Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 38

Depuis notre sortie au spa, Roxane semble plus calme. Elle continue d’embêter sa sœur -sinon ça ne serait pas Roxane- mais moins souvent et de manière moins virulente.
On va dire qu’il y a des progrès. Oui, je suis d’humeur optimiste. Cela doit être le massage.
Les jours suivants, Rosae nous ramène un nouvel ami. Les triplés Lothario sont absents, aujourd’hui, nous faisons la connaissance d’un certain Thierry Kibo. Visiblement, Rosae est une petite fille très sociable qui a beaucoup d’amis. Ma foi, je préfère cela que l’inverse.
Ils sont rigolos à voir, tous les deux. Ils ont discuté un moment sur le canapé, devant la télévision mais je n’ai pas l’impression qu’ils la regardent beaucoup. Heureusement que Rosae n’est qu’une enfant, sinon, je pense que je commencerai à m’inquiéter.

-Mais nan, c’est pas possible ! Le monstre du bisounorbe ne peut pas être plus fort que le monstre du nord-qui-fume ! Réfute Rosae, semblant trouver cette idée absurde. Il est trop faible et il est toujours dans la lune ! L’autre il crache du feu, on dirait un dragon !
-Mais c’est justement une feinte ! Il fait croire qu’il est à l’ouest, mais en fait, c’est pour mieux embrouiller son adversaire ! Certifie Thierry, avec conviction.
-Mouuuuuais !!! Je suis pas convaincue ! De toute façon, la meilleure est et restera la Fée V’éneire ! Elle les surpasse tous !
-Non mais c’est une blague ?!
Décidément, les enfants ont des débats hautement philosophiques de nos jours.
Oui, je n’ai absolument rien compris.

Du côté des jumeaux, ils décident de rester dans leur chambre. Je pense que Roxane n’a pas spécialement envie de rester dans la même pièce que sa sœur, même si son ami ne partage aucun ADN avec elle, et Ryan lui, se contente de la suivre pour lui tenir compagnie, éviter qu’elle soit seule. Je sais qu’il souhaite la soutenir un peu plus et de combler son sentiment de solitude. Je ne sais pas si c’est une bonne stratégie mais cela ne fera pas de mal à Roxane.
Du coup, ils en profitent pour jouer au Jeu du Lama ensemble.
-Et voilà ! Fingers in the nose ! C’est qui le meilleur ? Se vante Ryan, fier de lui.
-Te réjouis pas trop vite ! La partie est looooin d’être finie !

Cette après-midi, Charlotte est également venue nous rendre visite. Cela fait longtemps que nous ne l’avons pas vu. La vie de famille a tendance à prendre le pas sur le reste et cela ne nous laisse plus beaucoup de temps pour nous voir. Je trouve cela dommage mais la vie est ainsi faite. Avec trois enfants à la maison, je n’ai pas forcément le temps de sortir et Charlotte est maintenant à la retraite et elle en profite pour voyager.
-C’était comment Selvadorada, Tata Charlie ? Lui demande Rosae, curieuse, allant à la rencontre de Charlotte.
-C’était sublime ! Surtout la vue ! Cela fait drôle de revenir ici, il fait un froid de canard !
-Il fait pas froid à Selvadorada ?
-Non, du tout ! C’est un climat plutôt tropical, tu sais.
-Coooool !!! Mais la neige c’est cool aussi. Tu es revenue pile poil pour la neige !
-Eh, pourquoi tu crois que je suis revenue maintenant ? S’amuse Charlotte de l’enthousiasme de Rosae, en lui faisant un clin d’œil.

Evidemment, si Charlotte est là, son fils n’est jamais bien loin. C’est assez drôle d’ailleurs. On pourrait croire qu’à son âge, Sébastien n’aurait aucune envie de suivre sa mère ici, préférant faire sa vie de jeune homme dans son coin, mais non. Il semble toujours ravi de venir nous rendre visite. Même s’ils ne passent pas tout leur temps ensemble, lui et Ryan s’entendent bien et je pense que c’est surtout pour lui que Sébastien accepte d’accompagner sa mère.
-Ca va les jeunes ? Leur demandé-je en rentrant dans la maison.
-Oui Maetha. Me confirme Sébastien en me faisant un grand sourire innocent, avant de chuchoter sur un air complice à Ryan. Alors, comme ça, tu es avec Juliette ? Ca va, tu t’embêtes pas !
-Chuuuut !!! Lui dit-il à toute vitesse, tout en piquant un fard.
S’il croit que j’ignore qu’il a une copine, c’est mal me connaître. Je sais tout, dans cette maison !

Je vais ensuite discuter avec Charlotte. Si elle vient ici, c’est principalement pour me voir. Nous ne sommes pas amies et anciennes collègues pour rien ! Et c’est toujours un plaisir de passer du temps avec elle !
-Et regarde, là, c’est le lieu du mariage ! Lui expliqué-je en lui montrant des photos sur mon téléphone portable. On avait hésité avec une salle des fêtes, mais elle n’était pas disponible.
-C’est pas plus mal ! Ca a l’air magnifique cet endroit !
-Ca l’est ! Mais faut pas qu’il pleuve quoi et le premier jour du printemps, c’est un peu risqué. Lui signalé-je, un peu sceptique.
-Je suis certaine que tout va bien se passer ! Et au pire, tu sais ce qu’on dit, mariage pluvieux, mariage heureux ! Tu as trouvé ta robe ?
-Je pense oui, mais j’essaie de perdre du poids…Je trouve que j’ai un peu perdu, mais j’arrive pas à me débarrasser du gras sur mes hanches !
-Tu es trop dure avec toi-même, tu es magnifique ! Même avec des rondeurs !
-Facile pour toi, tu es toute fine !

Nous avons discuté du mariage pendant un moment, puis Charlotte est rentrée chez elle avec son fils. Après leur départ, Ryan vient me voir et me demande un service : le soir-même, il veut préparer le dîner. Son anniversaire est bientôt et il veut apprendre à se débrouiller tout seul.
Je suis fière de son initiative, puis l’évidence me frappe. Il est vrai que l’anniversaire des jumeaux approchent à grand pas et bientôt, ils deviendront adultes.
Mes bébés deviendront des adultes… J’ai du mal à réaliser. Pour moi, ils sont encore des enfants.

En attendant, Ryan se contente de faire à manger. Il n’est encore question de gâteau, d’âge adulte, et encore moins, de déménagement.
Du moins, j’essaie d’éviter d’y penser.
Lors du repas, Ryan est tout fier de nous servir son plat de macaroni au fromage. C’est loin d’être un plat hautement élaboré, mais il faut bien commencer quelque part.
-Alors, qu’est-ce que vous en pensez ? Nous demande Ryan après que nous ayons commencé à manger.
-Tu t’es plantée, la morveuse est toujours vivante. Marmonne Roxane, avec un sourire moqueur. Rosae, elle, se contente de lever les yeux au ciel.
-C’est très bon mon poussin ! Les ignoré-je pour sourire à mon fils. Moins pour mes hanches, mais mes papilles approuvent !
-Et toi Papa, tu en penses quoi ?
-…. Attends je mange. Lui sourit-il à son tour.
-S’il mange, c’est que c’est bon ! Lui signalé-je avec un sourire taquin.

Après le repas, alors que la soirée est bien entamée et qu’il est bientôt l’heure d’aller se coucher, Roxane semble ailleurs, attristée. Elle n’est pas dans son assiette. Elle part s’isoler dans sa chambre, suivi de près par son frère. Lorsqu’il rentre, il remarque que Roxane s’est cachée sous sa couette. Il soupire, puis va s’asseoir sur son propre lit.
-Tu peux m’expliquer ce qui t’arrive ? Lui demande-t-il, en retenant un « encore ».
-J’ai rien. Marmonne Roxane, sans sortir la tête de la couette.
-C’est ça, et mon cul c’est du poulet. Tu veux une aile ?

Roxane soupire puis finit par sortir de sous sa couette. Elle rejoint son frère sur son lit puis laisse son regard se perdre dans le vide. Ryan ne dit rien et attend qu’elle parle d’elle-même. Elle finira par le faire, il le sait. La brusquer ne sert à rien.
-Ca me fait peur de devenir adulte. Finit par avouer Roxane en soupirant une nouvelle fois.
-Pourquoi ? C’est cool moi je trouve !
-Ouais, mais tout va changer… Toi tu vas finir par vivre avec ta Juliette et partir de la maison… Tu vas lui faire plein de mioches et moi… bah je vais rester toute seule…
-Mais non ! Bien sûr, en grandissant, on construit notre vie, je vais pas te mentir. Je vais forcément finir par trouver un boulot, puis quitter la maison. Mais ça sera ton cas aussi. Tu vas devenir une grande violoniste, tu vas faire des concerts et tu vas voyager partout dans le monde ! Tu auras tellement de trucs à faire que tu n’auras pas le temps de t’ennuyer ! Et toi aussi, tu finiras par trouver un mec, et faire plein de mioches. Et puis, ce n’est pas parce qu’on ne vit plus ici que je ne serai plus là pour toi. Au contraire ! Un coup de fil et je rapplique !
-Mouais…
-Et si ça peut te rassurer, sache que, personnellement, je n’ai pas l’intention de partir avant le mariage des parents.
-Ouais.. Moi non plus. Faut que je m’entraîne au violon pour le mariage.
-T’inquiète pas sœurette, tu vas bien se passer. Lui assure Ryan avant de passer son bras autour des épaules de sa sœur et lui déposer un baiser sur la tempe.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 37

Ma plus grande peur quand je suis tombée enceinte et que j’ai décidé de garder le bébé -enfin les bébés en l’occurrence- était d’être une mauvaise mère. J’étais célibataire, Don ne voulait pas en entendre parler, et je ne savais pas comment j’allais m’en sortir.

Au final, je pense que je me débrouille pas trop mal. Mais je dois bien avouer que cela me fait mal au cœur de voir les filles se disputer sans cesse. Certes, c’est toujours Roxane qui cherche sa petite sœur, mais Rosae a appris à se défendre et n’est pas en reste. Cela m’épuise de jouer les arbitres et j’aimerai bien trouver une solution pour que Roxane soit mieux dans sa peau et se sente à sa place dans notre famille.
Alors, en ce samedi, j’ai décidé de lui consacrer mon après-midi. Voulant lui faire plaisir, je l’emmène au SPA pour un moment de détente entre mère et fille !

-Et voilà ma surprise ! M’exclamé-je une fois que nous sommes arrivées à destination. Je vois le visage perplexe de mon aînée, s’interrogeant certainement sur le lieu où nous nous trouvons. C’est un spa. A nous les massages, le sauna et les soins du visage ! Lui annoncé-je, alors que son visage s’illumine.
-Trop cool !

Nous entrons à l’intérieur de l’établissement sans plus attendre. Il ne faut pas être en retard ! En effet, il y a quelques jours, j’ai appelé pour prendre rendez-vous pour un massage suédois, pour Roxane et moi. Une fois à l’intérieur, nous passons par les vestiaires pour nous changer, et nous montons à l’étage. Deux masseuses nous accueillent et nous invitent à nous installer. Nous sommes dans la même pièce, mais nous sommes séparées par un mur d’eau qui coule délicatement en cascade.

Tout nous invite à la détende. La lumière feutrée, les bougies parfumées, la musique… Rapidement, j’oublie tous les tracas du quotidien. J’oublie le mariage à préparer, les disputes entre mes enfants, le travail… Je profite simplement de l’instant présent, de l’ambiance et des mains expertes de la masseuse qui me malaxe le dos.
-Tout va bien ? Demandé-je tout de même à ma fille.
-Le bonheur ! Soupire d’aise Roxane en guise de réponse, ce qui me ravit.

Après le massage, Roxane semble beaucoup plus détendue que lors de notre arrivée. Première victoire pour moi, j’en suis ravie. Je lui propose ensuite de nous rendre au sauna. Elle hésite une seconde puis finit par accepter. Je la sens un peu nerveuse, mais elle se détend aussitôt lorsqu’elle remarque que le sauna est vide. Visiblement, son hésitation tenait du fait qu’elle avait peur du monde. Je suis donc également soulagée que la pièce soit vide. Ainsi, elle pourra profiter davantage de ce nouveau moment de détente.

Pour préserver la paisibilité de Roxane, je préfère garder le silence. Aujourd’hui, je ne veux pas parler de choses qui fâchent. Roxane aussi a le droit de profiter de moment de détente et de laisser ses soucis de côté. C’est justement le but de la manœuvre : lui offrir une occasion pour prendre soin d’elle, de laisser s’échapper ses problèmes pour qu’elle se concentre sur elle-même. Tout en passant un peu de temps avec sa mère.
Et si cela lui fait plaisir, cela me fait plaisir également. Un jour, je devrais emmener également sa sœur. Enfin, quand elle sera en âge de venir ici.

Après avoir passé 20 minutes dans le sauna, nous sortons pour profiter un peu de l’air frais. J’ai envie de profiter de la petite salle de sport pour courir sur le tapis roulant, mais l’idée de faire du sport ne plait pas tellement à Roxane. Néanmoins, elle me propose de nous séparer. Elle a vu quelque chose qu’elle aimerait bien tester et je n’ai pas le cœur de lui refuser. Je vais donc, seule, dans la petite salle et je m’installe sur la machine. Je fais fasse à une immense baie vitrée, offrant une magnifique vue sur la végétation. Tout est vraiment pensé pour privilégier le bien-être, y compris la vue sur le paysage !

Quant à Roxane, elle s’est inscrite à un cours de yoga. Elle a envie de tester et j’ai fait mine d’ignorer le prix d’un cours. Plus de 100 simflouz pour une séance d’une heure, c’est un peu cher payé, mais cela va peut-être aider Roxane dans la vie quotidienne. Peut-être apprendra-t-elle des techniques pour maîtriser sa colère et qu’elle finira par s’apaiser avec le temps ?
Dans tous les cas, un cours de yoga ne lui fera pas de mal, alors, si cela peut lui faire plaisir.

La nuit est déjà tombée lorsque nous sortons du spa. A cette heure-ci, Nick doit se demander ce que nous pouvons bien trafiquer, mais je m’en fiche. Je sais qu’il ne nous en voudra pas et l’important pour moi est d’avoir fait plaisir à ma fille. En tout cas, cela m’a fait du bien de passer un moment avec Roxane. J’ai l’impression d’avoir retrouvé ma fille aînée, de retrouver celle qu’elle était lorsqu’elle était enfant. Plus calme, plus apaisée, plus à l’aise.
-Merci Maman pour cette journée. Me dit-elle en prenant spontanément dans ses bras. Son geste me surprend, mais il me touche.
-Cela t’a fait du bien, ma puce ?
-Oui Maman. C’était une bonne idée !
-Tant mieux. Tout ce que je voulais, c’était passer un moment avec toi et te faire plaisir.
-C’est réussi. Merci encore.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 36

Cette journée a fait du bien à tout le monde, je crois. Passer une journée en famille a été agréable et durant cette fête des récoltes, tout s’est bien passé. Roxane a été agréable et s’est contenté d’ignorer sa sœur sans lui lancer de pique. Ce n’est pas l’idéal, mais c’est toujours mieux que rien.
D’autant plus que cette bonne humeur ambiante ne va pas durer longtemps.
Les adolescents étant ce qu’ils sont, les hormones ont parfois des effets dévastateurs. Et Roxane ne fait pas exception à la règle et elle est souvent en proie à des sautes d’humeurs en ce moment. En ce moment, elle se montre plus distante qu’à son habitude. A croire que passer une journée entière avec sa famille lui a suffi pour des mois.

Evidemment, la mauvaise humeur de Roxane ne passe pas inaperçue. Elle fait la tête, marmonne lorsqu’on lui parle et, bien sûr, sa victime favorite est sa sœur. Roxane ne manque jamais une occasion pour l’embêter et lui faire savoir qu’elle ne l’apprécie pas et qu’elle ne voudrait ne pas la voir.
Je suis dépitée lorsque j’assiste à ça. J’ai beau réprimander Roxane sur son attitude, j’ai l’impression de parler à un mur.
-Qu’est-ce que tu as à me regarder ? Aboie Roxane sur sa sœur, lorsqu’elle a eu le malheur de la regarder un millième de seconde.
-T’as un bouton sur le nez ! Se venge alors Rosae, en lançant un regard noir à son aînée.
-Mais bien sûr ! T’es qu’une menteuse !
-Je ne mens pas ! Tu as un bouton sur le nez comme une sorcière ! T’es une sorcière !
-Bon les filles, vous vous calmez un peu ? Soupiré-je, complètement dépitée par la situation. Vont-elles finir par s’entendre un jour ?
-C’est elle qui a commencé ! Se défend aussitôt Rosae, outrée de se faire réprimander.
-T’avais pas qu’à venir au monde !
-Roxane ! Cette fois, tu vas trop loin ! Dans ta chambre, toute suite ! Et tu es privée de sortie pour deux semaines !
-Je m’en fiche. C’est pas comme si je sortais de toute façon.
-Et arrête de répondre ! Sinon, tu peux dire adieu à ta fête d’Halloween !
-C’est celle de Ryan. Marmonne Roxane en montant les escaliers.
-Et c’est justement pour ça que je ne l’annule pas ! Répliqué-je, avant de laisser échapper un soupir, à bout quant à l’attitude de ma fille aînée.

En effet, le soir-même, les enfants ont organisé une fête déguisée pour Halloween. J’aurais pu l’annuler, mais les règles de savoir-vivre veulent qu’il est malpoli d’annuler au dernier moment. Et puis, ce serait punir Ryan et Rosae en même temps, et je ne suis pas une adepte des punitions collectives.
Oui, parce que Ryan a réussi à convaincre sa jumelle de laisser Rosae participer à la fête avec ses amis. Il faut dire aussi que je ne leur ai pas laissé le choix. Roxane a bien entendu fait la tête, mais elle a compris qu’elle n’avait pas à discuter si elle tenait à sa fête.

Par ailleurs, ce soir-là, les enfants fêtent également un anniversaire. Il s’agit d’une amie des jumeaux, en particulier de Ryan je crois. Une petite Juliette, déguisée en princesse, mais sans plus pour très longtemps. Les jumeaux ont donc installé des bougies sur le gâteau zombie que Ryan a préparé dans l’après-midi, et la demoiselle s’empresse de les souffler pour devenir une belle adolescente.

Après son anniversaire, Juliette s’empresse de se changer pour revêtir un déguisement de sorcière. Une fois changée, elle profite du repas préparé avec soin pour que tout le monde puisse profiter de la fête. Tout le monde est parti danser, si bien que Juliette mange en compagnie de Ryan, déguisé en Dark Vador… Et qui semble troublé par son amie.

Pendant ce temps-là, Roxane prend le temps de se sociabiliser un peu. Elle discute un peu avec les invités, mais n’hurle pas lorsqu’un ami de son frère a voulu lui montrer un truc dans son téléphone au moment où elle voulait se reposer un peu.
Par contre, je ne suis pas certaine d’être d’accord pour que ma fille soit seule dans sa chambre avec un garçon…
-Regarde, tu bouges le bonbon comme ça, tu en alignes au moins trois et hop ça fait des points !
-Ouais, mais vos jeux débiles sur portable, je m’en fiche un peu en fait.
Quoique que, je crois que je n’ai pas d’inquiétude à me faire, finalement ….

Pendant que les adolescents passent du temps ensemble, Rosae est toute contente de passer la soirée avec ses amis. Les jumeaux ont fait la tête en voyant arriver les triplés Lothario. Tout trois déguisés de la même manière, bien habillés et avec une citrouille sur la tête. Je ne sais pas comment fait Rosae pour les différencier, vêtus ainsi.
Mis à part pour Pierre peut-être, le seul qui a une citrouille grise et une veste violette. Quant à Paul et Caroline, ils sont exactement habillés pareils et au premier regard, il est, pour moi, impossible de les différencier.

Quant à Ryan, il semblerait que la situation avance doucement avec sa Juliette. J’aurais peut-être du l’appeler Roméo… Ah, si j’avais su !
En effet, Ryan profite de cette soirée pour se rapprocher de son amie. Elle a mis du temps à grandir, mais maintenant, il sait qu’il peut, peut-être tenter sa chance. Et visiblement, Juliette ne semble pas insensible à son charme.
C’est bien mon fils !
-Bah alors, Don Juan, on va pécho ? Se moque en passant un de ses amis, qui assiste à la scène, pendant que Ryan enlace son amie.
-Mêle toi de tes fesses. Bougonne Ryan, gêné, alors que quelqu’un le bouscule avec un verre de jus d’orange plein à ras bord. Heeeey !!!!
-Pardon !!!
-Pas grave, mais je suis obligé de me changer maintenant. Soupire-t-il. Et c’était mon seul costume.

Une fois changé et un peu bougon, Ryan redescend au rez-de-chaussée, et reprend sa discussion avec Juliette. C’est assez drôle d’entendre tous ces adolescents ricaner, personne n’étant dupe du petit jeu des deux adolescents. Mon pauvre garçon, il n’a pas fini d’être la cible des taquineries de ses amis !
-Bah alors, Ryanouche, on est amoureux ? Se moque Roxane à son tour. Tu attends quoi ? Tu veux des encouragements ?
-Mais arrête, lâche-moi ! En est mort de honte Ryan, alors que Juliette se retient de rire.
-Moooooh ! T’es tout rouge ! En rajoute une couche sa jumelle, morte de rire, avant de s’éloigner pour laisser son frère tranquille.

-Faut… faut pas trop les écouter. Ils en racontent des… des bêtises… Bredouille Ryan, tout intimidé. Juliette ne peut s’empêcher de sourire.
-Je crois que l’esprit d’Halloween leur monte un peu à la tête. Confirme avec douceur la jeune adolescente.
-Ah ah ! Tu crois qu’ils sont possédés par un mauvais esprit ?
-Et toi ? Tu crois qu’un mauvais esprit te tourmente pour te faire douter de toi ? Le taquine à son tour Juliette, loin d’être aveugle, elle aussi. Bien entendu qu’elle a compris ce qui se trame dans la tête de son ami.

Les yeux de Ryan pétillent, puis son regard se fait incertain. Il s’interroge, se demandant ce qu’il doit faire. Doit-il oser ? Doit-il rester sur la réserve ? Lui lance-t-elle des signes ? Ou se fait-il des films ?
Il ne sait pas quoi faire. Il voit son sourire, ses lèvres s’étirent de manière délicieuse. Il ne peut s’empêcher de les observer, avec envie.

-Bon, tu attends quoi ? Lui dit-elle avec amusement, histoire de le réveiller un peu.
Stratégie efficace. Ryan sursaute, sourit, puis ose enfin. Il s’approche doucement de Juliette, pour ensuite l’embrasser, tout doucement.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 35

L’automne suit son cours et nous voilà rapidement au Jour des Récoltes. Personne ne travaille et tout le monde reste à la maison pour une journée en famille. Roxane était moyennement ravie à cette idée hier soir, mais ce matin, elle semble s’être levée du bon pied. Au moins, on devrait passer une bonne journée.
C’est sans compter l’arrivée des gnomes. Il ne me semblait pas les avoir invités… Comme la dernière fois, je tente d’être sympa en donnant de la tarte au pomme, mais non, ils ne sont toujours pas contents.
Je crois que les gnomes ne m’aiment pas beaucoup.

-Tu n’as pas intérêt à m’embêter toi ! J’ai de quoi te transformer en lampadaire !

Rosae, pour sa première Journée des Récoltes, essaie également d’amadouer les gnomes. Elle cherche partout dans la maison pour en trouver un. La voir si enthousiaste m’amuse. La pauvre ne sait pas encore ce qui l’attend.
Oui, les gnomes ne m’aiment pas, alors je ne les aime pas non plus.
Rosae finit par en trouver un dans la chambre des jumeaux. Elle saute de joie tellement elle est contente et s’empresse de donner un morceau de gâteau au gnome.
Malheureusement, il semblerait que les gnomes aient une dent contre les Opaline…

Après m’être débarrassée des gnomes -j’ai moyennement envie qu’ils me cassent tout dans la maison- je me suis attelée à la préparation du repas : de la dinde au tofu. Pendant ce temps-là, les enfants s’occupent comme ils peuvent. Rosae fait du travail supplémentaire (pour quelles raisons ? Aucune idée mais si ça l’amuse…), et les jumeaux regardent un film à la télévision.
Non mais la blague, c’est pas crédible du tout ! S’offusque subitement Roxane.
-Pourquoi tu dis ça ? Ne semble pas comprendre Ryan.
-Normal, t’es un mec ! Mais genre, le gars, il met du parfum, et il a 30 000 nénettes qui le poursuivent comme si c’était un dieu vivant ? Ca va les chevilles ? Le mec qui a inventé ça arrive encore à passer les portes ?
-… T’as conscience que ce n’est qu’une pub ?
-… C’est une question de principe.

Puis, une fois que Roxane ait terminé de s’outrer devant les publicités qui n’ont pas inventé l’eau chaude, je peux enfin servir ma dinde. Nick fait mine de faire la tête devant le tofu, mais je sais bien qu’il fait semblant. Et ce n’est pas pour me vanter, mais ma dinde n’a jamais été aussi bonne !
Et cela me fait également plaisir de passer un moment, tout ensemble, en famille. Généralement, tout le monde mange quand il en a envie et c’est rare que nous nous retrouvions tous ensemble, en même temps, à table.

Cela me fait drôle aussi, lorsque j’observe mes jumeaux manger leur dinde et s’amuser autour de cette table. La dernière fois que nous avons célébré la Fête des Récoltes, ils étaient encore bébé… Et devenaient des bambins qui couraient partout. A l’époque, Charlotte avait dîné avec nous et nous n’étions qu’amis, avec Nick.
Aujourd’hui, Nick et moi sommes fiancés, Charlotte célèbre cette journée avec sa propre famille, et je suis mère de deux ados et d’une petite fille.
Que le temps passe vite…

Après le repas, Roxane accepte de nous faire une démonstration de violon. Habituellement, elle joue seule dans son coin, la plus part du temps dans sa chambre, et nous ne pouvons l’entendre qu’au travers de la cloison.
Mais aujourd’hui, en cette journée de fête, elle veut bien nous jouer un morceau, nous faisant bénéficier d’un concert privé.
Je suis tellement touchée de l’entendre jouer. Elle qui est si réservée et qui ne montre que rarement les bons côtés de sa personnalité, joue avec tellement d’émotions. Je peux voir la passion qui l’anime pendant qu’elle joue, son visage qui se transforme et qui s’apaise.
C’est simple, j’ai l’impression d’avoir une autre personne en face de moi.
Plus elle joue, plus une idée germe dans mon esprit. Une idée qui se transforme rapidement en évidence.

Lorsqu’elle termine de jouer et qu’elle repose son violon, je m’empresse d’aller la prendre dans mes bras. Je n’arrive pas à prononcer le moindre mot tellement l’émotion me submerge.
Roxane est vraiment douée, le talent et la passion coule dans ses veines. Si elle le voulait, elle pourrait devenir une grande violoniste, juste en claquant des doigts.
-C’était magnifique ma chérie !
-Merci Maman!
-Dis-moi, est-ce que tu voudrais bien jouer un morceau à notre mariage ? Lui demandé-je alors. Venant d’avoir l’idée, je n’ai pas pu en parler à Nick, mais je suis certaine qu’il n’y verra aucun inconvénient. Cela serait un honneur que tu joues pour nous.
-Bien sûr Maman, si cela peut te faire plaisir. Accepte-t-elle sans hésiter, et en m’offrant même un sourire.

Après cette interlude musical, les garçons décident d’aller dehors. Ryan a envie de jouer au basket et Nick se dit que pour une fois, il peut jouer avec lui.
Et en bon mâle qu’ils sont, ils sont partis sur un concours de dunks. Autant dire que ce n’est pas triste à voir.
Surtout quand Nick se loupe, tombe, et se prend le ballon sur la tête. Je pense que tout Willow Creek a entendu le rire de Ryan.

-Comment tu t’es loupé !! Ca va, ils vont bien tes vieux os ? Ou tu vas avoir besoin d’une canne ? Se moque gentiment Ryan en s’approchant du panier pour récupérer le ballon.
-C’est ça, moque toi ! On verra qui rira bien qui rira le dernier quand tu auras mon âge ! Et ça viendra plus vite que tu le crois !
-Mais oui Papy, mais oui. Tu veux un déambulateur peut-être ? Propose-t-il, hilare, alors que Nick a du mal à se lever.
-Gna gna gna, à ton tour, et on verra si tu es meilleur !

Aaah ces garçons ! Je rigole toute seule en les voyant faire. Du coup, pour observer leur concours, j’installe l’air de rien sur la balançoire. Je profite de l’air en plus du spectacle !
Après que Ryan ait récupéré le ballon de basket, il s’écarte du panier pour pouvoir prendre son élan. Il court, il s’élance et … se loupe. Comme Nick, il tombe sur les fesses et récupère le ballon sur la tête.
J’en connais deux qui vont avoir des bleus !

-Ahahah, et c’est qui le vieux maintenant ? Se venge sans attendre Nick, alors que je ricane doucement dans mon coin. Dommage que les filles soient restées à l’intérieur de la maison !
-Ahah, très drôle !

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 34

Le temps suit son cours à la maison. Rosae essaie de faire des efforts avec sa sœur pour ignorer ses piques, mais je sens bien qu’elle ne fait ça que pour me faire plaisir. Je l’entends souvent soupirer lourdement dès que Roxane a le dos tourné. Je sais que ce n’est pas l’idéal et j’ignore si lui dire de faire le dos rond est une bonne idée, mais si cela peut éviter de déclencher des disputes à la maison, ce n’est peut-être pas plus mal.
Cependant, la vie n’est pas toute rose. Un jour, nous avons tous reçu un coup de fil pour nous annoncer le décès de Seiji, l’homme qui gardait les enfants lorsqu’ils étaient petits. Nous ne le connaissions pas très bien, mais cela fait drôle. C’était vraiment un homme très gentil.

La nouvelle donne tout de même un coup au moral des enfants, surtout à Roxane. Seiji lui avait donné beaucoup de conseils pour améliorer sa technique au violon et je crois qu’elle s’était attachée à lui. Quelque part, Roxane a toujours été sensible et savoir que Seiji ne fait plus partie de ce monde doit la déprimer.
-Tu te rends compte qu’il est parti, qu’il n’est plus parmi nous ? Soupire Roxane en essayant d’avaler son hot-dog, pendant que son frère fait ses devoirs pour le lycée.
-Ouais, c’est nul. Confirme Ryan dans un haussement d’épaules. Malheureusement c’est la vie. Mais bon, ça fait belle lurette que nous ne l’avons pas vu.
-Quand même… Moi, il m’a beaucoup apporté pour le violon...

Rosae, quant à elle, semble mieux vivre la nouvelle. En même temps, elle était encore bambine lorsque nous l’avons connu, je ne suis pas certaine qu’elle ait beaucoup de souvenirs de lui. Elle sait de qui on parle, mais cela s’arrête là. J’ai envie de dire, je préfère que cela soit ainsi. Elle a encore suffisamment de temps devant elle avant de devoir être confrontée au décès de quelqu’un. Cela a beau faire partie de la vie, je préfère qu’elle soit épargnée le plus longtemps possible.
-Bah dis donc, ils font tous une sale tête chez toi ! S’étonne Paul, alors qu’il est venu à la maison pour réaliser un exposé avec Rosae.
-C’est parce que le monsieur qui nous gardait quand on était petit, il est parti.
-Parti où ?
-Bah, dans le ciel.
-Ah oui.. Je comprends mieux…. Et ça va toi ? S’en inquiète aussitôt Paul.
Ca va… C’est triste, je sais bien… Mais j’ai pas vraiment de souvenirs de lui… Bon, on continue notre maquette sur le système solaire ? Le soleil va pas se peindre tout seul !
-Bien, cheffe !

Une heure plus tard, les enfants ont terminé leur maquette. Ils l’ont fait tous les deux, sans aide extérieure, et je dois avouer que je suis plutôt fière. C’est toujours plaisant de les voir se débrouiller, même si cela me fait drôle que Rosae ne vienne pas nous demander un coup de main. Voilà qui ne me rajeunit pas non plus…
Alors qu’elle et Paul viennent de terminer, Ryan se rend également dans le jardin pour travailler sur son propre exposé. Décidément, ce début de semaine est dédié au projet scolaire !

Cependant, Ryan est quelque peu ailleurs. De la fenêtre, je vois bien qu’il n’est pas à ce qu’il fait. Je pense qu’il est plus touché qu’il ne le montre par la mort de Seiji, mais il n’y a pas que ça. Il était relativement normal avant de mettre le nez dehors…
Je soupire alors. Voir Paul à la maison doit lui faire bizarre. Il sait que c’est son petit frère mais il n’a pas le droit de le considérer comme tel. Je sais que les jumeaux ne s’approchent pas des amis de Rosae, et je pense que pour Ryan, cela lui ferait trop étrange de leur parler normalement. Comme de simples amis de sa petite sœur. Que ressent-il face à cela ? Je l’ignore… Du coup, j’envoie Roxane l’aider à faire son exposé, peut-être arrivera-t-elle mieux à aider son frère.
-Bah alors, tu fais la tête ? Met-elle directement les pieds dans le plat. C’est à cause du mioche blond ? Ajoute-t-elle ensuite en jetant un regard dédaigneux en direction du concerné.
-Ca me fait drôle de voir Rosie avec lui, avec eux. Admit-il avec un soupir. Je… Je ne saurais pas trop comment l’expliquer…
-Ouais… C’est une traîtresse ! Elle fricote avec l’ennemi !
-Ca va ? Tu n’exagères pas un peu ? En plus, elle ignore qu’on a un lien de parenté avec les Lothario… En lève les yeux au ciel Ryan. Puis, t’es lourde à t’en prendre tout le temps à elle. Elle n’a rien fait.
-Et toi, tu prends tout le temps sa défense ! Je suis ta jumelle, mais j’ai l’impression que tu la préfères à moi … Tout le monde est du côté de Rosae et moi, j’ai même plus mon jumeau à mes côtés… Alors qu’elle… Elle a les parents et ses nouveaux amis. Elle continuerait de traîner avec eux même si elle savait qui ils sont. Elle n’a pas besoin qu’on la protège autant. Bredouille en réponse Roxane, la voix tremblante.
-Bon, calme-toi, tu vas pas te mettre à pleurer pour ça. Soupire Ryan, culpabilisant suite aux paroles de sa jumelle. Elle n’a pas tout à fait tort après tout, et il est la meilleure personne qui peut la comprendre. Si lui, son frère jumeau, n’est pas capable de la soutenir, qui le fera ? Pour rien au monde il ne voudrait que sa jumelle se sente seule. J’essaierai de rester neutre d’accord ? Mais fais un effort avec Rosae, ok ?
-Ok…

-Je ne sais plus quoi faire, Nick… Soupiré-je, un matin, après avoir passé une très mauvaise nuit.
Je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour mes enfants. Je ressasses sans cesse la situation et je ne parviens pas à trouver une solution. Qu’est-ce que je pourrai bien faire pour aider Roxane ? Pour qu’elle se sente mieux dans notre famille et qu’elle accepte mieux Rosae ?
Je tourne et retourne et retourne encore la situation dans tous les sens mais j’ai l’impression qu’elle est sans issue. Nous avons essayé de parler avec elle à plusieurs reprises, que ce soit Nick ou moi, nous la traitons comme son frère et comme sa sœur… Mais cela ne change rien.
Dans mon dos, Nick soupire à son tour.
-Je ne sais pas non plus… Peut-être la confronter à Don ? Suppose-t-il, sans grande conviction.
-Je ne sais pas… A supposer qu’il accepte, ce dont je doute fort, je ne vois pas à quoi cela servirait, à part conforter son impression. Elle se sent déjà rejetée du côté de Don… Alors, à quoi bon ?
-Je ne sais pas, mon cœur, je ne sais pas… A part espérer que cela s’arrange avec le temps, je ne vois pas ce que l’on pourrait faire…

L’ambiance à table n’est pas des plus joyeuses non plus. Visiblement, tout le monde s’est levé de mauvaise humeur ce matin. Roxane fait, encore, la tête et Ryan ne sait pas où se mettre. Seule Rosae semble être de bonne humeur, et ne comprend pas pourquoi tout le monde fait une tête de six pieds de longs.
-Lâche nous la grappe, tu veux. Finit par s’impatienter Roxane alors que Rosae raconte ce qui est prévu pour la journée à son école. Tes trucs de morveuses, tout le monde s’en fout.
-Roxane, sois gentille avec ta sœur. Soupire Nick, blasé par l’attitude de notre aînée.
-Dis Ryan, on continue d’en apprendre plus sur le système solaire au lycée ? Passe à autre chose Rosae, en s’adressant à son frère. Sa sœur est de mauvaise humeur, mais elle en a l’habitude. Son frère, lui, est toujours ravi de discuter avec elle.
-… Finis ton bol, d’accord ? Marmonne Ryan, mal à l’aise, après avoir remarqué le regard insistant de sa jumelle.
-Mais…
-S’il te plait.

Rosae est surprise par l’attitude son frère, mais elle se contente d’obéir. Elle semble déçue et plonge son nez dans son yaourt aux fruits. Elle ne comprend pas pourquoi son frère agit ainsi. D’habitude, il lui répond toujours et il est ravi de l’écouter. Mais là, son attitude est différente de d’habitude, et il ne la regarde même pas dans les yeux.
Rosae hausse les épaules. Elle voit bien que tout le monde est de mauvaise humeur et peut-être qu’il n’est pas encore tout à fait réveiller.

Alors, le soir-même, Rosae décide d’aller rejoindre son frère dans le jardin, pour passer un peu de temps avec Ryan pendant qu’il joue au basket. Peut-être qu’il sera un peu plus détendu.
C’est donc toute guillerette qu’elle arrive à l’arrière de la maison.
-Ryan !! Tu peux m’apprendre à jouer au basket ?
-Pourquoi faire ? Ne semble-t-il pas comprendre. Quelle mouche peut bien la piquer tout d’un coup ?
-Bah, pour pouvoir jouer avec toi ! Ca serait rigolo !
-Ecoute, Rosie… Soupire alors Ryan. On… Je… je vais passer un peu moins de temps avec toi désormais…
-… Pourquoi ?
-A cause de Roxane… Elle ne se sent pas bien et elle a besoin de quelqu’un pour l’aider un peu tu vois… Et comme je suis son jumeau, je suis la personne la plus susceptible de la comprendre, tu vois ?
-Je vois… Mais je vois pas le rapport avec moi. Boude en réponse Rosae.
-Tu sais bien qu’elle a du mal avec toi et… Nous voir tous les deux ne lui fait pas spécialement plaisir. Alors… Je me dis que si je passe moins de temps avec toi, peut-être qu’elle finira par se détendre et qu’elle t’acceptera mieux, tu vois ? …
-Mais… j’y peux rien moi si elle m’aime pas. Se vexe aussitôt Rosae avec un mouvement de recul. C’est pas juste !
-Rosie…
-Tais-toi ! T’es nul d’abord ! Je te déteste ! S’enfuit Rosae vers l’intérieur de la maison pour s’enfermer dans sa maison, laissant derrière elle, un Ryan avec le cœur lourd.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 33

Suite à cette conversation avec ma fille aînée, j’essaie tant bien que mal de me remettre de mes émotions. C’est loin d’être simple, les mots de Roxane résonne sans cesse dans ma tête. J’essaie de réfléchir à des solutions, de chercher comment je pourrai essayer d’améliorer la situation, mais il s’agit d’un véritable casse-tête. Comment pourrai-je faire en sorte que Roxane se sente appartenir pleinement à notre famille ? Comment faire pour qu’elle n’ait plus l’impression faussée d’être une pièce rapportée ?

Pour le moment, je n’ai pas la réponse, et cela me terrifie.
Ce samedi, le soleil est encore au rendez-vous. Du coup, nous avons décidé d’aller une nouvelle fois au parc. Connaissant mon goût pour la découverte de différents éléments, Nick a proposé qu’on aille à Oasis Springs. Je devrais, normalement, avoir plus de matière pour mes recherches.
Sans aucune surprise, lorsque nous avons proposé aux enfants d’aller là-bas, les yeux de Rosae se sont mis à pétiller et elle a demandé si elle pouvait inviter ses amis à venir jouer avec elle au parc. Sachant qui ils sont, j’étais un peu mal à l’aise quant à sa demande.
Mais comment pourrai-je lui refuser ? Ce sont ses amis et ils ne sont pas responsables des actions de leur père…

Lorsque je les regarde jouer, tous ensemble, je prends le temps de m’attarder sur les triplés. Pierre, Caroline et Paul. Un brun et deux blonds. Tous les trois ont les yeux verts. Leurs traits sont semblables et personne ne pourrait douter qu’ils sont frères et sœur. En eux, je revois les traits de Don. Aucun doute, il ne peut pas renier ses enfants.
Quand je les regarde, je me demande comment l’évidence n’a pas pu me frapper. Paul me rappelait déjà quelqu’un quand je l’ai vu pour la première fois, mais j’aurais du remarquer qu’il ressemble à Don. D’ailleurs, sait-il que ses enfants sont amis avec ma fille ? Est-ce que les enfants lui parlent de leurs amis ? A-t-il fait le lien entre Rosae et moi ? Ou m’a-t-il complètement oublié ?
Je n’en ai aucune idée. A vrai dire, je ne suis même pas sûre de vouloir le savoir. Et puis… Rosae peut côtoyer les triplés Lothario, cela ne veut pas dire que je vais être amenée à le croiser.

Les jumeaux, quant à eux, ne sont pas particulièrement ravis de venir ici. Il est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de choses à faire pour des adolescents. Ils sont trop grands pour les structures de jeux, ce n’est plus de leur âge. Alors, ils s’occupent comme ils peuvent et ils se rabattent sur un échiquier. Ils jouent pendant un moment, mais je vois bien que Roxane lance des regards noirs en direction des jeux, de sa sœur, des triplés… Les voir jouer ensemble ne lui fait clairement pas plaisir. Quant à Ryan, il ne dit rien, ne les regarde pas. A vrai dire, j’ai plutôt l’impression qu’il fait tout pour les ignorer. Puisque Roxane sait qui ils sont, je suis persuadée qu’il le sait aussi. Son attitude n’a pas changé mais il est vrai qu’il ne semble pas accorder plus d’attention que cela aux amis de sa petite sœur. Il est moins transparent que sa jumelle et j’avoue que je me demande bien par moment ce qu’il peut bien se passer dans sa petite tête.

Après être certaine que tout se passe bien du côté de mes enfants, et Nick m’assurant qu’il garde un œil attentif sur tout ce petit monde, je finis par m’éclipser dans les alentours du parc, à la recherche de pierre à casser pour découvrir des cristaux ou des métaux. Grâce à cela, je pourrai découvrir des éléments à étudier pour ma collection.
Et puis, cela me permet de m’éloigner un peu de mes tracas du moment. Je me concentre sur ma tâche et je ne pense plus aux problèmes que rencontrent mes enfants. En tout cas, un peu moins. Et j’ai également un peu moins l’impression d’être une mauvaise mère qui ne sait pas rendre ses enfants heureux.

Une fois rentrés à la maison, je décide d’aller me changer. Nous commençons à préparer le mariage avec Nick et je suis dépitée devant mon reflet dans le miroir. Avec mes deux grossesses, j’ai pris beaucoup de poids, notamment au niveau des hanches.
Non, en fait, j’ai tout pris dans les hanches.
J’avais déjà des hanches généreuses à l’origine, mais cela ne s’est pas arrangé avec les années.
Et cela ne me plait pas. Comment vais-je trouver une robe de mariée à mon goût avec une silhouette pareille ? Ni une ni deux, j’enfile ma tenue de sport et une paire de baskets, et je me mets au footing. En étant rigoureuse, je devrais finir par réussir à perdre mes kilos en trop.
Ou du moins, un petit peu.

En plus du footing, je m’essaie également au basket. Autant joindre l’utile à l’agréable, et si je peux perdre du poids tout en me rapprochant de mon fils passionné de ce sport, je ne vais pas me plaindre.
Lorsque je le rejoins dans le jardin pendant qu’il joue, il me regarde d’un air septique. Visiblement, il se demande ce qu’il me prend.
-Maman, t’es pas obligée de faire ça tu sais. Ça me va aussi de jouer tout seul.
-Pourquoi ? Ça te gêne de jouer avec ta vieille mère ?
-T’es pas vieille d’abord.
-Que tu es mignon ! Lui réponds-je, touchée. Mais je dois me mettre au sport si je veux perdre du poids, alors, autant jouer avec mon grand garçon !
-Tu sais que tu es très bien comme tu es ?
-Bon ok, j’ai compris, qu’est-ce que tu veux ? Trop de compliments qui sortent de la bouche d’un ado, c’est louche !
-Maman ! Soupire alors Ryan en levant les yeux au ciel.
-Roh, ça va, je rigole ! Apprends moi plutôt à viser dans ton but !
-Ça s’appelle un panier Maman…

Pendant que Ryan essaie tant bien que mal à m’initier au basket -le pauvre n’a pas fini à faire preuve de patience!-, Roxane continue à s’exercer au violon. Elle s’améliorer de jour en jour et à ce rythme, elle deviendra une vraie virtuose. Il n’y a aucun doute, le violon, c’est sa passion.
J’ai aussi l’impression que c’est son moyen pour s’évader, pour penser à autre chose. Grâce à la musique, elle parvient à partir dans un autre monde, et elle exprime ses émotions au fil des notes.
-Encore sur ton violon ? Remarque Nick en allant voir ce que fait Roxane dans sa chambre.
-Il faut bien si je veux être la meilleure.
-C’est magnifique ce que tu fais.
-Merci Nick, c’est gentil.
-Dis-moi, tu comptes te lancer dans la musique plus tard ?
-Peut-être, j’y ai pas encore complètement réfléchi.
-En tout cas, il n’y a aucun doute que tu réussirais si c’était le cas. Tu es douée !
-Nick, j’ai besoin de me concentrer… Grimace Roxane alors qu’elle vient de laisser échapper une fausse note.
-Oh pardon, je vais te laisser alors.

Dans l’après-midi, Rosae reçoit la visite d’une de ses amis… Caroline Lothario. Cela me fait drôle de voir ma petite dernière amie avec les enfants Lothario. Surtout avec Caroline, avec qui elle semble plus proche. Je les ai vu se faire un câlin tout à l’heure, tout en s’exclamant « meilleures amies pour la vie ! ». Cette petite a beau être une Lothario, elle est adorable et son amitié avec Rosae est touchante.
La pauvre enfant semble avoir souvent besoin de parler et cela me fait plaisir de voir Rosae lui prêter une oreille attentive. Apparemment, c’est une amie sur qui compter et j’en suis plutôt fière.

Néanmoins, la cohabitation avec Roxane ne semble pas évidente. Rosae a servi à manger à son amie, et elles ont rejoint Roxane qui regarde tranquillement la télé.
Bien évidemment, elle ronchonne aussitôt.
-Vous êtes obligées de venir là, les morveuses ?
-Bah Caro a faim. Ne semble pas comprendre Rosae.
-Et alors ? On a une table, c’est pas pour les chiens. Allez voir ailleurs les mioches !
-Non, on bouge pas d’ici ! On n’y peut rien si t’es vilaine ! Riposte aussitôt sa sœur, faisant ricaner Caroline. Sur ces paroles, ne s’attendant pas à une telle répartie, Roxane manque de s’étouffer. Agacée, elle finit par se lever pour balancer son assiette dans l’évier, avant de s’enfermer dans sa chambre. Satisfaite, Rosae lance un regard complice à son amie avant de mettre les dessins animés sur la télévision.

Caroline part un peu plus tard dans l’après-midi. J’en profite donc pour discuter un peu avec ma fille, ayant eu vent de son comportement avec Roxane. Je sais bien qu’elle ne fait que de se défendre, et je compte bien discuter avec Roxane également, mais ce n’est pas une raison pour être insolente.
-Rosie, ma puce, je t’ai entendu tout à l’heure, avec ta sœur…
-Oui, elle a été méchante avec Caro et moi ! Ne tente-t-elle même pas de nier.
-Je sais bien et je compte lui en parler aussi, mais il ne faut pas que tu lui répondes sur le même ton, cela ne servira à rien.
-Oui, mais Roxane est toujours méchante avec moi !
-Ce n’est pas une raison pour faire comme elle !
-Je veux bien, mais je suis censée faire comment si elle est méchante avec moi ou avec mes amis ? Ne semble pas convaincue Rosae.
-Tu dois juste laisser couler. Ce n’est pas en répondant que tu arrangeras les choses.
-Mais en quoi ne rien dire la fera arrêter, Maman ?
J’ai beau essayé d’arranger les choses, je dois bien avouer que je n’ai, malheureusement, pas la réponse à sa question…
-Avec le temps, elle finira par se calmer ma puce. Il suffit de … faire preuve de patience…