Génération Jaune – Génération 3 – Chapitre 1

Après mon anniversaire, les choses ont repris leur cours normal. Papa est retourné en Suède avec Kalpita. Nous continuons de discuter par webcam interposé et c’est plutôt sympa. Je sais que Papa regrette que nous ne soyons pas plus proches, géographiquement parlant, mais la vie est faite ainsi. Il a son travail en Suède et ce n’est pas à son âge qu’il va s’amuser à retrouver du travail ailleurs.
En parlant travail, Maman est rentrée avec un immense sourire aux lèvres ce soir. A midi, elle déjeunait avec ses collègues, pour le départ de la responsable de l’association « Pour un Monde Uni ». Avant de partir, elle devait nommer quelqu’un pour la remplacer. Et elle a choisi Maman. Ce n’était pas une surprise car beaucoup de bruits de couloir affirmaient déjà qu’elle serait la prochaine responsable d’association, vu qu’elle fait un travail formidable en tant que responsable de la branche Féminisme. Mais maintenant c’est officiel et Maman a signé son nouveau contrat dans la foulée, après le déjeuner. Je n’ai jamais vu Maman aussi fière d’elle.
Quant à moi… Je suis fière d’elle aussi. Elle a travaillé dur pour faire bouger les choses et maintenant, elle a atteint le sommet de sa carrière. J’étais déjà fière d’avoir une mère qui fait tout pour améliorer les conditions de vie des femmes dans notre pays. Maintenant, elle est comme un modèle pour moi… J’espère réussir comme elle, dans mon futur travail. Moi aussi, je veux atteindre les sommets !

Le soir, nous dînons souvent à trois à table. Paul passe de plus en plus de temps à la maison, surtout depuis que lui et Maman savent que je suis au courant pour leur relation. Etant donné que Paul vit toujours chez son frère, je ne serai pas étonnée de le voir poser ses valises ici dans les semaines à venir. Ce serait la suite logique des choses et ce serait mieux pour lui. Au moins, ici, il pourra vraiment se sentir comme chez lui et vivre aux côtés de la femme qu’il aime. Et personnellement, cela ne me gêne pas qu’il soit là, au contraire. Je l’aime bien, il est gentil et il rend ma mère heureuse. Que lui demander de plus ?
-Au fait, ma chérie, tu as réfléchi… à ce que tu voulais faire ? Me demande Maman, un soir, sur un ton sérieux. Sur le coup, je suis surprise par sa question. Elle sait très bien que dans quelques jours, je vais commencer mon travail à l’Agence Spatiale.
-Comment ça ? Lui dis-je, quelque peu interloquée.
-Je veux parler par rapport à la maison. Est-ce que tu veux rester vivre ici ou déménager ? Non pas que je veuille te mettre à la porte hein ! Bien au contraire ! Je veux juste savoir.

-Ah ! M’exclamé-je, comprenant enfin sa question. Elle veut juste s’intéresser à mes projets et savoir si je compte prendre mon indépendance. Pendant un instant, j’ai cru qu’elle avait perdu la tête. Pour l’instant, je compte rester ici. J’ai envie d’avoir ma propre maison, un jour, mais j’aimerais économiser pour pouvoir m’offrir ce que je veux.
-Tu sais, si tu as vraiment envie de déménager et prendre ton envol, je peux t’aider si tu as besoin. Avec mon salaire je peux très bien…
-Non merci, Maman, ça va aller. Je veux pouvoir me débrouiller toute seule, tu sais.
-Comme tu voudras. Tu veux qu’on redécore ta chambre ? Ou qu’on change ton mobilier ? Tu as encore un lit d’enfant, tu aurais peut-être envie d’un lit… double ?
-Ce n’est pas la peine Maman, je suis toute seule, je n’ai pas besoin d’un… Commencé-je en secouant la tête, avant de comprendre subitement. Maman ! M’exclamé-je alors sur un ton de reproche suite à son sous-entendu.
-Mais je n’ai rien dit ma puce ! Je veux juste que tu sois à ton aise ici ! Se défend-t-elle avec un faux air innocent, alors que j’aperçois Paul se retenir de rire du coin de l’œil.
-Mais bien sûr, prends moi pour une bille. Et sinon, c’est quand que Paul emménage ici ? Demandé-je avec un sourire narquois sur les lèvres, ravie de ma petite vengeance dans le thème des questions gênantes.
Aussitôt, je les vois se regarder tous les deux, avec une moue embarrassée sur leurs visages. Je ne peux m’empêcher de rire en voyant leur tête. Il ne leur faut vraiment pas grand chose pour être gênés, c’est fou !

Après le repas, Maman prend les assiettes pour faire la vaisselle. Quant à moi, je décide de m’occuper un peu de mon beau gros Phenix. Depuis que nous l’avons, il ne cesse d’être prêt de moi, comme s’il savait que je suis sa maîtresse. La nuit, il reste même dans ma chambre, comme s’il veillait sur moi. Il est vraiment adorable comme chien.
Pendant que je le caresse, je me replonge dans mes réflexions. Je me demande pourquoi Maman et Paul sont aussi gênés quand on parle de leur couple. A leur âge, ils ne devraient plus avoir peur et ne plus hésiter pour vivre chaque instant à fond ! Dire qu’ils n’ont même pas encore annoncé officiellement leur couple ! A ce rythme, Paul habitera ici que Maman n’aura même pas encore dit à Tonton et Tata qu’elle est avec lui. Bon, je veux bien comprendre qu’il y a tout un passif compliqué, mais de l’eau à couler sous les ponts depuis.
Et honnêtement, je pense qu’ils sont déjà au courant. D’autant plus que Tonton est notre voisin et qu’il a déjà du remarquer la présence très fréquentes de Paul dans le quartier. Alors, pourquoi continuer à faire des secrets pour pas grand chose ?

Bon, je chipote mais c’est comme si Paul vivait déjà ici, en vrai. J’ai déjà vu Maman faire du tri dans ses affaires, soi disant pour se débarrasser de vieux vêtements qu’elle ne met plus. Autrement dit, elle faisait de la place pour que Paul puisse mettre ses propres affaires dans les placards. J’ai aussi remarqué la troisième brosse à dent qui trône à côté du lavabo dans la salle de bain. Donc, à ce niveau-là, autant dire les choses honnêtement, non ?
Enfin, ils font bien ce qu’ils veulent. Ils sont grands et ils savent certainement ce qu’ils font. En attendant, je suis juste contente pour Maman. Ca me fait plaisir de la voir aussi heureuse, aux côtés de Paul. Je ne l’ai jamais vu aussi rayonnante et elle le mérite.

De mon côté, le grand jour finit par arriver. Aujourd’hui, j’attaque enfin mon premier jour à l’Agence Spatiale ! Pour l’instant, je suis encore loin des expéditions dans l’espace et de la tenue d’astronaute. Je débute en tant que technicienne, ayant déjà les compétences techniques suffisantes pour travailler sur l’entretien des fusées grâce à mes recherches et le montage de ma propre fusée. Ce n’est pas le métier de mes rêves, mais il faut bien commencer quelque part. Je commence petit, mais un jour, j’atteindrais les étoiles !

Mais, malgré mon enthousiasme et ma motivation, c’est tendu que je rentre à la maison le soir, après ma journée de travail. Je ne peux m’empêcher de râler contre mes stupides collègues, Je pensais que c’était l’adolescence qui faisaient que les garçons sont stupides et étroits d’esprit. Mais non, visiblement, ce doit être dans leur nature vu la journée épouvantable que je viens de passer !
-Bonsoir Joy. M’accueille Paul, après avoir éteint la télé. Excuse ta mère, elle s’est endormie sur le canapé en t’attendant mais elle était exténuée après sa journée de travail. Comment s’est passé ton premier jour ?

-Épouvantable ! M’exclamé-je alors que j’entends la baie vitrée s’ouvrir. Tiens, salut Tonton.
-Bonsoir Joy, ne vous déranger pas pour moi. On a une panne d’internet et je dois absolument envoyer un article à ma rédaction ce soir pour la publication de demain. J’en ai pas pour longtemps !
-Qu’est-ce qui s’est passé Joy ? M’interroge Paul, en re-concentrant son attention sur moi.
-Mes collègues sont des abrutis ! Ils n’ont pas cessé de me rabaisser de la journée car je suis une femme et que je n’ai absolument pas la tête de l’emploi, parait-il ! Du coup, au lieu de me laisser travailler tranquille, ils n’ont pas arrêté d’être sur mon dos, voir carrément faire les choses à ma place pour éviter, je cite, « de me péter un ongle » ! Et encore, ça, c’est quand ils ne me demandaient pas d’aller leur chercher le café !
-Oh ! Je … je suis vraiment désolé Joy… Se montre compatissant Paul, sans trop savoir quoi répondre pour m’apporter son soutien.

-C’est vraiment révoltant ! Surtout qu’ils enchaînaient les bêtises et que je passais mon temps à tout réparer dès qu’ils avaient le dos tourné ! Je pensais être tranquille une fois dans le monde du travail, mais les hommes sont vraiment trop stupides !
-Hey ! Je ne suis pas stupide et je sais que tu vas tout déchirer à ton travail ! Intervient subitement mon oncle en faisant mine d’être vexé.
-Ryan a raison, tous les hommes ne sont pas stupides, déjà. Confirme Paul sur un ton plus posé. Puis, j’imagine que l’aérospatial est un domaine très masculin et ils font certainement les coqs en voyant une jeune femme arrivée dans l’équipe. Surtout s’ils jugent avant de réfléchir et qu’ils pensent que tu n’as rien à faire là.
-Ca pour juger avant de réfléchir, ils jugent ! Je me demande même s’ils sont capables de réflexion !
-Joy, je sais que ce n’est pas facile, mais essaie de les ignorer. Fais ton travail, surpasse toi, et montre leur à quel point ils sont stupides. Avec un peu de chance, ils seront forcés de se rendre à l’évidence et t’accepter comme leur égal. Ou tes supérieurs remarqueront ton talent et tu ne seras plus obligée de travailler avec eux grâce à ta promotion.
Mmmh, tu as sans doute raison. Soupiré-je, en essayant de calmer ma colère. De toute façon, s’ils continuent de me chercher, leur café brûlant finira « accidentellement » sur leurs noisettes ! Conclué-je, ne manquant pas de faire rire Paul.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 37

Ce soir, nous célébrons l’anniversaire de Joy. Elle quitte l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte. Je n’arrive pas à croire que ma fille soit déjà majeure, qu’elle quitte le lycée pour entrer dans la vie active. J’ai l’impression que c’était hier, que je me découvrais enceinte… Le temps est passée si vite.
Néanmoins, je n’ai pas envie de me morfondre. Certes, avoir une fille adulte à mon âge me fait tout drôle et cela ne me rajeunit pas, mais je suis surtout fière de ma fille. Joy est une magnifique jeune femme, brillante et intelligente, et elle va débuter sa carrière d’astronaute. Qui ne serait pas fier de l’avoir pour fille ?

Je suis donc ravie de lui préparer son gâteau d’anniversaire, un gâteau à la fraise. Je le trouve particulièrement réussie et je suis fière du résultat. J’espère que les invités vont se régaler et qu’il plaira à ma fille.
Ce soir, toute la famille sera présente. Finalement, mes neveux et ma nièce seront présents. Je crois savoir que Ryan ne leur a pas laissé le choix. Sarah aime bien sa cousine et est ravie d’être présente, mais je crois savoir que les garçons avaient d’autres projets. Mais Ryan et Juliette leur ont rappelé que la famille, c’est important. Je ne peux m’empêcher de sourire. Je suis ravie que tout le monde soit là, ce soir. J’en oublie même ma crainte de voir Paul, Ryan et Roxane dans la même pièce.
-Joy ! Tu peux aller ouvrir s’il te plait ! Lui demandé-je alors que la sonnette vient de retentir. Je suis occupée avec ton gâteau !

Sans protester, Joy arrive dans la pièce à vivre et s’empresse d’ouvrir la porte d’entrée. Aussitôt, son visage s’illumine et je vois son père entrer à l’intérieur de la maison. Sven prend aussitôt sa fille dans ses bras et je ne peux m’empêcher de sourire. Je regrette qu’ils ne puissent pas se voir aussi souvent qu’ils le voudraient, mais je suis quand même heureuse de voir qu’ils parviennent à être proches tous les deux, malgré la distance.
-Je suis content de te voir! Bon anniversaire ma fille !
-Merci Papa ! Moi aussi je suis contente que tu sois là ! Kalpita n’est pas là ?
-Elle gare la voiture, elle arrive.

Joy et Sven s’installent ensuite à table pour discuter. Quelques minutes plus tard, la nouvelle compagne de Sven, Kalpita, arrive, en même temps que mon frère et sa famille. Elle semble un peu intimidée, entourée d’inconnus, mais elle se détend petit à petit aux côtés de Sven. Juliette vient rapidement m’aider en cuisine, si bien que je n’ai pas eu le temps de beaucoup discuter avec Kalpita, mais elle semble être quelqu’un de sympathique. Et lorsque je perçois les regards plein d’amour qu’elle lance à Sven, je ne peux m’empêcher d’être touchée.
-Je suis contente de te rencontrer Kalpita … Enfin, en vrai… Avoue Joy, avec un sourire timide. Ca… Euh, c’est mieux qu’au travers de la webcam.
-C’est surtout chouette que tu sois là pour réchauffer la vie de Sven ! Il doit faire encore plus froid, en Suède ! Ajoute Ryan, tout prêt pour faire la conversation.
-C’est sûr, surtout quand on vient d’Oasis Springs. Ne peut que confirmer Kalpita alors que Sven lève les yeux au ciel.
-Tu fais quoi dans la vie ?
-Je suis journaliste artistique. C’est grâce à mon travail que j’ai rencontré Sven d’ailleurs.
-Cool ! Au moins, tu refais battre le cœur de ce bon Sven après que ma sœur ait osé lui briser le cœur ! Plaisante-t-il en réponse alors que je lui lance un regard noir. Ryan me répond avec un sourire innocent.

-Ryan, c’est du passé tout ça. Me vient à la rescousse Sven avant de saisir la main de Kalpita.
-Je dis simplement que je suis content que tu es trouvé quelqu’un. Si Rosie pouvait suivre ton exemple, ça serait cool. Ajoute-t-il alors que la sonnette se fait entendre. Je m’empresse d’aller ouvrir en essayant d’ignorer les propos de mon frère et j’ai le plaisir d’accueillir Paul. Dans mon dos, j’entends Joy se mettre à ricaner. Ryan a du dire quelque chose de drôle sans que je ne puisse entendre quoi.
-Et sinon, tu as de la famille, Kalpita ? Demande sur un ton plus sérieux Ryan.
-Oui, j’ai un fils, Aurèle. Il a à peu près le même âge que Joy. C’est drôle, car il est tout aussi passionné par l’espace qu’elle*.

-C’est sur que le hasard a un sacré sens de l’humour ! Et toi Paul, qu’est-ce que tu deviens ? Demande Ryan à Paul, pour l’intégrer dans la conversation. N’ayant plus de place autour de la table, le pauvre s’est installé seul sur le canapé. Au vue de son expression légèrement paniqué, il ne semblait pas s’attendre à être interpelé ainsi.
-Oh pas grand chose. Je vis toujours chez mon frère… Mais j’ai créé un site pour publier des photos de mes voyages. J’ai pas mal de visites donc c’est plutôt cool.
-Faudra que tu me passes le lien ! Ca nous fera voyager de notre canapé avec Juliette ! Et puisqu’on parle d’amour, est-ce que tu as retrouvé chaussure à ton pied ? Tu es peut-être divorcé, mais ça veut pas dire que tu es périmé.
-Euh… Merci ? Ne sait pas quoi répondre Paul alors que je vois Joy se retenir de rire. Sven et Kalpita la regardent faire sans comprendre alors que j’ai envie de me cacher dans un trou de souris. Je ne sais même pas comment venir en aide à Paul. Et oui, je suis de nouveau avec quelqu’un. On reste dans notre bulle pour le moment mais on va bientôt rendre notre relation plus officielle.
-C’est vraiment super Paul. Dommage, je t’aurais bien dit de tenter avec ma sœur ! Ajoute-t-il sur le ton de la plaisanterie, alors que je crois que nous allons définitivement perdre Joy.

La sonnette se fait de nouveau entendre et ma sœur entre dans la maison. Etant entrain d’installer les bougies sur le gâteau d’anniversaire de Joy, Roxane est accueillie par Juliette et Alexandre. Je jette un coup d’oeil dans sa direction, et je lui souris
-Bon, Joy, maintenant que tout le monde est là, tu peux souffler tes bougies ? Changé-je alors de sujet, alors que Ryan est en train de cuisiner Paul pour connaître l’identité de l’heureuse élue. J’aperçois Paul me remercier du regard pour cette diversion. Le pauvre ne doit plus savoir où se mettre.

Joy me lance un regard amusé avant de se lever. J’allume les bougies et pendant que tout le monde chante Joyeux anniversaire, ma fille souffle ses bougies.
Nos regards se croisent avec Sven, deux regards emplis de fierté. Je me rappelle avec émotion de notre adolescence, de notre histoire. J’apprécie Sven comme un ami aujourd’hui, mais à cette époque, lorsque Joy a été conçue, nous nous aimions profondément. Et aujourd’hui, le fruit de notre amour est devenue une jeune femme prête à tout pour réaliser ses rêves et réussir dans la vie. Il ne fait aucun doute que Joy est notre plus belle réussite.

L’ambiance est bon enfant. Tout le monde souhaite un bon anniversaire à Joy qui ne sait plus où donner de la tête. Je sais qu’elle n’est pas très à l’aise quand il y a trop de monde autour d’elle mais elle fait un effort pour sa famille. Et lorsque je vois son sourire sur son visage, je sais qu’elle est ravie d’être entourée des gens qu’elle aime.
Avoir tout le monde réuni ici, ce soir, me réjouit. Je suis assise face à Roxane, qui discute avec enthousiasme avec Sven. J’aperçois Ryan qui fait la conversation avec Kalpita qui, heureusement, ne semble pas s’ennuyer parmi nous. Il y a quelques années, qui aurait pu croire que ceci pourrait être possible ?
Soudain, je pense à mes parents. Eux qui ont toujours été tristes de notre mauvaise relation entre les jumeaux et moi, doivent être tellement heureux de nous voir réuni, de là où ils sont.
Et j’ose espérer qu’ils sont fiers de nous, aujourd’hui.
Papa… Maman, êtes-vous fiers de Ryan, de Roxane… de moi ?

Joy

Il y a beaucoup trop de monde dans la maison. J’aime ma famille mais, j’ai besoin de m’isoler. Je profite donc que tout le monde soit occupé pour m’éclipser à l’extérieur pour terminer mon gâteau. Je le regrette presque aussitôt : il fait un froid de canard. Je déteste le froid. Un jour, j’irai vivre dans un monde où il fait chaud tout le temps. Mais pour le moment, ce n’est pas encore d’actualité.
Quelques minutes plus tard, Paul me rejoint et s’installe à côté de moi autour de la table de jardin. Je ne peux m’empêcher d’avoir un sourire en coin.
Car je sais que la femme dont il parlait tout à l’heure, c’est Maman. Ils ne sont vraiment pas discret et leur relation est cramée rien qu’en regardant leur visage. Je suis sûre que c’est pour ça que Tonton n’arrête pas d’embêter Paul en l’interrogeant sur sa compagne et en regrettant qu’il ne soit pas avec Maman.
-Tout va bien, Joy ? Me demande-t-il alors.
-Bien sûr, pourquoi ça n’irait pas ?
-Parce que tu t’isoles dehors, alors que tu as clairement froid vu comment tu trembles.
-J’ai juste besoin d’être un peu seule, surtout quand il y a beaucoup de monde comme ce soir. Admis-je dans un haussement d’épaules désinvolte. Sinon, c’est quand vous allez avouer à tout le monde que vous êtes ensemble avec Maman ? Mis-je directement les pieds dans le plat. En réaction, Paul manque de s’étouffer en avalant de travers.
-Tu es donc au courant.
-Bien sûr. C’est aussi évident que de l’écrire sur une pancarte XXXL, installée sur le toit de la maison. Et comme tu es le seul Lothario présent ce soir, je suis presque sûre que Tonton et Tata l’ont deviné aussi. Enfin, Tonton c’est sûr, mais vu ses sous-entendus gros comme un immeuble, Tata l’a sans doute compris aussi.
-Est-ce que… Est-ce que ça te gêne ?
-Bah non, pourquoi ça me dérangerait ? Maman est heureuse, alors ça me va.

-Qu’est-ce que vous faites dehors ? Nous interrompt Papa, venu nous rejoindre dehors. Je suis surprise lorsque je le vois, il ne semble même pas incommodé par le froid !
Joy me parlait de l’avancée de sa fusée. Lui répond Paul le plus naturellement du monde. Visiblement, il n’a aucune envie de parler de Maman devant mon père. Ce qui peut se comprendre alors, je rentre dans son jeu. Si je peux sauter sur l’occasion pour parler de ce qui me passionne à mon père, je ne vais pas me priver ! D’autant plus qu’il n’a jamais eu l’occasion de la voir, ma fusée !
-Oui, j’ai presque terminé le montage ! M’exclamé-je avec enthousiasme en laissant la place à mon père pour qu’il puisse admirer mon travail. Enfin, je parle de la structure. Il faut que j’ajoute encore plein d’options pour qu’elle puisse voler en toute sécurité !
C’est formidable ma chérie ! En est admiratif Papa. Je vois dans son regard qu’il est fier de moi et cela me réjouit ! C’est vraiment merveilleux ! Mais tu me promets de ne pas voler avec avant qu’elle soit sécurisée ?
-Tu ne vas pas t’y mettre aussi ? Bien sûr que je vais attendre qu’elle soit parfaite avant d’aller explorer l’espace !
-Bien bien, je te fais confiance. Et si tu m’en parlais plus en détail ?

Rosae

La soirée s’est déroulée à merveilles. Joy est restée un long moment avec son père. Elle lui a présenté sa fusée de long en large et en travers. Je suis contente qu’elle ait pu passer un moment privilégier avec son père, malgré le monde présent ce soir pour son anniversaire. D’autant plus pour lui parler de sa passion, et j’ai pu voir la fierté sur le visage de Sven. Même si je pense qu’il n’a pas tout compris lorsqu’elle a parlé de tous les détails techniques.
Petit à petit, la maison se vide de ses invités. Joy est fatiguée et je lui dis d’aller dormir. Elle proteste mais finit par obtempérer. Paul reste pour me donner un coup de main pour tout ranger. Il y a des assiettes partout, et plus aucune trace du gâteau. Paul se fait taquin, profite que nous soyons tous les deux pour se rapprocher de moi. Je suis tellement heureuse qu’il soit ici, avec moi… Tellement que je n’ai aucune envie qu’il parte.
-Paul… Est-ce que… Tu veux rester ici, cette nuit ?
-Si tu en as envie, alors ce sera avec plaisir. Accepte-t-il avec un drôle de lueur dans le regard.
A peine sommes-nous dans ma chambre que nous nous jetons dans les bras de l’autre. Mes lèvres ne quittent plus les siennes et pour rien au monde je ne voudrai être ailleurs qu’ici-même, à ses côtés.

Jusqu’à présent, nous n’avons pas été … intimes avec Paul. Ce soir, nous pouvons dire que nous franchissons une nouvelle étape dans notre relation. Cela se fait naturellement … Mais ce n’est pas forcément simple. Avant d’être ensemble, nous étions amis avec Paul. Nous avons grandi ensemble et cela tout drôle de se dévoiler à ce point avec lui et d’explorer cette facette de notre intimité. Mais nous en avons conscience et je pense que c’est cela qui a parmi que les choses se passent tout naturellement.
Nous avons été un peu gênés, nous avons ri, mais nous nous sommes surtout beaucoup aimés.

* Kalpita a été créée par Horthak et elle et son fils qu’elle mentionne proviennent donc de son NSBC (où Sven a également fait une apparition)

C’est ici que je termine la Génération Rose du NSBC. Certes, la génération n’est pas tout à fait finie, il reste un objectif à remplir pour Rosie, mais comme vous le savez, il faudra attendre son anniversaire et ses cheveux gris 😉 Qui n’est pas pour toute suite 🙂 Pour être honnête, si mes souvenirs sont bons, il y a 13 jours sims d’écart entre l’anniversaire de Joy et celui de Rosae ahah !
Du coup, pour garder une certaine cohérence dans l’histoire, j’ai décidé d’entamer la nouvelle génération lors du passage à l’âge Jeune adulte et c’est chose faite pour Joy !

Du coup, c’est l’heure du point sur les objectifs de Rosae :

– Avoir un seul enfant : Joy, OK

– Maximum carrière Politique : Ce sera le cas dans le prochain chapitre, donc OK 😉

– Compléter l’aspiration « Romantique en Série » : OK

– Maximum de la compétence Charisme : OK

– Laissez quelqu’un devant l’arche : Sven, OK

– Se marier en étant une personne âgée : En attente.

Pour finir, un petit comparatif de Joy avec ses parents 🙂 :

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 36

Je suis rentrée sur la pointe des pieds, après mon rendez-vous avec Paul. J’étais comme sur un nuage, mais la réalité est là pour me rappeler que c’est juste une impression. Heureusement, Joy dormait profondément et ne m’a pas entendu rentrer.
J’ai eu du mal à m’endormir, ne cessant de repenser à chaque instant de cette soirée. Un sourire béat sur les lèvres, j’ai l’impression d’avoir des réactions d’adolescente, avec l’envie de hurler de bonheur et les papillons dans le ventre.
Je dois cependant me contenir, du moins en présence de ma fille. Mon histoire avec Paul émerge à peine et il est beaucoup trop tôt pour lui en parler. Et si, au final, notre histoire avec Paul ne nous menait à rien ? Je ne voudrais pas perturber Joy et je préfère que tout soit sur de bonnes bases avant de la mettre au courant.
Après tout, je dois avant tout penser à elle.

-Tu n’as pas froid dans cette tenue ? Lui demandé-je alors qu’elle travaille sur sa fusée dans sa légère salopette-short et en sandale. L’automne est bien avancé et l’air se rafraîchit considérablement.

-Mais non Maman, ne t’inquiète pas. M’assure Joy sans se déconcentrer sur sa tâche. Elle n’a pensé qu’à sa fusée durant toute la matinée et ne semble avoir rien remarqué à mon égard. Par moment, je me demande si elle pourrait s’apercevoir de quoique ce soit quand elle travaille ainsi sur sa fusée. Et je te signale que tu n’es pas plus réchauffer que moi avec ta robe.
-C’est pas faux. M’amusé-je de sa répartie.
-C’était bien ta soirée film d’horreur au fait ? Me demande-t-elle ensuite sans pour autant me jeter un regard, n’ayant d’yeux que pour sa fusée.
-Les films n’étaient pas terribles mais on a bien ri. Me contenté-je de lui répondre, un peu mal à l’aise. Néanmoins, elle ne relève rien. Elle se contente juste de hocher la tête, avant de recentrer toute son attention sur sa fusée.

Soulagée, je décide de la laisser travailler tranquillement. Je ne voudrai pas qu’elle se fasse mal parce que je la déconcentre avec mes questions, et mon niveau en bricolage est tellement au ras des pâquerettes que je ne peux même pas lui donner un coup de main. Je vais donc m’installer sur une chaise longue, pour profiter du beau temps et garder un œil sur Joy.
Petit à petit, je laisse mon esprit vagabonder. Mes pensées reviennent à Paul, et à notre soirée de la veille. Même si je ne regrette rien, cela me fait drôle de me dire que je sors avec l’un de mes meilleurs amis. Nous avons grandi ensemble, nous nous sommes soutenus dans les épreuves. Cerise sur le gâteau, son père a connu ma mère et de cette relation a résulté Ryan et Roxane.
Roxane… Il faudra que je l’appelle. Même si nous nous sommes réconciliées, j’espère que mon histoire avec Paul ne viendra pas ternir notre relation encore fragile. J’ai un instant de doute. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de tout risquer ? Que ce soit mon amitié avec Paul, que ma relation avec ma sœur ? Après tout, j’ai très bien vécu toute seule, durant toutes ces années… Ai-je vraiment besoin d’un homme dans ma vie ?

-WOUF !
Je sursaute, sortant brusquement de mes pensées. Phenix se tient tranquillement à côté de moi, sa balle juste devant ses pattes. Son regard plein d’espoir ne laisse aucun doute : ce gros pépère veut jouer. Je ne peux m’empêcher de rire en voyant sa bouille. Je m’assois sur le bord de la chaise et je le caresse derrière les oreilles.
Mon brave Phenix, tu as de la chance d’être un chien. Ta vie est simple et tu arrives parfaitement à te faire comprendre sans avoir de parler. Un simple regard et cela suffit.
Comme un simple regard de Paul suffit à me faire envoler tous mes doutes.
Peut-être devrais-je simplement arrêter de me prendre la tête et de profiter de l’instant présent.

Les semaines passent. Petit à petit, l’hiver prend la place de l’automne et recouvre les paysages d’un épais manteau blanc.
J’aime beaucoup l’hiver et les paysages enneigés. C’est absolument magnifique.
Aujourd’hui, je ne travaille pas. Je profite de mon temps libre pour voir Paul, et nous sommes sortis au parc de Willow Creek pour patiner.
Nous nous voyons en secret, pour le moment. Nous avons tous les deux conscience qu’il vaut mieux attendre que notre relation ait des bases solides pour commencer à en parler autour de nous.
Et puis, je dois avouer que c’est agréable. Cela me donne l’impression que notre histoire est notre petite bulle à nous, rien qu’à nous, dissimulée aux yeux de tous.

Durant toutes ces semaines, mes quelques doutes se sont envolés, en compagnie de Paul. Je profite de chaque instant avec lui et petit à petit, il parvient à faire tomber toutes mes barrières sans même s’en rendre compte. Nous voulons prendre notre temps et profiter de chaque instant, mais tout me semble être une évidence avec lui. Et le fait que nous étions amis avant d’être ensemble ne fait que renforcer toute l’affection que nous éprouvons l’un pour l’autre aujourd’hui.

Par moment, cela me fait peur, car je ne peux m’empêcher de repenser à la manière dont s’est terminé mon histoire avec Sven. Il était mon premier amour, je l’ai aimé de tout mon être à l’époque, mais cet amour a fini par disparaître avec le temps. Au final, alors que nous aurions du nous marier, je l’ai trompé et abandonné devant l’autel.
Mais tout à changer maintenant. Je ne batifole plus de droite à gauche, et cela ne m’amuse plus de séduire les hommes juste pour le fun et me vider l’esprit. Ce n’est absolument plus ce dont j’ai envie aujourd’hui.
Dorénavant, j’ai besoin de stabilité. J’ai besoin de construire véritablement quelque chose de solide. Et je suis certaine que Paul peut m’apporter tout ça.

Nous finissons par quitter la piste de patinage, devant notre absence d’aisance sur la glace. Nous nous posons ensuite sur un banc, pour profiter tranquillement du paysage et de la présence de l’autre.
Je me sens si bien, avec Paul. Je peux tout partager, autant des banalités que mes doutes. Je lui raconte mes journées et de ma crainte de voir la responsable de l’association partir à la retraite. Des bruits de couloir affirment que je suis en bonne place pour prendre sa succession et j’avoue que cela me fait un peu peur de prendre la relève. Mais Paul me rassure, et m’affirme que si la responsable juge que je suis à la hauteur pour gérer l’association, c’est que je le suis. Il n’y a pas plus passionnée que moi par cette association, d’après lui.
Je lui ai parlé de ma sœur, aussi, et de ma peur de la voir mal réagir face à notre relation. Il ne s’est pas vexé, et il a fait son possible pour me rassurer. Si jamais Roxane venait à se montrer hostile, il m’assure que nous trouverons une solution.
C’est justement ça, l’avantage d’être deux. C’est de pouvoir se soutenir et résoudre les problèmes ensemble.

Malgré le froid de l’hiver, je me sens réchauffée auprès de lui. Je me cale bien contre lui et je savoure sa présence. Je pourrai rester des heures ainsi, dans ses bras, sans jamais avoir l’impression de m’ennuyer. Je le regarde avec tendresse, et une idée fugace me vient soudain en tête.
-Paul ?
-Oui ?
-C’est bientôt l’anniversaire de Joy… Tu sais, on organise une petite fête toute simple avec juste la famille. Tu voudrais te joindre à nous ? Lui proposé-je alors, sans même y réfléchir davantage.

Je vois aussitôt la surprise sur son visage. Je ne peux m’empêcher de rougir. Je lui ai déjà parlé de l’anniversaire de Joy qui approche à grand pas, et il sait que son frère et sa sœur ne seront pas présent. Cela rend ma fille nerveuse quand il y a trop de monde, donc les invités sont limités à mon frère et son épouse, ainsi que ma sœur. La présence des enfants de mon frère n’est même pas encore certaine, dépendant de leur projet respectif. Sven fera également le déplacement pour l’occasion, accompagnée de sa compagne.
Ainsi, proposer à Paul de venir à l’anniversaire de ma fille revient à l’intégrer officiellement à notre famille. Et étrangement, sa présence est une évidence à mes yeux.
-Tu es sûre de toi ? Me demande-t-il, alors que je vois dans son regard qu’il a envie d’accepter. Je ne voudrais pas que tu te sentes obligée… Je sais que tu redoutes un peu la réaction de Ryan et Roxane face à notre relation…

-C’est toujours le cas. L’admis-je. Mais je ne pensais pas annoncer officiellement notre relation à ce moment-là. Je ne voudrais pas voler la vedette à ma fille, ni risquer de gâcher son anniversaire avec une réaction disproportionnée de ma sœur… Je.. J’aimerais juste que tu sois là.
Il me sourit tendrement puis approche son visage du mien pour m’embrasser. J’apprécie le contact de ses lèvres sur les miennes et je crois que je ne pourrai jamais m’en lasser.
-Je viendrai avec plaisir. Me répond-t-il finalement. Enfin, si Joy veut bien de moi à son anniversaire.
-Tu plaisantes, elle t’adore. Elle sera ravie que tu viennes.
-Tu ne penses pas d’ailleurs, qu’il serait temps de lui parler de nous ? M’interroge-t-il ensuite. Je comprends que tu veuilles la protéger, mais vu comment elle nous regarde lorsque je viens chez vous, je suis presque sûr qu’elle a déjà deviné.
-Tu crois ? M’étonné-je alors. Je côtoie Joy tous les jours et je n’ai remarqué aucun changement de comportement de sa part. Elle ne m’a rien dit non plus… Mais connaissant son intelligence et sa capacité d’observation, je ne serai pas surprise. Peut-être attend-t-elle simplement que je sois prête à lui en parler pour me faire une remarque. Tu as raison. Nous lui en parlerons après son anniversaire.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 35

Aujourd’hui, c’est Halloween. J’avoue que cela fait bien longtemps que je n’ai pas pris le temps de célébrer cette fête, n’ayant pas forcément la tête ni l’envie de faire cet effort.
Mais ce soir, j’ai envie de sortir. J’ai envie de m’apprêter pour l’occasion, de changer de style juste pour un soir. Joy est grande maintenant, je peux me permettre quelques sorties et de la laisser seule à la maison. Je suis encore jeune et je veux encore en profiter. Ce n’est pas quand j’aurais des cheveux blancs que je pourrai me permettre de sortir jusqu’à tard le soir.

Alors, pour ce soir, je me suis faite plaisir. Je me suis offerte une longue robe noire et rouge, aux allures un peu sombres et gothiques. J’ai également opté pour un maquillage plus prononcé. L’ensemble reste sobre, sans exagération, sans trop en faire. Je reste jeune, mais les déguisements classiques ne m’amusent plus. J’ai envie d’une tenue plus adaptée pour mon âge.
Et puis, je ne vais pas dans une fête privée, ce soir. Au contraire, je vais au cinéma pour leur soirée spéciale Halloween, où l’établissement ne va diffuser que des films d’horreur.
Une fois prête, j’observe mon reflet dans le miroir. Je ne peux m’empêcher de sourire, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. J’essaie de ne pas trop penser à cette soirée mais je suis sûre d’une chose : je suis plus que satisfaite de mon apparence de ce soir.

Après m’être assurée que tout soit parfait, je finis par sortir de ma chambre. Joy ne travaille plus sur sa fusée et joue maintenant aux échecs. Pour elle, pas de déguisement non plus. Elle conserve son look habituel. Je n’ai pas arrêté de l’interroger sur ses projets pour ce soir, mais elle m’affirme qu’elle va rester à la maison. Elle n’a visiblement aucune envie de prendre part aux traditions d’Halloween.
-Je vais y aller ma puce. Comment tu me trouves ? Lui demandé-je alors en tournant sur moi-même.
-Whoua, Maman, tu es magnifique ! M’assure Joy en m’offrant un grand sourire. Tu vas au cinéma, c’est ça ?
-Oui, avec Caroline, Pierre et Paul. Lui confirmé-je en hochant la tête. Si jamais tu changes d’avis, tu sais que Sarah fait une fête pour Halloween chez elle. Elle serait ravie que tu viennes.
-Je sais Maman, mais ça ne me tente vraiment pas. Refuse-t-elle en grimaçant. Je préfère rester ici, au calme.
-Comme tu voudras. Bonne soirée ma puce.
-Bonne soirée Maman.

Je m’empresse ensuite de sortir de la maison pour prendre le chemin vers Magnolia Promenade. Je suis assez nerveuse dans la voiture, mais j’allume la radio à fond pour me vider l’esprit. Mon rythme cardiaque s’accélère lorsque j’arrive à destination. Je m’approche du cinéma et je vois Paul qui est déjà arrivé, et qui me sourit en me voyant. Lui aussi a fait un effort dans le choix de sa tenue.
J’avoue, j’ai menti à ma fille. Caroline et Pierre ne seront pas là ce soir et il n’a jamais été prévu qu’ils viennent avec nous au cinéma.
Ce soir, il y a juste Paul et moi. Juste nous deux… Et c’est pour cela que je suis un peu nerveuse. Que je m’assois avec bonheur sur le siège de la salle de cinéma, tellement j’ai crains que mes jambes flageolantes me lâchent.
Il y a quelques jours, Paul m’a proposé que nous sortions, tous les deux. Il a vu une publicité sur la soirée films d’horreur au cinéma et m’a demandé si je voulais l’accompagner. En me précisant que nous serions que tous les deux.
J’ai dit oui sans réfléchir. Je n’en avais pas besoin, j’en avais vraiment envie. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de m’interroger depuis … Est-ce une simple sortie entre amis ? N’a-t-il pas proposé de venir à Caroline et Pierre car il savait qu’ils seraient déjà occupés avec leurs enfants ?
Ou bien … est-ce un rencard ?

J’essaie tant bien que mal de me concentrer sur le film. Mais il m’a tout l’air d’un navet et mon cerveau en profite pour tourner à plein régime. Le fait de ne pas savoir s’il s’agit d’un rendez-vous ou non me perturbe plus que de raison. Je n’ai pas à m’inquiéter et je dois juste profiter de cette soirée. Je passe déjà beaucoup de temps avec lui et cette soirée n’est qu’une occasion d’être seulement tous les deux, en-dehors de la maison et du regard de ma fille. Chaque moment passé avec lui me rend heureuse, alors cette soirée, peu importe ce qu’elle est, ne devrait pas faire exception à la règle.
Je respire un grand coup pour essayer de me détendre. Du coin de l’œil, j’aperçois Paul qui me regarde. Mon cœur s’emballe et j’ai du mal à retenir un sourire.
-Tout va bien Rosie ? Me demande-t-il à voix basse, bien que nous soyons seuls dans la salle de cinéma.

-Oui, ce film est un navet. Tu paries combien que la blonde stupide va mourir en premier ? Lui réponds-je en essayant d’être la plus naturelle possible. Je tente même de retenir un rire nerveux. Un vrai cliché ambulant.
-Je suis désolé, j’avoue ne pas avoir fait attention à la programmation. C’est peut-être pour ça qu’il n’y a personne. Ajoute-t-il, un peu penaud, comme s’il craignait avoir gâché la soirée. Je… J’avais juste envie que l’on passe un moment tous les deux.
-Ne t’en fais pas, cela ne nous empêchera pas de passer une bonne soirée. Le rassuré-je en lui souriant, quand l’écran de cinéma devient subitement noir.

Soudain, un monstre apparaît à l’écran en hurlant, pour s’en prendre évidemment à la jeune femme blonde. Sous la surprise, je ne peux m’empêcher de sursauter et de laisser échapper un cri. Mon cœur bat à vive allure, mais plus pour les mêmes raisons.
-Aaah ! Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?!
Je respire un grand coup pour essayer de retrouver un rythme normal. A côté de moi, j’entends Paul qui se retient de rire, mais son hilarité est loin d’être discrète.
Je lui lance aussitôt un regard noir, mais Paul ne peut plus retenir son fou rire. Et je ne peux pas m’empêcher de rire à mon tour de ma réaction.
J’essaie de me reconcentrer sur le film, en espérant que je ne vais pas frôler une nouvelle fois la crise cardiaque. Je sens la main de Paul se saisir de la mienne.
-Ne t’inquiète pas, me murmure-t-il à l’oreille, avec un ton un brin moqueur, je suis là pour te protéger si le monstre sort de l’écran.
En réaction, je lui assène une petite tape sur l’épaule en le traitant d’idiot. Il se remet à rire, fier de sa boutade.
On continue de se moquer du film, ma main toujours dans la sienne.
C’est peut-être bien un rendez-vous, ce soir. Mais au fond, quelle importance ?

Il est minuit passé lorsque nous sortons du cinéma. Le film était un véritable navet bourré de clichés, mais cela ne nous a pas empêché de passer un agréable moment, rien que tous les deux. Et même si le film était nul, je n’ai pas vu le temps passé.
Une fois dehors, je dois avouer que je n’ai pas envie de partir et de rentrer chez moi. Et vu que Paul ne fait pas un pas en direction de sa voiture, je suppose que lui non plus. Nous nous baladons donc un peu. Nous nous avançons vers le cours d’eau. Malgré l’hiver qui arrive, il ne fait pas encore trop froid.

-J’ai senti une goutte. On dirait qu’il va commencer à pleuvoir. Soufflé-je sur un ton de regret alors que j’observe le ciel menaçant.
-Ce n’est pas très grave, si ? Réagit à son tour Paul alors qu’il s’avance vers moi. Je sens sa main glisser dans mon dos et je retiens un frisson. Tu as froid ? Tu veux que je te passe mon manteau ?

-Non, ça va aller, mais merci. Refusé-je tout en me tournant vers lui.
Mon regard se perd alors dans le sien. J’oublie alors la pluie qui commence doucement à tomber. Je ne perçois que de la tendresse dans ses yeux, et j’en reviens à me poser la même stupide question. Mon cœur se serre en réalisant cela.
Au final, peut-être que la réponse changerait tout. Peut-être même que j’ai peur de la réponse.
Cela fait quelques temps que je me suis mise à reconsidérer notre relation. Je réalise petit à petit que Paul n’est plus un simple ami à mes yeux, que j’en viens à regretter son départ lorsqu’il rentre chez lui et à être impatiente à l’idée de sa prochaine visite. Je me sens plus légère en sa présence et j’ai le sourire rien qu’à l’évocation de son nom. Et je sais très bien que je n’ai pas acheté cette robe juste pour jouer le jeu d’Halloween. Je l’ai également acheté pour me mettre en valeur, avec le secret espoir qu’elle plairait à Paul.
Je me suis réjouie de ce rendez-vous, mais j’ai subitement réalisé que Paul n’en a jamais fait mention. Il n’a jamais utilisé ce terme pour qualifier cette soirée. Et si je m’étais trompée ? Et si je m’étais tout simplement fait des films ? Et si j’avais tout faux sur les intentions de Paul ?

-Tout va bien Rosie ? Tu as l’air ailleurs. Me sort-il subitement de mes pensées. Je lui souris donc en réaction, sans trop savoir quoi répondre. Je me sens soudain ridicule. Je suis une adulte et j’ai pourtant l’impression d’avoir des réactions d’adolescente.
Mais ce n’est plus ce que je suis aujourd’hui. Alors, malgré mes craintes, il faut que je prenne mon courage à deux mains.

-Paul… C’est quoi pour toi, cette soirée ? Lui demandé-je alors, en retenant mon souffle.

-Comment ça ? Ne semble-t-il pas comprendre, me lançant un regard interrogateur. Je sens mon stress grimper en flèche. Paul, pourquoi ne peux-tu pas comprendre toute suite ?
-Eh bien, est-ce que c’était un rendez-vous ? Ou bien… c’était juste une sortie… comme ça … entre amis? Tenté-je d’être plus explicite. S’il ne comprend pas, je crois que je pourrais me jeter dans l’eau par dépit.
Mais je vois soudainement son regard s’illuminer. Mon bat à une vitesse folle mais je suis soulagée. Il semble avoir compris. Je n’ai donc pas besoin de faire ami-ami avec les poissons.
-Pour être honnête, il s’agissait effectivement d’un rendez-vous. M’avoue alors Paul en me souriant, avec une assurance qui m’étonne presque. C’est dans ces moments-là que je réalise à quel point nous avons changé durant toutes ces années. J’ai l’impression que nous nous sommes beaucoup rapprochés depuis mon retour ici et je dois t’avouer que je ne te vois plus seulement comme une simple amie. J’ai pensé qu’il en était de même pour toi, mais je me suis peut-être trompé. Alors, si tu as envie que ce soit une simple soirée entre amis, ça peut l’être aus…

Il ne termine pas sa phrase. Je n’en lui laisse pas l’occasion. Rassurée et plus sûre de moi que jamais, je l’ai interrompu par un baiser.
J’ai senti mon cœur bondir pendant sa réponse, faisant disparaître mes craintes et confirmant mes pensées. Il continuait de parler, mais je n’avais plus qu’une seule envie : l’embrasser.
Alors, puisque nous ne sommes plus des adolescents, je me suis jetée à l’eau. Je me suis approchée et je me suis emparée de ses lèvres.
Je sens Paul répondre à mon baiser. Ses bras m’entourent et me serrent contre lui pour prolonger cet instant.
Mon cœur s’envole et je me rends compte que je ne voudrais être nul part ailleurs que dans la chaleur de ses bras.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 34

Rosae

Une fusée. Ma fille a gagné une fusée.
Pas une fusée miniature, non. Une vraie fusée. Grandeur nature. Qui vole dans le ciel et dans l’espace. Qu’elle doit monter elle-même.
On m’aurait dit ça avant, j’aurais pensé à une blague. C’est impossible d’avoir sa propre fusée dans son jardin !
Et bien apparemment, et d’après les agents de l’agence spatiale venus livrer toutes les pièces et le matériels nécessaire, c’est possible. Surtout quand l’agence spatiale veut absolument recruter quelqu’un.
Je suis fière de Joy, fière de voir à quel point elle est brillante et intelligente, au point que l’agence spatiale lui offre une véritable fusée pour la convaincre de travailler pour eux dès qu’elle aura son diplôme en poche.
Mais une fusée ! Une fusée dans mon jardin !

J’ai encore du mal à réaliser, même lorsque je vois Joy bricoler dessus. Elle était soulagée et ravie que je ne vois pas d’inconvénients à avoir une fusée dans le jardin. En même temps, je dois avouer que j’étais beaucoup trop sonnée pour protester. Pendant une seconde, j’ai même cru à une caméra cachée.
Néanmoins, je ne vois pas comment j’aurais pu refuser. C’est son rêve d’aller dans l’espace. Cela l’a toujours fascinée. Avoir sa propre fusée, c’est l’occasion unique de pouvoir y aller à sa guise, et de faire des découvertes incroyables. Elle a travaillé dur pour l’obtenir. J’aurais été cruelle de dire non. D’autant plus que nous avons pile poil la place pour accueillir son engin.

Je sors régulièrement la voir pour m’assurer que tout va bien. Elle passe des heures dehors à monter les différentes pièces de sa fusée.
Autant dire que je ne suis pas rassurée. Je m’inquiète déjà quand elle bricole l’électroménager, alors, une fusée…
Mais elle m’assure qu’elle maîtrise et que je n’ai pas à m’en faire. Elle étudie beaucoup pour construire au mieux sa fusée. Elle se rend plusieurs fois à la bibliothèque pour trouver davantage de documents sur ce sujet. Je ne sais pas si elle peut trouver des plans de montage de fusée, mais puisqu’elle le dit …

Paul vient régulièrement à la maison. Il dit en plaisantant que cela lui repose les oreilles. Apparemment, les bambins de Pierre sont assez remuants et bruyants. S’ils tiennent de Pierre, cela ne m’étonne pas. Avec Lucia, ils doivent être épuisés le soir et doivent remercier Paul d’être là pour leur donner un coup de main de temps en temps. Et lui, il est heureux de passer du temps avec son neveu et sa nièce.
Mais je vois bien qu’il apprécie la compagnie d’une adulte et du calme d’une maison sans enfant en bas âge.
Et, quant à moi, c’est toujours un plaisir d’avoir un ami à la maison.
-Joy travaille toujours sur sa fusée ?
-Elle y passe tout son temps oui. Par moment, je me demande si j’ai une fille. Lui avoué-je, ce qui a l’air de l’amuser. Mais je ne peux m’empêcher de m’inquiéter. J’ai peur qu’elle se fasse mal en montant sa fusée ou qu’il lui arrive quelque chose lorsqu’elle voudra aller voyager avec.

-Une fusée en état de voler ne se monte pas en un jour Rosie. D’ici qu’elle ait terminé, elle aura intégré l’agence spatiale et elle sera formée pour voyager dans l’espace. Tu n’as pas à t’en faire. Tente-t-il de me rassurer.
-Et si elle termine sa fusée avant ?
-Si elle est suffisamment intelligente pour se faire embaucher sur la base d’un projet scolaire et de se voir offrir une vraie fusée, elle le sera suffisamment pour ne pas prendre de risque. Elle veut voyager dans l’espace, pas se crasher au premier essai.
-Se crasher ? Tu es sûr que tu veux me rassurer ? Blêmis-je en réponse, ce qui fait rire Paul. Mais tu as raison… Quand elle n’est pas en train de bricoler sa fusée, elle est à la bibliothèque pour étudier les voyages spatiaux et la construction de fusée.
-Eh bien, tu vois que tu n’as pas à t’en faire!
-Mouais… Par moment, je me demande si ses visites à la bibliothèque ne cache pas quelque chose. Lui dis-je sur un ton suspicieux.
-Pourquoi ?

-Je crois qu’elle a un crush. Chuchoté-je alors que Joy traverse la maison pour ranger son matériel dans le garage.
-Qu’est-ce qui te fait dire ça ? Me demande-t-il en chuchotant, sur le ton de confidence.
-Oh deux-trois détails. Elle est de nature solitaire et elle se rend beaucoup à la bibliothèque sans jamais rien emprunter pour pouvoir étudier ici tranquillement. Et elle est bien souriante pour quelqu’un qui va « juste » étudier à la bibliothèque.
-Je vois. Me répond-t-il avec un sourire amusé, alors que je vois son regard se poser derrière moi.
-Vous parlez de quoi ? Nous interroge Joy tandis qu’elle est en train de se servir à manger dans le frigo. Avec Paul, nous nous regardons comme si nous avions peur d’avoir été pris en flagrant délit de commérage.
-Oh, ta mère s’inquiète juste de tes futures voyages dans l’espace. Lui dit-il le plus naturellement du monde alors que je me retiens de rire.
-Comme s’il y a besoin de s’inquiéter. Je vais être formée par l’agence spatiale pour pouvoir aller dans l’espace.
-C’est ce que je lui ai dis.

Joy

Je crois qu’ils me prennent pour une idiote. Je ne doute pas que ma mère s’inquiète pour moi car un voyage dans l’espace n’est pas anodin, mais vu comment ils ricanent, je ne pense pas qu’ils parlent seulement de mon avenir. Je ne sais pas ce qui les amuse mais pour être honnête, je préfère ne pas savoir.
-Je vais vous laisser. Annonce alors Paul tout en se levant du canapé. Il commence à se faire tard et ça doit être plus tranquille à la maison.
-Je te raccompagne. Lui répond Maman alors que je les observe avec un regard suspicieux.

Paul vient souvent à la maison voir Maman. Bien plus que Pierre ou encore Caroline. Même Tonton et Tata ne viennent pas aussi souvent. Maman dit qu’il a besoin de prendre l’air et de se reposer les oreilles, à cause de Patrick et Marina qui passent leur temps à crier chez Pierre et Lucia.
Mouais, quelque chose me dit qu’il n’y a pas que ça. Car si ça le gênait vraiment, il passerait son temps à chercher un appartement.
Non pas que je me plaigne de sa présence ici. J’aime bien Paul, il est gentil. Mais je trouve juste qu’il passe beaucoup de temps à la maison pour un simple ami. Et Maman est toujours heureuse qu’il vienne ici, et je ne l’ai jamais vu aussi souriante et de bonne humeur qu’après son passage.
Il y a anguille sous roche moi j’dis.
-Passe une bonne soirée Paul. Lui dit Maman en le raccompagnant à la porte.
-A toi aussi, Rosie. Lui répondit-il avec une voix… tendre ? Bonne soirée à toi aussi Joy !
-Merci, toi aussi.

Après avoir fermé derrière Paul, Maman se sert à son tour à manger. Je ne peux m’empêcher de l’observer du coin de l’œil. Elle est bien joyeuse dis donc, c’est indéniable. Je ne sais pas ce que lui fait Paul (et je ne veux surtout pas savoir) mais elle est toujours ainsi quand elle le voit.
-Il est gentil, Paul. Lui signalé-je, l’air de rien.
-Hein ? Oh oui. Il a toujours été adorable. Mon répond-t-elle distraitement. Je l’ai sorti de ses pensées visiblement.
-Au fait, tu savais que Papa a rencontré quelqu’un ? Tenté-je pour voir si je vais parvenir à la faire réagir.
-Pardon ?! Sursaute-t-elle de surprise. Depuis quand ? Qui c’est ? Il te l’a dit ?

-Cela fait quelques temps maintenant. Il l’a rencontré dans le cadre du boulot. Sa maison d’édition veut publier des artbook et comme elle est journaliste artistique, elle a été son contact privilégier pour trouver des artistes. Lui expliqué-je en me retenant de rire face à sa surprise. Ils ont pas mal de points communs apparemment.
-Oh c’est super ! C’est bien qu’il se soit trouvé quelqu’un, il mérite d’être heureux.
-Ouais c’est clair. Elle s’appelle Kalpita, elle devrait être là pour mon anniversaire. Elle aussi, elle est gentille.
-Comment ça, elle aussi ?
-Oh le lave-vaisselle est cassée ! Attends, je vais chercher de quoi le réparer ! M’exclamé-je en riant intérieurement, même si elle semble heureuse de savoir que Papa a refait sa vie.
Cela m’a surprise quand il me l’a annoncé. Il semblait un peu stressé à l’idée de m’en parler, du moins à ce que j’ai pu voir par la webcam. J’ai même pu discuter un peu avec Kalpita. Mais, j’ai surtout vu le regard de Papa sur elle. Il regardait de la même façon Maman, avant leur mariage annulé.
Et aujourd’hui, Maman regarde Paul de la même manière.

Je m’empresse de prendre un tournevis et de débrancher le lave-vaisselle. Je commence aussitôt à le bricoler pour essayer de le réparer.
-A quoi penses-tu quand tu dis qu’elle aussi, elle est gentille ? Me redemande Maman, n’étant pas dupe face à mon changement de sujet.
-Juste que Papa est heureux avec elle. Haussé-je les épaules. Et c’est chouette qu’il ait refait sa vie avec elle.
-Mais encore ?
-Mais il n’est pas le seul à mériter d’être heureux, Maman. Lui signalé-je plus clairement. Toi aussi tu as le droit de trouver quelqu’un.
-Et tu crois que j’ai besoin des conseils de ma fille adolescente ? Me demande-t-elle sur un ton sceptique.
-Je rappelle juste une évidence. Le lave-vaisselle est réparée ! Annoncé-je ensuite, avant de le rebrancher et de filer dans ma chambre.

Rosae

Joy est bien étrange ce soir. J’ignore ce qu’elle s’est mise en tête mais j’ai bien compris qu’elle a essayé de me faire passer un message.
Je reste songeuse, en sachant que Sven a rencontré quelqu’un et refait sa vie. Je savais que cela arriverait un jour, ou du moins, je l’espérais. Sven est un homme formidable et c’était certain qu’un jour, une femme le remarquerait aussi.
Je pensais que cela me bouleverserait, de le savoir de nouveau en couple. Il a été mon premier amour et savoir qu’il est maintenant avec une autre femme aurait pu me faire bizarre, me rendre nostalgique de ce temps lointain.
Mais en réalité, je suis juste heureuse pour lui. Il a tourné la page et c’est ce qui lui pouvait arriver de mieux.

Les jours suivants, Joy ne me fait plus de sous-entendus étranges. Je perçois ses regards amusés par moment, en particulier quand Paul est à la maison, mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi cela l’amuse. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête, mais je crois qu’il ne vaut mieux pas que je cherche à comprendre.
Et puis, en ce moment, elle n’a que le mot fusée dans la bouche, de toute façon. Je ne comprends pas tout quand elle en parle, alors je me contente de lui sourire et de hocher la tête.
C’est dans ces moments-là que je réalise qu’elle a grandi et qu’elle n’est plus une petite fille qui se contente de rêver d’un monde au-delà des étoiles.

Malgré le temps qu’elle passe sur sa fusée, elle prend quand même le temps de s’occuper de Phenix. Malgré l’automne bien avancée et la température fraîche, elle ne rechigne à le sortir pour qu’il puisse se dégourdir les pattes. Et ce, même si elle n’aime pas le froid.
La plupart du temps, elle en profite pour aller courir. Elle enfile sa tenue de sport et une bonne paire de baskets, et elle court avec Phenix. Elle dit qu’elle doit être en forme physiquement pour son futur travail. Elle se donne à fond, pour pouvoir réussir et réaliser ses rêves.
Je suis si fière d’elle, et je crains moins sa prochaine entrée dans l’âge adulte.
Même si j’ai du mal à réaliser qu’à mon âge, je vais déjà avoir une fille en âge de travailler et de mener sa propre vie.

Néanmoins, je vois bien que son esprit n’est pas totalement concentré sur son objectif de devenir astronaute. Et ce, même si elle me fait des cachotteries.
-Maman, je vais à la bibliothèque ! M’annonce-t-elle d’ailleurs, après s’être douchée à la suite de son footing avec Phenix.
-Encore ? Tu y passes beaucoup de temps décidément. Lui signalé-je, sur un ton amusé.
-Il faut bien, si je veux finir ma fusée et l’améliorer ! Et il faut que je me prépare pour mon futur travail ! Se justifie-t-elle avec un air innocent. Allez, à plus tard Maman !
-A plus tard. Lui répondis-je, loin d’être dupe.
Même si elle ne me le dit pas, je suis persuadée que derrière le mot « bibliothèque » se cache un garçon. Pour quelqu’un de solitaire, elle passe beaucoup trop de temps à la bibliothèque pour que cela soit innocent.
En supposant qu’elle aille réellement à la bibliothèque, mais je crois que je préfère ne pas savoir.