Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 33

Quelques semaines sont passés depuis que j’ai revu Paul au restaurant. Je lui ai beaucoup parlé par téléphone, mais nous n’avons pas eu beaucoup d’occasions de nous voir en raison des dernières formalités de son divorce avec Sylvia. Etant donné qu’ils n’ont pas eu d’enfants, et qu’ils sont tous les deux d’accord pour se séparer et en finir le plus rapidement possible, le processus est, au final, assez simple.
Aujourd’hui, Paul est officiellement divorcé. D’après Pierre, le jour où il a signé les papiers mettant fin à son mariage, il n’avait jamais vu Paul aussi malheureux. J’avais mal au cœur pour lui, ne sachant pas quoi faire pour lui remonter le moral.
Puis, Caroline a fini par accoucher, d’un deuxième petit garçon. Un petit Eric. Apparemment, Hugo est ravi d’être grand frère et il a déjà hâte qu’Eric grandisse pour jouer avec lui et avec leurs cousins. J’ai eu une pensée pour Marina, seule fille au milieu de Patrick, Hugo et maintenant Eric. La pauvre, il va falloir qu’elle s’affirme pour s’imposer au milieu des garçons.
Mais cette merveille naissance me permet de mettre mon plan à exécution, avec Caroline et Pierre comme complices. Tous les deux ont trouvé l’idée super.
Alors un soir, nous nous donnons rendez-vous devant le bowling, celui où nous sortions lorsque nous étions adolescents. L’objectif ? Rappeler de bons souvenirs à Paul et lui changer les idées avec nous.
Et accessoirement, lui permettre de se défouler sur les quilles.

-Salut Caro ! Salué-je ma meilleure amie alors qu’elle vient d’arriver avec Pierre et Paul, qui est surpris de la destination. Pas trop dur de laisser Eric ?
-Oh ça va aller. Je fais confiance à Manon pour gérer les garçons. M’affirme-t-elle avec un sourire. Et elle est contente que je m’accorde du temps pour m’amuser. Surtout pour une mission commando !
-Ha ha ! Réagit sans attendre Paul. J’ignorais que le bowling avait des vertus thérapeutiques !
-C’est pour te rappeler ta folle jeunesse, quand tu étais encore plus relou qu’aujourd’hui ! Le taquine sans attendre Pierre, ne manquant pas une occasion de plaisanter. Comme à son habitude.

Nous ne tardons pas ensuite à entrer à l’intérieur du bowling comptant sur notre enthousiasme pour contaminer Paul. Il semble un peu réticent et dubitatif, mais petit à petit, il semble se détendre.
Très vite, nous avons les chaussures aux pieds et nous nous rendons sur notre piste de bowling. Je suis la première à passer et je m’empresse à me saisir d’une boule pour la lancer en direction des quilles.
-Quel déhanché Rosie ! On comprend pourquoi Sven à succomber ! Ne tarde pas à me chambrer Pierre, avec son humour habituel, comme s’il essayait de me déconcentrer.
-Mais quel humour dis donc ! Lui répliqué-je sans quitter ma boule des yeux.

-Et voilà le travail ! Ne tardé-je pas à me vanter en voyant toutes les quilles tomber après le passage de ma boule. Un magnifique strike !
-C’est juste parce que tu es encore fraîche et dispo ! Je suis sûr que si tu bois un verre, tu enverras ta boule dans la piste d’à côté ! Fait mine Pierre de ne pas être convaincu. En réponse, Caroline lui donne une tape sur l’épaule en l’invitant à ne pas être mauvais joueur.
-C’est juste que tu es jaloux car tu as toujours été nul au bowling. Ne manque pas de répliquer Paul à son tour. Je ne peux m’empêcher de sourire en voyant que mon ami se prend au jeu et s’imprègne dans l’ambiance de la soirée.
-Je ne vois ab-so-lu-ment pas de quoi tu parles ! La chaleur tropicale t’a ramolli le cerveau car j’ai toujours été naturellement doué ! Nie effrontément Pierre, ce qui ne manque pas de faire rire tout le monde.
-Mon pauvre Pierre, toujours en plein déni face à la réalité ! En rajouté-je une couche à mon tour.

La soirée se déroule le plus merveilleusement du monde. Les tracas semblent bien loin dans nos esprits et je n’ai pas vu Paul sourire et rire autant depuis son retour. Mon cœur se réchauffe en le voyant ainsi, et je me dis que j’ai eu une bonne idée d’organiser cette soirée. Je sais d’expérience que, lorsque l’on va mal, il n’y a rien de mieux que l’amour des personnes qui nous sont proches pour aller mieux.
Pendant que Pierre essaie de se concentrer pour lancer sa boule, qui finira certainement dans la gouttière, Paul en profite pour me prendre à part pour me parler.

-Caroline m’a dit que c’est toi qui a eu l’idée de cette soirée. M’avoue-t-il alors avec calme, alors que je me demande où il veut en venir.
-Oui, je me suis dit que cela te ferait du bien qu’on se réunisse tous ensemble, rien que tous les quatre. Comme au bon vieux temps !
-Tu as eu raison, Rosie… Je.. Merci beaucoup. Ca me touche. Me dit-il ensuite avant de me prendre dans ses bras avec reconnaissance. Je lui rends son étreinte avec plaisir, ravie d’avoir réussi à lui rendre le sourire.
-C’est normal Paul. Je serai toujours là pour toi, tu sais ? Je n’aime pas te voir malheureux. Lui assuré-je, alors que je me surprends à ne pas avoir envie de quitter ses bras.
-Je sais. Et moi aussi, je suis là pour toi si tu as besoin. Et…
-Hey Paul ! Quand tu auras fini d’essayer de pécho Rosie, tu pourras venir jouer ? C’est à ton tour ! Le coupe brusquement Pierre en nous faisant sursauter. Aussitôt, nous nous éloignons l’un de l’autre, un peu gênés, et Paul ne tarde pas à s’emparer d’une boule pour la lancer sur la piste, comme pour se donner une contenance.
Quant à moi, j’essaie de faire comme si de rien était. Après tout, Pierre ne faisait que plaisanter.

La soirée reprend son cours, et j’essaie de penser à autre chose. Je n’ai pas à être perturbée de toute façon. Paul est un de mes meilleurs amis et il m’a pris dans ses bras pour me remercier d’être présente pour lui. Il n’y a rien de mal, ni d’extraordinaire. Son étreinte était agréable, mais un câlin fait toujours du bien, même sans aucune intention romantique.
Alors, pourquoi suis-je si perturbée lorsque je me plonge dans le regard de Paul ?
-Hey ! C’est qui la meilleure ? S’exclame Caroline en faisant une danse de la joie après son quatrième strike de la partie. Même en venant d’accoucher, je vous lamine tous au bowling !
-Par contre, en danse, tu as encore des progrès à faire la frangine ! Rétorque sans attendre Pierre.
-Espèce de jaloux! Moi au moins, je suis bonne dans un domaine !
-Dans un domaine seulement ? Ma pauvre, je compatis tellement !

J’écoute mes amis d’une oreille, tellement je suis perdue dans mes pensées. Je réagis à peine aux plaisanteries de Pierre, même s’il ne manque pas d’amuser la galerie. Je sursaute lorsqu’on m’appelle parce que c’est à mon tour de jouer.
Je secoue la tête. J’ignore pourquoi je me prends autant la tête. Paul m’a juste manqué durant plusieurs années et je suis heureuse de le retrouver, rien de plus.
Je m’empare d’une boule de bowling et je m’empresse de la lancer. Mais, je trébuche en la lançant et je m’étale de tout mon long sur la piste de bowling !
J’entends Pierre éclater de rire derrière moi, chose qui n’est pas surprenant de sa part. Caroline me demande si je vais bien. Mon ego et moi avons tellement honte que nous n’osons pas nous relever pour affronter le regard des autres.
Paul, lui, s’empresse de venir vers moi pour s’assurer que je vais bien. Je hoche la tête pour confirmer que tout va bien, et il m’aide à me relever. Je vois l’inquiétude sur son regard et je lui offre un grand sourire pour le rassurer.
Je vais certainement m’en sortir avec des bleus et une dignité au fond des chaussettes.

Après notre partie de bowling où Caroline, sans surprise, en est sortie victorieuse, nous nous sommes rapatriés dans l’espace jeux du bowling.
Soidisant pour que j’évite d’esquinter mes vieux os, d’après Pierre. Je n’ai pas manqué de le fusiller gentiment du regard en lui rappelant que si mes os sont vieux, les siens le sont encore plus.
Le baby-foot étant libre, nous avons décidé de faire une partie. Les filles contre les garçons ! Avec Caroline, nous nous sommes lancées un regard confiant, prêtes à prouver notre supériorité féminine aux garçons. Nous nous motivons et nous donnons à fond pour les battre.

Malheureusement, nos efforts sont vains et nous sommes obligées de reconnaître qu’ils ont été plus forts que nous. Nous n’avons même pas réussies à marquer un seul point !
Et, évidemment, Pierre ne manque pas cette occasion pour se mettre en avant !
-Eh oui les filles, ils restent des domaines où les hommes, les vrais, restent les meilleurs ! S’exclame-t-il, fier comme un coq, en bombant le torse. N’est-ce pas Paul ?
-Je ne suis pas sûr que tu devrais jouer sur ce terrain-là. Se montre plus réserver ce dernier, alors que Caroline affiche un sourire moqueur.
-Ne t’inquiète pas Paul. Il est vrai que Pierre a eu une belle victoire à un sport à la hauteur de ses capacités ! C’est beau de gagner à un jeu de foot … miniature. Rétorque alors Caroline alors que je ne peux m’empêcher de ricaner. Pierre, lui, ne semble pas comprendre, ce qui ne fait qu’augmenter notre hilarité.
-Tu sais qu’elle vient de dire qu’en sport, t’es nul, sauf quand c’est une version miniature ? Lui traduit alors Paul en se retenant de rire alors que Pierre réfute aussitôt cette affirmation.
-Et en plus, tu peux dire merci à Paul car c’est lui qui a tout fait ! En rajouté-je une couche.
-Tututu ! C’est juste grâce à mon immense talent que nous avons gagné ! Et… Qu’est-ce que tu regardes, toi ? S’adresse-t-il subitement à son frère qui regarde vers le sol.
-Tes chevilles. Je vérifie qu’elles n’enflent pas trop. Lui répond-t-il au tac-au-tac, nous faisant éclater de rire, fou rire accentuer par la mine déconfite de Pierre.

Je suis rentrée tard de ma soirée avec mes amis. J’ai essayé de faire le moins de bruit possible pour éviter de réveiller Joy. Je me suis endormie avec le sourire ce soir-là, ravie de cette soirée. J’ai réalisé que cela faisait longtemps que je ne m’étais pas accordée une sortie le soir. Pas depuis la mort de mon père, il me semble. Je me suis consacrée à ma fille, et je ne le regrette absolument pas.
Mais je dois bien l’admettre. Cela m’avait manqué de prendre du temps pour moi et de sortir avec mes amis.
Quelques jours plus tard, alors que je range au frigo les préparations pour le repas de ce soir, Joy rentre du lycée avec une moue gênée sur le visage. Je fronce les sourcils, me demandant ce qui a bien pu se passer aujourd’hui.

-Joy ? Tout va bien ?
-Maman… Est-ce que je peux te parler ? Me demande-t-elle, hésitante, visiblement embarrassée.
-Bien sûr ma puce, viens t’asseoir. Lui proposé-je en m’installant moi-même à table.

Elle hésite un instant, puis vient s’asseoir sur la chaise face à moi. Elle ose à peine me regarder dans les yeux. On dirait une enfant qui a fait une bêtise. Cela m’intrigue davantage car Joy a toujours été sage. Qu’a-t-elle bien pu faire pour être dans cet état-là ?
-Joy, tu m’inquiètes, qu’est-ce qui se passe ?
-Maman, tu te souviens que le lycée, en partenariat avec de hauts établissements scientifiques, avait organisé un concours de sciences ? On devait réaliser une maquette avec une petite expérience, et il y avait des prix à gagner. M’explique-t-elle pour introduire son propos alors que j’ai du mal à voir où elle veut en venir.
-Bien sûr, tu as passé des jours dans ta chambre ou dans le garage à travailler dessus. J’ai presque cru que je vivais seule ici. Lui confirmé-je. Tu as eu le résultat ? Tu sais, si tu as perdu, ce n’est pas grave. Je ne vais pas me fâcher, je suis déjà très fière de toi que tu te sois inscrite pour participer et ton travail était superbe.

-Ce n’est pas ça Maman. Me contredit Joy en secouant la tête. Au contraire, je suis arrivée première. Il y a même quelqu’un de l’agence spatiale qui m’a donné sa carte pour que je l’appelle quand j’aurais fini mes études.
-Et bien c’est super ça, ma chérie ! M’exclamé-je aussitôt, fière de ma fille. Elle a toujours été intelligente et je suis ravie qu’elle réussisse ce qu’elle entreprend. Et grâce à ça, un brillant avenir semble lui ouvrir les bras. Qu’est-ce qui te perturbe alors ?
-Oui c’est super cool et je vais pouvoir faire le métier de mes rêves. Le problème, c’est le premier prix du concours. Je pensais que c’était une maquette qui était à gagner …
-Qu’est-ce qu’il a, alors, ce premier prix ?
-Eh bien… On va dire qu’il est un tantinet plus gros… qu’une simple maquette….

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 32

Le lendemain, et après avoir passé mon temps à m’étaler de la Biafine pour apaiser mes coups de soleil, je rejoins Paul dans un restaurant pour déjeuner avec lui. Il m’a avoué avoir plus de temps à m’accorder, mais seulement le temps d’un déjeuner. Il m’a promis de tout m’expliquer mais je dois avouer être assez intriguée par cette situation. Ce n’est pas le genre de Paul de faire tant de mystère, surtout après une aussi longue absence dans nos vies.
C’est donc nerveuse que je me rends à notre point de rendez-vous. Je ne sais pas tellement à quoi m’attendre et j’avoue être un peu inquiète pour mon ami. J’espère qu’il n’a rien de grave à m’annoncer. Lorsque j’arrive à destination, Paul est déjà là. Rapidement, il m’aperçois et un fin sourire moqueur apparaît sur ses lèvres.

-Je savais que le rouge est ta couleur préférée, mais à ce point-là ? Ne tarde-t-il pas à me taquiner.
-Ahahah, très drôle ! Je me suis simplement endormie sur ma chaise longue !
-Quelle idée d’attraper des coups de soleil en automne !
-Il faut croire que le soleil se croit encore en été. Répliqué-je sur un ton amusé, pour ensuite l’inviter à aller s’installer à table. Je me sens soulagée, tout d’un coup. Apparemment, Paul a l’air d’aller bien.

Paul accepte en hochant la tête et nous décidons de nous installer en terrasse. Malgré l’arrivé de l’automne, le soleil est toujours au rendez-vous et les températures sont encore agréables. Alors, autant en profiter, d’autant plus que la terrasse est déserte. Nous sommes donc tranquille pour discuter calmement tous les deux.
Le serveur ne tarde pas à venir à notre rencontre pour prendre notre commande et repart aussi rapidement qu’il est venu. Nous avons donc quelques minutes devant nous avant d’être de nouveau interrompu.
-Alors Paul, parle-moi un peu de toi. Ne tardé-je pas à lui demander, trop curieuse de savoir ce qu’il est devenu. Je suis d’autant plus intriguée que je n’ai pas encore vu Sylvia dans les parages.
-Toujours aussi direct. Me répond-t-il avec un rire nerveux.
-Il faut bien l’être, surtout dans mon travail. Admis-je avec le sourire. Je ne peux pas me permettre de tourner autour du pot là-bas, sinon je risque de perdre en crédibilité. Soupiré-je.
-Oui, Caroline m’a dit que tu es la responsable de ta branche. Peut-être bientôt la directrice de l’association !
-Oh, on n’y est pas encore ! Rectifié-je en riant. Il est vrai que j’ai beaucoup évolué dans mon travail, mais je ne suis pas encore prête à admettre la possibilité d’être en haut de l’échelle. Mais tu n’as pas répondu à ma question, Paul. Je ne sais même pas si tu es de retour provisoirement ou définitivement.
-Je suis revenu vivre ici, oui. Je n’ai pas l’intention de repartir. Je t’avoue avoir envie de connaître mes neveux et nièces, surtout avec Caroline qui est de nouveau enceinte.

-C’est super ça ! M’enthousiasmé-je en hochant la tête. Tu nous as manqué ici, tu sais.
-Vous m’avez manqué aussi. M’assure-t-il à son tour, les yeux brillants. La beauté de Selvadorada ne remplace pas tout.
-Et Sylvia ? Elle ne regrette pas d’avoir quitté son pays ? J’aurais l’occasion de la rencontre enfin alors !
-Hum, à vrai dire, Sylvia est restée là-bas… M’avoue alors Paul, la mine sombre. Je me sens mal à l’aise, ayant l’impression d’avoir pointé le sujet qui fâche sans m’en rendre compte. Pour être tout à fait honnête, nous sommes en instance de divorce. C’est pour ça que je suis pas mal occupé en ce moment, même si ce sera bientôt derrière moi.
-Oh je suis désolée Paul, je ne savais pas…
-Je sais, j’ai prévenu Pierre et Caroline que je voulais t’en parler moi-même. Soupire-t-il, le regard perdu dans le vide. J’ai l’impression que son masque jovial est tombé. Devant moi, j’ai maintenant un Paul abattu par la situation.
-Que… Que s’est-il passé ? Lui demandé-je alors, doucement.
-Oh… Ca faisait longtemps que ça n’allait plus, elle et moi. Me dit-il dans un haussement d’épaules. On a été fous amoureux, on s’est marié, on menait la belle vie, je t’avoue… Tout allait bien, jusqu’à ce qu’on décide d’avoir des enfants. On a essayé, longtemps, pendant des mois, un an, puis deux … Sans succès. A force, on a fini par aller faire des examens à l’hôpital. Les résultats ont été sans appel, j’ai appris que je suis stérile. M’avoue-t-il finalement avant de respirer un grand coup. Mon cœur se serre en le voyant ainsi, devinant sans peine la douleur qu’il doit ressentir. Je m’empresse de tendre la main pour saisir la sienne, lui montrant mon soutien.

-Cela n’a pas du être facile d’apprendre une telle nouvelle. Lui soufflé-je avec compassion, alors que le serveur nous dépose nos plats.
-Evidemment, c’était tous nos projets qui tombaient à l’eau. Mais après, je sais bien que ce n’est à toi que je vais expliquer ça… Me dit-il avec compréhension. Je comprends sans peine qu’il fait référence à mon hystérectomie suite à la naissance de Joy.
-Certes, mais je n’ai pas la prétention de comparer ma situation avec la tienne. J’ai eu la chance d’avoir Joy avant de devenir stérile… Lui réponds-je alors qu’il hoche la tête, presque par automatisme.
-Bref, ça a été très dur. Sylvia a eu du mal à accepter la situation. Le médecin a essayé de proposer des solutions, comme l’adoption ou une FIV avec un donneur mais elle ne voulait rien entendre. Elle voulait porter l’enfant, et elle ne voulait pas que le père soit un parfait inconnu. C’était sans issu, mais son désir d’être mère était plus fort que tout… Au fil du temps, cette situation a fini par nous éloigner et j’ai fini par comprendre qu’elle me le reprochait sans vouloir l’admettre.
-Mais tu n’y es pour rien !
-Je le sais bien… Et au fond d’elle-même, elle le savait aussi mais c’était plus fort qu’elle. Et au final, elle a fini par déraper. Je n’ai rien vu venir, au début. Soupire-t-il alors que l’horreur s’empare de moi. Jusqu’à ce que je tombe sur un test de grossesse positif en sortant les poubelles. Elle n’a même pas essayé d’être discrète… Je l’ai mis devant le fait accompli et elle a fini par m’avouer qu’elle voyait quelqu’un d’autre depuis des mois… On a donc pris la décision de nous séparer. Je ne peux plus lui faire confiance et elle m’a fait comprendre que je ne pouvais pas lui offrir ce qu’elle voulait le plus. Elle est donc partie avec son amant, et moi, j’ai pris la décision de revenir ici. Et voilà où j’en suis, maintenant. Stérile, bientôt divorcé, et squattant la maison de son frère.

Je suis abasourdie par ce que je viens d’apprendre. Moi qui imaginais Paul vivre une vie de rêve à Selvadorada, auprès de son épouse, aujourd’hui j’apprends une réalité bien différente. Je bouillonne à l’intérieur de moi, de savoir ce que Sylvia lui a fait. Paul est un homme merveilleux, et il ne mérite pas d’être traité de la sorte. Elle a bien de la chance d’être à l’autre bout du monde, cette…
-J’ai l’impression d’avoir perdu mon temps. M’avoue-t-il brusquement, me sortant de mes pensées. Par moment, je me dis que j’ai fait la plus grosse connerie de ma vie en partant d’ici. Si j’étais resté… Tout ceci ne serait jamais arrivé.
-Avec des si, on mettrait Paris en bouteille, Paul. Secoué-je la tête. Tu n’as pas de regret à avoir. Tu avais besoin de partir à l’époque, c’était un réel besoin de changer d’air. Et puis, ce sont nos choix qui font ce que nous sommes aujourd’hui. Il m’est déjà arrivé de penser que je n’aurais jamais du m’embarquer dans une histoire avec Sven, que j’aurais eu une meilleure vie si j’avais été raisonnable… Mais si ça avait été le cas, je n’aurais pas eu ma fille et je ne ferai pas un travail qui me passionne. Ce que t’a fait Sylvia est ignoble, mais tu es fort Paul, tu surmonteras cette épreuve. Nous sommes là pour y veiller.
-Merci Rosie. Me souffle-t-il avec reconnaissance. Mais je dois t’avouer un truc. Si je suis parti, à l’époque, c’est en partie parce que je ne voulais plus voir mon père. Avec Pierre et Caroline, on venait d’avoir la confirmation qu’il a été infidèle… Et qu’il a eu d’autres enfants qu’il n’a jamais assumé.

Je me fige aussitôt en l’entendant prononcer cette phrase. Que veut-il dire par là ? Serait-il au courant pour Ryan et Roxane ? Mais comment est-ce possible ?
Je suis abasourdie, mais ma surprise a le mérite de redonner le sourire à Paul. Je n’ose pas imaginer la tête que je dois avoir pour réussir ce miracle.

-Tu ne croyais quand même pas qu’un tel secret n’allait pas ressortir un jour ? Et oui, je te confirme que nous savons que Ryan et Roxane ont le même père que nous.
-Mais… Comment ?
-Mon père l’a avoué à Pierre, un soir, alors qu’il avait abusé du jus de fruit. Soupire-t-il. Je n’ai jamais vu mon frère aussi remonté. Il avait honte de notre père. Il nous l’a dit, à Caroline et moi, mais nous avons préféré ne pas mettre notre mère au courant, ni personne. Nous ne voulions pas lui faire de mal… Et puis, dans ton cas, nous ne savions pas si tu étais au courant. Nous n’avions pas voulu prendre le risque de te perdre.
-C’est ridicule. Vous n’êtes pas responsable des erreurs de votre père. Secoué-je la tête. Mais je comprends mieux pourquoi Pierre s’est autant investi dans la grossesse accidentelle de Lucia.
-Il ne veut pas être comme lui. Confirme-t-il. En tout cas, apprendre une telle nouvelle a tout remis en question chez moi. Je pensais que nous étions que trois, alors qu’en réalité nous avions un grand frère et une grande sœur, dans une autre famille…. Tout mon monde s’est écroulé d’un coup, alors…
-Tu as eu envie de te créer un nouveau monde, bien à toi. Complété-je alors, remettant les différents morceaux de l’histoire en place.
-Exactement. Et si je pouvais m’éloigner de mon père en plus, c’était encore mieux… Même si je regrette de ne pas avoir pu être là… Pour toi notamment. Si j’avais su que tu étais enceinte à ce moment-là, je ne serai jamais parti.
-Tu n’as pas de regret à avoir Paul, et puis, ça n’aurait rien changé au final. Ca a été un épisode très compliqué dans ma vie, mais j’ai fini par m’en remettre. Aujourd’hui, je suis fière de ce que je suis devenue et ça n’aurait pas été possible si les choses avaient été différente.
Paul hoche la tête, comme pour confirmer mes propos. La discussion dérive sur des sujets plus légers, comme pour laisser derrière nous les plus graves. Néanmoins, je vois Paul sous un œil nouveau. Même s’il sourit et à l’air d’aller bien, je vois bien qu’il ne s’agit que d’une façade. Dans son regard, je devine que j’ai un homme meurtri, en face de moi. Je le remarque sans peine : j’avais le même regard, il y a quelques années.
Et aujourd’hui, je me promets une chose : être là pour lui, comme mes amis ont été présents pour moi durant toutes mes années de dérive.

Après le déjeuner, Paul est parti en centre-ville. Il a rendez-vous avec son avocat pour finaliser son divorce. Je lui ai proposé de l’accompagner, mais il a refusé. C’est quelque chose qu’il veut affronter seul. Il est plus fort qu’il peut bien penser, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir le cœur serré en le voyant partir.
Puis, j’ai eu une idée. Je n’ai pas attendu plus longtemps avant d’envoyer un message à Caroline et Pierre. Leur réponse est vite arrivée : ils sont tous les deux emballés, mais il faudra attendre quelques semaines pour mettre mon plan en application. Caroline préfère attendre d’avoir accouché et je ne peux que la comprendre.
C’est fière de mon idée que je rentre enfin à la maison. Joy est déjà là, et je l’entends bricoler dans les toilettes. Je m’empresse de la rejoindre et je souris en la voyant faire. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’elle fabrique, mais je ne suis pas inquiète. Pendant un instant, je me demande ce qu’aurait été ma vie si je n’étais pas tombée enceinte.
Mais, j’ai beau réfléchir, je dois avouer que je n’en ai pas la moindre idée.
-Regarde Maman ! J’ai installé un système autonettoyant ! C’est trop cool, hein ? S’exclame-t-elle joyeusement, me faisant sortir de mes pensées.
-Oh, oui, c’est super.
-A quoi tu penses ? M’interroge-t-elle avec suspicion, voyant bien que j’ai la tête ailleurs.
-Oh, je me demandais ce qu’aurait été ma vie si tu n’avais pas été là. Lui avoué-je avec honnêteté, alors qu’elle hausse un sourcil, sceptique. Et je me suis rendue compte que je n’échangerais ma vie avec toi pour rien au monde.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 31

Rosae

-Surprise ! S’exclame Paul, visiblement fier de son petit effet, alors que je suis estomaquée par sa présence devant ma porte. Certes, cela fait un moment que nous n’avons pas parlé, chacun étant accaparé par la vie quotidienne, mais aux dernières nouvelles, il était toujours à Selvadorada avec sa femme, Sylvia. Je suis rentré il y a quelques jours et j’ai tenu à te faire la surprise. C’est Caroline qui m’a donné ta nouvelle adresse. Ajoute-t-il ensuite, se retenant de rire devant ma tête éberluée.
-Ca pour une surprise ! M’exclamé-je en essayant de reprendre mes esprits. Ca fait tellement longtemps que l’on ne s’est pas vu !
-Depuis que je suis parti pour mon tour du monde, je crois. Me confirme-t-il en hochant la tête.

Ah oui quand même ! Ca ne nous rajeunit pas ça ! Joy n’était pas encore née ! Réalisé-je, alors que j’ai l’impression que Paul est parti hier pour découvrir le monde. Un monde qu’il n’a pas découvert longtemps puisqu’il a rencontré l’amour en route. Tu es de passage ici donc ?
-De passage à Brindleton Bay oui, mais Pierre m’héberge chez lui à Oasis Springs. La maison est grande et malgré l’arrivée des jumeaux, on ne se marche pas dessus. M’informe-t-il avec un sourire, un brin fier d’être tonton. En effet, il y a quelques jours, Lucia a mis au monde des faux-jumeaux, Patrick et Marina Lothario. Je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire quand Pierre m’a annoncé leur naissance. Décidément, les Lothario n’ont pas de problème de fécondité !
-Ca doit en faire du monde à la maison ! Tu veux entrer ? Tu dois avoir tellement de choses à raconter ! Et puis, je pourrai te présenter ma fille ! Tu verras, elle est adorable !
-C’est gentil Rosie, mais je passais juste faire un coucou. J’ai pas mal de choses à régler depuis que je suis… rentré. M’avoue-t-il un peu gêné. Mais on peut s’organiser un truc, si tu veux. Toi aussi tu dois en avoir des choses à raconter !
-Ca serait avec plaisir, Paul. Tu m’appelles dès que tu auras du temps ?
-Bien sûr !

Nous avons discuté encore un peu, avec Paul, avant qu’il ne doive partir. Cela m’a fait plaisir qu’il passe me faire coucou malgré qu’il n’a, visiblement, pas beaucoup de temps pour lui en ce moment.
Son retour parmi nous est une vraie surprise, lui qui était parti parce qu’il avait besoin d’air, et qui ne savait pas s’il reviendrait un jour. Je ne peux m’empêcher de m’interroger, me demandant s’il n’est là que pour quelques temps avant de repartir à Selvadorada, ou s’il compte rester ici.
En tout cas, cela m’a fait plaisir de le revoir. Paul a toujours été un ami formidable et il m’a manqué, durant toutes ces années.
-C’était qui ? Me demande Joy lorsque je rentre enfin dans la maison. Je sursaute, réalisant qu’elle a fini de bricoler dans le garage.
-Un vieil ami. Lui réponds-je distraitement, la tête ailleurs. Paul, le frère de Pierre et de Caroline. Précisé-je ensuite alors que Joy me jette un regard interrogateur.
-Il n’était pas à Selvadorada ?
-Eh bien, visiblement, il est rentré.

Joy

Maman était bizarre ce soir. Elle a la tête ailleurs depuis qu’elle a vu son ami. Je ne sais pas grand chose sur Paul, je l’ai juste vu sur des vieilles photos de Maman et jamais en vrai. Je sais juste qu’il vit à Selvadorada et qu’il est marié. Avec la naissance des jumeaux de Pierre, peut-être qu’il s’est décidé à venir voir ses neveux et nièces.
En tout cas, c’est gentil de sa part d’être passé faire un coucou à Maman. Même si cela l’a chamboulée toute la soirée.
Mais, même si c’est drôle de la voir dans cet état, elle n’a pas tenu en place de la soirée. Impossible pour moi de me concentrer sur mes devoirs. Je me suis empressée de prendre ma douche et d’enfiler mon pyjama afin de pouvoir m’enfermer dans ma chambre. Assise sur mon lit, j’étudie avec plaisir. Par moment, je jette un coup d’oeil à Phenix qui dort sur son tapis, mais même sa bouille adorable ne parvient pas à me déconcentrer.

Ce week-end, Maman me prévoit une surprise. Elle refuse de m’en dire plus, juste que nous allons passer un moment mère-fille. Je suis sceptique, car je connais ma mère. Et je sais que nous n’avons pas forcément les mêmes goûts, donc je me méfie de ce qui peut la réjouir à ce point.
Sur le chemin pour y aller, je n’ai pas arrêté de l’interroger, d’essayer de savoir où nous allons. Mais elle refuse de me répondre, jusqu’à ce que nous soyons arrivées à destination.
Un spa. J’hausse un sourcil sceptique.

-Tadam ! Et voilà ma surprise ! S’exclame Maman, toute contente de son effet. Je t’offre une après-midi détente avec ta mère ! Ca te fait plaisir ?

Je me force à sourire. Un beau grand sourire, digne d’une pub pour un dentifrice. Elle sera éblouie et elle ne verra pas que je ne suis pas très enchantée de passer mon après-midi dans un spa.
Voir même, pas du tout.
L’idée de me balader en serviette dans un bâtiment rempli d’inconnus me gêne d’avance. Voir des inconnus en serviette ou en peignoir ne me réjouit pas non plus.
Je préfère largement passer mon après-midi à la maison. Ou à la bibliothèque. En tout cas, dans un lieu où je garde mes vêtements.

-Oui Maman, c’est … chouette ! Mens-je sans hésiter. Cela lui fait tellement plaisir de me faire ce cadeau, je n’ai pas envie de lui faire de la peine.
-Je suis contente que cela te fasse plaisir ! J’ai réservé une séance de message pour nous deux ! Un massage suédois, cela devrait te plaire! M’annonce-t-elle avec un fin sourire, suite au clin d’oeil sur mes origines.
-Oh … cool…
Super ! Je vais me faire tripoter par une inconnue ! Je suis ravie !
Ou pas.

Je suis Maman à l’intérieur du spa, un peu à reculons. Je n’ai aucune envie d’entrer à l’intérieur, mais cela lui fait plaisir. Alors je fais un effort et je prends sur moi au moment de me changer. Lorsque nous arrivons dans la salle de massage, accueillies par deux masseuses, je réprime une grimace. La musique apaisante me donne envie de bâiller et je suis tendue durant tout le massage.
Je plains la pauvre masseuse d’être tombée sur une cliente comme moi. Mais je n’y peux rien si je n’apprécie pas d’être touchée par une personne que je ne connais pas.

Une fois le massage terminé, mon calvaire n’est pas terminé. Maman m’entraîne dans le sauna pour prolonger la détente. Des gens sont déjà présents et je ne suis vraiment pas à l’aise de devoir m’asseoir à côté d’un homme transpirant que je n’ai jamais vu de ma vie. J’essaie de me tenir le plus loin possible de lui, mais je n’ai qu’une envie : partir d’ici.
-Ca va ma chérie ? Ca n’a pas l’air d’aller. S’inquiète subitement Maman, alors que je ne sais pas quoi lui répondre. Je n’ai vraiment pas envie de la vexer.
-Je… C’est juste que.. Je ne suis pas très à l’aise Maman… C’est pas trop mon truc, je suis désolée… Bredouillé-je finalement, un peu honteuse de devoir lui faire de la peine.

Oh… Ca ne fait rien ma chérie. Me répond simplement Maman, en me souriant avec compréhension. Aussitôt, je me sens soulagée. J’avais simplement envie de passer ce moment avec toi, comme l’a fait ta grand-mère avec moi quand j’avais ton âge. M’avoue-t-elle, un aveu qui me touche. Maman a simplement partagé avec moi la même chose qu’elle a partagé avec Mamie. Elle avait emmené ta tante, également. Je… J’avais envie de faire pareille avec toi, comme une petite tradition familiale.
-C’est adorable Maman. Lui dis-je avec sincérité cette fois-ci. Je ne suis désolée que ce ne soit pas trop mon truc…
-Ce n’est pas grave, tu as le droit de ne pas aimer. Me rassure-t-elle. Tu veux rentrer ?
-S’il te plait.
-Alors, allons-y.

Rosae

Après notre escapade écourtée au spa, Joy se plonge dans son livre sur l’espace et les fusées. Je la laisse vaquer à ses occupations, et je décide de profiter des derniers beaux jours pour me détendre sur une chaise longue en maillot de bain.

Je suis un peu triste que Joy n’est pas appréciée notre sortie au spa, car j’avais vraiment envie de partager avec elle ce que j’ai pu partager avec ma mère. Mais je n’ai pas envie de la forcer et au final, je la comprends. C’est une adolescente réservée, qui n’est pas très à l’aise avec des inconnus. Elle a essayé de faire un effort pour me faire plaisir et cela me touche. Mais je n’ai pas envie qu’elle se force à quoique ce soit.

Je ne veux que son bonheur après tout.
Je soupire d’aise sur ma chaise, avant de fermer les yeux…

Plus tard, le soleil commence à se coucher et l’air se fait plus frais. Je me décide à rentrer à l’intérieur de la maison pour m’habiller plus chaudement, mais je ne peux m’empêcher de grimacer en m’asseyant, puis en me levant.
Lorsque je rentre dans la maison, Joy a toujours le nez plongé dans son livre. Je m’assois un peu avec elle à table. Elle lève alors les yeux vers moi et a un sursaut de surprise.

-Maman ?!
-Oui ma fille ?
-Tu… Tu as vu ta peau ?

-Oui, j’ai un peu abusé du soleil… Et je crois que je me suis endormie sur la chaise. Admis-je, un peu gênée, alors que je vois Joy se mordre la joue pour s’empêcher de rire.
-Un peu beaucoup ouais. On dirait une écrevisse.
-Ne te moque pas ma fille ! Je donne de ma personne pour te faire une leçon de vie! N’oublie jamais de mettre de la crème solaire ou sinon, tu vois ce que ça donne ! Tenté-je de me raccrocher aux branches, alors que Joy ne peut plus se retenir de pouffer de rire.
-Une leçon de vie, mais bien sûr ! Mais dis-moi, c’est pas demain que tu déjeunes avec Paul ? Me rappelle soudainement Joy, avec une lueur taquine dans le regard. Soudain, je me rappelle le coup de fil de mon ami ce matin, m’invitant à déjeuner avec lui pour discuter du bon vieux temps. Elles vont être belles, les retrouvailles !

-C’est sûr que j’en connais un qui va bien rire… Aïe, j’espère que le temps sera nuageux avec un vent frais demain ! Me mets-je à espérer, alors que je perds définitivement Joy, partie dans un fou rire incontrôlable.

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 30

Joy

J’ai passé une journée horrible aujourd’hui, au lycée. Non pas à cause des cours, car j’adore étudier et apprendre de nouvelles choses. En particulier les cours de sciences, c’est vraiment un domaine qui me passionne. Je crois que je tiens ça de Mamie, et c’est quelque chose qui me rend fière.
Non, si ma journée a été nulle, c’est à cause des autres.
Cette semaine est consacrée à l’orientation. Les professeurs nous encouragent à réfléchir à notre avenir, pour savoir ce que l’on veut faire de notre vie. Plein de lycéens prennent ça à la légère, d’autres paniquent un peu quand ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils veulent faire après le lycée. Personnellement, j’ai aucun doute.
Plus tard, je serai astronaute.
Je veux aller dans l’espace, travailler dans une fusée, découvrir de nouvelles planètes, rencontrer les extraterrestres. Je veux être la digne petite-fille de ma grand-mère ! Je suis sûre de moi et je ne cesse de me plonger dans les livres pour pouvoir atteindre mon objectif. C’est vraiment exaltant !
Mais, quand le professeur principal a demandé à tout le monde de présenter son projet d’avenir, tout le monde s’est mis à rire lorsque j’ai pris la parole. Visiblement, le fait d’être une fille, blonde aux yeux bleus, et discrète par-dessus le marché, décrédibilisent mon projet de devenir astronaute. Selon eux, et leur intelligence suprême, je devrais plutôt être esthéticienne, maquilleuse ou SimTubeuse beauté.
Bande d’arriérés sexistes et abrutis.

Et comme cela ne suffisait pas, ils se sont moqués de moi toute la journée. A mon avis, je vais en entendre parler toute la semaine.
Mais je m’en fiche. Ce n’est pas leur étroitesse d’esprit qui va me faire changer d’avis. Il ne faut juste pas s’étonner que je n’ai pas d’amis. C’est seulement que je n’ai pas de temps à perdre avec des débiles.
Malgré tout, ils ont réussi à m’énerver, et il va me falloir un moment avant de pouvoir me calmer. Heureusement, il y a les raviolis chinois de Maman pour me remonter le moral, ainsi que le doux regard de mon adorable toutou.
-Ah mon Phenix ! Tu dois bien être le seul mâle sur cette planète à être doté d’une intelligence ! Lui avoué-je alors qu’il semble me regarder avec compassion. A moins qu’il ne soit juste intéressé par mes raviolis. Mais ce n’est pas la peine de me regarder comme ça, je te donnerai rien. Ce n’est pas bon pour toi !
-Wouf ?
-Non Phenix, tu as tes croquettes si tu as faim !

Après que j’ai terminé mon assiette, Maman me propose de regarder le premier de la nouvelle saison d’une série qu’elle adore. Une énième série médicale. Ce n’est pas ce que je préfère, affectionnant davantage la science-fiction, mais cela lui fait plaisir. Je sais qu’elle a envie de passer du temps avec moi, alors je fais un petit effort. Même si cette série m’ennuie. C’est niais et complètement irréaliste.
Mon regard balaie rapidement la pièce pour essayer de me concentrer sur autre chose, quand je vois des touffes de poils joncher le sol.
-Maman, je crois qu’il va falloir investir dans un aspirateur. Phenix, il perd ses poils !
-Ah bon ? Me répond-t-elle distraitement, alors qu’elle est plongée dans sa série.
-Bah oui, regarde ! Il y en a partout !

Maman ne m’écoute que d’une oreille, et je crois que c’est peine perdu pour ce soir. Je soupire, puis je me lève pour prendre une pelle et une balayette pour enlever toutes les touffes de poils de Phenix. C’est fou tout ce qu’il peut perdre ! C’est à se demander comment il peut encore avoir du poils sur le dos !
Mais lorsque je le vois en train de dormir sur le dos, je me dis que cela ne doit pas spécialement le perturber, lui. Si j’avais su, j’aurais mieux fait de l’appeler Patapouf !

Je me plains de ses poils, mais Phenix est adorable comme chien. Maman a eu une bonne idée de l’adopter et c’est chouette de l’avoir à la maison. C’est un vrai compagnon dont je ne pourrai jamais me séparer. Je l’adore, mon toutou !
Maman aussi l’adore Phenix. Même si je suis censée m’en occuper toute seule, celui fait plaisir de le chouchouter aussi. Il est loin d’être malheureux comme chien !
Mais quand je vois Maman aussi proche de Phenix, une pensée inquiétante me vient. A part moi et Phenix, Maman n’a personne dans sa vie. Un jour, je partirai de la maison avec mon chien, et elle va se retrouver toute seule. Certes, Tonton n’est pas loin, mais ce n’est pas pareil. Que se passera-t-il ce jour-là ?
Par moment, je me dis que ce serait bien qu’elle se trouve quelqu’un. Pour ne pas être seule et pour qu’elle soit heureuse. Elle est belle, Maman, je suis sûre qu’elle peut trouver quelqu’un qui lui correspond.

Rosae

Je suis fière de ma fille. Elle réussit à l’école, elle travaille beaucoup pour cela, mais elle prend quand même du temps pour s’occuper de son chien. Je n’espérais pas tant, quand je lui ai offert Phenix.
Elle s’est même mise au sport et elle emmène Phenix avec elle quand elle part faire un footing. Phenix est heureux comme tout quand elle met sa tenue de sport car il sait qu’il va aller se promener.
Je me demande bien de qui elle peut bien tenir. A son âge, j’étais loin d’être aussi responsable. Même après d’ailleurs… J’ai de la chance avec elle, Joy est facile à vivre et n’a pas une adolescence difficile. Si elle avait été rebelle, je dois avouer que je ne sais pas comment j’aurais fait…

Après avoir eu le nez plongé dans les livres sur l’espace, bidouillé l’électroménager, Joy commence maintenant à sculpter du bois sur l’établi. Il appartenait aux anciens propriétaires de la maison qui l’ont laissé à leur déménagement et n’a jamais été utilisé depuis, le bricolage n’étant vraiment pas mon truc. Mais Joy semble s’y intéresser maintenant, puisque je l’ai surprise en train de poncer du bois en allant lancer une machine.

-Tu te lances dans la sculptures sur bois ? Lui demandé-je avec curiosité. Néanmoins, je ne peux m’empêcher d’être sceptique lorsque je la vois faire. Elle n’a pas l’air d’être très sûre d’elle et j’ai peur qu’elle ne se blesse. Je .. Je croyais que ton truc, c’était l’espace.
-C’est toujours le cas. Me confirme-t-elle dans un haussement d’épaules. Mais c’est pour un projet scolaire. Et puis, il faut savoir bricoler pour être astronaute vu qu’il faut savoir travailler sur les fusées, donc ça ne peut pas me faire de mal !
-Mais … Tu es sûre de ce que tu fais ?
-Mais oui Maman, t’inquiète ! M’assure-t-elle alors que la sonnette retentit. Tu ferais mieux d’aller voir avant de me déconcentrer ! Tu vas m’attirer de mauvaises ondes à force de t’en faire pour moi !
-Fais attention à toi quand même !

Je vois Joy lever les yeux au ciel, tandis qu’elle m’affirme que je n’ai pas à m’en faire. Cela m’amuse, mais je sors du garage rapidement pour qu’elle puisse rester concentrée. Je n’ai pas envie qu’elle se fasse mal à cause de moi.
Je me dirige aussitôt vers la porte d’entrée, me demandant qui peut bien venir sonner. Je n’attends personne aujourd’hui, mais c’est probablement mon frère qui passe faire un coucou. Il habite juste à côté, cela ne serait pas étonnant. Et il le fait régulièrement, quand Juliette est absente et que les triplés sont de sorties.

Sauf qu’il ne s’agit pas de mon frère. Mais d’une personne que je ne m’attendais pas du tout à voir !
-Que ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ?!

Génération Rose – Génération 2 – Chapitre 29

Lorsque je rentre à la maison, je suis encore toute retournée. Je ne m’attendais pas à cette conversation avec ma sœur, ni à son issu. Maintenant que nous avons tout mis à plat, lui pardonner est une évidence, même si j’ai du mal à y croire moi-même. Après tout ce que nous avons vécu…
Mais il est temps de tourner la page. Je vais bientôt fêter mon anniversaire et j’ai envie d’avancer. M’attarder sur les rancœurs du passé n’est plus de mon âge et ce n’est pas l’exemple que je veux donner à ma fille.
Fille qui ne semble pas perturber de mon absence. Elle est rentrée du lycée avant mon retour et je l’ai trouvé sagement assise sur le canapé, plongée dans le livre que son père lui a offert. Elle me salue, sans poser de questions. Je crois que je pourrai faire ce que je veux, rien ne pourrait la déconcentrer de son livre.

-Tu as passé une bonne journée, Joy ? Lui demandé-je tout de même, alors que je m’apprête à faire une caresse au chiot qui est ravi de me voir rentrer. Tu as fait le tour de la maison en rentrant pour vérifier que Phenix n’a pas fait de bêtise ?
-Oui ça a été. Me répond-t-elle simplement, sans lever les yeux de son livre. Pas de bêtise à signaler. Il a été mignon comme tout.
-Tant mieux… Il te plait ton livre ?
-Oui ! Il est passionnant ! J’apprends plein de trucs sur l’espace et les fusées ! C’est génial !

-Tu as sorti Phenix ? Lui demandé-je en fronçant les sourcils, alors que le chiot aboie à côté de la porte vitrée, qui mène au jardin.
-Non… M’avoue Joy un peu honteuse. Mais il y a de l’orage dehors !
-Orage ou non, Phenix doit faire ses besoins. Soupiré-je en levant les yeux au ciel, avant de me dévouer pour l’accompagner dehors.
Je frissonne au contact de la pluie fraîche et je prie pour que Phenix se dépêche de se soulager. Je sursaute lorsque j’entends le tonnerre et mes yeux s’arrondissent de stupeur en découvrant la balançoire, visiblement victime d’un éclair. Je soupire, songeant qu’il faudra que je demande à Ryan de venir m’aider à l’enlever lorsque l’orage sera passée. Cela va faire un vide dans le jardin mais elle est maintenant inutilisable.

-Bon, Phenix, tu te dépêches un peu ? Je n’ai spécialement envie de finir comme la balançoire…

Malheureusement, ce n’est pas toute suite que je vais pouvoir me débarrasser de la balançoire carbonisée. L’orage dure plusieurs jours et ne semble pas laisser de place au soleil. C’est un peu triste, puisque cela ne nous permet pas de profiter de l’extérieur alors que nous sommes en été, mais nous ne pouvons pas y faire grand chose. Au moins, nous n’avons pas d’autres problèmes à signaler à la maison.
Du moins, c’est ce que je croyais. Un jour, je surprends Joy dans le garage, face à un sèche-linge visiblement cassé. Elle tient une pièce électronique en main avec un tournevis.

-Mais qu’est-ce que tu fais ? M’étonné-je, stupéfaite.
-Bah quoi ? Je répare le sèche-linge, l’orage a grillé le circuit. Me répond ma fille sur un ton nonchalant, comme si la situation est normale.
-Mais Joy ! Tu ne devrais pas toucher à ça, c’est dangereux ! Tu pourrais t’électrocuter ! Et depuis quand tu sais faire ça ?
-Mais t’inquiète pas Maman ! J’ai des cours d’électronique et j’ai regardé des vidéos sur SimTube ! Et puis, c’est pas la première fois que je répare un truc dans cette maison. C’est juste la première fois que tu le remarques! Et hop, c’est réparé ! S’exclame-t-elle avant de remettre la pièce en place.
Je suis estomaquée parce qu’elle m’apprend. Ma fille s’est mise au bricolage ! Lorsque je la vois, plongée dans ses livres, jamais je n’aurais plus me douter qu’elle s’intéresse à des travaux manuels.
Joy m’étonnera toujours.

Quelques jours plus tard, c’est le jour de mon anniversaire. Cela me fait tout drôle de vieillir. Mais cela ne me perturbe pas plus que cela. J’ai organisé une petite fête ce soir pour marquer le coup, mais pour moi, cela reste une journée comme une autre. Vieillir ne me fait pas peur et cela fait partie de la vie. Au contraire, cela m’éloigne de la jeune femme perdue que j’étais avant.
-Ouah, tu es toute belle aujourd’hui Maman ! S’exclame Joy en me voyant entrer dans le salon. Elle est encore en pyjama et prend tranquillement son petit déjeuner avant de se préparer pour partir au lycée. C’est pas encore un peu tôt pour te préparer pour ce soir ?
-Merci ma fille. Lui réponds-je en souriant. J’ai un discours à faire pour promouvoir les actions de l’association aujourd’hui, je me dois d’être un minimum présentable.
-Tu vas faire un carton Maman, j’en suis sûre !
-C’est gentil, Joy.

Lorsque Joy part pour le lycée, je m’installe sur l’ordinateur pour continuer à travailler mon discours. J’ai encore un peu de temps devant moi avant de partir pour San Myshuno. Je suis un peu nerveuse à l’idée de faire ce discours en public. J’ai peur de décrédibiliser l’association dans laquelle je travaille, alors que nous faisons tellement de choses formidables pour venir en aide aux minorités et aux personnes en difficultés. Mon discours est essentiellement centrée sur les droits des femmes, mais je n’occulte aucun domaine d’actions de l’association.
Pour avoir fait relire mon discours par ma supérieure, je sais qu’il est parfait. Mais je ne peux m’empêcher de stresser. Il est important pour pouvoir décrocher des dons et pour la poursuite de ma carrière et même si tous mes collègues sont confiants quant à mes capacités, je ne peux m’empêcher d’être inquiète.

N’ayant pas d’autres choix que de mettre mon stress de côté, je finis par prendre la route en direction du quartier chic de San Myshuno. J’essaie de penser à autre chose, de focaliser mon esprit sur un autre sujet que mon travail.
Mais c’est peine perdu et je me rappelle les exposés que je devais faire au lycée. Ils me paraissent bien ridicules aujourd’hui, alors que je dois m’exprimer en public, devant des personnes qui ne sont pas forcément acquis à ma cause.
Je tente de cacher ma nervosité, alors que je m’installe derrière le pupitre. Je balaie la foule du regard et je respire un grand coup. Je sais que je vais devenir un des visages importants de l’association, et je me dois d’être à la hauteur. Je lève un instant les yeux au ciel, ayant une pensée pour mes parents.
Puis, je me lance. Je prononce mon discours sans aucun problème. Maintenant que j’ai commencé, plus rien ne peut m’arrêter. Je mets toute ma passion pour mon travail, toute la force de mes convictions dans ce discours. Plus je parle, plus je gagne en assurance. Lorsque je vois les visages satisfaits, je suis certaine d’avoir été à la hauteur.

Ma journée de travail est excellente et exaltante, mais je suis soulagée de rentrer chez moi. En faisant un tour dans le jardin, à la recherche du chien, je constate que je ne suis pas la seule à vieillir aujourd’hui.
En effet, Phenix est maintenant un bon gros toutou. Fini le petit chiot qui ne prend pas de place, place au gros chien qui en impose. Loin de faire peur, sa bouille n’appelle que des câlins.
Ce qu’il ne manque pas d’avoir. A peine rentrée du lycée, Joy remarque que son chien adoré a grandi.
-Oh Phenix ! Ca y est, tu es devenu un gros toutou ! Oh tu es beau mon chien ! Oui, tu es beau mon chien-chien ! Oh oui ! Oh oui ! Tu es le plus beau ! S’exclame-t-elle en le caressant derrière les oreilles, complètement gaga de son Phenix.

Bientôt, les premiers invités arrivent à la maison. C’est avec surprise que je découvre que Pierre n’est pas venu seul, mais accompagné d’une charmante jeune femme, qui s’appelle Lucia*.
Je n’aurais jamais pu le croire un jour, mais Pierre semble s’être décidé à se caser et se poser avec une femme. Après des années à avoir papillonner à droite et à gauche, le voilà qu’il se pose enfin !
-Donc, tu as enfin décidé d’arrêter de draguer tout ce qui bouge pour être fidèle qu’à une seule femme ? Lui demandé-je, sur un ton taquin.
-Eh ouais, que veux-tu, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. En hausse-t-il simplement les épaules, tout en affichant un sourire en coin.
-Lucia, quel maléfice as-tu utilisé ? Il est où, notre Pierre ? Ne puis-je m’empêcher de les embêter, ce qui la fait aussitôt rire alors que Pierre lève les yeux au ciel.
-C’était loin d’être simple ! M’avoue-t-elle en affichant un grand sourire. En vrai, à la base, ce n’était pas censé être sérieux. Ajoute-t-elle ensuite avec honnêteté. C’est que …
-Que Lucia est enceinte. Complète Pierre, face à l’hésitation de Lucia. Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un hoquet de surprise. On s’entend bien, même beaucoup, tous les deux, alors on se laisse une chance, pour le bébé. J’ai pas envie de faire mon lâche, alors j’assume.
-Je.. C’est tout à ton honneur, Pierre. Euh, félicitations, et j’espère que vous serez heureux, ensemble.

Je suis surprise par cette annonce. Je dois avouer que je ne m’y attendais pas. Néanmoins, je suis ravie de voir Pierre assumer ses responsabilités. Il a beau avoir un comportement similaires à celui de son père en cumulant les conquêtes amoureuses, contrairement à lui, il accepte cet enfant qui va venir au monde. Ainsi que la femme qui le porte.
J’ignore s’il est au courant que son père a eu des enfants illégitimes, qu’il est le père biologique de Ryan et Roxane. Je ne lui ai jamais avoué, ne voulant pas mettre de l’huile sur le feu. Pierre a toujours eu des relations conflictuelles avec son père…
J’espère cependant que les choses vont bien se passer entre lui et Lucia. Je ne la connais pas, mais elle semble adorable. Les conditions ne sont pas idéales pour la construction de leur couple, mais peut-être que ce bébé est un coup de pouce du destin.
Mais je ne me fais pas trop de soucis. Je vois bien les regards que s’échangent Pierre et Lucia. Mon instinct me dit que Pierre ne me dit pas tout, par pudeur sans doute. Il n’a jamais été très bavard quant à ses sentiments, mais son regard ne trompe pas. Lucia n’est pas qu’une simple conquête de plus, à ses yeux.

J’ai invité ma sœur à mon anniversaire. Je n’aurais jamais cru faire ça, un jour. Mais cela me semble important qu’elle soit là aujourd’hui, comme pour mettre définitivement un terme à notre histoire passée, et pour en créer une nouvelle.
Suite à notre discussion au bar du port de Brindleton Bay, nous avons essentiellement gardé contact par téléphone. Roxane est retournée à Del Sol Valley, et reprend peu à peu goût au violon. Cela me fait plaisir de l’apprendre. Roxane a un don et ce serait dommage que plus personne ne puisse l’entendre.
-Cela va aller ? Lui demandé-je à voix basse, m’inquiétant de son état d’esprit. Elle est encore en pleine reconstruction, et j’ai peur qu’elle gère mal la présence de Caroline et de Pierre. Les enfants Lothario officiels, contrairement à elle.
-Bah oui, pourquoi ? Ne semble-t-elle pas comprendre.
-Eh bien, je sais que tu ne portes pas les enfants de Don Lothario dans ton cœur alors…
-Oh ! Saisit-elle enfin avant de m’offrir un sourire rassurant. Ne t’inquiète pas, j’ai tiré un trait sur ça. Ils n’y peuvent rien si leur père est un co…
-Hey Rosie! M’interpelle joyeusement Ryan, qui a été ravi d’apprendre que nous nous soyons rapprochées, avec Roxane. Ils étaient toujours en contact durant toutes ses années et il était au courant de la prise de conscience de Roxane à mon sujet. Il ne m’a rien dit, car il jugeait que c’était à sa jumelle de faire le premier pas vers moi. Viens souffler tes bougies ! Ta fille a sorti le gâteau !

Je ne peux m’empêcher de sourire d’amusement. Tous le monde m’encourage à venir souffler mes bougies. je crois qu’ils veulent me taquiner sur mon âge. Mis à part Joy (les triplés n’ayant pas voulu venir à une fête « de vieux » selon leurs propres mots), tout le monde ici présent est plus âgés que moi. Je suis la plus jeune, la petite dernière. Je les ai taquiné lors de leur anniversaire, ils veulent me renvoyer l’ascenseur.
Je les laisse faire, mais je ne leur avoue pas que je suis heureuse de vieillir. Parce que je ne suis plus la jeune femme que j’étais lors de mon dernier anniversaire. Aujourd’hui, je suis enfin responsable et je m’assume. J’ai parcouru du chemin et je suis fière de celle que je suis aujourd’hui.

Après que j’ai soufflé mes bougies, je sers une part de gâteau à tout le monde. La soirée se déroule à merveilles et tout le monde semble passer un bon moment. Même Roxane a l’air à l’aise, elle qui n’aimait pas être entourée de monde par le passé. Joy est plus réservée, mais je sais que cela fait partie de son caractère. Elle est plus solitaire et préfère passer du temps avec Phenix qu’avec des gens.
-Ca fait drôle de vous voir dans la même pièce sans vous écharper ! Ne manque pas de nous faire remarquer Pierre, à l’attention de Roxane et moi.
-Comme ça fait drôle de te voir caser avec une fille ! Répliqué-je sur le même ton que lui, ce qui ne manque pas de le faire rire.
-Comme quoi, tu es la preuve vivante qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! Ajoute Roxane, avec un sourire en coin. Ma sœur qui plaisante avec un Lothario ? Je comprends mieux le temps orageux de ces derniers jours !
-Eh beh ! Je vais prendre ça pour un compliment !

Je suis heureuse, ce soir, au milieu de mes amis et de ma famille. Je vois Ryan et Roxane discuter entre eux, comme autrefois, à la différence qu’ils ne manifestent que bienveillance vis-à-vis des autres invités. Je surprends même Roxane discuter avec Caroline et l’écouter parler de son fils. Sans aucune animosité.
Je vois Pierre être au petit soin avec Lucia, faisant preuve d’attention et de tendresse. Sans chercher à être discret, ils s’embrassent même. Même si leur couple s’est établie suite à une grossesse accidentelle, leurs sentiments semblent bien réels. C’est le principal.
Je souris, en les voyant. Le temps est passé et nous avons tous changé à notre niveau. Signe que l’avenir ne peut qu’être prometteur.

* Lucia est une création de NS lors d’un 5 minute challenge.