que ça signifie quand deux personnes sont sous une branche de gui ?
-Petite coquine. S’en amuse aussitôt Nick. Et bien, je crois que je ne vais pas avoir d’autres choix que de t’embrasser. Me répond-t-il avant de joindre les gestes à la parole.

Bien que pressée de découvrir ce que le Père Noël lui a apporté, Roxane se montre timide et n’ose pas aller chercher son cadeau sous le sapin. Le vieux bonhomme le remarque bien et, avant de partir à la rencontre d’autres familles, il prend le paquet sous le sapin pour le donner directement à ma fille.
-Tiens, c’est pour toi Roxane. Ne sois pas timide, tu peux l’ouvrir. La rassure-t-il alors.
Roxane prend donc le paquet et l’ouvre doucement. A l’intérieur se cache un violon pour enfant. Elle joue alors avec les cordes, riant en entendant les sons, mais je lui prends rapidement l’instrument pour éviter qu’elle ne le casse. C’est un très beau cadeau dont elle pourra profiter lorsqu’elle sera plus grande. Ce qui tombe bien, étant donné que l’anniversaire des jumeaux arrive très bientôt.

Le Père Noël nous a ensuite quitté. Les enfants sont un peu tristes de le voir partir, mais ils ne tardent pas à bâiller. Il était effectivement temps qu’il nous laisse.
Je regarde l’heure et je constate qu’il est très tard. Il est temps de mettre les enfants au lit avant qu’ils ne tombent de sommeil au beau milieu du salon.
Avec Nick, nous en prenons chacun un. Nous les mettons en pyjama pour ensuite les installer dans leur lit respectif. Je prends le temps de lire une histoire à Roxane, pour lui donner davantage d’idées pour nourrir son imagination au pays des rêves. Je vois que Ryan écoute également attentivement, tandis que Nick lui demande s’il a passé une bonne soirée. Il lui sourit mais, comme sa sœur, ne tarde pas à s’endormir.
Je souris tendrement en les voyant, me disant que cela a été effectivement une longue, mais très belle, journée.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 17

Le soir-même, alors que je m’occupais de mes enfants, Nick m’a appelée. Il m’a proposé de le rejoindre au restaurant pour pouvoir discuter tranquillement, sans distraction. Malgré sa proposition de lieu, le Mexican Restaurant où j’ai déjà dîné avec Don, j’ai accepté. Il était évident que nous devions parler et bien que ce restaurant soit associé à Don, il l’est également à ma mère. Je me dis que c’est sans doute le plus important.
Après avoir raccroché, je me suis empressée de me faire belle. J’ai coiffé mes cheveux, me suis davantage maquillée et j’ai opté pour la classique petite robe noire. Je n’aurais pas spécialement chaud en ce début d’hiver, mais peu importe.
Je suis à la fois séduisante sans en faire trop, et cela me satisfait largement.

En arrivant devant le restaurant, je remarque aussitôt la présence de Nick devant le bâtiment. Il est habillé chaudement pour affronter le froid. Je me dis que j’aurais peut-être du prévoir une veste, j’aurais eu l’air moins bizarre.
Mais tant pis, il est trop tard pour revenir en arrière. Je me répète donc qu’il faut souffrir pour être belle.
-Bonsoir Nick. Le salué-je alors, le plus naturellement possible, tout en le rejoignant.
Il tourne alors la tête dans ma direction, et pendant un instant, il donne l’impression de se figer sur la place. Comme s’il y a un bug dans son cerveau, avec inscrit en grosses lettres 404 ERROR NOT FOUND. Je reste impassible, mais intérieurement, je jubile. J’ai passé du temps à me préparer mais l’effet espéré est bien au rendez-vous.
-Bonsoir Mae, tu as passé une bonne journée ? Me répond-t-il alors, après s’être discrètement racler la gorge pour se redonner une contenance.

-Assez. J’étais pas trop à mon travail, à vrai dire. Lui avoué-je. Nous sommes là pour discuter de ce qui s’est passé la veille, autant jouer directement la carte de l’honnêteté.
-J’imagine bien. J’ai eu du mal à me concentrer aussi. Me confesse également Nick, un peu embarrassé, regardant subitement ses pieds. Le pauvre ne sait plus vraiment où se mettre. Nous entrons ?
-Je te suis.
-Tu es déjà venue ici ? Me demande-t-il alors que nous nous avançons vers l’entrée du restaurant.
-Oui, je venais ici avec ma mère et sa meilleure amie quand elles étaient encore en vie. Et… Je suis venue une fois avec Don. Admis-je après une hésitation, ne sachant pas si je devais lui dire ou non.
-Ça va aller ? Ou tu veux aller ailleurs ? Je comprendrais si tu as peur de raviver de mauvais souvenirs … S’en inquiète aussitôt Nick, réalisant mes souvenirs liés à Don. Je suis touchée par sa vivacité d’esprit et de se soucier de mon état d’esprit.
-Ça ira, Nick, ne t’en fais pas. J’adore la nourriture mexicaine, et j’associe surtout ce resto à ma mère. On venait tout le temps ici.

Nous entrons alors à l’intérieur et la serveuse nous guide vers une table à l’angle de la pièce. Nick enlève son manteau et nous nous installons à table. L’ambiance est intimiste et chaleureuse, mais un silence gênée plane entre nous deux. Je me focalise sur le menu, n’osant pas le regarder dans les yeux. Et pour avoir l’air moins cruche, aussi.
-Tu trouves quelque chose qui t’intéresse ? Me demande Nick, comme pour rompre le silence qui règne entre nous, alors que nous avons l’habitude de discuter avec aisance.
-Les tacos au tofu me tente bien. Lui dis-je alors que je rougis en croisant son regard. Pourquoi ai-je levé les yeux de mon menu ? Maintenant, mes pensées s’emmêlent et je perds ma concentration. Lorsque je le vois ainsi, je me demande… Comment n’ai-je pas remarqué qu’il avait des sentiments pour moi avant ? Il s’agit de regarder ses yeux pour le deviner.
-Je… Tu peux commander pour moi quand la serveuse viendra ? Je… Je vais aux toilettes ! Bredouillé-je alors, mal à l’aise, ne sachant quoi dire ni quoi penser. La situation est bizarre et j’ai du mal à mettre de l’ordre. J’ai besoin de prendre le temps de respirer un peu.
-Euh, bien sûr.

Lorsque je me lève pour me diriger vers les toilettes du restaurant, je me sens encore plus idiote qu’avant. Qu’est-ce qui m’a pris de dire que je vais aux toilettes ? Pourquoi aller aux toilettes ? Il n’y a rien de moins glamour qu’aller aux toilettes. Et je dis un peu trop le mot toilettes.
La vérité, c’est que la situation me chamboule. J’ai besoin d’un instant pour souffler, avant de continuer. Je sais qu’une fois la commande passée, nous allons parler de la nuit que nous avons passé ensemble. J’ai conscience être à un tournent de ma vie. Je sais au plus profond de moi que je fais le bon choix, mais une petite voix dans ma tête essaie de me faire douter. Me parle de mes enfants. Je dois avant tout penser à eux et je n’ai pas envie qu’ils soient malheureux à cause de moi. J’ai peur de me planter, et si je fais une erreur, ce n’est pas seulement moi que cela va influencer.
Je souffle un grand coup. Respire Maetha, respire. Laisse tes peurs de côté, tu sais que tu fais le bon choix. Pour la première fois de ta vie.

Quelques minutes plus tard, je sors donc des toilettes pour rejoindre Nick à table. Il semble tranquille, mais je vois de loin qu’il tape nerveusement du pied. Je me sens nerveuse mais je n’ose pas imaginer ce qui doit se passer dans sa tête à lui. Et ma fuite n’a pas du arranger les choses. Je culpabilise aussitôt, ayant un instant oublié que je ne suis pas toute seule à être perturbée.
-Excuse-moi, j’espère ne pas avoir été trop longue.
-Non, ne t’inquiète pas. Me rassure-t-il alors avec un sourire, avant qu’un silence s’installe de nouveau.
Nous nous regardons, regardons ensuite la table, avant que nos regards se croisent de nouveau. Nous ne savons pas comment entamer la conversation. Celle qui sera décisive. Je soupire, puis je décide de commencer.
-Nick, à propos d’hier soir…
-Je suis vraiment désolé. S’excuse-t-il alors subitement. Je… je n’aurais pas du boire autant hier, et perdre le contrôle ainsi. Je… Je veux pas que tu penses que je me suis servis de toi ou quelque chose comme ça…

-Bien sûr que non Nick, pourquoi crois-tu que je vais penser ça ? M’en étonné-je aussitôt, ne m’attendant pas à de telles excuses.
-Après ton histoire avec Don, j’avais peur que tu penses que j’ai profité de la situation, du fait que tu étais toi-aussi éméchée et que tu penses que j’ai tenté d’oublier mon ex avec toi.
-Ne t’inquiète pas, je sais très bien que tu n’es pas lui. Le rassurai-je en souriant. Cela ne me serait jamais venu à l’esprit que tu fasses une telle chose.
-Cela me rassure. Je n’ai pas envie que tu te fasses une mauvaise opinion de moi.
-Pourquoi ? Lui demandé-je avec une innocence feinte, tentant de lui faire dire ce que je sais déjà. Cette nuit a une importance pour toi ?
-Euh, je… Se met-il à bafouiller, subitement gêné. Je vois qu’il cherche ses mots, ne sachant que dire ni comment réagir. Il ne s’attendait pas à devoir se dévoiler. Mae, je ne sais pas trop comment te dire ça …
-En commençant par le début ? Lui suggéré-je avec un sourire que je veux encourageant.
-Je… Mae, pour être honnête, cette nuit a été merveilleuse pour moi. M’avoue alors Nick, le stress se percevant dans sa voix. Mais j’aurais préféré qu’elle ait lieu dans d’autres circonstances. Pas après une rupture, pas après avoir trop bu… J’aurais voulu quelque chose de … de plus … vrai. Non pas que ce n’était pas vrai hein, mais… Disons que j’aurais aimé être certain de ce que tu ressens, parce que je ne veux pas faire n’importe quoi avec toi. Tu… Tu me plais depuis le premier jour et j’ai beaucoup d’affection pour toi. J’aimerai être plus qu’un simple ami mais je ne veux pas de perdre ton amitié non plus si jamais mes sentiments ne sont pas réciproques. Je … je n’ai jamais osé t’en parler à cause de ça d’ailleurs.

Nick arrête soudainement de parler, surveillant ma réaction avec nervosité et attention. Bien que je suis déjà au courant de la nature de ses sentiments et que je sais déjà quoi lui répondre, cela me fait tout drôle de l’entendre dire. Ses mots m’ont touchée, au plus profond de mon cœur, et c’est bien la première fois que je suis considérée avec autant de tendresse par un homme.
-Nick… Cela me touche ce que tu me dis… Lui soufflé-je alors, un peu émue je dois l’avouer. Je dois t’avouer que jusqu’à maintenant, je te voyais seulement comme un ami. Mais avec ce qui s’est passé hier, j’ai beaucoup réfléchi. Et… j’ai réalisé que je me voilais la face. J’ai été blessée par Don et je me suis consacrée à mon rôle de mère car c’était plus simple pour moi, et je pense que j’en avais besoin. Comment envisager une relation amoureuse en étant une maman célibataire de jumeaux ? Mais toi… Toi, tu as toujours été là pour moi, me montrant que dans la réalité, c’est tout à fait possible…
-Que veux-tu dire Mae ?
-Que tu me plais aussi, Nick. Et que je veux tenter quelque chose avec toi, sans la moindre hésitation. Lui dis-je avec assurance. Dès que je prononce ces mots, je vois un sourire s’étirer sur le visage de Nick. Enfin si tu le veux toujours… Mais, je voudrai juste te demander une petite chose… Avant de penser à moi, je dois penser à mes enfants. Je voudrai simplement que nous prenions notre temps, pour leur bien…
-Bien sûr Mae, cela ne me gêne pas le moins du monde que nous prenions notre temps. Nous avons, d’ailleurs, tout le temps devant nous.

Suite à cette conversation, nous avons passé une merveilleuse soirée. Je suis rentrée chez moi avec des papillons dans le ventre et des étoiles plein les yeux. Lorsque je me suis couchée, j’avais l’impression d’être sur un petit nuage. Le lendemain, cet impression est toujours là. C’est d’humeur joyeuse que je vais au travail et je crois que je n’ai jamais été aussi gentille avec mes collègues.
-Même pas un bisou pour dire au revoir ? Semble déçue Charlotte après que je lui ai raconté ma soirée, pendant que je répare son ordinateur.
-Nope. On a décidé de prendre notre temps.
-Cela se comprend, tu veux être sûre de toi pour tes enfants, mais quand même ! Vous avez déjà couché ensemble, un bisou c’est rien !
-Peut-être, mais on a tout fait à l’envers alors, on remet doucement les choses dans l’ordre. C’est tout aussi bien comme ça et cela n’empêche pas que la soirée a été magnifique. Lui assuré-je avec un sourire confiant. Et voilà, c’est réparé !
-Super ! Merci Mae ! Ce crétin du service informatique m’a tout cassé au lieu de me réparer mon bug.
-Mais c’était un plaisir ma chère !

Charlotte ne sera pas déçue bien longtemps car le second premier baiser est arrivé quelques jours plus tard. Nous nous voyons souvent avec Nick, le plus souvent chez moi pour que je reste malgré tout présente pour mes enfants. Je n’ai pas envie de les confier à une nourrice trop souvent et Nick le comprend parfaitement. Il vient simplement plus tard le soir, au moment où les enfants sont couchés. Cela nous permet de profiter de moments à deux, en toute simplicité.
Je dois avouer que je ne regrette pas mon choix. Accepter de tenter quelque chose avec lui a été comme une évidence et chaque nouvelle journée me prouve que j’ai fait le bon choix. Nick est vraiment un homme merveilleux.

Petit à petit, Nick se montre un peu plus présent vis-à-vis des enfants. Il intègre leur vie doucement mais sûrement, n’étant plus seulement un ami de maman. Il me demande toujours l’autorisation avant de faire quelque chose, veillant à ne pas trop précipiter les choses en prenant trop d’initiatives.
Le voir ainsi me touche. Il prend plaisir à s’occuper d’eux et il s’entend bien avec mes jumeaux. En particulier avec Ryan, qui est toujours ravi de passer du temps avec son grand ami.
-Il est beau ton canard ! Ça fait quel bruit un canard ? S’en amuse Nick en voyant Ryan jouer avec son canard en plastique et le mettre dans sa bouche.
-Coin-coin!
-Oui c’est ça ! Coin-coin le canard !
-Il flotte ! S’exclame ensuite mon fils en faisant tomber son jouet dans l’eau.
-Normal, c’est un super canard jaune !
-Oui !!!

Ryan aime tellement Nick qu’il lui demande de lui raconter une histoire avant d’aller se coucher. Cela nous amuse et j’accepte volontiers de lui déléguer cette tâche. Cela fait plaisir à Ryan et cela ne gêne pas Nick d’aller le mettre au lit et de lui faire la lecture. Je me permets de l’écouter par moment et je dois admettre qu’il sait rendre son histoire passionnante. Pour un petit garçon du moins.
Avoir Nick à la maison me soulage. Les jumeaux demandent toujours beaucoup de temps, mais il est là pour m’aider et cela rend leur éducation toute suite plus facile.

Ainsi, cela nous permet de nous dégager davantage de temps pour tous les deux. Une fois les enfants au pays des rêves dans leur chambre, nous nous retrouvons ensemble dans le salon. Nick se montre aimant envers moi et m’accorde plein de petites attentions. Cela me change de mes habitudes et ce n’est pas pour me déplaire.
Chaque fois que je le regarde, je réalise que j’ai beaucoup de chance. Nick est vraiment un homme que beaucoup de femmes aimeraient avoir à leurs côtés et c’est moi qu’il a choisi. Par moment, je me demande pourquoi pas plutôt qu’une autre, mais je tente de me dire que certaines choses ne peuvent s’expliquer, puis je savoure ma chance.

Le temps passe et notre relation évolue lentement mais sûrement, suivant tranquillement son cours. Nick s’intègre doucement dans ma petite famille et les enfants l’acceptent sans problème, ravi qu’il passe davantage de temps à la maison. Puis, Nick commence également à rester dormir à la maison. Habituellement, il rentrait chez lui tous les soirs pour ne pas perturber les jumeaux au réveil, mais petit à petit, il a fini par rester dormir à la maison. Dans un premier temps, il partait avant que les jumeaux ouvrent les yeux avant de rester pour le petit déjeuner.
Ses attentions me font plaisir, montrant sans cesse sa patience et sa volonté de faire les choses comme il faut. Affirmant ainsi son envie de me rendre heureuse et de contribuer également au bonheur de mes enfants.
Vraiment, je ne pourrai pas m’estimer plus heureuse.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 16

Ce matin, le réveil a été étrange. Très étrange. Avec Nick, nous avions tous les deux la tête das le brouillard et nous étions embarrassés face à la situation. Nous nous sommes regardés pendant un moment, assis sur le lit, sans trop savoir quoi dire. Hier soir, nous étions amis mais nous avons franchi une limite et aujourd’hui, nous ne savions plus ce que nous étions. L’un comme l’autre, nous avons essayé de lancer une conversation, sans succès. Nous avions l’air de deux idiots.
Puis, Roxane a commencé à m’appeler. Intérieurement, j’ai béni ma fille. J’ai dit qu’il fallait que j’aille m’occuper d’elle et Nick a jugé qu’il valait mieux qu’il s’en aille, que nous en discuterons plus tard. J’ai acquiescé, et je lui ai souhaité de passer une bonne journée. Et il est parti.
Maintenant, j’essaie de ne rien laisser paraître. Roxane m’observe avec ses grands yeux innocents pendant que je lui fais prendre son bain, ne se doutant pas de ce qu’il s’est passé, ni du trouble que cela a semé dans mon esprit. Brave petite, profite d’être un bébé innocent.
Parfois, je regrette cette période. Je la vois taper la surface de l’eau, et je l’envie. Sa vie est tellement simple, s’en est indécent.

Mais une fois à table, pendant que les enfants jouent, je laisse tomber le masque. Je profite de ce bref instant de solitude pour essayer de mettre mes idées au clair.
Je ne sais pas ce qu’il m’est passé par la tête. J’ai couché avec Nick, et je ne sais pas pourquoi. Il est comme mon meilleur ami, mais je l’ai quand même fait. Je me suis pourtant promise d’arrêter de faire des bêtises et d’agir en adulte.
Mais non, il a quand même fallu que j’agisse comme une imbécile, risquant une amitié en or pour une partie de jambes en l’air.
Et aujourd’hui, un profond malaise s’est créé entre nous et je ne sais plus de quoi demain sera fait. Que va-t-il se passer maintenant ? Je ne sais pas… Je ne sais plus…
Tout était si clair entre nous, pourquoi a-t-il fallu que je complique tout ?

J’essaie de mettre de côté mes interrogations. Le week-end est terminée, je dois me dépêcher de me préparer pour le travail. Une fois habillée, je profite d’avoir un peu de temps devant moi pour jouer avec mes enfants. C’est rare que je ne sois pas pressée par le temps le matin et d’habitude, une fois habillée, je les emmène directement à la garderie. Mais aujourd’hui, j’en profite et je joue à la poupée avec ma fille, qui semble ravie. Elle n’arrête pas de me faire de grands sourires.
-Et Madame Choucroute, elle va faire quoi aujourd’hui ? Demandé-je à ma fille en prenant sa poupée rousse avec une magnifique tignasse sur le haut du crâne. Visiblement, elle porte bien son nom.
-Coiffeur ! Elle aime se faire belle, même si elle est moche ! S’exclame joyeusement Roxane avec un air espiègle. Si jeune et elle a déjà tout compris, ma petite puce. Je rie franchement à sa réplique, mais j’ai tout de même une pointe de fierté en moi.

Après avoir joué un peu avec mes jumeaux, je l’ai déposé à la garderie. Ils ont toute suite couru vers les jouets, m’oubliant totalement. Par moment, les enfants sont bien ingrats. Mais je préfère prendre le parti d’en rire, pour le moment.
Passer du temps avec eux m’a fait du bien et m’a permis de penser à autre chose. Mais maintenant, je suis au travail et j’ai un mal fou à me concentrer. Je ne suis pas à ce que je fais, je ne cesse de penser à Nick et à la nuit que nous avons passé ensemble. Cette situation est vraiment affreuse, et je n’arrive pas à déterminer où j’en suis.
Nous sommes amis et nous n’avions pas à faire ça.
Mais comment se fait-il que nous l’ayons quand même fait ?
Par moment, je me traite d’allumeuse. Dès qu’un mec se montre gentil, je me sens obligée d’aller plus loin avec lui. Puis, je me traite d’idiote. Don ne s’était pas spécialement montré sympathique, j’ai juste été attirée par son physique.
Quant à Nick… C’est différent. Il a toujours été là pour moi. Il a été un soutien fidèle quand j’en avais besoin. Toujours à mon écoute, toujours prêt à me venir en aide. Il sait comment me faire sourire, me faire rire, me remonter le moral quand je doute. Il est adorable avec mes enfants.
Mais c’est mon meilleur ami…
Il faut que je parle à Charlotte.

Songeant qu’il s’agit de la meilleure idée qu’il soit, j’abandonne lâchement Gégé pour partir à la recherche de mon amie. Je dois lui partir de cette nuit, vider mon sac auprès d’une oreille amicale, sinon je ne parviendrai jamais à me concentrer sur mon travail. Je fais toutes les salles du bâtiment lorsque je la trouve enfin dans le laboratoire.
-Charlotte !! Te voilà enfin ! Je suis contente de te voir !! M’exclamé-je de façon excessivement enjouée.
-Euh, tout va bien Mae ? Nous nous sommes vues il y a une heure… Ne semble-t-elle pas comprendre ce qu’il se passe. Mon attitude étant bien étrange, je ne peux que la comprendre.
-Chut, baisse d’un ton et écoute bien attentivement. Lui chuchoté-je, ne souhaitant pas que notre autre collègue présente nous entende. J’ai un truc à te dire et j’ai besoin de toi pour tout démêler.
-D’accooord…
-J’ai fait une bêtise Charlotte.
-Laquelle ?

-J’ai couché avec Nick. Lui avoué-je d’une petite voix, comme une enfant confessant avoir piqué un bonbon. Aussitôt, les yeux de Charlotte s’arrondissent comme des soucoupes.
-T’es pas sérieuse ?
-Si… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Il est venu pour parler de sa rupture avec sa copine, on a un peu bu du jus de fruit et…
-C’est fini avec sa copine ? Tu me diras, rien d’étonnant, c’était à prévoir. En hausse les épaules Charlotte qui, la surprise passée, ne réagit pas plus que ça ce que je suis en train de lui dire. Puis, quelque chose me frappe.
-Quoi ? Tu étais au courant qu’il avait quelqu’un ? Lui demandé-je, surprise. J’étais vraiment la seule qui était dans l’ignorance ?
-Bah euh, oui. Il m’a déjà parlé d’elle, mais il n’en parlait pas souvent. Et quand il en parlait, c’est comme s’il parlait d’une simple connaissance.
-J’étais donc la seule à n’être au courant de rien. Soupiré-je, blasée. Mais bref, c’est comme si j’avais couché avec un inconnu.
-Arrête, Nick n’est pas un inconnu. Il t’a juste caché un détail insignifiant. Et là n’est pas le plus important.
-T’as raison, j’ai couché avec mon meilleur ami !
-Et alors ? Ce n’est pas si dramatique, si ? Semble-t-elle s’en amuser, si j’en juge par son sourire en coin. Se moque-t-elle de moi ?
-Bien sûr que si ! J’ai tout gâché entre nous !
-Mais non !
-Et pourquoi tu en es aussi sûre, hein ?

-Tu ne te doutes vraiment de rien, hein ? Me demande-t-elle sur un ton moqueur.
-Non. De quoi devrais-je me douter ? L’interrogeai-je, suspicieuse. Qu’est-ce qu’elle va bien pouvoir me sortir ?
-Nick est dingue de toi, Mae. M’assure-t-elle, alors que j’ai du mal à en croire mes oreilles. Elle est bien bonne, sa blague ! Pas la peine de faire cette tête-là, c’est la stricte vérité. Nick est fou de toi depuis qu’il te connait.
-Il te l’a dit ?
-Non, mais cela se voit comme le nez sur le milieu de la figure. S’il ne t’a pas parlé de sa copine, c’est sans aucun doute pour ne pas ruiner ses chances avec toi à l’avenir. S’il est toujours aussi présent pour toi, pour tes enfants, c’est qu’il vous aime profondément. Il n’en avait peut-être pas conscience au début, mais aujourd’hui, je suis certaine qu’il sait qu’il est amoureux de toi.
Je suis stupéfaite. Je me suis doutée de rien mais en y réfléchissant bien, je réalise que Charlotte ne me raconte pas des histoires. Je sens mon cœur battre de plus en plus vite dans ma poitrine tandis que j’intègre la véritable nature des sentiments de Nick à mon égard.
A la fois j’ai du mal à y croire, à la fois cela me semble être une évidence. La sensation est assez déroutante et j’ai encore plus de mal à mettre mes idées au clair.

-Mae ? Tout va bien ? M’interpelle subitement mon amie, me sortant ainsi de mes pensées.
-Je… Je suis perdue Charlotte. Je ne sais pas quoi faire…
-La seule chose que tu dois te demander c’est : qu’est-ce que toi, tu ressens pour Nick ? Et une fois que tu auras la réponse, tu devras lui parler. Il n’y a rien d’autre à faire.
Charlotte en parle comme si c’était simple, mais tout est chamboulé dans ma tête. J’ai toujours vu Nick comme un ami. En même temps, après l’épisode Don Lothario et étant mère de deux adorables bambins, j’ai mis ma vie amoureuse aux oubliettes. J’ai intégré que cela n’était plus pour moi. Qui voudrait une femme avec deux enfants en bas âge, issus d’une relation sans lendemain ?
….
Nick.
Nick a toujours été là, m’acceptant comme je suis, connaissant mon histoire. Il est celui que j’appelle en premier à la moindre petite chose. C’est même lui que j’ai appelé quand j’ai accouché, directement, sans réfléchir.
Et là, l’évidence me frappe.
Il faut que je parle à Nick.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 15

Je crois que je me satisfais de ma vie. J’avance doucement mais sûrement dans mon travail et je parviens à trouver un rythme avec mes enfants. Je suis toujours un peu débordée mais je m’effondre moins en fin de journée. Ceci est favorisée par le fait que mes jumeaux ont leur propre fonctionnement, notamment le matin. J’ai la chance qu’ils ne se réveillent pas en même temps, ce qui me permet de m’en occuper d’un avant de me consacrer à l’autre.
Aujourd’hui, c’est Roxane qui est matinale. Cela me fait plaisir de pouvoir petit déjeuner avec elle, tranquillement à table. D’habitude, elle préfère le canapé et se montre plus indépendante que son frère. Pour une fois, je profite un peu plus de ma fille.

Après le petit déjeuner, Ryan n’a toujours pas émergé du pays des rêves. Roxane s’interroge sur l’absence de son frère et je lui dis juste qu’il dort encore et qu’il faut le laisser tranquille. Ainsi, nous retournons toutes les deux dans le salon, et j’en profite pour jouer tranquillement avec elle. J’ai tout mon temps pour m’occuper d’elle : nous sommes dimanche aujourd’hui et je ne travaille pas.
Roxane rit aux éclats, tout en faisant l’avion. Le son sonne merveilleusement bien dans mes oreilles.
-Avioon ! S’écrit-elle joyeusement en tendant les bras bien droit.
-Eh oui mon capitaine, l’avion est magnifique ! Le ciel est dégagé, aucun turbulences à prévoir ! Brooouuuu !!! Nous prenons de la vitesse ! Entré-je dans le jeu, tout en trottinant autour de la table avec ma fille sur le dos, veillant à ce qu’elle ne tombe pas.
-Encore ! Plus vite !
-Broooou !!! Nous prenons maintenant la direction de la salle de bain ! Destination : la baignoire ! Préparez-vous à l’atterrissage !

Après le bain et l’habillage, j’installe Roxane dans le salon pendant que je m’occupe de moi et de la lessive. En sortant de ma chambre avec le contenu de mon papier à linges, je souris d’amusement. La musique est allumée et je vois Roxane se déhancher dessus joyeusement. Elle chantonne également mais visiblement, elle a du mal à suivre les paroles. Peu importe, la scène est amusante à voir et je m’émeus devant ma fille.
Je lance ma machine dans l’intention de rejoindre Roxane dans sa danse endiablée quand mon téléphone se met à sonner vivement dans la poche de mon jean.

-Oui allô ? (…) Hey ça va ? Tu as une petite voix. (…) Oh mince. Tu veux passer à la maison pour en parler ? J’ai une recette de … jus de fruit, me corrigé-je en jetant un regard en direction de ma fille, à tomber et parfaitement adapté à la situation. D’accord à tout à l’heure.

Un peu plus tard, alors que je me suis occupée rapidement de Ryan et installer les jumeaux dans leur chambre, j’accueille un Nick en plein chagrin à la maison. Je n’ai pas tout saisi au téléphone, mais visiblement, il vient de rompre avec sa copine. Je suis un peu surprise d’entendre cela, j’ignorais totalement qu’il avait quelqu’un. Cela m’étonne qu’à moitié en y réfléchissant, car Nick reste relativement discret sur sa vie privée.
-Je suis navrée de ce qui t’arrive Nick. Tenté-je de le consoler, sans trop savoir quoi lui dire. Je ne connais rien de leur histoire et c’est difficile de trouver les mots justes.
-C’est gentil. Hausse-t-il simplement les épaules. Mais ça va aller ne t’inquiète pas. Cela fait un moment qu’il n’y avait plus grand chose entre nous. C’est juste sa manière de partir qui m’a fait un choc.
-Qu’est-ce qui s’est passé ?
-Elle a juste laissé un mot. Juste… Un mot. Disant qu’elle allait saisir une opportunité professionnelle dont je n’étais pas au courant. D’après elle, elle a essayé de m’en parler mais j’étais tellement absent qu’elle n’a pas réussi. Elle avait l’impression de vivre avec un colocataire, et pour elle, c’était fini entre nous depuis longtemps.
-Un mot ? Eh beh, elle aurait au moins te parler en face à face. Soupiré-je, avant de me diriger vers la cuisine. Je vais te servir un verre, et tu vas passer la journée ici. Il ne faudrait pas que tu restes tout seul.

-C’est gentil Mae. Me dit-il avec un sourire reconnaissant alors que je reviens vers lui. Ça va aller, car j’ai bien conscience que cela fait longtemps que je n’éprouve plus rien pour elle et que je ne suis plus vraiment là pour elle, mais ça m’a fait un coup de voir son mot. Je pensais qu’elle m’aurait parlé.
-J’imagine bien. Me montré-je compréhensive. Cela faisait combien de temps que vous étiez ensemble ? Tu ne m’as jamais parlé d’elle.
-Je me suis mis avec elle quand tu as rencontré Don, et vu les problèmes que tu as eu avec lui, je n’ai pas voulu t’embêter avec ça. M’avoue alors Nick avec un haussement d’épaules.
-Mais Nick, tu ne m’aurais pas embêtée du tout. Ça m’aurait fait plaisir de te savoir heureux.
-Je me doute mais je pense que je n’étais pas très investi dès le départ. Je ne sais plus où j’avais la tête, mais me mettre avec elle était sans doute une erreur, après réflexion. Je l’ai fait souffrir pour rien.
-Aah les mecs ! Vous savez jamais ce que vous voulez ! Le taquiné-je gentiment, ce qui le fait sourire.
Nous passons la journée ainsi, tranquillement, entre amis. Par moment, mes enfants me rappellent à mon rôle de mère et je l’abandonne dans le salon pour m’occuper de mes deux adorables monstres. Ils se montrent compréhensifs, m’offre même son aide, au grand plaisir de Ryan, ravi de le voir. Le contraire m’aurait étonnée. J’aurais préféré que Nick reste tranquille, mais il est fidèle à lui-même : toujours prêt à me venir en aide.

La journée commence à toucher à sa fin. Les enfants sont fatigués d’avoir joué toute l’après-midi avec Nick et je n’ai pas tardé à les mettre au lit alors que le soleil commence à se coucher. Bien que nous soyons en automne, le soleil reste encore longtemps dans le ciel avant de laisser place à la nuit.
Nous restons ainsi entre adultes. Je lui ai préparé à manger, à boire aussi. Je ne sais pas pour lui, mais ça commence à me monter un peu à la tête, mais ça va aller. Je sens qu’il se sent mieux par rapport au moment il est arrivé, et c’est le principal.
-Je te suis reconnaissant d’avoir été là pour moi. Me remercie alors Nick, en me prenant dans ses bras.
Je suis un peu surprise par son geste, d’autant plus qu’il me sert fort contre lui. Mais je ne dis rien et je lui rends son étreinte avec plaisir. Nous restons un moment ainsi, appréciant être ainsi. C’est étrange, mais je me sens bien ainsi, dans ses bras. J’ai l’impression d’y être en sécurité, ne ressentant pas l’envie de les quitter.
-Je peux bien faire ça, tu es toujours là quand j’ai besoin d’aide. Tu es important pour moi, tu sais. Lui soufflé-je, ayant un peu moins de retenue qu’à l’accoutumer. Merci les jus de fruits. Par moment, je me demande ce que je ferai sans toi.
-Tu ferais autrement. M’assure-t-il alors que je ne suis pas convaincue. Tu es une femme forte, tu aurais su prendre les choses en main sans problème.
-C’est qui qui console qui déjà ?
-Je pense qu’on se console mutuellement.

La soirée se poursuit et nous continuons à discuter, à se rassurer. Sans que nous y prêtons attention, nos corps restent proches, comme si, inconsciemment, nous souhaitions garder un contact physique.
Je me sens étrange. J’ignore si c’est du au jus de fruit ou à la situation. Nick a une façon étrange de me regarder. Je ne sais pas comment interpréter son regard. Et puis, je me sens bien. J’ai l’impression que le temps a cessé d’avancer.
Il faut que j’arrête les excès, ça me met dans des situations bizarres.

-Mae, est-ce que tu as des regrets ? M’interroge subitement Nick, me sortant de mes songes.
-Je sais pas trop. Je serai tentée de dire que je regrette d’avoir rencontré Don, mais j’ai deux enfants merveilleux grâce à lui, donc je sais pas. Et toi ?
-Je… Je crois que j’aurais aimé te rencontrer plus tôt. M’avoue-t-il à ma grande surprise. Je ne sais pas trop comment réagir, ni comment interpréter ses paroles. Que se passe-t-il ? Je crois que le jus de fruit a des effets bien inattendus sur lui aussi.
Et subitement, sans que je m’y attende, il m’embrasse. Deuxième chose encore plus inattendue, suite à ce contact imprévu mais très agréable, je réponds à son baiser.

La suite des événements sont assez floues. Mes souvenirs sont assez vagues. Comment nous sommes-nous retrouver dans mon lit ? Je ne saurais pas comment l’expliquer. Je crois que le jus de fruit me fait faire des choses insensées. Je me souviens seulement m’être sentie avec lui, d’apprécier ses baisers. J’avais l’impression d’être considérée. J’appréciais qu’il fasse attention à moi, qu’il veille à mon bien être et mon plaisir. Il n’était pas dans la performance, juste dans l’instant présent. Dans un autre contexte et le jus de fruit en moins, cela aurait pu être follement romantique.