Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 44

Rosae

Lorsque je scrute le ciel, je réalise que nous avons de la chance. Le soleil est au rendez-vous, Papa et Maman pourront se marier à l’extérieur, sans être obligés de se rapatrier à l’intérieur. Cela aurait été dommage, ce parc est magnifique.
J’estime avoir moi aussi de la chance. Ce n’est pas tous les enfants qui ont la chance d’assister au mariage de leurs parents, de les voir se promettre amour et fidélité jusqu’à la fin de leurs jours. La vie veut que généralement, les parents se marient et ont des enfants ensuite. Les miens ont tout fait à l’envers mais comme ça, nous pouvons assister à ce jour.
J’imagine que la cérémonie sera belle. Papa et Maman, Roxane qui va jouer du violon pour eux… Je la porte pas dans mon cœur mais je ne peux qu’admettre qu’elle a un talent indéniable pour le violon et elle accompagnera la cérémonie à la perfection.
Et je peux l’affirmer parce que je l’ai entendu s’entraîner.

Les jumeaux, eux, attendent le début de la cérémonie à l’intérieur de la salle, où se tiendra la fête. Les tables sont placées et décorées, la table du buffet est installée, les platines du DJ n’attend plus que l’artiste pour commencer à nous faire danser. Ryan et Roxane font le tour de la salle pour vérifier qu’ils ne manquent rien, que tout est parfait, pendant que les parents terminent de se préparer, chacun dans leur coin.
-Bon, tout me semble OK… Et toi ? Demande Ryan tandis que Roxane observe la salle.
-Je pense aussi.
-Prête à montrer tes talents ? Tu n’as pas oublié ton violon ?
-Je n’oublie jamais mon violon. Lui assure-t-elle avec un sourire. Je suis prête oui… J’espère que ça plaira à Maman et à Nick…
-Ils seront ravis ne t’en fais pas ! Viens, on va prendre l’air.

Ryan et Roxane sortent donc à l’extérieur, profitant à leur tour du beau temps. En me voyant à côté de la fontaine, Roxane me regarde avec suspicion. Je soupire, me demandant bien ce qu’elle pouvait bien penser sa sale petite tête. Ne peut-elle pas me laisser tranquille ? Visiblement, même le mariage des parents n’est pas une raison suffisante pour faire un effort…
-Tu as gardé tes cheveux rouges ? Me questionne-t-elle sur un ton de reproche. Je hausse les épaules, me fichant bien de son avis. J’aime ma couleur et je ne détonnerai pas dans le paysage.
-Laisse ta sœur tranquille Roxane. Intervient calmement Papa, qui passe justement à ce moment là. Fais au moins un effort aujourd’hui.
Tu n’étais pas censé mettre une veste bleu ? M’étonné-je en le découvrant, l’ayant déjà vu essayé son costume avant le Grand Jour.
-J’arrive pas à mettre la main dessus … M’avoue-t-il un peu gêné, alors que je lève les yeux au ciel, amusée.
-Attends, je vais t’aider à la retrouver. Lui dis-je alors, ayant un super prétexte pour m’éloigner de ma sœur tandis qu’elle accueille Charlotte et Sébastien avec Papa.

La journée passe à une vitesse affolante. Je finis par retrouver la veste de Papa qui part se changer. En sortant, il me demande d’aller dehors et d’aller m’asseoir. La cérémonie va bientôt commencer.
Je ne proteste pas, je ne dis rien. Je me contente de faire ce que l’on me dit. Je retourne dehors et je m’avance vers l’arche pour m’asseoir sur une chaise, au premier rang. A côté de mon frère, que j’ignore. Roxane est debout et prépare son violon.
Je ne peux m’empêcher de l’observer. Elle est concentrée sur ce qu’elle fait et je sens que cela n’a rien d’être une corvée pour elle. Le seul moment où elle me parait sympathique, c’est lorsqu’elle a son violon dans les mains. Je ne sais pas d’où lui vient sa passion pour le violon et je m’en fiche. Même si Roxane passe son temps à m’envoyer promener, j’adore l’écouter jouer. C’est comme un plaisir coupable. Je ne devrais aimer ça, mais je ne peux pas m’en empêcher.
Et je sais, qu’un jour, nous ne serons pas les seuls à aimer sa musique. Les murs sont fins et je sais que Roxane a décroché une place dans un orchestre. Elle ne l’a pas encore annoncé pour ne pas voler la vedette, mais elle va devoir bientôt quitter la maison.

Le soleil commence à se coucher. Le ciel bleu se teinte petit à petit de rose et voilà le signal annonçant le début de la cérémonie. Roxane commence à jouer du violon, et Papa s’avance doucement dans l’allée, en direction de l’arche fleurie.
Je l’observe, rêveuse. Parfois, je me demande si je vivrai une aussi belle histoire que mes parents et un aussi mariage. Ils ont mis du temps avant de se trouver, mais ils ont fini par tomber amoureux et ils ne se sont plus quittés. Cela laisse rêveur.
Aurais-je, moi-aussi, le droit à une belle histoire d’amour ? Je l’ignore. Il y a tellement de personnes seules dans le monde et de couples qui ne fonctionnent pas. Par moment, j’ai l’impression sont les exceptions qui confirment la règle. Le couple est la norme, mais finalement, est-ce une norme qui convient à tout le monde ?
Est-ce une norme qui me conviendrait, à moi ? Sommes-nous tous, obligés de suivre les règles de la société ? Lorsque j’observe ma famille atypique, je me permets d’en douter, parfois…

Maetha

Je suis morte de trouille. Je n’ai jamais été aussi stressée de toute ma vie. Non pas que je doute, que je remette en cause mon engagement vis-à-vis de Nick, bien au contraire. Je l’aime de tout mon cœur et je veux finir mes jours avec lui. C’est juste l’organisation du mariage qui me stresse.
J’ai tellement envie que tout soit parfait, que tout se passe bien… J’ai peur qu’une tuile, qu’un détail vienne tout gâcher. Qu’au lieu de notre amour, on ne retienne que la tuile qui nous est tombé dessus. Tout le monde essaie de me rassurer, mais c’est plus fort que moi. Je crois que je suis une stressée de nature.
J’ai mis plusieurs heures à me préparer. Je veux être parfaite. J’ai choisi ma robe avec soin, ravie de ma nouvelle silhouette. Ma robe et mon corps s’associent maintenant à la perfection. Le coiffeur n’a pas raté ma coiffure non plus -merci les rajouts- et le maquille me satisfait. Mais est-ce que je serai belle aux yeux de mon futur époux ? Je l’espère tellement.
Je vois le soleil se coucher. J’entends ma fille jouer du violon. La mélodie est magnifique et je ne regrette pas de lui avoir demandé de jouer aujourd’hui. Je respire un grand coup, et je sors enfin de la salle pour m’avancer vers l’arche.
En m’approchant, mon cœur rate un battement. J’en ai le souffle coupé. Le couché du soleil, mon fiancé qui m’attend, ma fille qui joue pour nous … Tout est parfait. C’est splendide, je ne pouvais rêver mieux. Mon cœur se réchauffe par l’amour que j’éprouve pour les miens. Je respire à plein poumons une nouvelle fois et je m’avance, confiante, pressée d’être enfin unie à l’homme de ma vie.

Lorsque Nick me découvre, je le vois se tendre et respirer profondément. En m’approchant, je peux observer ses yeux pétiller d’amour et de bonheur. Je me sens belle dans son regard.
Et lui aussi est beau. Son costume lui donne de l’élégance et je me sens fière de l’épouser aujourd’hui.
Nick est mon homme à moi, et c’est moi qui ait la chance de l’épouser. Bientôt, il aura une alliance à son doigt, renvoyant un message très clair : « Désolée les filles, cet homme est déjà pris. Donc, pas touche. ».
-Tu es magnifique, mon amour. Me souffle-t-il, visiblement ému. Je suis toujours nerveuse mais mon cœur se réchauffe encore un peu plus.
-Toi aussi. Bredouillé-je avant de lui sourire.
La cérémonie commence. Nous sommes prêts à nous promettre un amour éternel et une fidélité sans faille.
-Maetha, mon amour, je bénis le jour où je t’ai rencontré, où tu t’es installée juste en face de chez moi. Je bénis d’avoir fait ta connaissance, d’être devenu ton ami, ton meilleur ami, ton petit ami. Je bénis les trois enfants que tu m’as offert. Et ce soir, je bénis le fait que tu deviennes ma femme. Lorsque tu as accepté de m’épouser, tu ne pouvais pas me faire de plus beau cadeau. Ce soir, je suis heureux de pouvoir dire que tu es ma femme, pour toujours. Je te promets de chérir, de t’aimer, à chaque instant de notre vie. Dans les bons comme dans les mauvais moments, et de tout faire pour te rendre heureuse. Parce que je t’aime, Mae, je te promets de tout faire pour être le meilleur mari qui soit.
Les vœux de Nick sont magnifiques. Je me retiens de pleurer. Comment fait-il pour se surpasser dans ses déclarations d’amour ?
-Oh Nick, je bénis aussi le jour où nos routes se sont croisées, pour ne plus jamais se séparer. Tu as toujours été là pour moi, faisant preuve d’un soutien indéniable envers moi, envers nous. Dès que tu as fait partie de ma vie, tu l’as rendu plus simple, plus belle. Aujourd’hui, je n’imagine plus ma vie sans toi, et c’est un véritable bonheur pour moi de devenir ta femme. Je te promets de te chérir et de t’aimer, pour toujours, jusqu’à ce que la mort nous sépare et même au-delà.

L’émotion est à son comble. La musique continue de nous envelopper et j’ignore comment fait Roxane pour rester aussi concentrée. Ma fille est talentueuse, il n’y a pas à en douter. Je jette un coup d’œil derrière mon épaule, et je vois que Ryan et Rosae sont émus, eux aussi. Ils nous sourient, heureux de voir leurs parents se marier et s’aimer. Cela me touche et je suis ravie d’avoir mes enfants auprès de moi pour partager ce moment.
Nous échangeons les alliances, avec Nick. Je glisse doucement l’anneau à l’annulaire de Nick, et il fait de même avec mon doigt.
Nous voilà mari et femme. Cela me fait tout drôle de me dire que je suis une femme mariée.
Cela fait drôle, mais cela me rend heureuse.

Nick s’approche de moi, tout souriant, puis me prend dans ses bras. Je m’y sens tellement bien, lovée contre lui… Son visage s’approche du mien, puis doucement, tendrement, il s’empare de mes lèvres. C’est le baiser le plus romantique de toute ma vie. Je ne crois pas pouvoir être plus heureuse qu’en cet instant.
Soudain, un bruit se fait entendre. Un bruit de feux d’artifices. Je regarde à côté de moi et je vois qu’effectivement, une fusée vient d’être lancée, illuminant le ciel de ses lumières. Je suis surprise, ne m’y attendant pas, puis je regarde ma meilleure amie, qui me regarde avec un grand sourire.
Surprise !

J’observe le spectacle avec émerveillement. J’entends vaguement le violon, la musique étant étouffée par les feux d’artifices. C’est absolument magnifique.
Tout est magnifique.
J’ai du mal à croire que je suis arrivée jusque là. J’ai grandi dans un petit appartement à San Myshuno, avec une mère célibataire qui m’aimait énormément. J’ai vécu une enfance heureuse, et j’ai quitté la ville au décès de ma mère. Avec son héritage, je me suis offerte une maison, et c’est là que ma propre histoire a commencé. J’ai fait n’importe quoi avec Don, mais il m’a donné deux beaux enfants. Et je me suis rapprochée de Nick… Avant d’en tomber amoureuse. Lui aussi m’a donné une magnifique petite fille. Et maintenant, un beau mariage.
J’ai tout ce dont j’ai toujours rêvé. Une belle carrière, une belle maison, une belle famille… Mais un regret me serre le cœur, tandis que j’observe maintenant le ciel.
J’aurais aimé que ma mère soit là. C’est la première fois depuis sa mort qu’elle me manque autant. J’aurais aimé qu’elle soit ici, avec moi, avec nous. Qu’elle soit là au moment de choisir ma robe, qu’elle soit là au mariage, pour voir à quel point son unique enfant a réussi. J’aurais aimé qu’elle soit fière de moi.
Alors, j’observe le ciel, comme pour la chercher. Chercher un signe que de là où elle est à présent, elle veille sur moi.
Maman, j’espère tellement que dans cet autre monde, tu es heureuse pour moi.

La cérémonie terminée, et la température extérieure commençant à être fraîche, nous rentrons à l’intérieur de la salle. Le buffet est maintenant servi, et nous nous servons tous une assiette pour commencer le repas. Chacun s’installe où il le souhaite et nous passons tous un merveilleux moment. Je change parfois de table pour pouvoir profiter de tout le monde.
Je ne pouvais pas rêver mieux, pour une fête de mariage. Entourée de ma famille et ma meilleure amie, je n’ai pas besoin de plus pour être heureuse.

Puis, la fin du repas approchant, la barmaid et la DJ que nous avons embauché pour la soirée arrivent enfin. Elles étaient attendues plus tôt, mais l’important est qu’elles soient là.
La musique résonne dans nos oreilles et nous avons de quoi boire et de profiter de la soirée.
Ainsi, la fête peut enfin commencer.

Le gâteau est également servi. L’heure est maintenant au dessert. Nous découpons la première part avec Nick et nous nous faisons mutuellement déguster un morceau. Cela n’a pas l’air comme ça, mais ce n’est pas forcément simple d’éviter de mettre le bout de gâteau dans le nez de son mari.
Mais Nick n’a pas eu de gâteau sur le nez et la pâtisserie est absolument délicieuse.

Puis, le repas se termine. Roxane est la première qui ose se lancer sur la piste de danse. Cela ne me surprend pas, elle a toujours aimé dansé. Tout le monde la regarde, mais cela ne semble pas la gêner pour un sou. Elle se laisse simplement porter par la musique.
-Tu ne vas pas danser, Rosae ? Lui demande Ryan, alors qu’elle semble plutôt mal à l’aise.
-Euh, je sais pas… Marmonne-t-elle. Visiblement, elle ne doit pas être très à l’aise à l’idée de se trémousser devant ses parents. Aaah, l’adolescence !
Ryan, lui, ne se laisse pas prier. Il entre sur la piste à son tour, suivi de prêt par Sébastien. Petit à petit, tout le monde se détend. Rosae consent même à faire un effort à faire quelques pas de danse sur la piste. C’est timide, mais elle participe.

Tout se passe bien. Moi qui avais peur qu’une tuile survienne, je suis contente de voir que j’avais tort. Encore une peur irrationnelle de future mariée. La cérémonie était belle, le repas délicieux, et tout le monde s’amuse.
Avec Nick, nous nous adressons un regard complice. Lui comme moi, sommes heureux à cet instant.

Mais j’ai parlé trop vite. Jamais je n’aurais pu l’anticiper, ni le prévoir, ni même l’imaginer.
Alors que la fête bat son plein, Charlotte se sent brusquement mal. Elle porte la main sur sa poitrine, la respiration haletante. Doucement, elle se met à genoux sur le sol, puis finit par s’allonger.
Et elle perd connaissance.
En quelques minutes, c’est terminé. Charlotte, ma meilleure amie, n’est plus.

J’ai du mal à en croire mes yeux. Que se passe-t-il ? Pourquoi ma meilleure amie est-elle sur le sol, inanimée ?
Je ne peux même pas envisagée le pire. Cela ne peut pas être possible. Comment Charlotte pourrait disparaître, pile le jour de mon mariage ?
Mon cœur se serre. L’ascenseur émotionnel est horrible. J’étais heureuse il y a quelques minutes, et maintenant, mon cœur se brise de perdre ma meilleure amie.
Je craque. Comment cela peut-il être possible ?

Puis, je regarde Sébastien. Mon cœur se serre une nouvelle fois, et je me sens bête. Je perds ma meilleure amie mais lui, il perd sa mère. Du jour au lendemain, il se retrouve seul. Ne connaissant pas son père, il n’avait que sa mère. Il me rappelle moi, au même âge… J’avais également son âge quand j’ai perdu ma mère, et je ne peux que comprendre son choc, son chagrin.

Ryan s’approche de moi. Je sens qu’il est peiné, mais il essaie de ne rien montrer. Il passe ensuite son bras autour de mes épaules, pour me montrer son soutien.
-Maman, je suis désolé… Souffle-t-il, mais je l’entends à peine.

Puis, brusquement, la température de la pièce se refroidit. Je frissonne, ne comprenant pas ce changement de température. Quelque chose d’étrange est en train de se passer, je le sens.
Je regarde autour de moi et ce que je vois me terrifie. Une grande forme sombre entre dans la salle, tenant une faux de sa main squelettique.
La Faucheuse.

Elle fait peur, mais brusquement, une idée me vient en tête. Je tente de mettre ma crainte de côté et je tente le tout pour le tout.
Peut-être qu’en lui parlant, elle acceptera de ne pas gâcher mon mariage, en épargnant Charlotte.
-S’il vous plait, épargnez-la. Ne l’emmenez pas avec vous. C’est ma meilleure amie, et aujourd’hui c’est mon mariage. S’il vous plait, aujourd’hui n’est pas le jour pour l’emmener. Je vous en supplie, épargnez-la pour aujourd’hui.

La Faucheuse grogne, mécontente d’être embêtée. Mon sang se glace tandis qu’elle bouge lentement sa tête capuchonnée de droite à gauche. Aucune clémence autorisée. L’heure de Charlotte est venue.
Je m’éloigne, tourne le dos à la scène qui est en train de se produire. C’est trop pour moi. Je ne peux pas regarder la Faucheuse emmener mon amie. J’ai essayé de la sauver, mais j’ai échoué.
Comment en sommes-nous arrivés là ?

Un lourd silence s’installe dans la salle, après que la Faucheuse ait emporté l’âme de Charlotte, ne laissant qu’une urne avec les restes de mon amie. Je ne peux la regarder sans pleurer. Cette journée était censée être la plus belle de ma vie. Mais comment peut-elle l’être alors que ma meilleure amie vient de m’être enlevée ? Je voulais partager cette journée avec elle, et voilà qu’elle n’existe plus.
Nick s’approche de moi. Je vois qu’il est secoué par la scène, mais il prend sur lui. Pour moi. Il me serre contre lui. Je me laisse aller, je me laisse porter. Son étreinte me réconforte, me réchauffe, moi qui était encore frigorifiée par cette rencontre avec la Faucheuse.
Qu’est-ce que je ferai sans lui…

Nous ne nous sommes pas attardés dans la salle de réception. Le décès de Charlotte a interrompu la fête, et a refroidi tout le monde. L’humeur n’était plus à la fête.
Les enfants sont soulagés de rentrer. Ils me regardent avec compassion, avant que chacun se prépare à aller dormir.
Avec Nick, nous nous retrouvons dans notre chambre. Le silence règne dans la pièce. Nous nous regardons un instant, puis mon époux vient m’embrasser. Tendrement tout d’abord, puis avec passion. Je réponds à son baiser sans attendre, avec la même force que lui. Je m’accroche à lui, pour me sentir vivante, pour le sentir vivant. Nous embrassons encore et encore, nous accrochant à l’autre comme si notre vie en dépendait.
Comme une revanche de la vie sur la mort.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 43

Maetha

A l’approche du mariage, nous avons décidé d’aller à la salle de sport, avec Nick. Il me trouve parfaite comme je suis, je crois même qu’il adore mes rondeurs, mais j’ai envie d’être la plus belle dans ma robe de mariée. Je veux me trouver belle ce jour-là et je suis prête à faire tous les efforts possibles pour y parvenir.
Du coup, j’ai eu l’idée d’aller dans une salle de sport pour bénéficier des machines. Le jogging, c’est bien, mais cela ne permet pas de perdre rapidement du poids. Lorsque j’en ai parlé à Nick, il s’est toute suite proposé pour m’accompagner. Il m’assure que c’est plus facile lorsqu’on est accompagné.
Et je dois avouer qu’il n’a pas tort. Le tapis de course de Nick est légèrement devant moi, suffisamment pour me donner l’impression de lui courir après… Ou pour avoir une vue sympathique…

Au fil du temps, je commence à observer les fruits de mes efforts. Dans le miroir, je parviens à voir avec fierté un résultat qui me convient. Le mariage approche à grand pas et j’ai l’impression d’avoir retrouvé ma silhouette d’avant mes grossesses ! Je conserve quelques rondeurs mais j’en ai toujours eux. La taille mannequin n’est accessibles qu’à une petite minorité et je préfère nettement avoir quelques rondeurs que de me priver !
L’important pour moi est d’avoir atteint mon objectif et j’ai maintenant hâte de voir le résultat final avec ma belle robe blanche !

Rosae

Le temps file à grande vitesse. Avec les cours et ma bande de copains, j’ai du mal à voir le temps passé et ce, malgré l’ambiance étrange à la maison. Les parents font comme si tout allait bien, Ryan est mal à l’aise en ma présence et Roxane… Reste fidèle à elle-même. Quant à moi, j’ignore les jumeaux royalement. Je les côtoie par obligation car nous vivons sous le même toit, mais cela s’arrête là.
Puis, le 31 décembre arrive. N’ayant aucune envie de célébrer la nouvelle année en famille, en étant obligée de jouer les hypocrites en souhaitant une bonne année à Roxane et à Ryan, j’ai réussi à convaincre mes parents de sortir avec mes amis. Il a fallu que j’argumente et que je fasse preuve de persuasion, mais ils ont fini par dire oui.
Heureusement, sinon j’aurai passé la soirée dans ma chambre en guise de protestation.
Du coup, j’ai passé un moment à me faire belle et à choisir ma tenue. Puis, nous sommes allés en boîte de nuit, avec les triplés.

Je ne regrette absolument pas mon choix de passer mon Nouvel An de mon côté. La boîte est cool et je m’amuse comme une folle. Nous dansons, nous profitons du bar (juste des sodas, le barmaid veille au grain) et nous rions bien.
Pendant que je me défoule sur la piste de danse, mon esprit s’évade. Je suis dans mon monde et mes problèmes à la maison sont loin derrière moi. Ici, auprès de mes amis, j’ai enfin l’impression de pouvoir être moi-même. J’ai l’impression de goûter à la liberté.

La nuit est déjà bien avancée quand je rentre chez moi. Je pense avoir dépassé l’heure de retour indiquée par mes parents mais je m’en fiche. En entrant dans la maison, je me fais le plus discrète possible. Je monte à pas de loup dans les escaliers et j’essaie de faire le moins de bruit possible dans la salle de bain.
Une fois dans ma chambre, je me glisse sous les draps, le sourire aux lèvres. Ce soir, j’ai passé la meilleure soirée de ma vie.

Le lendemain, je ne suis pas particulièrement réveillée lorsque je me décide enfin à me lever. Je vais pour prendre un petit déjeuner et je vois Papa et Ryan à table, en train de prendre leur déjeuner. Mon frère tente un sourire, mais je l’ignore. J’ai aucune envie de lui parler. J’ai peut-être la tête dans le fondement, je suis de bonne humeur et je n’ai pas envie qu’il me la gâche.
-Alors, ta soirée a été bonne ? Me demande Papa, tandis que je termine mon assiette.
-Ouais cool. On s’est bien amusée en boîte.
-Dis donc, ça vous change d’avoir une fille qui sort. Semble s’en amuser Ryan alors que je lève les yeux au ciel. De quoi je me mêle ?
-C’est sûr que vous étiez plus casanier avec Roxane. Confirme Nick, amusé, alors que moi, je me renferme. Quand je les entends, j’ai l’impression d’être dans une famille normale alors que c’est loin d’être le cas. Ils parlent de moi, mais j’ai l’impression que quelque chose ne va pas. Comment Ryan peut agir aussi normalement alors qu’il m’ignore le reste du temps ? C’est tellement n’importe quoi.

Agacée, je ne tarde donc pas à quitter la table pour aller m’habiller. Je n’ai plus envie de les entendre débattre sur mes sorties. Je fais encore ce que je veux et si j’ai envie de sortir, je sors. Je reste sage et mes notes sont bonnes donc personne n’a rien à dire et il n’y a pas à débattre.
Plus tard, je profite que le bureau soit vide pour m’installer sur l’ordinateur. Je traîne un peu sur les réseaux sociaux puis je consulte ma boîte mail. Je souris en découvrant que j’ai reçu un nouveau message de mon correspondant suédois, Sven. Je discute avec lui depuis un moment et cela me fait toujours plaisir d’échanger avec lui et d’avoir de ses nouvelles. Il est gentil, à l’écoute et il est toujours de bons conseils. Il est une vraie bouffée d’air frais.
Ravie de ce nouveau message, je m’empresse de cliquer sur son mail.

« Bonjour Rosie ! Bonne année ! J’espère que tu as bien profité de ta soirée et que tu as pu sortir comme tu le voulais. Pour ma part, ma soirée a été cool. J’ai vu des copains mais je suis pas rentré trop tard. Je ne suis pas un gros fêtard tu sais.
Sinon, j’ai une bonne nouvelle. On devrait bientôt venir vers chez toi, au printemps. Depuis le temps que l’on se parle, on va enfin pouvoir se rencontrer ! J’espère que tu es aussi pressée que moi ! 😉 A bientôt Rosie ! Sven. »

Mon cœur fait un bon dans ma poitrine pendant ma lecture. Sven va bientôt venir ici ! Je savais que c’était prévu, mais j’ignorais quand j’aurais l’occasion de le rencontrer. J’ai tellement hâte d’être au printemps maintenant ! Je sautille de joie sur mon siège, enthousiaste face à cette perspective et je m’empresse de lui répondre.

« Hey Sven ! Je suis contente de commencer l’année par un de tes messages ! 😉 T’as l’air d’avoir eu une bonne soirée pour le Nouvel An, c’est cool ! Ma soirée a été top aussi, je suis sortie en boîte avec des amis. On a passé le temps à danser, c’était dément ! Ca m’a changé de l’ambiance à la maison… Tu n’imagines pas à quel point cela m’a fait du bien. Je suis tellement contente que tu viennes au printemps ! J’ai hâte de pouvoir te voir, ça va être tellement top ! Et t’inquiète pas, avec moi, tu vas aimer sortir de ton trou ! 😉 Vivement le printemps ! Rosie. »

Les jours, les semaines, les mois passent. La neige fond doucement, et laisse place à la verdure. J’aime beaucoup la neige mais je dois avouer que cela fait du bien de retrouver le soleil et des températures plus douces.
Aujourd’hui, nous nous activons tous. On se partage les salles de bain, nous allons chez le coiffeur. Nous nous faisons coiffés, nous nous faisons beaux. J’enfile une belle robe jaune, achetée exprès pour l’occasion.
Puis, nous prenons la route vers San Myshuno, vers son immense parc.
Aujourd’hui, c’est le jour du mariage de mes parents. Tout le monde est entré à l’intérieur du bâtiment. Quant à moi, je préfère rester dehors. j’observe le paysage et le décor qui mène jusqu’à l’arche. C’est absolument magnifique.
La journée promet d’être belle…

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 42

Rosae

Aujourd’hui, il y a une nouvelle série qui sort à la télé. Maman a tenu à ce qu’on regarde l’épisode tous ensemble si bien qu’on a du attendre qu’elle rentre du boulot pour regarder un archéologue partir à la chasse au trésor. C’est sympa mais il n’y a pas de quoi en faire tout un fromage. J’aurais préféré le regarder de mon côté… Non pas que ça me gêne de passer un moment en famille mais… disons que cela me rappelle que cela pourrait être mieux.
Surtout que la situation est un peu ridicule. Comme tout le monde ne peut pas voir la télé de la table, on se retrouve à trois à manger sur le canapé alors que Maman et Roxane sont à table. C’est nul.
Et même si on ne mangeait pas, on ne tiendrait pas tous sur le canapé et sur le fauteuil.

Mais bon, j’ai beau râlé intérieurement, je dois admettre que c’est quand même sympa d’être tous ensemble. On parle d’un sujet commun sans trop de prise de tête, et on donne l’impression d’être une famille normale… Si on omet le fait que mon frère et ma sœur m’ignorent royalement.
-Je le trouve palpitant cet épisode moi ! S’enthousiasme ma mère, visiblement emballée par cette nouvelle série.
-Bof. Soupiré-je dans un haussement d’épaules. C’est encore une série avec un héro super musclé et super beau gosse qui fait des trucs super balaise sans le moindre effort. A tous les coups, il va se faire la superbe blonde siliconée qui fait genre d’être son ennemie alors qu’elle a pas grand chose pour elle à part sa plastique. Un vrai cliché ambulant cette série. Je suis sûre qu’il va sauver le monde à un moment !
-Tu vas chercher loin ma puce ! Mais visiblement, tu as bien aimé voir l’acteur principal ! Me charrie-t-elle ensuite. Je sens mes joues rougir face à cette réflexion, avant de me racler la gorge pour me redonner une contenance.
-Maman ! N’importe quoi !
-La blague ! Le microbe va se mettre à fantasmer sur un personnage ! N’attend pas pour se moquer Roxane, me faisant lever les yeux au ciel. Profites-en, pas sûre qu’il y ait beaucoup de mecs réels qui veulent de toi !
-Roxane ! Ca suffit ! La gronde aussitôt Maman alors que je pousse un profond soupir agacé.
-Ironique venant de quelqu’un qui n’a jamais ramené de mecs à la maison. La cinglé-je en réponse, refusant de me laisser marcher sur les pieds.
-Rosae ! N’en rajoute pas une couche non plus !
-Vais dans ma chambre. Bougonné-je avant de me lever pour balancer mon assiette sale dans l’évier. Ma mère ne manque pas de rappeler à l’ordre en me signalant que j’aurais pu la casser mais je l’ignore. Sans la laisser poursuivre, je file dans ma chambre.
Ils me soûlent, tous. J’ai envie d’être seule.

Une fois dans ma chambre, je tourne en rond comme un lion en cage. En rage. Puis, je m’arrête, et je me force à respirer exagérément pour me calmer. Je finis par m’asseoir sur la banquette au pied de mon lit, profitant de cet instant de solitude pour m’apaiser.
Quelques minutes plus tard, quelqu’un toque à ma porte. Je l’envoie balader, n’ayant envie de voir personne. A tous les coups, c’est Maman qui vient me faire la leçon.
Mais non. C’est Ryan qu entre tout de même dans ma chambre.

-Je peux te parler ? Me demande-t-il avec une moue embarrassée.
-J’ai le choix ?
-Pas vraiment. Admet-il avec un petit sourire.

Je soupire. J’ignore ce qu’il veut me dire mais j’avoue que je suis curieuse. Qu’est-ce qu’il peut bien vouloir me raconter ? Va-t-il me sortir une nouvelle excuse bidon de son chapeau ? Je l’ignore mais je vais pas tarder à le savoir. Alors, je me lève, par politesse et pour éviter de me faire mal au cou à garder la tête levée.
-Qu’est-ce que tu me veux alors ? Prendre la défense de ta très chère jumelle et de ses réflexions à la noix ? Lui demandé-je alors dans un haussement d’épaules. Tu sais que je n’en ai plus rien à carrer de ses piques ?
-Je.. Je voulais… Je voulais t’expliquer… Bredouille-t-il un peu déstabilisé. T’expliquer pourquoi elle est ainsi. M’avoue-t-il alors que j’hausse un sourcil, intriguée. Je dois admettre qu’il attise ma curiosité.
-Je t’écoute.
-Tu sais qu’avec Roxane, nous n’avons pas le même père que toi …. Et que notre père n’a jamais voulu entendre parler de nous.
-Si c’est pour me dire qu’elle est jalouse, c’est pas la peine, j’ai percuté toute seule comme une grande. Soupiré-je, un peu déçue. Je m’attendais à un scoop.
-Oui, il y a ça, mais en partie. Ce que tu ne sais pas, c’est l’identité de notre géniteur… Quand on l’a su, on a découvert qu’il a créé sa propre famille et cela a blessé davantage Roxane.
-Et alors ? Je vois pas le rapport avec moi. Ne compris-je pas. Ca n’explique pas pourquoi elle est infecte avec moi.
-Bah… Tu es amie avec ses enfants, nos demi-frères et sœur… Les Lothario. Notre père est Don Lothario, le père de Pierre, Paul et Caroline…

-Tu te fous de ma gueule ? Vociféré-je aussitôt, sans réfléchir. Belle réaction spontanée. Il va me faire croire que mes amis ont un lien avec eux ? La bonne blague ! C’est encore une excuse bidon de Roxane pour trouver une nouvelle raison de me détester.
-Calme toi, ce n’est que la vérité. Soupire alors Ryan. Roxane a entendu les parents parler de lui. Et Maman l’a confirmé par la suite. Ils avaient une aventure alors qu’il était déjà marié, qui a pris fin quand elle est tombée enceinte. Il sait qu’elle était enceinte de lui mais je ne suis pas certain qu’il sait que nous sommes deux…
Je le regarde, sceptique. Je fronce les sourcils, essayant de percevoir des signes de mensonges. Mais, il n’y a rien. Au contraire, on dirait qu’il dit la vérité.
Mes meilleurs amis seraient donc les frères et sœur de Ryan et Roxane ? En y réfléchissant, ça serait pas bête. Caroline a souvent entendu ses parents se disputer sur la supposée infidélité de son père… Finalement, sa mère n’est pas parano, et j’ai la preuve de l’infidélité du père de Caroline devant mes yeux, tous les jours…
Que le monde est petit.
-Et alors ? Roxane pète une durite parce que je suis amie avec eux ? Elle croit quoi ? Que je le fais exprès pour la faire chier ? M’agacé-je, en étant de moins en moins polie. Les parents ne seraient pas ravis de m’entendre dire des gros mots à tout bout de champs.
-Essaie de comprendre… Tu es amie avec des gens qu’on n’a pas vraiment le droit de fréquenter sans peine de créer un immense bazar … Tu es proche d’une famille dont on ne peut pas faire partie, qui ne veut pas de nous…

Alors qu’il cesse de parler, je le scrute avec curiosité. Soudain, tout s’éclaire dans mon esprit. Depuis le début, il se cache derrière sa sœur. Il se sert de Roxane comme d’une excuse alors que lui aussi, n’a finalement plus envie de me voir. Tout est plus clair…
Ryan est un gros lâche.
-Alors si tu me fais la tête, c’est pas seulement à cause de Roxane ? Compris-je alors, le regardant avec colère. C’est aussi parce que je suis amie avec eux ? Tu me reproches ça aussi ?
-Rosae, tu exagères …
-J’exagère rien du tout ! Protesté-je en haussant le ton. C’est limpide maintenant ! Tu me fais payer parce que j’ai ce que vous ne pouvez pas avoir ! Bah, je vais t’annoncer un scoop ! J’y suis pour rien, moi ! Mais c’est tellement plus simple de taper sur la petite sœur hein !
-Rosae …

-Tais-toi ! Le coupé-je, ne voulant plus l’écouter. Tu fais genre que tu es gentil mais tu ne vaux pas mieux que Roxane ! Dégage de ma chambre ! Je ne veux plus te voir !
-Rosae, calme-toi … Tente-t-il, un peu gêné par la tournure de la conversation. Visiblement, il ne s’attendait pas à cette réaction mais j’en ai assez d’être la gentille petite Rosae qui se laisse marcher sur les pieds. Il ne veut plus de moi ? Plus me parler, plus me voir ? Très bien, je vais lui offrir ce qu’il souhaite !
-Non ! Je me calmerai pas ! Je n’ai pas à subir votre colère à tous les deux ! Tu ne voulais plus me parler ? TRÈS BIEN ! Je ne veux plus te parler non plus ! Et dès que tu te seras barré de la maison, je ne veux plus te voir non plus !
-Rosae…
-Va-t-en !! Crié-je ensuite, le cœur brisé par mon propre frère. Je veux qu’il s’en aille. Je veux être seule. Je sens que je suis sur le point de craquer et je n’ai aucune envie qu’il voit ça.
-Je suis désolé… Me souffle-t-il alors, en baissant les épaules. Il laisse tomber. Alors, il s’empare de la poignée pour ouvrir la porte et quitte enfin la pièce.

Lorsque la porte se referme derrière lui, je me laisse tomber sur la banquette, complètement abattue. Pourquoi a-t-il fallu que tout cela me tombe dessus ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?
J’ai un frère et une sœur et tous les deux me détestent. Tout ça parce que j’ai un père qui a voulu de moi, parce que mes amis leur rappellent ce qu’ils n’ont pas eux. C’est injuste ! Tellement injuste !
Les larmes commencent à couler sur mes joues. Alors que la colère commence à se dissiper, mes nerfs lâchent. J’éclate en sanglots, le cœur en miette. J’attrape Bibou, mon monstre rouge en peluche, pour le serrer contre moi, pour enfoncer ma tête dedans, et étouffer mon chagrin.
Je me sens si seule…

Le lendemain, j’ai la tête dans le brouillard. La nuit a été affreuse. Les parents n’ont rien dit au petit-déjeuner. Je pense qu’ils ont du entendre notre dispute et ils n’osent pas dire quelque chose. Les pauvres, cela ne doit pas être simples pour eux non plus. Mais je vais pas me forcer et jouer les hypocrites pour leur faire plaisir. J’en ai marre de faire des efforts.
Ryan, quant à lui, ne savait pas où se mettre. Il osait à peine me regarder. Quant à moi, je l’ai ignoré. Après tout, c’est lui qui a décidé de me faire la tête. Je me contente juste de lui apporter satisfaction. Il n’a que ce qu’il mérite.
En cours, Caroline a vu que je ne suis pas dans mon assiette. Elle essaie de savoir pourquoi mais je me contente juste de lui dire que je me suis disputée avec mon frère. Ce qui n’est pas totalement faux. Alors, pour me changer les idées et parce que nous sommes vendredi, elle proposé qu’on sorte au bowling avec ses frères. Cela me gêne un peu, notamment à cause des révélations de la veille, mais je n’ai pas pu refuser. Plus loin je suis de la maison, mieux je me porte.
C’est ainsi que nous sommes ce soir, moi à l’accueil du bowling, attendant patiemment l’arrivée de mes amis.
-Hey ! Rosie ! S’exclame joyeusement Caroline en arrivant. Ca va ? Tu n’as pas eu de problème tes parents ?
-Ca va et toi ? Non, sans problème ! Je crois que ça leur fait plaisir que je sorte avec mes amis. Ca les change ! Salut vous deux ! Salué-je ensuite en direction des garçons, Pierre et Paul, qui me saluent à leur tour.

Après avoir pris le temps de discuter un peu, nous nous dirigeons ensuite vers les pistes de bowling. Je pose mon manteau sur un canapé, et je m’approche de la piste pour prendre une boule de bowling. Je suis déjà venue ici, mais je n’ai jamais joué au bowling. Une première fois pour moi donc !
Je suis un peu surprise par le poids de la boule et je la lance maladroitement… et elle finit dans la gouttière. Lamentable.

-Tu sais que tu dois normalement viser les quilles ? Se moque gentiment Pierre, derrière moi.
-Rigole rigole, on verra comment tu te débrouilles ! Répliqué-je sur un ton de défi.
-Je suis pas un faible moi !
-Sauf pour te coiffer ! Se moque à son tour Caroline, comme pour venir à mon secours. Solidarité féminine oblige ! Et cela ne manque pas, nous rions aussitôt tous ensemble. Sauf Pierre, qui fait mine de bouder, tout en replaçant correctement son espèce de crête sur la tête.

Nous jouons un moment ensemble. Pierre fait le fier mais il n’arrive pas à faire un strike. Seuls Caroline et Paul semblent parvenir à s’en sortir. Caroline ne manque pas à s’en vanter juste pour embêter Pierre, et Paul reste, au contraire, plus modeste.
Je dois avouer que cela fait un bien fou de passer ma soirée avec eux. J’avais peur d’être un peu mal à l’aise par rapport à ce que je sais. Mais finalement, je n’y pense plus.
Enfin, jusqu’à l’arrivée surprise d’un perturbateur.

-Salut les jeunes, vous vous amusez bien ? Demande subitement un homme que je ne connais pas.
-Papa, qu’est-ce que tu fiches ici ? L’interroge alors Pierre, alors que j’en ai un hoquet de surprise. Il s’agit donc de leur père ? Et donc… du père de Ryan et Roxane ?
-Soirée bowling avec les potes, j’ignorais que vous veniez ici. En hausse-t-il simplement les épaules.

Je ne peux m’empêcher de l’observer. C’est donc lui qui est à l’origine de mes problèmes ? A le voir, on ne pourrait pas songer qu’il a laissé tomber une femme enceinte et renié deux de ses enfants. Au contraire, il a tout l’air d’un homme respectable… Il a la tête d’un père de famille tout ce qu’il y a de plus normal.
C’est fou comme les apparences peuvent être trompeuses.
Soudain, son regard vert se pose sur moi, et j’en ai le souffle coupé.
-Tu es Rosae c’est ça ? Semble-t-il me reconnaître. Les triplés parlent souvent de toi à la maison.

Je me sens terriblement gênée. Je ne sais pas quoi répondre et j’ai l’impression d’avoir l’air d’une idiote. Je ne peux m’empêcher de penser à qui il est, qu’il est le père de Ryan et Roxane… De ce lien qui nous unit mais dont je ne peux absolument pas parler. J’ai l’impression d’avoir une bombe entre les mains, qui pourrait exploser au moindre mouvement un peu brusque.
-Euh oui, c’est ça, c’est moi. Lui réponds-je avec un sourire crispée, forcée. Va-t-il remarquer la ressemblance avec ma mère ? Se souvient-il d’elle ? Se souvient-il de ses enfants de l’ombre ?
-C’est marrant, tu me rappelles quelqu’un… Souligne-t-il en fronçant les sourcils, comme s’il réfléchissait. Comment s’appellent tes parents ? Peut-être que je les connais.
-Euh… Bredouillé-je, mal à l’aise. Que suis-je censée répondre ? Ma position est affreuse. Ma… Maetha et Nick Tholez. Marmonné-je ensuite, préférant taire le nom de famille de ma mère, qui est aussi le mien. Peut-être qu’en mettant ce petit détail sous silence, l’évidence le sera moins.
-Mmmh… Réfléchit-il alors. Ils ont vécu à Oasis Springs ? Cela me dit quelque chose. On a peut-être été voisins, à une époque.
-Peut-être. Lui dis-je, en essayant d’avoir l’air détachée. Il ne faudrait pas qu’il se doute de quoi ce soit… En tout cas, lui, reste impassible. Comme s’il parlait réellement, de simples anciens voisins. Comme s’il n’avait pas trompé sa femme avec une autre femme, avec ma mère.

Le père de mes amis continue de discuter avec ses enfants. Il essaie également de faire ma connaissance, mais je finis par m’éloigner. Je vais m’installer sur un fauteuil du côté du bar, et je me perds dans mes pensées. Don Lothario s’est montré sympathique envers moi, mais la situation était beaucoup trop bizarre.
Je suis la fille de son ancienne maîtresse. Mon frère et ma sœur sont ses enfants illégitimes. Comment pourrai-je être sereine en sa compagnie ?
Puis, je pense à ma mère. Connaitre cette partie de sa vie me fait drôle. Je l’ai toujours connu avec mon père, et cela me fait drôle de l’imaginer être la maîtresse d’un homme, de participer à son infidélité. Était-elle au courant qu’il était marié ? A-t-elle poursuivi cette relation malgré cette information ?
Je soupire. Il s’agit de la jeunesse de ma mère. Autant dire une autre vie. Une vie où elle profitait, où elle était insouciante. C’est comme ça que je l’imagine. Mais comment lui, cet homme qui ne semble pas méchant, a pu tromper sa femme ? Comment peut-on songer à aller voir ailleurs ? Je n’ai connu qu’un seul modèle, mais ces nouvelles informations sur le père de Ryan et Roxane, sur la jeunesse de ma mère, remet tout en question dans ma tête.

-Tout va bien Rosie ? M’interpelle subitement Paul, alors qu’il s’assoit sur une table, non loin de moi. Je lui souris, puis je vais m’installer en face de lui.

-Ca va et toi ? Tu passes une bonne soirée ? Lui demandé-je, histoire de détourner son attention. Je ne peux pas lui parler de mes troubles, sans perturber son monde à lui. Mes réflexions, je dois les garder pour moi.
-Ca va, c’est cool. Me répond-t-il dans un haussement d’épaules. Caro m’a dit que tu n’étais pas dans ton assiette aujourd’hui… M’avoue-t-il ensuite, un peu embarrassé. Tu veux en parler ?
-Bof, il n’y a pas grand chose à dire. Lui dis-je en scrutant nerveusement la table. Je me suis juste disputée avec mon frère.
-Juste ? Je vois bien que cela t’affecte. N’est pas dupe Paul, visiblement inquiet pour moi. Son attitude me touche, mais je sais que je ne pourrai pas me confier pleinement à lui. Ce serait révéler des secrets qu’il n’aurait certainement aucune envie de connaitre.
-Disons qu’il m’a déçue et qu’il est bien descendu dans mon estime. Soupiré-je tristement. Je crois que je l’ai un peu trop idéalisé, quand j’étais petite.
-C’est normal, c’est ton grand frère. Je suis sûr que cela va s’arranger. Essaie-t-il de me rassurer, en faisant preuve de beaucoup de gentillesse.

Son attention me touche. Cela me fait plaisir qu’il s’intéresse à moi et qu’il veuille m’écouter, m’aider, me consoler. Je sais qu’il ne pourra pas y arriver, pas sans tout savoir, mais il essaie. Et dans l’état auquel je suis, cela me fait du bien. Je sens seule dans ma famille mais heureusement, mes amis sont là. Quand je vois que Caroline m’a proposé une sortie pour me changer les idées, que Paul prend le temps pour m’écouter et m’aider, cela me réchauffe le cœur.
Cela peut bien agacer Ryan et Roxane, je m’en fiche. Ils pensent bien qu’à eux, alors que je ne penserai qu’à moi.

-C’est gentil Paul, mais je ne suis pas certaine que cela s’arrange dans l’immédiat. Finis-je par avouer. On va rejoindre les autres ? On a une partie à terminer.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 41

Maetha

Je me souviens il y a quelques années, quand j’ai commencé à travailler, que j’ai été victime d’un phénomène paranormal. Mon travail au laboratoire avait attiré l’attention d’une vie venue d’ailleurs et que ces étranges individus étaient venus me chercher chez moi, dans mon jardin.
Je n’ai gardé aucun souvenir de cette rencontre et j’ai continué ma vie sans me poser plus de question.
Mais ce soir, Nick remarque une lumière inhabituelle à travers la fenêtre. Je lui dis de laisser tomber, avant de me rendormir. Mais il ne peut pas s’empêcher d’aller vérifier.
Autant dire qu’il ne va pas être déçu du voyage…

En levant la tête vers le ciel, Nick voit avec stupeur la soucoupe volante. Je lui ai déjà dit que les aliens existent mais je crois qu’il acquiesçais pour me faire plaisir.
Maintenant que l’OVNI se trouve au-dessus de notre maison et que la lumière est concentrée sur lui, je pense qu’il va reconsidérer son opinion.
Surtout quand il se retrouve aspirer dans le vaisseau, sans aucune possibilité de fuite.
Le pauvre a du se demander ce qu’il pouvait bien lui arriver.

La soucoupe volante revient plusieurs heures plus tard et dépose Nick a l’endroit exact où ils l’ont enlevé. Machinalement, comme guidé par une force invisible, il rentre à la maison pour retourner au lit comme si de rien n’était. Comme moi il y a des années, il n’a aucun souvenir ce qui s’est passé là-bas.
J’ignore pourquoi ils l’ont enlevé, lui. Il n’a rien à voir avec nos recherches, à moins que les aliens s’intéressent à ses cocktails. Peut-être avaient-ils besoin d’un barmaid pour une de leur soirée intergalactique ?
Etant donné qu’il n’a aucun souvenir et que les aliens sont partis sans même un merci, nous ne le saurons jamais.

Le lendemain, j’essaie de faire comme si de rien n’était. J’espère que les enfants n’ont rien vu. Normalement, ils ont tous le sommeil lourd mais je n’ai pas envie de les perturber avec cette vie extraterrestre qui peut venir nous enlever à tout moment.
Au petit déjeuner, Rosae ne semble pas différente. Elle arbore toujours ses cheveux rouges. Si elle tient de moi, elle n’aura aucune envie de revenir à sa couleur naturelle. Elle fait bien ce qu’elle veut, c’est son corps et son apparence. Et puis, cela lui va bien.
-Alors, prête pour ta première journée de lycée ma grande ? Lui demandé-je joyeusement.
-Ouais… Je suis un peu fatiguée, j’ai été réveillée par une lumière cheloue. Marmonne-t-elle dans un bâillement. Y’a eu un accident ?
-Euh.. Je l’ignore. Je verrai peut-être avec les voisins…

Rosae n’a pas plus posé de questions. Je pense qu’elle s’en fiche, au fond. La thèse de l’accident lui suffit et à mon avis, elle va vite passer à autre chose.
Elle finit rapidement son petit-déjeuner et file vite se préparer pour sa première journée de cours au lycée. Elle semble pressée de partir et de retrouver ses amis. Elle fait plaisir à voir.
Quelques minutes après, c’est Ryan qui vient s’installer à table. Il me jette des regards en coin, comme s’il a quelque chose à me dire sans oser le faire.
-Qu’est-ce qu’il y a ? Lui dis-je, loin d’être dupe. Tu as quelque chose à me dire, je le vois à ton attitude.
-Je… Je crois que j’ai trouvé un travail … M’avoue-t-il, un peu hésitant, comme s’il craignait ma réaction.
-Tu crois ?
-Oui, enfin… Je dois passer un entretien en début d’après-midi, mais c’est quasiment dans la poche, je pense.
-Mais c’est super ça mon chéri ! Ca serait pour quel poste ? Dans une équipe ?
-Non Maman… Ca serait pour bosser dans un journal sportif. En tant que chroniqueur … Il n’y a pas vraiment d’entretien d’embauche pour intégrer une équipe dans un sport.
-Ah… Vu ta passion pour le basket, j’ai toujours pensé que tu voudrais te lancer dans le sport. Lui réponds-je, un peu surprise. Néanmoins, si le journalisme lui plait, c’est le principal.
-J’adore le basket, mais je n’ai clairement pas le niveau pour intégrer une équipe. Mais c’est ma passion pour le sport qui m’a poussé vers le journalisme sportif. Je vivrai quand même de ma passion comme ça.
-Tu y as beaucoup réfléchi à ce que je vois. Lui dis-je avec un sourire fier. Tu sais, l’important pour moi est que tu fasses quelque chose qui te plait. Alors, j’espère de tout mon cœur que cet entretien se soldera par une réussite.
-Merci Maman, mais comme je te l’ai dit, c’est quasiment dans la poche ! Je leur ai envoyé plusieurs exemples d’articles que j’ai écrit pour le journal du lycée, et ils se sont montrés très intéressés !
-Que… J’ignorais que tu avais écrit pour le journal du lycée ! Mais, c’est tant mieux mon poussin ! Le félicité-je, ravi pour mon grand garçon. Décidément, Ryan m’a tout de même réservé des surprises !

Après le repas, Ryan s’empresse de s’isoler dans le bureau pour travailler sur l’ordinateur. Il souhaite préparer son entretien pour maximiser ses chances de réussite. Il est presque sûr d’avoir le poste, mais il ne souhaite pas se reposer sur ses lauriers. Il fait des recherches sur le journal, son historique, leur ligne éditoriale, et recherche et retravaille de vieux articles qu’il ne leur a pas encore présenté. Je l’ai rarement vu aussi motivé.
Cela me fait drôle de voir qu’il va bientôt intégré le monde du travail. Je sais qu’il ne quittera pas la maison avant le mariage mais, maintenant qu’il va avoir un travail avec un salaire régulier, il pourra prendre son envol sans trop de problème. Une boule se forme dans mon ventre à l’idée de voir mon bébé quitter le nid.
Mais, ce n’est pas encore à l’ordre du jour… Pas encore….

Après son entretien, Ryan s’empresse de m’appeler. Tout s’est très bien passé et ses futurs employeurs étaient impressionnés par les recherches minutieuses qu’il a mené. Oui, je parle de de « futurs employeurs » car ils l’ont donné le poste à la fin de l’entretien. Il commence après le mariage et il est tellement heureux ! Et moi, je suis tellement fière de lui !
Néanmoins, il faudra que j’attende pour le féliciter. Ryan rejoint sa copine, Juliette, à Brindleton Bay. Il fête son succès avec elle, aujourd’hui.
Je n’ai pas eu le cœur à refuser. Et de toute façon, il est adulte maintenant.
C’est ainsi que, quelques minutes plus tard, il retrouve Juliette dans un bar de pêcheur, sur le port de Brindleton Bay.
Coucou mon cœur, tu vas bien ? Lui souffle-t-il amoureusement, en lui déposant un baiser sur la joue.
-Très bien et toi ? Ca a été ton entretien ? Lui répond-t-elle alors.

-Très bien ! J’ai eu le poste ! Tu as devant toi le nouveau chroniqueur de l’équipe du journal sportif local ! S’exclame alors Ryan en bombant le torse, fier de lui.
-C’est formidable ça mon amour ! Félicitations ! Je suis tellement fière de toi ! S’enthousiasme-t-elle, les yeux pétillants de fierté. Le cœur de Ryan fait un bond dans sa poitrine : elle est tellement belle, lorsqu’elle sourit ainsi.
-J’espère bien que tu es fière ! C’est pas toutes les filles qui ont la chance d’être avec un type comme moi ! La taquine-t-il avec un sourire fier, regardant Juliette avec amour. Tu veux faire quoi, mon amour, ma douce, élue de mon cœur ?
-T’en fais pas un peu trop ? S’en amuse-t-elle en riant. Pas besoin d’en faire autant, je sais bien que j’ai de la chance d’être quelqu’un comme toi ! Sinon, j’ai bien une idée… Je sais où on peut aller pour fêter dignement ta promotion !
-Je te suis !

Ryan suit donc Juliette, qui connait la ville comme sa poche. Elle trouve un ferry et ils se rendent ensemble sur l’île de Brindleton Bay, malgré les importantes chutes de neige. Ryan n’est pas forcément très rassuré, mais il fait confiance à Juliette, qui semble calme et qui observe la mer avec un air paisible.
En quelques minutes, ils arrivent à destination. L’île est envahie par la neige et le brouillard. Il n’y a aucune visibilité mais cela ne semble pas gênée Juliette, qui guide Ryan jusqu’à un phare.

-Tu es sûre que c’est une bonne idée d’être ici ? Lui demande-t-il lorsqu’ils sont en haut du phare, là où le vent est plus fort et plus glacial.
-T’en fais pas, ça va aller. Le rassure-t-elle avec un sourire confiant. Même si c’est dommage ce temps. Normalement, la vue est magnifique.

-Je te fais confiance là-dessus. Lui répond alors Ryan alors qu’il s’approche de sa petite-amie pour la prendre dans ses bras. Ca va, tu n’es pas trop froid ?
-Maintenant que je suis dans tes bras, ça va. Lui souffle-t-elle avec un sourire, les joues rougies par le froid et la chaleur que lui inspire son homme.
-Pas trop déçue de ne pouvoir fêter dignement mon nouveau poste, comme tu dis ? Lui demande-t-il un peu inquiet que les projets de Juliette soit compromis par la météo.

-Qui t’a dit que ce n’était pas possible ? Le taquine-t-elle avec un sourire taquin, plein de sous-entendu. Il n’en faut pas plus pour que Ryan comprenne les idées que Juliette a derrière la tête.
-Tu n’es pas sérieuse ? Ici ? Par ce froid ? En est surpris Ryan, ne s’attendant pas à une telle proposition indécente… Mais qu’il l’intéresse, tout de même. Ce serait mentir que de prétendre le contraire.
-On va se réchauffer, à l’intérieur du phare. Affirme-t-elle sans laisser percevoir le moindre doute. Et puis… Avec un temps pareil, personne ne viendra nous déranger.
-C’est sûr qu’il faut être un peu fou venir ici pendant une tempête de neige. Confirme-t-il tout en serrant davantage sa petite amie dans ses bras. Il penche ensuite sa tête vers son cou pour lui déposer des baisers, alors de lui susurrer quelques mots aux creux de l’oreille, avant de lui prendre la main pour l’emmener à l’intérieur du phare. Cela tombe bien, je suis complètement fou de toi, ma Juliette.

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 40

Le jour de l’anniversaire de Rosae vient rapidement, coïncidant avec le jour de Noël. Cela fait beaucoup de chose à préparer et à célébrer aujourd’hui, mais cela ne sera pas un problème. Nous allons fêter l’anniversaire de Rosae ce matin pour pouvoir préparer Noël et le fêter le reste de la journée. Cela lui convient donc c’est tant mieux.
Tout le monde profite de ce jour férié pour prendre un peu plus son temps le matin. Nick, comme toujours, ne peut rester en place alors il a profité du calme pour installer le sapin dans le salon. L’espace n’est pas extensible mais il a réussi à se débrouiller. Heureusement d’ailleurs, car un Noël sans sapin, c’est pas vraiment Noël !
Puis, en attendant que tout le monde se lève, il prend le temps de se poser et de regarder un peu la télévision. Il est rapidement rejoint par Ryan, déjà lavé et habillé, et avec une assiette à la main.

-Alors ça y est, il n’y aura plus de bébé à la maison ? Commence sur un ton moqueur Ryan, prêt à taquiner son père.
-Eh oui, vous êtes tous grands maintenant ! Confirme Nick dans un haussement d’épaules. Je sais que cela l’affecte moins que moi de voir Rosae devenir une adolescente. Il a parfaitement conscience que cela fait partie de l’ordre des choses.
-Fais gaffe, elle va avoir l’âge de ramener des garçons maintenant, et pas seulement en toute amitié ! Tente-t-il une nouvelle fois de l’asticoter.
-Il y a le temps de voir venir encore ! Essaie de rassurer Nick avec un rire nerveux. Et puis, si elle est comme toi et ta sœur, j’ai pas trop de soucis à me faire ! Ta sœur n’a jamais fricoté avec qui que ce soit, et toi… Tu as pris ton temps dirons nous.
-C’est ça, essaie de te rassurer comme tu peux !
-Tu es sûr que tu veux des cadeaux toi ? Je te trouve bien désagréable ! S’empresse de le charrier à son tour Nick, faisant éclater de rire Ryan.

Puis, vient le moment fatidique. J’ai préparé le gâteau d’anniversaire de Rosae, et j’ai installé des bougies. J’ai la main qui tremble en faisant cela. Je me rends compte que mon dernier bébé devient grand, maintenant. Elle sera une adolescente, plus femme que enfant, apte à vivre ses propres expériences. Elle deviendra de plus en plus indépendante, et n’aura bientôt plus besoin de sa vieille mère…
J’exagère peut-être un peu, mais je dois avouer que cela me manque l’époque où mes bébés n’étaient encore que des bébés.
Rosae est ravie de descendre et de découvrir son gâteau. Elle a tellement hâte de souffler ses bougies ! Elle n’attend pas une seconde avant de s’exécuter, prête à grandir.
-Attends Maman, j’ai une surprise ! Ajoute-t-elle, sur un ton plein de malice, après avoir soufflé ses bougies. Sans prendre le temps de goûter le gâteau, cette chipie fonce à l’étage en courant.
Mais qu’est-ce qu’elle peut bien fabriquer encore ?

J’attends un long moment, me sentant un peu bête, me demandant ce qu’elle peut bien fabriquer à l’étage. De ce que je peux attendre, elle est apparemment dans la salle de bain. Peut-être ajuste-t-elle sa nouvelle apparence pour adopter un look plus à son image ? Honnêtement, je n’en ai pas la moindre idée.
Puis, elle finit par descendre. Lorsque je la vois, je ne peux m’empêcher d’ouvrir ma bouche de stupeur.

-Rosie ? Mais qu’as-tu fait à tes cheveux ? M’exclamé-je en découvrant ses cheveux teints en rouge. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à cela !
-T’aime pas ? Semble-t-elle s’en étonner. C’était une petite blague, pour être au couleur de Noël !
-Avec tes cheveux ?
-Bah ouais, c’est rigolo ! Confirme Rosae avec un grand sourire. Puis c’est pas pire que le turquoise. Ajoute-t-elle avec un clin d’œil. Et si ça peut te rassurer, c’est une couleur provisoire. Ca partira avec quelques shampoings.
-Ah… Si tu le dis. Me contenté-je de répondre. Non pas que cela me gêne qu’elle décide de se colorer les cheveux -je serai mal placée pour critiquer- mais je ne m’y attendais pas. J’ignore depuis combien de temps elle prépare sa blague, mais elle semble plutôt fière d’elle.
Ma foi, pourquoi pas, cela lui va bien. Apparemment c’est du provisoire, mais elle fera bien ce qu’elle voudra à l’avenir.

Elle finit par remonter sa chambre. On lui a acheté quelques trucs pour son anniversaire et elle s’empresse de les installer et de faire du tri dans ses affaires. Elle ne souhaite pas conserver ses jouets et sa décoration d’enfants, donc, elle fait de la place.
Pourquoi pas après tout.
Elle a tout de même conserver son miroir sur pieds, ne voyant pas l’intérêt d’en changer.
-Ca me va quand même bien, le rouge, finalement. Songe-t-elle pour elle-même en s’observant dans le miroir. Peut-être que cela ne sera pas si provisoire que ça, au final.

Pendant que Rosae range sa chambre, nous nous attelons à décorer le sapin avec Nick et les jumeaux. Nous avons sorti les cartons et nous passons ce moment tous ensemble. Je dois avouer que j’en profite. La prochaine fois qu’il faudra décorer un sapin, les enfants ne seront probablement pas là pour passer ce moment en famille.
Cela me fend le cœur de penser à ça, mais j’essaie tout de même de penser au présent. L’avenir peut bien attendre demain.

Rosae finit par descendre pour nous rejoindre. Elle s’atèle à la décoration en plaçant les boules de Noël dans les branches du sapin. Elle se retrouve à côté de sa sœur et je retiens ma respiration. Elles ont toutes les deux grandies maintenant, et j’ignore comment leur relation va évoluer dorénavant. Roxane n’a pas été une adolescente facile mais je ne saurai dire si elle serait prête à faire des efforts pour sa petite sœur.
Mais pour le moment, Roxane et Rosae se contentent de s’ignorer. Aucune n’adresse la parole à l’autre, et elles semblent même s’éviter du regard.
Je retiens un soupir, puis me dit qu’au moins, elles ne chamaillent pas.

Le soir arrive petit à petit. Après avoir décoré le sapin, j’ai passé mon temps dans la cuisine pour préparer le repas. Qui dit Noël, dit dinde mais la végétarienne que je suis à, comme d’habitude, opter pour une dinde au tofu. Cela semble gêner personne alors tant mieux. Les enfants sont habitués à ce régime, même si je sais qu’ils mangent de la viande en dehors de la maison, et Nick s’y est fait depuis le temps que nous nous connaissons.
Puis, une fois la dinde prête, je la pose sur la table et Nick annonce qu’il est l’heure de passer à table.

Nous nous installons tous à table. Cela du bien de passer du temps tous ensemble, en famille. Certes, nous avons toujours réussi à essayer de partager nos repas ensemble, mais chacun vient quand il en a envie. Au moins, à l’occasion de Noël, nous mangeons tous en même temps.
L’ambiance est bonne, même si je remarque que Rosae semble plus à l’écart, par rapport à Roxane ou encore Ryan. Elle ne montre rien et la différence ne se remarque que si l’on y prête attention. Mais il est vrai qu’elle ne parle qu’à moi ou son père, que les jumeaux nous parle ou discute entre eux, mais c’est tout.

Après le repas, tout le monde se lève pour aller chercher les cadeaux. Ils sont déposés au pied du sapin, chacun ayant sa propre pile.
Puis, vient l’heure de les ouvrir.
Chacun notre tour, nous allons vers les paquets et nous en prenons un pour l’ouvrir. Des sourires s’affichent sur les visages, les remerciements fusent et chacun semble ravi de ce qu’il a reçu.

Rosae

L’ambiance a la maison est sympathique. Tout le monde semble passer un bon moment et c’est cool. Franchement, cela me fait plaisir d’être ici, avec tout le monde.
Mais disons que cela pourrait être mieux. De mon point de vue en tout cas.
Car je me sens mise à l’écart. C’est le cas depuis un moment, mais là, encore plus. J’espérais que cela finirait par s’arranger mais non.
Je ne suis pas étonnée que Roxane me fasse la tête. Elle ne m’a jamais supportée. J’ai jamais compris pourquoi car j’ai beau réfléchir, je ne vois pas ce que j’ai bien pu faire de mal. C’est ma grande sœur, elle devrait me servir de modèle, mais non. Quand je la vois, elle m’agace juste. Sa présence m’horripile mais j’ai appris à faire avec. Ce n’est plus qu’une question de temps maintenant avant qu’elle ne se barre de la maison.
J’ai hâte, cela me fera des vacances !
Mais là où j’ai plus de mal, c’est avec mon frère. Avant, il était gentil avec moi. Je ne dis pas qu’il est méchant aujourd’hui, je perçois toujours de la bienveillance dans son regard. Mais… Il me tient à l’écart. Il ne me parle plus, il m’adresse à peine un regard. Le jour où il m’a dit qu’il voulait garder ses distances avec moi pour préserver Roxane, j’ai pas compris. Qu’est-ce que j’ai fait pour qu’elle ait besoin qu’on la protège de moi ?
-Ryan ? Tenté-alors, maintenant que les anniversaires sont passés, maintenant que nous avons tous grandi. Peut-être que maintenant, les choses vont changer et que je vais retrouver mon frère ? Y’a moyen qu’on discute tous les deux ? Tu pourrais me donner des conseils sur le lycée ?
-Rosae… Soupire-t-il en réponse, n’annonçant rien de bon. Et dire qu’à une époque, il m’appelait Rosie de manière affectueuse. Ce n’est pas une bonne idée, tu sais…
-A propos de Roxane ? Compris-je en baissant la tête, déçue d’être rejetée par mon frère.
-C’est ça. Tu sais, elle a du mal à se faire à l’idée qu’on grandit, et elle a peur de ce qui se passera une fois qu’on partira de la maison… Alors..
-Et c’est quoi le rapport avec moi ?
-Bah… Je veux pas la perturber plus, tu vois ? Après, elle va croire que tout le monde est contre elle et elle risque d’être encore plus insupportable envers toi… Je suis désolé. Bredouille-t-il avant de se retourner pour s’éloigner.
Une nouvelle fois.

Je comprends rien à cette situation. Pourquoi me rejette-t-il ? Qu’est-ce que ça peut bien faire que Roxane me casse les pieds plus que d’habitude ? J’ai appris à faire avec et à ne plus me laisser faire. Maman m’a dit d’être gentille, mais je n’ai pas spécialement envie de l’être avec quelqu’un qui est injustement méchante avec moi.
Et qui m’a enlevé mon frère, par dessus le marché.
Cela me fait mal au cœur. J’ai l’impression qu’il m’aime moins que sa stupide jumelle. Voire même qu’il ne m’aime plus du tout.
Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là ?

Génération Menthe – Génération 1 – Chapitre 39

Le temps file à toute allure. C’est quelque chose d’à peine croyable et pourtant, cela me frappe à chaque fois.
Aujourd’hui, l’automne laisse place à l’hiver. La météo nous le rappelle bien et en me levant, je constate immédiatement que la neige commence à tomber. Je me dépêche de m’habiller chaudement et je mets le nez dehors. Une fine pellicule de poudre blanche recouvre le sol et les flocons tombent doucement du ciel. Le jour se lève tout doucement, mais la nuit ne se laisse pas si facilement faire. Le paysage est absolument magnifique. Jamais je n’aurais pu assister à un tel spectacle lorsque nous vivions à Oasis Springs.

Je rentre ensuite dans la maison pour commencer à me préparer. Le jour se lève et le sol est maintenant totalement recouvert par la neige. Les enfants partent à l’école mais il ne fait aucun doute qu’ils profiteront de la neige quand ils rentreront. Et je ne peux pas leur en vouloir. A leur âge, je m’en serai donnée à cœur joie !
D’ailleurs, je profite de la neige moi aussi, avant de partir au travail. J’ai déjà ma tenue sur le dos, mais j’ai envie de profiter de la vue enneigée avant d’aller au laboratoire à Oasis Springs.
-Tu as un look d’enfer ma chérie ! Se moque gentiment Nick en me rejoignant à l’extérieur alors que je commence à prendre la route pour aller au travail.
-C’est ça quand on est le boss, mon cœur ! A ce soir !

Et je ne me suis pas trompée. Une fois l’école terminée, les enfants ne font pas leurs devoirs toute suite et filent profiter de la neige. Rosae est ravie de découvrir pour la première fois la neige. Elle se laisse tomber sur le sol et fait dans un ange dans la neige. Du sol, elle observe également, émerveillée, les flocons tomber.

Quant à Roxane et Ryan, eux, préfèrent faire un un bonhomme de neige. Il y en a suffisamment, ils n’ont qu’à se servir. Ils cumulent, cumulent, cumulent et le bonhomme prend petit à petit forme. Ryan est ravi : c’est un rêve d’enfant qui se réalise, lui qui a toujours voulu jouer dans la neige. C’était d’ailleurs son souhait au moment du déménagement, et voilà qu’il se réalise.

En fin d’après midi, Rosae reçoit de la visite. Une petite visite surprise, d’un tout jeune adolescent. En effet, Paul est à la maison et les triplés Lothario ont visiblement fêté leur anniversaire. La ressemblance avec leur père est frappante. Don ne peut décidément pas les renier… Chose qui ne devrait pas arranger les choses, à la maison…
-Salut Paul ! Dis donc, t’es super grand maintenant ! S’exclame Rosae en accueillant son ami.
-Eh oui ! Mais tu sauras bientôt ce que ça fait !
-J’ai hâte ! J’aurais l’air moins ridicule au milieu de vous trois !
-Mais non, tu n’es pas ridicule ! Tu es plus jeune que nous, c’est normal !

-Ouais et d’ailleurs, qu’est-ce que tu fous là, à traîner avec une gamine ? S’exclame brusquement Roxane en direction de Paul. Tu n’as pas quelques écervelées à aller draguer, comme ton père ?
-Pardon ?! Ne semble pas comprendre Paul, perturbé par la virulence de Roxane vis-à-vis de lui. Qu’est-ce qui lui prend ? Le pauvre, ignorant tout des enfants cachés de son père, ne saisit pas les accusations de sa demi-sœur de l’ombre.
-Tu m’as très bien comprise ! Tu n’as rien à faire là, avec l’autre moins que rien !
C’est toi, la moins que rien ! Réplique Rosae, en levant les yeux au ciel avant de regarder son ami avec un sourire fier. Il y a bien longtemps qu’elle ne se laisse plus impressionnée par son aînée. Viens Paul, on va jouer dehors ! Ca pue, par ici !

Le lendemain matin, je me lève tôt afin de préparer un gâteau. Un gâteau d’anniversaire.
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire des jumeaux. Et demain, c’est celui de Rosae. Mais je préfère ne pas y penser pour le moment.
Chaque chose en son temps.
J’ai du mal à y croire. Mes jumeaux ont grandi tellement vite. Ils ne sont plus des enfants, ils vont être adulte, responsable, capable de se débrouiller tout seul. Ils vont pouvoir chercher un travail, s’envoler de leurs propres ailes et fonder leur propre famille. J’essaie d’éviter de penser à ce dernier point : je suis encore trop jeune pour être grand-mère !

Une fois le gâteau prêt, j’installe les bougies et je les allume. J’appelle les jumeaux pour qu’ils viennent souffler leurs bougies.
C’est Ryan qui commence, le moins effrayé des deux à l’idée de grandir. Je crois même qu’il a hâte. Il est jeune, il a envie de découvrir le monde qui l’entoure et de vivre ses propres expériences. Je suis tellement fière de lui, mon petit garçon qui devient un homme.
Puis, c’est au tour de Roxane qui, à son tour, souffle ses bougies pour devenir une adulte. Elle semble appréhender davantage l’avenir. Elle n’a jamais aimé les changements et je pense qu’elle a peur de grandir et de perdre ses repères. Malgré son caractère difficile, je suis également fière de ma fille et elle pourra rester à la maison aussi longtemps qu’elle le voudra. Jusqu’à ce qu’elle se sente prête à quitter le nid et voler de ses propres ailes.

Mais pour le moment, que ce soit Ryan ou Roxane, il n’est pas question de déménagement. Ryan m’a avoué qu’il veut attendre le mariage avant de partir, afin de pouvoir apporter son aide plus facilement. Et en attendant, cela lui permet de mettre de l’argent de côté pour pouvoir s’installer.
Quant à Roxane, elle n’est tout simplement pas prête à se séparer de son frère et je pense que cela l’arrange de rester à la maison.
Au moins, elle peut continuer à mettre la misère à son jumeau au jeu du Lama !

Pendant ce temps-là, Rosae passe un peu plus de temps sur l’ordinateur. Cela ne me plait pas des masses qu’elle passe son temps sur l’ordinateur, mais elle m’assure que c’est pour l’école. Après vérification, il s’avère que c’est effectivement le cas. Rosae s’est vue attribuer un correspond suédois et elle discute régulièrement avec lui par mail. Un certain Sven, je crois. Apparemment, les correspondants pourraient venir ici à la rentrée prochaine. Cela pourrait être bien, cela permettrait de se rencontrer.

Les photos du CAS, puis avec Maetha et Don, des jumeaux ! Ils ont vraiment fait du bon boulot !